jeudi 19 juin 2014

L'école oui, mais quelle école ?

Tu as raison de dire idéalement, car la loi n'est jamais humaine. Qui dit loi dit jugement, qui dit jugement dit bien et mal. Au nom de quelle valeurs, de quelle morale ? Dans le cas de Kant, il s'agissait de la morale prussienne étriquée, qui place l'obéissance à la loi comme fin en soi, comme contenu de la connaissance : résultat les Prussiens, puis les Allemands avec leurs armées d'esclaves, n'ont jamais gagné aucune guerre. Ce sont des hommes libres qui gagnent les guerres, les Français, puis les Américains l'avaient compris, en mots en tout cas.
Or c'est le contenu de la connaissance, par le savoir de ce qui est bon ou mauvais pour nous qui permettrait de sortir du système du jugement, c'est-à-dire des récompenses et des châtiments, immanence contre transcendance.  Après que Kant ait posé la question de l'obéissance en des termes géniaux, personne ne remet en question cela.
C'est malheureusement le système de l'école, qui n'arrive pas répondre à la question du "pourquoi l'élève est en difficulté" et qui préfère répondre par un système de récompenses et de châtiments. Je reconnais que souvent  l'école se pose la question du "pourquoi l'élève est en difficulté", mais elle apporte des réponses pédagogiques, qui sont pires que la simple transmission du savoir.
Je comprends que certains comme toi y trouvent leur compte, mais ce n'est pas de la vraie connaissance. Je pense que le système éducatif français qui s'inspire malheureusement de Kant, Kant comme référence ultime de tout bon prof de philo, est malheureusement un des systèmes scolaires les plus inhumains du monde. Ce qui explique la crise morale contemporaine en France.
Je comprends que ceux qui trouvent leur compte dans un tel système ne le remettent pas en question. Pour ma part je suis évidemment du côté de Cyrulnik et de Pennac, quand ils proposent de supprimer les notes, car elles sous entendent un système de jugement.
Qu'est-ce que je veux? Je suis perdu, je n'accepte pas les règles du jeu. Les gens comme moi pour survivre doivent malheureusement être hors la loi, ou des escrocs.
Je n'ai pas de ressentiment, je te souhaite d'être heureux, et n'oublions pas qu'objectivement l'école est le dernier rempart contre la barbarie et la guerre civile.
Tu me diras : mais fait un autre métier, mais c'est partout pareil, et même pire qu'à l'école. L'école protège encore un peu. Ceux qui sont livrés au monde extérieur sont des esclaves ou des tyrans, la nature est cruelle, mais le monde créé par l'homme au nom des droits de l'homme l'est plus encore : car ici bas dans le monde extérieur à l'école, c'est le monde de la technique, et comme je l'ai déjà expliqué la technique est immaîtrisable. Instrumentalisation de l'espèce humaine au nom de la technique, et pour couronner le tout : système économique libéral, consumérisme à outrance, jusque dans l'intimité de chacun. Instrumentalisation, manipulation des travailleurs par le grand capital. Que peuvent Kant et l'école contre ça ?

Quant à la libération sexuelle, vaste rigolade. Le monde de la séduction, comme en système libéral (voir Houellebecq, extension du domaine de la lutte), avantage quelques prédateurs (les pervers narcissiques). Tout comme le système économique avantage quelques prédateurs. Ceux qui détiennent le grand capital se lavent les mains des sacrifices quotidiens que le capitalisme entraîne. De toute façon le communisme était pire, ce qui enterre le front de gauche et les communistes pour toujours.

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