Comment expliquer que le génie du christianisme, le christ,
un quasi anarchiste, ennemi de toute forme d'autorité et de hiérarchie, qu'il
dénonçait par le terme d'hypocrisie, ait pu enfanter une des religions les plus
dogmatiques qui soit : le catholicisme, justifiant la hiérarchie et donc
l'hypocrisie pour le monde temporel, rejetant le génie du christianisme dans
une "vie après la mort", sans grande imagination d'ailleurs. C'est donc
que le génie du christianisme était totalitaire avant l'heure et que la
religion catholique fut son principe de réalité. Car l'hypocrisie est l'hommage
du vice à la vertu, et vaut mieux que toute revendication de pureté de l'âme et
de la société, qui de la pureté mène au cynisme, qui de Rousseau mène à
Staline.
Le catholicisme dans le cas d'un vieux pays comme la France
est plus prégnant que la jeune république arrogante. Autrement dit tous les
chemins mènent à Rome, c'est-à-dire au Vatican, C'est-à-dire au père, au pape, à
la notion la plus haute de la hiérarchie temporelle. Cependant les voies de
dieu sont impénétrables : c'est le mystère de la religion; le plus vil rejeton
de l'humanité peut être touché par la grâce et dépasser spirituellement le pape
lui-même, la religion catholique le reconnait, quand elle a encore conscience
que son vrai génie est effectivement le christ, faiseur de miracles. Ce qui nous amène à nous
demander si la religion musulmane est vraiment compatible avec ce vieux mode de
penser européen, si l'autre n'est pas parfois trop "autre" pour
s'acclimater à une vieille civilisation. C'est alors que la civilisation
"la plus jeune" demande que l'on s'acclimate à elle, renversant les
données du problème, qu'on lui fasse bon accueil avant tout, qu'on s'adapte à
elle plutôt que l'inverse. Et vu le passif de la vieille civilisation, il y a
toujours moyen d'appuyer là où ça fait mal : la culpabilité.