La fête de la musique est un des symptômes du
remplacement par le matriarcat (sexualité+consommation=épanouissement
personnel), du patriarcat (symbolique+religion=guerre) Le patriarcat porte
aussi la morale du jugement, qui en fin de compte aboutit à la légitimation de
la peine de mort. Avec le matriarcat on assiste à la "mort" de la
morale du jugement : ce que disait Artaud : "pour en finir avec le
jugement de dieu". On assiste corrélativement au phénomène du matriarcat, à un
assouplissement des règles, qui selon moi a abouti notamment à l'abolition de
la peine de mort. Cet aboutissement ne constitue pas selon moi un absolu, mais
on ne peut pas dire non plus que le système du jugement, de l'autorité et du
symbolique, fut idéal. On constate aujourd'hui qu'il y a une délégitimation des
guerres, tout au moins en Europe, et cela constitue peut-être un des bénéfices
du matriarcat. Il est cependant selon moi indéniable qu'en période de
patriarcat, de symbolique, et de système de jugement, un phénomène comme celui
qui a nom "perversion narcissique" n'existait pas. Avec la
délégitimation du symbolique, on assiste en outre à la montée en puissance d'un
nouveau phénomène : la cruauté dans les rapports entre les gens, qui n'a plus
de limites. Effectivement il ne semble plus y avoir de guerres externes (tout
au moins en Europe), mais la guerre est dans la société civile, au nom du
"tout, tout de suite". Cet état de fait est favorisé par la société
globale, et l'économie de marché. L'économie de marché a intérêt à ce que la
société soit matriarcale plutôt que patriarcale. Or ce qui gouverne le monde
aujourd'hui, plus que le politique, c'est l'économique, et en ce domaine il n'y
a pas d'alternative à l'économie de marché (pas d'alternative audible en tout
cas).
lundi 23 juin 2014
jeudi 19 juin 2014
L'école oui, mais quelle école ?
Tu as raison de dire idéalement, car la loi n'est jamais
humaine. Qui dit loi dit jugement, qui dit jugement dit bien et mal. Au nom de
quelle valeurs, de quelle morale ? Dans le cas de Kant, il s'agissait de la
morale prussienne étriquée, qui place l'obéissance à la loi comme fin en soi, comme
contenu de la connaissance : résultat les Prussiens, puis les Allemands avec
leurs armées d'esclaves, n'ont jamais gagné aucune guerre. Ce sont des hommes
libres qui gagnent les guerres, les Français, puis les Américains l'avaient
compris, en mots en tout cas.
Or c'est le contenu de la connaissance, par le savoir de ce
qui est bon ou mauvais pour nous qui permettrait de sortir du système du
jugement, c'est-à-dire des récompenses et des châtiments, immanence contre
transcendance. Après que Kant ait posé
la question de l'obéissance en des termes géniaux, personne ne remet en
question cela.
C'est malheureusement le système de l'école, qui n'arrive
pas répondre à la question du "pourquoi l'élève est en difficulté" et
qui préfère répondre par un système de récompenses et de châtiments. Je reconnais
que souvent l'école se pose la question
du "pourquoi l'élève est en difficulté", mais elle apporte des
réponses pédagogiques, qui sont pires que la simple transmission du savoir.
Je comprends que certains comme toi y trouvent leur compte,
mais ce n'est pas de la vraie connaissance. Je pense que le système éducatif
français qui s'inspire malheureusement de Kant, Kant comme référence ultime de
tout bon prof de philo, est malheureusement un des systèmes scolaires les plus
inhumains du monde. Ce qui explique la crise morale contemporaine en France.
Je comprends que ceux qui trouvent leur compte dans un tel
système ne le remettent pas en question. Pour ma part je suis évidemment du côté
de Cyrulnik et de Pennac, quand ils proposent de supprimer les notes, car elles
sous entendent un système de jugement.
Qu'est-ce que je veux? Je suis perdu, je n'accepte pas les
règles du jeu. Les gens comme moi pour survivre doivent malheureusement être
hors la loi, ou des escrocs.
Je n'ai pas de ressentiment, je te souhaite d'être heureux,
et n'oublions pas qu'objectivement l'école est le dernier rempart contre la
barbarie et la guerre civile.
Tu me diras : mais fait un autre métier, mais c'est partout
pareil, et même pire qu'à l'école. L'école protège encore un peu. Ceux qui sont
livrés au monde extérieur sont des esclaves ou des tyrans, la nature est cruelle,
mais le monde créé par l'homme au nom des droits de l'homme l'est plus encore :
car ici bas dans le monde extérieur à l'école, c'est le monde de la technique,
et comme je l'ai déjà expliqué la technique est immaîtrisable. Instrumentalisation
de l'espèce humaine au nom de la technique, et pour couronner le tout : système
économique libéral, consumérisme à outrance, jusque dans l'intimité de chacun.
Instrumentalisation, manipulation des travailleurs par le grand capital. Que
peuvent Kant et l'école contre ça ?
Quant à la libération sexuelle, vaste rigolade. Le monde de
la séduction, comme en système libéral (voir Houellebecq, extension du domaine
de la lutte), avantage quelques prédateurs (les pervers narcissiques). Tout
comme le système économique avantage quelques prédateurs. Ceux qui détiennent
le grand capital se lavent les mains des sacrifices quotidiens que le
capitalisme entraîne. De toute façon le communisme était pire, ce qui enterre
le front de gauche et les communistes pour toujours.
mercredi 18 juin 2014
Le meilleur des mondes
Les avancées sociétales (mariage gay, droit des femmes, vote
des étrangers...) font souvent l'objet d'étude de marché de la part du grand
capital (les décideurs économiques) ; la plupart du temps on estime que ces
avancées favorisent le consumérisme. Les principales avancées de mai 68,
mouvement libertaire à ses débuts ont été totalement récupérées, dans un esprit
consumériste. Paradoxalement, c'est ce qui paraît le plus réactionnaire, la
religion, qui fournissait le meilleur rempart contre l'esprit du capitalisme,
et je fais la différence entre protestantisme et catholicisme. Puisque le
catholicisme est pratiquement mort en France, alors que le protestantisme est
bien vivant aux Etats-Unis. Pourquoi ? Parce que dans le protestantisme se
trouve l'esprit du capitalisme, donc en germes la marchandisation du monde,
tout simplement parce que les protestants ont fait de la misère une affaire
privée, si tu es pauvre c'est ton problème, pas celui de la société (à la
différence du catholicisme), et qu'ils ont fait de la réussite individuelle
sociale, un motif d'élection spirituelle : les damnés de la Terre seront damnés
pour l'éternité, et les heureux sur cette Terre sont les élus pour l'éternité,
je caricature peut-être peu, mais je pense que c'est ça l'idée.
Or oui aujourd'hui c'est choquant de dire qu'une religion
comme le catholicisme peut fournir un rempart au consumérisme. La religion abêtit,
c'est un opium. Je suis d'accord, mais l'intelligence n'est plus utilisée pour
contester le système, dans la logique de marchandisation du monde, de
néo-libéralisme, les individu ne sont plus reliés (religion), c'est donc la politique
du chacun pour soi. L'intelligence est une donnée quantifiable, mesurable, ceux
qui en sont le mieux doté en général, l'utilise pour gagner plus d'argent,
point barre.
En gros, isolés, les individus ne peuvent rien faire contre
le système et sont manipulés. Pour ce qui est du meilleur des
mondes, je pense comme Huxley, que la parentalité est source de névroses
et de psychoses même, donc la suppression de la parentalité qu'il envisage à travers une fiction, n'est peut-être pas une mauvaise chose.
Les habitants de ce monde fictionnel, n'ont plus
d'"états d'âme", mais ils vivent dans le bien être. Que demander de
plus à la vie ? Toutes les idéologies de partage des richesses, christianisme
(bien que le protestantisme ait abandonné cet idéal), puis marxisme ont totalement
échoué. Le christianisme le plus souvent se met aux côtés des puissants, c'est
un christianisme dévoyé par rapport au message du Christ. Et le marxisme a
abouti à des massacres sans nom. Donc effectivement peut-être que le système du
meilleur des monde, qui paraît effrayant, parce qu'il semble
nous priver de liberté, est un monde préférable : un totalitarisme soft, secondé par la science.
Pour ma part je pense que la liberté est une illusion individuelle,
il faudrait la remplacer par plus de solidarité et alors il y aurait une
liberté réelle et non virtuelle. Aujourd'hui la liberté des individus isolés
est une liberté virtuelle, une illusion de liberté. Quant à "notre
Ford", ou "notre Freud", que les personnages du meilleur
des mondes invoquent, c'est effectivement le culte de la marchandisation
du monde, et le culte de la sexualité qu'il faut y voir, et cela correspond tout
à fait au type de société où nous vivons. Reste à en éradiquer les névroses et
les psychoses, dues à la parentalité.
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