samedi 27 avril 2019

Quel lien entre anti-humanisme et l'incendie de Notre-Dame ?



Pour son confort moral il vaut mieux défendre la doxa libérale-libertaire qui se confond désormais avec l'idéologie capitaliste, cette dernière ne passant plus par un capitalisme patriarcal obsolète, mais par une libéralisation des mœurs, les esprits chagrins diraient un laisser aller généralisé, ainsi qu'un féminisme et un antiracisme revendicatifs, et donc in fine l'islamisation de la société dont l'incendie de Notre-Dame est comme l'allégorie.
Disons qu'entre droits de L'Homme et capitalisme, c'est le capitalisme qui tire les ficelles et manipule les masses en instrumentalisant la conscience de chacun : personne ne peut se reconnaître dans sa glace comme un gros beauf raciste et misogyne. Un bon consommateur doit aussi se reconnaître à travers la propagande médiatique et publicitaire, comme un militant féministe et antiraciste des droits de l'Homme, CQFD et tout le monde est content, il fallait y penser !
Le problème est que le capitalisme exploite les bons sentiments de gens qui se croient mus par des choses pas commerciales, alors qu'il n'en est rien : l'idéologie libérale-libertaire a réussi ce dont le fascisme avait rêvé mais n'avais pas finalisé ; entrer dans l'intimité des gens, dans leur conscience, pour en faire de bons petits soldats consuméristes obéissants.
Les musulmans notamment ne font qu'exploiter les failles d'un système qui ne vise qu'à générer un maximum de profit, et qui se fout royalement de ses très vieilles et saintes reliques, qui n'ont plus qu'une valeur sentimentale pour quelques nostalgiques impuissants d'une grandeur spirituelle en décrépitude.

L'idéologie c'est ce qui permet de ne pas être sensible au réel, comme un envahissement progressif par exemple d'une mère-patrie par des éléments très hétérogènes, par confort moral et rejet bien légitime du racisme, et hygiène mentale aussi. L'envahissement est même désormais consenti puisque selon la doxa hygiéniste l'honneur de la France est d'être une terre d'accueil, par pénitence aussi vis-à-vis « des heures les plus sombres » de notre histoire récente, comme si l'honneur de la France n'était plus de défendre des valeurs et de les faire assimiler, parce qu'en réalité il n'y en a plus, effacées par l'esprit consumériste. Mais c'est le capitalisme séculier qui instrumentalise en réalité ce qu'il y a encore d'aristocratique en l'Homme : sa partie désintéressée et donc religieuse, comme de nobles sentiments, pour qu'il morde à l'hameçon du consumérisme ; il s'agit donc en réalité d'une manipulation massive et d'un genre de délire collectif qui ne nous fait plus apprécier le danger à sa juste valeur.

Aujourd'hui le libéralisme et le néodarwinisme qui en découle ne sont pas le réel mais ce que nous avons fait de la réalité de chacun par conditionnement, ou autrement dit l'idéologie c'est-à-dire un moule qui nous rend aveugle à l'éventualité d'un monde mû par d'autres valeurs plus nobles, plus chevaleresques, plus aristocratiques.

Les Lumières semblent avoir accouché du libéralisme. Quel lien entre le libéralisme et l'incendie de Notre-Dame ?

Les Lumières sont-elles l'humanisme ? Les Lumières version allemande, l'Aufklärung, composent davantage avec la religion, les Lumières surtout françaises et britanniques ne pouvaient aboutir qu'à son exclusion radicale avec sa composante libérale qui a été pensée pour lutter contre les guerres de religions, comme une véritable machine de guerre pour contrer les religions. Or la religion qui n'est au fond qu'une secte qui a réussi, est au sens propre ce qui relie les Hommes par un certain nombre de principes. On peut certes les trouver dogmatiques mais ils avaient au moins ce mérite d'unir les individus en communauté de fidèles. Ce lien a laissé place à la fragmentation de la société encouragée par le libéralisme, qui ne postule comme principes régulateurs du monde social que la liberté d'entreprendre et le libre marché soumis à la concurrence aveugle et destructrice des équilibres fragiles qui garantissaient aussi l'identité d'une nation par exemple, donc in fine à la « guerre de tous contre tous », ou à l'extension du domaine de la lutte à tous les domaines jusqu'ici privés de l'existence (Houellebecq), ou à l'affirmation de la volonté de puissance de chacun comme affirmation de soi et en réalité manifestation du nihilisme occidental (Heidegger), qui s'est répandu dans le monde comme une contagion menaçant tous les équilibres dont notamment celui du climat, et enfin last but not the least avec comme effet pervers la résurgence de ce que la religion fait aujourd'hui de plus barbare comme l'islamisme virulent : un exemple de radicalité de la réaction ; en l'absence de toute réaction équilibrée et mesurée possible ou autorisée, c'est-à-dire admise par le sens commun, comme ne serait-ce que de défendre des valeurs et de les faire assimiler - on est pratiquement sommé de choisir entre l'« infâme » Zemmour dont on a fait une caricature et la « douce » Hapsatou Sy. Mais ce n'est pas un choix c'est une injonction...

Autrement dit l'humanisme que l'on peut définir comme l'Homme mesure de toute chose était aussi porteur du nihilisme, c'est-à-dire que l'anti-humanisme était constitutif de l'humanisme depuis son origine cartésienne et plus loin encore monothéiste judéo-chrétienne... C'est donc le même esprit humaniste qui a élevé Notre-Dame et en même temps qui l'a aussi détruite par nihilisme...

5 commentaires:

  1. François de France27 avril 2019 à 15:58

    "Or la religion qui n'est au fond qu'une secte qui a réussi, est au sens propre ce qui relie les Hommes par un certain nombre de principes."

    Tout est là. La religion est le mode opératoire qui a été préconisé pour faire passer les sociétés primitives à l'état tribal, vers la modernité. Sans religion, point de société moderne. Sans notre Décalogue commun, point d'homme moderne quittant son cerveau reptilien, bestial et prédateur. Puis la religion se voit remise en question quand elle devient totalitaire, absolutiste, empêchant l’élévation philosophique, massacrant les impies et les sodomites. A notre époque, au moment où l'absence d'un Dieu manifeste et ethnocentrique va se concrétiser dans la découverte de civilisations extra terrestres, la religion des humains n'a plus lieu d'être. Mais ses manifestations restent des témoins de la possibilité qu'a l'âme humaine à s'extraire de la bassesse des premiers temps pour s'élever vers le sublime. L'art religieux en est témoin. Néanmoins la tentation de la bête reste ancrée en nous, dans nos glandes primitives, comme le XXème siècle, le nazisme, le communisme et l'islam nous le montrent encore. On ne peut en faire l'ablation, donc nous sommes encore des animaux. Socialisés, éduqués, aux instincts réduits à leur plus simple expression reproductive et défensive. Mais voir tué notre petit par l'égorgeur nous verra réactiver ces fonctions primitives de survie, de vengeance et de meurtre à la vitesse éclair. Nul besoin d'aller piocher dans les religions pour constater les résurgences de la bête en chacun de nous.

    On peut espérer voir l'évolution abolir ces bas instincts. Mais le premier prédateur qui ose s'emparer de notre territoire physique ou symbolique va prendre cher. On en est toujours là. En ces temps d’athéisme où l'on peut ne plus souvent pratiquer des rites obsolètes et lire des textes incantatoires qui tournent à vide, on constate que la religion a quand même imprimé au cœur de nos vies ses préceptes. Cette fonction socialisante outrepasse les générations, est concrétisée dans la loi. Pour ma part, les symboles chrétiens architecturaux sont mes phares en Europe, mes lieux d'introspections et de respiration, comme ils le sont pour tous. De leur côté, les cloches et les clochers nous indiquent le centre de la cité, là vers où toute notre culture millénaire converge et depuis lesquels elle s'est édifiée.

    RépondreSupprimer
  2. Arnaud DE LA Croix27 avril 2019 à 17:20

    Voyons, Erwan Blesbois, puis-je vous proposer un petit exercice d'écriture ? Pourriez-vous, en deux (2) phrases, m'expliquer "comment l'anti-humanisme a détruit Notre-Dame" ? (A mon sens, elle n'est pas détruite mais a brûlé en partie, et je ne connais pas encore la cause véritable de ce sinistre, comme il en arriva de nombreux au fil des siècles...).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On ne sait plus prendre soin des choses sacrées, comme de cette charpente vieille de 800 ans, parce que l'on n'a plus le sens du sacré et on traite Notre-Dame comme un bien manufacturé lambda selon le principe de la destruction créatrice, mais je ne dis pas que c'est forcément conscient. Cependant ça fait certainement plaisir à beaucoup d'industriels que Notre-Dame ait brûlé, suivant leur instinct aiguisé au profit, ça va encourager l'innovation ; en outre les mécènes issus du capitalisme contemporain sont obsédés par la destruction et vénèrent l'art contemporain, car ça leur rappelle leur façon de fonctionner par innovation destructrice.

      Supprimer
  3. Que de raccourcis, que de paradoxes fallacieux, que de sentences expéditives ! Pour une tentative, certes, ambitieuse, de prise de vue historique d'ensemble, remontant à juste titre à Hobbes, pour la "guerre de tous contre tous" et au rapport des Lumières aux guerres de religion. Je n'articulerais cependant pas les étapes-mouvements de notre histoire de la même manière que vous. Par exemple, les Lumières ne sont nullement le produit des guerres de religions. C'est tout au contraire l'absolutisme qui en sort, dont les Lumières (aussi bien anglaises, qu'ecossaises, françaises et allemandes) sont l'ennemie déclarée. Par ailleurs, l'Aufklärung allemande, n'est plus ouverte à la religion qu'extrêmement partiellement. Elle sort directement de Spinoza et Lessing, et elle s'épanouit d'abord essentiellement dans la franc-maçonnerie athée des Illuminaten de Weishaupt en Bavière ! Bon, ce ne sont là que quelques exemples fragmentaires des nombreuses choses historico-philosophiques qui seraient à corriger dans votre exposé (tout de même intéressant).

    RépondreSupprimer
  4. Le libéralisme n'est pas vraiment un "héritage" des Lumières, il lui est consubstantiel, et même les précède. Adam Smith fait partie des Lumières écossaises, avec Hume et Ferguson, qui a exercé une influence décisive, après Locke et Newton, sur les Lumières françaises. Turgot ne jurait que par eux. Les véritables guerres de religions, celles qui ont ravagé la France et l'Allemagne, et qui ont été conjurées, théoriquement, par les penseurs de la Souveraineté, et en particulier par Hobbes, puisque c'est en pensant à la guerre civile qu'il a frappé sa formule de la "guerre de tous contre tous", seul un Etat absolutiste, d'abord "non-éclairé" puis "éclairé", y a mis fin, avec ce théorème politique néo-machiavélien, frappé également par Hobbes : "non veritas, autoritas facit légem" (ce n'est pas la vérité - religieuse - mais l'autorité - absolue du Prince - qui fait la loi). Toutes les Lumières sont un renversement de l'absolutisme, jusqu'à la décollation de Louis XVI.

    RépondreSupprimer