dimanche 29 décembre 2024

Pourquoi je ne me suis pas épanoui et suis-je un refoulé contrairement à Arthur ?

 

J'ai été élevé auprès d'une communauté juive assez virulente, les commentaires venaient de partout et de nulle part, ils n'étaient pas ceux d'un individu émancipé mais d'une tribu, et ils faisaient écho les uns aux autres et se complétaient, exprimant un sentiment commun d'appartenance et de fierté ainsi que la reconnaissance de soi dans le discours de l'autre, dans un échange joyeux d'expériences liées à un monde commun qui pouvait durer des heures sans qu'aucun des protagonistes ne se lasse. Dans ce contexte je crois que l'inquiétante étrangeté dont parle Freud, ne peut venir que de celui qui n'en est pas un. Je me sentais étranger dans la maison même de ma mère qui était devenue la maison des Juifs, et sans doute inquiétant à leurs yeux. Mes parents étaient déjà depuis longtemps divorcés et séparés à ce moment-là. Je souffrais en outre d'un complexe d'infériorité soigneusement entretenu par elle, de ne pas en être un. Car tout ce qu'elle avait construit c'est grâce à leur force communautaire, voire parfois tribale, dont elle se sentait éternellement redevable. Cela veut dire aussi que cette maison n'avait de sens que si elle était occupée par des Juifs, qui l'investissaient non seulement de leur présence, mais aussi de leur manière d'être au monde cosmopolite. Et je pense qu'il est assez clair qu'ils veulent prendre l'ascendant à l'échelle mondiale, sans forcément s'en rendre compte, c'est une volonté qui se révèle peu à peu, mais qui est encore refoulée et seulement exprimée sous la forme de leur fameux humour juif. C'est une communauté au sein de laquelle il est agréable de vivre, et qui laisse généralement les gens s'exprimer, s'épanouir. Certes même s'ils sont parfois très blessants, même et voire surtout à l'égard des enfants ou des jeunes adolescents (c'est parce qu'ils ont tous pleinement conscience de leur force, et qu'ils ne la refoulent plus comme ça pouvait être le cas avant l'Holocauste), globalement ils sont plutôt bienveillants et tolérants à l'égard d'autrui ; on dit d'ailleurs que Montaigne universellement loué pour sa tolérance, était d'origine juive, même si c'est un réflexe typiquement juif de vouloir s'attribuer la paternité de tous les grands hommes, afin de mettre en évidence leur monumentale contribution à l'histoire de l'humanité et à ses plus grands succès. En même temps ils appellent ça leur fameux humour, et qu'il ne faut pas les prendre tout à fait au sérieux : mais je pense que le fond de vérité au sein de ce fameux humour, est à prendre tout à fait au sérieux et les caractérise dans leur mégalomanie d'origine religieuse même s'ils s'en défendent, messianique et suprémaciste.

Ce n'est pas de leur faute si aujourd'hui ils sont les plus forts, réellement les plus forts, ce n'est pas une simple interprétation c'est un fait que les phénomènes du quotidien ne cessent de confirmer (notamment à travers les médias et le monde du spectacle, mais aussi ceux de la finance et de la politique : tout semble désormais verrouillé, la liberté d'expression partout bafouée avec de grands censeurs officiels, parfois sous couvert d'humour comme Sophia Aram), à un point qui pourrait d'ailleurs risquer de les mettre en danger, en raison du trop gros écart, de plus en plus patent, entre eux et le reste de la population. Cette supériorité acquise de fait, doit beaucoup à leur ténacité et à leurs longs efforts tout au long de leur interminable histoire qui s'est longtemps caractérisée par la notion de destin différé : l'avènement du royaume de Jérusalem amené à régner sur le monde entier était constamment remis à plus tard, or aujourd'hui nous y sommes. L'humanité est composée de plus de morts que de vivants, et il faut croire que l'œuvre collective issue du judaïsme depuis ses origines, donne aujourd'hui ses meilleurs fruits pour que les vivants puissent en jouir. Ce n'est même pas qu'ils en profitent comme des gens intéressés et cupides, ils sont inscrits dans un destin que par leur travail acharné, alors que les autres peuples se reposaient sur leurs lauriers au sein du christianisme, ils ont eux-mêmes contribué à faire advenir par de bons choix dans des moments cruciaux : enfin on peut dire qu'ils recueillent les fruits de ce qu'ils avaient si patiemment semé, longtemps dans l'ombre puis à la lumière à partir de 1789, pendant des siècles de persécutions puis un peu plus de deux de réhabilitation ; enfin on assiste à ce que l'on pourrait appeler un véritable âge d'or du judaïsme depuis 1945. Mais lui-même est mis en danger par le sionisme annihilateur qui sévit dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 susceptible de remettre en question : non seulement le système d'apartheid mis en place par l'État hébreu qui fait la différence entre la composante juive de sa population et tout le reste, généralement composée d'Arabes sous-qualifiés corvéables à merci (un peu comme en France d'ailleurs, plus hypocrite, où ils ont les mêmes droits) ; non seulement l'état de chaos soigneusement entretenu par cet État hébreu dans l'ensemble des régions proches et moyennes orientales ; mais même l'ensemble du système financier de domination à l'échelle du monde occidental, où globalement toutes les élites doivent montrer patte blanche et se conformer à certains rites ésotériques réservés à un petit cercle d'initiés, ce qu'Alain Minc appelle le cercle de la raison, pour monter encore plus haut dans la hiérarchie. Je mets évidemment à part les pays comme la Chine, l'Inde ou la Russie, qui s'affirment en opposition frontale avec un tel modèle, et qui revendiquent l'instauration d'un monde multipolaire où les États-Unis sous emprise de leurs lobbys sionistes, n'auraient plus l'hégémonie absolue, comme l'on pouvait parler de monarchie absolue, à l'échelle de la France, sous le régime de Louis XIV ; aspect absolutiste représenté aujourd'hui par les valeurs élitistes voire exclusivistes du judaïsme (en gros, le bien c'est nous et le mal ce sont tous les autres !) où effectivement les élites font sécession d'avec les peuples (avec des résistances comme le vote Trump, sans doute un faux espoir en trompe l'œil pour les classes populaires), et hégémonie au sein de laquelle un pays satellite et vassal comme la France est lui-même sous l'influence du Crif. Et il faut bien admettre qu'en face, à l'intérieur du monde occidental, l'opposition est très médiocre et très mal organisée : elle est aujourd'hui majoritairement représentée par LFI, au nom du respect des droits de l'homme et du principe républicain d'égalité entre les hommes, mis à mal par un tel élitisme qui est au fond d'origine religieuse : le peuple élu ne saurait avoir simplement les mêmes droits que le commun des mortels.

J'aurais pu accepter et même adhérer à une telle hégémonie culturelle (et toute hégémonie politique commence par l'hégémonie culturelle comme on l'a vu avec les Allemands, si fiers de leur culture « supérieure » puis si honteux après coup de leur hégémonie politique en Europe qui a abouti aux crimes de masse puis au désastre final), dans ces années 80/90 où Renaud Camus se plaignait que les Juifs soient surreprésentés sur les ondes de France Culture, si ma mère m'avait laissé m'exprimer, mais elle a refusé catégoriquement. Elle ne s'est pas comportée avec moi comme une mère juive, mais comme une catholique dogmatique et intolérante : c'est elle, avec mon père pervers et antisémite, qui sont la vraie cause de mon incapacité à m'exprimer et à m'épanouir, à tout simplement revendiquer mes droits. Il faut dire qu'elle avait subi un catholicisme arriéré, brutal, primitif, fruste et dogmatique au fin fond de la Bretagne rurale et catholique du petit village de ses parents dans les années 50/60, elle en a conçu une véritable haine à l'instar de BHL pour tout ce qui peut représenter un caractère plouc (sachant que ce terme est directement emprunté au nom des villes bretonnes qui souvent commencent par plou) ; elle a dû vivre sa montée à Paris et sa découverte de la psychanalyse freudienne comme une véritable émancipation, alors que pour ma part je l'ai vécu comme un dogmatisme sectaire qu'il n'était pas possible de remettre en question, tant elle présentait aux yeux de ma mère toutes les caractéristiques d'une vérité révélée de nature religieuse.

Dans un souci de justice universelle et dans l'esprit des Lumières, il faudrait que les Juifs acceptent un très long et patient travail de déconstruction tout à fait bienveillant et pas du tout destructeur, très loin d'une quelconque volonté d'anéantissement absolument propre au cas pathologique d'Hitler (en ce qu'il considérait l'ensemble du peuple juif comme un poison à éradiquer), de ce qui fait leur force, en ce qu'elle est aujourd'hui criminelle dans une région du monde comme Gaza et car elle repose aussi sur un certain nombre de présupposés religieux jamais remis en cause et de préjugés leur étant très favorables, qui en font une force de nature religieuse même s'ils s'en défendent, sans même parler du sionisme (en réaction aux préjugés inversement défavorables qui ont longtemps prévalu concernant ce peuple, au moins des origines du christianisme jusqu'en 1945), au sein des populations goys plutôt naïves et facilement manipulables via les médias et la publicité : ce que Walter Lippmann exprimait comme la nécessité de la fabrication du consentement des foules pour protéger les élites. Ces présupposés religieux et préjugés favorables les avantagent outrageusement, comme par exemple leur « intelligence supérieure » dont ma mère ne cessait de me vanter les mérites pour mieux me rabaisser et m'humilier, afin de me dénier tout droit à l'expression en raison de mon « intelligence inférieure ». Mais je pense qu'ils ne l'accepteront jamais dans la mesure où ils ne sauraient non plus renoncer, si facilement et sans se battre, à tous leurs privilèges si chèrement acquis. Ils sont à notre société ce que les aristocrates étaient à l'ancien régime du point de vue des privilèges, c'est-à-dire que leurs droits dépassent ce qui est l'expression normal d'un droit dans les limites de la décence commune. On pourrait parler comme Georges Bataille, de la part maudite du droit des Juifs dans le monde occidental : ce qui est en excès du simple droit accordé aux individus ordinaires. Cette part maudite a pour origine les multiples persécutions qu'ils ont subi tout au long de l'histoire, l'Holocauste, et en France l'affaire Dreyfus. Ils ne veulent surtout pas avoir le même statut que le citoyen ordinaire et son sort généralement médiocre, d'autant plus que souvent pour compenser ce qu'ils ont subi durant l'Holocauste, la forme d'injustice la plus extrême, ils ont été habitués dès le plus jeune âge à ce que l'on cède à tous leurs caprices, ce qui une fois adultes les rend extrêmement intolérants à toute forme de frustration : je pense à Cohn Bendit qui s'adonnait à la pédophilie en toute bonne conscience, au point qu'il en fasse étalage, sans aucunement avoir été inquiété d'une façon ou d'une autre par la justice. Et en même temps ils ne lâchent rien, ne sont pas du tout décadents, et continuent leur travail acharné au service de leur cause commune. On parle de l'oumma au sein du monde musulman, mais je pense que ce qui réunit les Juifs, notamment beaucoup de souffrances partagées mais des réussites aussi, est encore plus fort et les rend encore plus solidaires. Nul doute qu'une telle hégémonie ne sera pas amenée à s'effondrer de sitôt, que le système n'est pas encore mûr pour tomber à l'instar du régime décadent des nobles à la veille de 1789, car il n'est pas décadent et toujours très virulent, sûr de son droit, dominateur et conquérant.

À travers les médias audiovisuels, la presse, le monde du spectacle, le monde intellectuel et littéraire, les idées philosophiques, l'opinion dominante sur les réseaux sociaux, etc. l'imaginaire d'un Français qui s'informe et veut se cultiver, est désormais majoritairement dominé par des figures juives, qu'il le veuille ou non, à moins de se couper de tous les canaux officiels d'information et de culture. Tout opinion différente, notamment via le journal Le Monde sur le conflit à Gaza, est aussitôt assimilée à de la dissidence, voire de l'antisémitisme pur et simple.

N'est-il pas temps de tirer au sort nos gouvernants issus d'une communauté politique, plutôt que de continuer à les élire pour qu'ils représentent des individus isolés ?

Un individu est faible, une communauté est forte, tout le monde comprend ça, et Hanna Arendt déplorait la dissolution de la communauté politique dans l'individualisme de nos sociétés modernes, qui pousse à l'indifférence et à l'impuissance vis-à-vis de la chose publique. C'est aussi ça que la bourgeoisie a bien senti dès le départ, à savoir qu'il fallait fragiliser le peuple soi-disant au nom de l'intérêt général, avec la Loi le Chapelier et la dissolution des corporations. D'une manière générale le néolibéralisme actuel a aussi pour objectif l'atomisation de la société, selon les mots bien connus de Margaret Thatcher : « there is no such thing as society », et « there is no alternative » (Tina), sous-entendu au néolibéralisme. Il faut bien comprendre qu'une démocratie ne pourra jamais fonctionner correctement, si elle est divisée en autant d'individus isolés qui seront tellement fragilisés qu'ils seront toujours incapables de faire valoir leurs droits. Au contraire il faut promouvoir ou simplement rétablir l'idée de communauté politique pour faire valoir les droits du simple citoyen, actuellement atomisé donc aliéné, face aux lobbys en tous genres des riches et des élites, ces dernières ayant depuis un certain temps décidé de faire sécession pour leurs propres intérêts, et de ne plus représenter ceux du peuple. 

La question est : doit-on continuer à faire confiance à la démocratie représentative ? N'est-il pas temps de passer à une démocratie participative où le chef de l'État serait tiré au sort parmi des citoyens lambdas par exemple ? Mais cela implique au préalable de renoncer à l'atomisation de la société opérée par des logiques libérales, et de responsabiliser l'ensemble des citoyens réuni en communauté politique, à la chose publique.

Aujourd'hui les Français atomisés, décérébrés par des logiques consuméristes, semblent n'avoir le choix qu'entre les intérêts de deux communautés fortes aux causes clairement définies : d'une part le communautarisme juif sûr de lui et dominateur, d'autre part la communauté musulmane beaucoup moins bien organisée et puissante socialement cependant, mais beaucoup plus nombreuse et qui pèsera toujours davantage de son poids démographique.

jeudi 5 décembre 2024

Comment s'en sortir lorsque l'on est un peu con et antisémite sur les bords ?



Comment s'en sortir lorsque l'on est un peu con et antisémite sur les bords (alors que nous vivons dans une époque alarmante où il faut bien admettre qu'il y a une résurgence de l'antisémitisme complètement décomplexé) ?

D'abord il faut bien voir que l'antisémitisme est une manifestation du nihilisme, en ce que le judaïsme est porteur des valeurs, négatives comme positives, qui structurent notre société contemporaine démocratique ; tout comme le catholicisme avait structuré la société féodale puis absolutiste, antérieure à la Révolution française. S'attaquer aujourd'hui à la démocratie, c'est s'attaquer directement au judaïsme, et derrière le judaïsme, il y a des Juifs en chair et en os. Nous ne pouvons pas nous « offrir le luxe » délétère de répéter un évènement aussi horrible que l'Holocauste, même si nous pouvons comprendre les réactions de ressentiment de la part de gens pour qui le système paraît profondément injuste, pratiquant systématiquement le deux poids deux mesures, toujours à l'avantage d'une certaine catégorie de la population - il ne s'agit pas d'un fantasme mais d'une réalité. Cependant nous avons besoin d'une transgression par rapport aux valeurs de la démocratie, pour véritablement en sortir, et accéder à un nouveau paradigme qui ne reposerait plus sur la croissance, mais sur son contraire : la décroissance. Non parce qu'un tel système avantage les Juifs et que ce n'est pas juste, mais parce qu'un tel système est mortifère en soi, pour l'ensemble des habitants de la planète, y compris pour le judaïsme à terme, et les Juifs en chair et en os qui se trouvent derrière. Il ne s'agit donc pas d'une transgression d'extrême droite dont je parle, mais plutôt axée sur des valeurs socialistes et de décence commune, s'inspirant de l'œuvre de George Orwell dont Michéa s'est fait l'héritier en France, pour nous faire part de la nécessité de faire cohabiter un socialisme d'inspiration marxiste dans sa critique du capitalisme, avec des valeurs conservatrices, qui respectent les convictions profondément enracinées des gens, parfois religieuses, leur décence commune qui leur fait voir par simple bon sens, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas - comme s'enrichir outrageusement comme le font nos milliardaires, sur le dos de l'ensemble de la société. Ce que ne respecte plus le néolibéralisme dans son ensemble, avec son système néodarwinien de guerre de tous contre tous, pour la plus grande partie des travailleurs maltraités n'arrivant plus à boucler leurs fins de mois.

D'autre part il faut noter aussi qu'un tel matraquage sur la Shoah et tous les crimes qui tournent autour, dont fait preuve l'ensemble de nos médias, de nos éminents grands sages, et divers intellectuels, peut s'avérer à terme contre-productif, par l'effet de ras-le-bol qu'il est susceptible de créer sous la forme de réflexions du genre : « il n'y en a que pour eux ! »

Je voudrais apporter mon témoignage de ce qui constitue selon moi un processus de création. Il m'a fallu plus de 30 ans pour comprendre ma maladie et j'ai enfin compris, mais ça ne servira plus à grand-chose : j'ai l'impression d'être devenu trop vieux. Au début de l'année 1993, Élisabeth de Fontenay m'avait fait un cadeau exceptionnel, à moi qui suis de la race des créateurs, des artistes, mais qui l'ai toujours refusé de toutes mes forces, parce que je voulais être normal, comme les autres, me fondre dans la masse et passer inaperçu ; passer inaperçu pour ne pas recevoir de coups. Alors que c'est un contresens : c'est en voulant se fondre dans la masse et passer inaperçu que l'on se prend le plus de coups, et que l'on commet aussi les plus grands crimes en s'éxonérant de toute responsabilité individuelle - comme ce fut le cas de beaucoup de criminels nazis, souvent de simples soldats, rejetant la faute de leurs crimes sur les ordres auxquels ils devaient obéir (comme Eichmann rejetant la faute sur l'ordre reçu, dont cela constitue un devoir moral de type kantien d'obéir). In fine il n'y aurait qu'un seul responsable en bout de chaîne, Hitler himself, pour qui les Juifs étaient un poison à exterminer, ce qui constitue la singularité d'Hitler par rapport à toutes les autres formes d'antisémitisme, qui sont certes l'expression d'un ressentiment mais pas exterminateur. Comme le disait Bernanos : « Hitler a déshonoré l'antisémitisme ! » D'ailleurs Élisabeth de Fontenay avait fini par admettre que je devais être un individu assez répugnant et veule (comme Céline ?). Ce cadeau c'était un simple don, qui m'avait permis de développer des forces créatrices permettant de cautériser la maladie. Je l'ai refusé de toutes mes forces d'une part parce que ça ne faisait pas plaisir à mon père, ça lui faisait peur et surtout de l'ombre : c'était absolument incompréhensible pour lui, et il me poussait de toutes ses forces à ce que je me détruise moi-même ; mais surtout parce que cela a toujours fait très peur à la société - ce qui a poussé à écrire Artaud je crois bien, que Van Gogh était au fond un suicidé de la société. Je crois avoir compris que chez Artaud aussi, la pulsion d'autodestruction était très forte. C'est d'autant plus fort que les phases créatrices peuvent être très rares, ce qui produit un sentiment de frustration auto-destructeur : notamment en allant chercher dans les psychotropes un stimulant, alors qu'il s'agit toujours davantage d'un poison ; certes à double tranchant comme tout pharmakon qui se respecte. Aussi parce que du côté de ma mère, psychologue freudo-lacanienne, ça lui faisait peur également, cette anormalité dans un milieu pour qui la normalité selon la définition de Freud, c'est aimer et travailler. Or un créateur est incapable de travailler comme les autres, comme le montrent très bien certains films de Pasolini où il va excaver le processus de création chez l'artiste : il a besoin d'autres nourritures et il est surtout incapable d'être normal. 

Je tiens avant tout à présenter mes excuses à Élisabeth de Fontenay et à Olivier Chedin, et même à vous - car d'une certaine façon j'ai trahi leur confiance, qui avaient compris ma maladie et s'étaient échinés à m'en sortir, qui est exactement de même type que celle d'un Artaud, d'un Rousseau, mais aussi d'un Hitler, génie du mal peu importe mais génie quand même, et c'est là où le bât blesse. Or nous étions dans les années 90 et je faisais des études de philosophie à la Sorbonne là où vous officiiez en tant que professeur de philosophie de l'art, André Glucksmann notamment venait d'écrire le XIème commandement, l'époque n'était pas finalement à reconnaître les génies et à les développer, mais d'une certaine façon à les pourchasser en raison d'une tare qui les apparente à Hitler. Or je peux vous dire que j'avais très bien compris tout ça, et que j'étais ambivalent entre mon désir de m'en sortir et celui de ne pas ressembler à Hitler. Je peux vous dire aussi que j'ai fait une expérience avec le cannabis à ce moment-là, qui a totalement annihilé mes forces, d'autant plus que par le passé j'avais été un très gros consommateur de cannabis, de 17 à un peu plus de 18 ans, ce qui avait déjà complètement annihilé toutes mes forces et même replongé dans un genre de psychose originel, qui est au fond l'état premier du créateur, son état latent. Ce joint que j'avais fumé après un processus de création qui m'avait conduit à produire une œuvre d'art produisant un effet de catharsis salvatrice sur mon esprit, a eu un effet totalement contre-productif : il a complètement détruit chez moi tout l'effet bénéfique pour l'esprit du processus de création - parce que j'étais en réalité dans un état bien trop fragile, en pleine gestation créatrice. Effectivement pour un créateur, le processus de création est la seule médecine possible, il n'y en a pas d'autres, ni le travail, ni même l'amour. Ou alors l'amour, mais en ce qu'il permet d'alimenter ce processus de création (qui certes exige beaucoup de travail) - ce qui est toujours extrêmement frustrant pour un(e) partenaire. Pour un créateur, hormis la création, point de salut !