lundi 17 juin 2019

L'ingratitude de nos parents



C'est déjà fait sur les plus jeunes générations, l'américanisation... Y résister c'est se montrer conservateur voire réactionnaire. Les États-Unis n'ont fait que développer un matérialisme qui vient d'Europe et qui a pour source concernant le culte du profit, le calvinisme protestant, matérialisme dont ils nous offrent le miroir grossissant. Sans même entrer dans une critique de l'humanisme qui porte en germe le progrès technique qui lui-même est vecteur de la volonté de puissance source du nihilisme... contemporain !
On peut être anarchiste et conservateur comme Michéa, que Finkielkraut a quand même eu le mérite d'inviter parfois dans son émission. Une des dernières en date avec Bruckner justement. Sans dénigrer le rock et la BD qui s'accordent mieux à notre époque de vitesse, d'images, de numérique, et de violence banalisée que la littérature et la « grande musique », c'est aussi plus facile et demande moins de concentration et de mémoire. D'ailleurs les très jeunes ne lisent même plus de BD, il leur faut des images animées sur un support numérique, par le biais de jeux ou de films. Reste la musique pop ou rock qui s'est bien dégradée depuis les années 70, et toute la pop culture en général selon moi. L'obsolescence des biens culturels est programmée elle aussi, il y faut toujours plus d'innovation et de nouveauté, de spectaculaire et de performance technique, au détriment du contenu. Enfin la pop culture est souvent un phénomène générationnel qui a tendance à mal vieillir contrairement à la grande culture caractérisée par son intemporalité, cette dernière si elle ne devenait pas obsolescente par définition, pourrait cependant bien sombrer dans l'oubli en raison de sa difficulté d'accès qui la rend hermétique : d'où le déclin, voire la mort que prophétise houellebecq de la littérature en général, dans Soumission
La critique que font Houellebecq et Finkielkraut de la modernité, ce dernier se revendiquant d'une dream team de la réaction qui comporte le premier cité et quelques autres compères dont fait partie Philippe Muray est selon moi pertinente, soulignant que les nouvelles générations auront de moins en moins les outils pour accéder aux œuvres du passé rendues hermétiques par la perte des compétences intellectuelles requises pour les décrypter, comme la mémoire et l'attention, et surtout par le désir de ne pas perdre de temps dans des vieilleries. Comme le dit Michéa aussi dans L'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes, on ne doit pas seulement s'inquiéter du Monde que nous laisserons à nos enfants, mais aussi des enfants que nous laisserons au Monde, très mal éduqués et armés pour faire se pérenniser à travers eux un héritage immémoriel du passé.
Comme le dit Auguste Comte, « l'humanité se compose de plus de morts que de vivants », l'oublier est le symptôme de notre nihilisme sous l'action de la volonté de puissance qui nous fait vouloir rester jeune éternellement notamment, malgré le vieillissement biologique inéluctable dénié par les promesses des nouveaux gourous du transhumanisme venus d'outre-atlantique et leur idéal selon eux atteignable à assez courte échéance d'immortalité, avec tous les phénomènes de décadence et de dégénérescence que cela implique sur le plan culturel, voire avec notre potentiel et possible passage de la civilisation à la barbarie. Car cette quête d'immortalité et de jeunesse éternelle est aussi le symptôme que nous ne voulons plus accepter de vieillir, donc de philosopher qui est aussi « apprendre à mourir », et accessoirement de laisser la place aux générations qui viennent après par la transmission d'un héritage commun et immémoriel précisément. L'humanité à travers ses représentants les plus emblématiques et fondateurs de notre post modernité, les baby boomers, ne se vit plus comme un maillon dans une chaîne intergénérationnelle, mais comme un tout sans ascendance, ni descendance, sans héritage puisqu'elle estime avoir été créée de rien, avoir tout créé et ne rien devoir, donc sans transmission à accomplir pour payer sa dette ; un peu comme si elle était une génération spontanée.

8 commentaires:

  1. Tu nous gonfles avec tes protestants matérialistes qui aiment le profit. Va faire un tour en Italie, terre des papes et du catholicisme, à Venise, à Gêne ou à Florence et tu verra les palais somptueux des plus riches marchands et banquiers que l'Europe ait connu...

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    1. C'est pas pareil, ce qui est en excès de ce que le calvinisme protestant devrait être, c'est l'accumulation de l'argent sans en profiter (puritanisme anglo-saxon), sans dépense excessives notamment dans l'art donc - toute dépense y est généralement conçu comme un investissement en vue d’engranger des bénéfices. Alors que pour le catholicisme c'est l'accumulation de richesses y compris artistiques à la gloire, peut-être hypocritement mais c'est un autre problème, de dieu, qui se fait en dépensant constamment ce qu'on a accumulé pour créer des œuvres d'art ou des palais toujours plus sublimes.

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    2. Les palais vénitiens n'ont pas été édifié à la gloire de Dieu... Et je ne vois pas en quoi un peu moins d'ostentation en matière de religion chrétienne serait plus condamnable. Surtout quand celle-ci professe la pauvreté. Hypocrisie avez-vous dit ?

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    3. Si on suit votre raisonnement on arrive au résultat diamétralement inverse du postulat de départ « professer la pauvreté », concernant le calvinisme protestant anglo-saxon : on en arrive à un enrichissement exponentiel des milliardaires, un appauvrissement des classes moyennes des pays occidentaux, un matérialisme qui contamine la planète entière et qui bien loin d'atténuer son mal être génère de nouvelles formes de souffrance. Les gens de plus en plus nombreux à travers le monde grâce aux progrès de la médecine, ne sont plus bien là où il sont comme ils le furent pendant des siècles, et telles des mouches attirées par la lumière ou par la merde, ils rêvent d'enrichissement matériel et de conformisme made in US ou à défaut de confort européen, et quittent leurs pays en masse. Ça fait bien longtemps que l'Occident de toute façon s'est sécularisé et a quitté sa sphère d'influence religieuse, cependant c'est bien le calvinisme protestant qui explique le néolibéralisme actuel et le matérialisme forcené de nos contemporains qui s'imposent par le biais de la mondialisation. La religion catholique et son ostentation en matière de création artistique, semble désormais appartenir à la préhistoire. Personnellement je préférais les ville italiennes de style renaissance, aux ville modernes : béton, acier et verre, buildings, grattes-ciels, petits pavillons des banlieues des grands centres urbains... L'ostentation du capitalisme n'a rien à envier à celle du catholicisme, la seule différence est que le capitalisme est monstrueux et laid, difforme, marqué par l'hybris. Mais c'est comme ça, il s'agit d'un processus historique d'origine religieuse.

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  2. La grande banque est historiquement une invention des catholiques : banquiers lombards, génois, florentins…
    Banquiers vénitiens qui, en 1204, n'ont pas hésité à détourner la quatrième croisade pour mettre Byzance (empire chrétien) à sac et voler ses richesses. (Byzance ne s'en est jamais remise)

    Quant aux Médicis, grands banquiers florentins, « A force d’intrigues, les Médicis s’imposent deux fois sur le trône de Saint-Pierre-de-Rome, avec Léon X et Clément VII. » (voir : "Renaissance italienne : les Médicis à la conquête du Vatican", par Léo Pajon - publié le 23/02/2016 dans GEO)

    Tout au long de l’Histoire jusqu'à nos jours, les catholiques ont aimé l’argent autant que les protestants… et que n’importe qui d’autre.
    (voir également dans Mauriac, Balzac et Zola)
    Les bouddhistes chinois richissimes et les maharajahs Indouistes n’ont jamais montré leur désintéressement…
    L’amour immodéré de l’argent est sans doute au monde le vice le mieux partagé.

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    1. Le problème n'est pas que les protestants aiment plus l'argent que les autres, mais qu'ils en aient fait un signe d'élection et de salut. Alors qu'il me semble que pour les catholiques le salut est dans la grâce d'une oeuvre d'art aboutie par exemple, ou dans la grâce de toute autre chose mais dans la grâce qui traduit une présence, un don, d'origine surnaturelle. Les catholiques à travers l'argent cherchaient des moments de grâce, d'où la magnificence de l'architecture, de la création artistique issues du catholicisme, en Italie et en France notamment. Alors qu'effectivement les protestants puritains qui se méfiaient d'une tel luxe ostentatoire, puisque le Christ professait la pauvreté, recommandaient de ne pas faire étalage de sa richesse mais d'en accumuler cependant toujours plus par un travail acharné, en ne la dépensant pas ou alors seulement en l'investissant pour que cela en rapporte encore plus dans le cadre d'un effort et d'un devoir moral.
      Un tel état d'esprit contraignant qui caractérise le calvinisme protestant me paraît bien plus l'ancêtre spirituel du capitalisme moderne, que l'état d'esprit plus léger et tout entier orienté vers la recherche de la beauté qui prévalait dans le catholicisme au moment de son âge d'or italien notamment, dont les protestant condamnaient la corruption.
      C'est paradoxal effectivement si l'on songe que c'est au départ pour se rapprocher du message christique de dénuement que l'on en est arrivé finalement à un capitalisme sauvage sans limites et un matérialisme débridé à travers le monde.
      Je le répète, personnellement je préférais les ville italiennes de style renaissance, aux ville modernes : béton, acier et verre, buildings, grattes-ciels, petits pavillons des banlieues des grands centres urbains... L'ostentation du capitalisme n'a rien à envier à celle du catholicisme, la seule différence est que le capitalisme est monstrueux et laid, difforme, marqué par l'hybris. Mais c'est comme ça, il s'agit d'un processus historique d'origine religieuse.

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    2. Qu'il est difficile en effet d'admettre que des bienfaits publics aussi considérables puisent reposer ainsi sur ce que vous concevez comme des vices privés...A la vérité, votre propos draine et charrie tous les plus mauvais fantasmes révolutionnaires et réactionnaires anti-libéraux et anti-capitalistes des deux derniers siècles...

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    3. Qu'il est difficile en effet d'admettre que des bienfaits publics aussi considérables puisent reposer ainsi sur ce que vous concevez comme des vices privés...A la vérité, votre propos draine et charrie tous les plus mauvais fantasmes révolutionnaires et réactionnaires anti-libéraux et anti-capitalistes des deux derniers siècles...

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