mercredi 10 septembre 2014

Les sans dents

Les pauvres en vieillissant deviennent de plus en plus inoffensifs, comme si on leur avait retiré les crocs, ils ne sont pas bons, ils sont moches (comme disait Reiser), ils sont mauvais, ce sont des sans dents. Les riches au contraire gardent toute leur agressivité en vieillissant, ils deviennent même plus méchants, les crocs leur poussent, car ils perdent la naïveté qui était propre à leur jeunesse, et la bonté est bien un rêve de la jeunesse, donc de la naïveté. Les pauvres ne sont pas bons, ils sont mauvais, et les riches ne sont pas bons, ils sont méchants. C'est comme cela que j'interprète la formule de François Hollande, les "sans dents". Quant à la vraie dichotomie, elle n'est pas selon moi entre démocrates et fascistes, mais entre riches et pauvres. Tous les partis pour arriver au pouvoir font fructifier cette dialectique (de Chirac "fracture sociale" à Sarkozy président des "vrais gens" contre l'élite (notamment intellectuelle, mais pas financière)  puis à Hollande "le changement c'est maintenant"), une fois installés au pouvoir, ils ne semblent avoir d'autre choix que de s'allier à la puissance de l'argent : perversité de la démocratie où pour arriver au pouvoir il faut faire des promesses aux pauvres et où pour le garder il faut s'allier aux riches, ou dit autrement il faut faire semblant d'être idéaliste, pour ensuite montrer sa vraie nature ; un réalisme froid et cynique, sans pardon pour les sans dents. 

A te lire, Hollande jouerait double jeu, derrière sa façade libérale, il serait l'allié des pauvres : c'est un fantasme. Hollande est un libéral, un "social-libéral" peut-être, quelle que soit l'étiquette, sa politique finalement favorise l'enrichissement des déjà riches. C'est peut-être ça moderniser, une nécessité, une pilule amère à avaler : je n'y crois pas, plus personne n'y croit, jusque dans les rangs des socialistes dits "frondeurs". Un changement de politique ne pourrait se faire qu'à l'échelle de l'Europe, la principale erreur de Marine Le Pen est là : changer la politique à l'échelle de la France, cela est excessivement dangereux. A avoir lu quelques économistes, je pense que la solution pourrait être dans une Europe économique puissante, capable de protéger son modèle social par du protectionnisme (la modernisation par la baisse du coût du travail et la "réforme" des acquis sociaux est un leurre, au détriment des pauvres, une spoliation qu'ils ne pourront pas rattraper), car en matière de coût du travail, on ne peut rivaliser avec les pays émergents (Chine, Inde, Brésil...); ce serait bien d'inclure dans cette puissance européenne, la Russie, pour les matières premières.


Heureusement pour toi, tu as cette foi dans le mal que représente le FN, elle joue pour toi comme fondement métaphysique. Mais attention après la chute des religions, il n'y aura pas d'autre substrat métaphysique que cette croyance au mal absolu. Si le FN disparaissait, que te resterait-il à combattre, et où pourrait se loger ta foi ?

2 commentaires:

  1. 1- Ne prête pas à Hollande (les "sans dents") ce qui appartient à Trierweiller.

    2- Tu crois que la démocratie est perverse, je la crois vertueuse.

    3- Est-ce ma faute si le mal, en l'occurrence le FN, existe ? Donc oui, il faut le combattre.

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  2. combattre le FN mais comment? bien qu'on dénonce en permanence son idéologie perverse, rien n'arrive à contrer sa montée dans l'opinion; il faut bien reconnaître sur ce point une forme d'impuissance à déciller les yeux des Français et, en effet, ce n'est pas rassurant

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