Tu as raison de dire idéalement, car la loi n'est jamais
humaine. Qui dit loi dit jugement, qui dit jugement dit bien et mal. Au nom de
quelle valeurs, de quelle morale ? Dans le cas de Kant, il s'agissait de la
morale prussienne étriquée, qui place l'obéissance à la loi comme fin en soi, comme
contenu de la connaissance : résultat les Prussiens, puis les Allemands avec
leurs armées d'esclaves, n'ont jamais gagné aucune guerre. Ce sont des hommes
libres qui gagnent les guerres, les Français, puis les Américains l'avaient
compris, en mots en tout cas.
Or c'est le contenu de la connaissance, par le savoir de ce
qui est bon ou mauvais pour nous qui permettrait de sortir du système du
jugement, c'est-à-dire des récompenses et des châtiments, immanence contre
transcendance. Après que Kant ait posé
la question de l'obéissance en des termes géniaux, personne ne remet en
question cela.
C'est malheureusement le système de l'école, qui n'arrive
pas répondre à la question du "pourquoi l'élève est en difficulté" et
qui préfère répondre par un système de récompenses et de châtiments. Je reconnais
que souvent l'école se pose la question
du "pourquoi l'élève est en difficulté", mais elle apporte des
réponses pédagogiques, qui sont pires que la simple transmission du savoir.
Je comprends que certains comme toi y trouvent leur compte,
mais ce n'est pas de la vraie connaissance. Je pense que le système éducatif
français qui s'inspire malheureusement de Kant, Kant comme référence ultime de
tout bon prof de philo, est malheureusement un des systèmes scolaires les plus
inhumains du monde. Ce qui explique la crise morale contemporaine en France.
Je comprends que ceux qui trouvent leur compte dans un tel
système ne le remettent pas en question. Pour ma part je suis évidemment du côté
de Cyrulnik et de Pennac, quand ils proposent de supprimer les notes, car elles
sous entendent un système de jugement.
Qu'est-ce que je veux? Je suis perdu, je n'accepte pas les
règles du jeu. Les gens comme moi pour survivre doivent malheureusement être
hors la loi, ou des escrocs.
Je n'ai pas de ressentiment, je te souhaite d'être heureux,
et n'oublions pas qu'objectivement l'école est le dernier rempart contre la
barbarie et la guerre civile.
Tu me diras : mais fait un autre métier, mais c'est partout
pareil, et même pire qu'à l'école. L'école protège encore un peu. Ceux qui sont
livrés au monde extérieur sont des esclaves ou des tyrans, la nature est cruelle,
mais le monde créé par l'homme au nom des droits de l'homme l'est plus encore :
car ici bas dans le monde extérieur à l'école, c'est le monde de la technique,
et comme je l'ai déjà expliqué la technique est immaîtrisable. Instrumentalisation
de l'espèce humaine au nom de la technique, et pour couronner le tout : système
économique libéral, consumérisme à outrance, jusque dans l'intimité de chacun.
Instrumentalisation, manipulation des travailleurs par le grand capital. Que
peuvent Kant et l'école contre ça ?
Quant à la libération sexuelle, vaste rigolade. Le monde de
la séduction, comme en système libéral (voir Houellebecq, extension du domaine
de la lutte), avantage quelques prédateurs (les pervers narcissiques). Tout
comme le système économique avantage quelques prédateurs. Ceux qui détiennent
le grand capital se lavent les mains des sacrifices quotidiens que le
capitalisme entraîne. De toute façon le communisme était pire, ce qui enterre
le front de gauche et les communistes pour toujours.
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