lundi 24 avril 2017

Le triomphe de Macron


Il est évident que la victoire de Macron est une ruse de la gauche libérale-libertaire pour se maintenir au pouvoir, mais ce n'est pas une victoire du socialisme historique qui s'est construit en rupture avec l'idéologie du libéralisme au XIXème siècle, devant les ravages du progressisme et de l'individualisme bourgeois hérité des lumières. Individualisme bourgeois qui constitue d'ailleurs un héritage dévoyé par rapport à l'esprit de Rousseau ou de Diderot. Enfin ce n'est pas non plus loin de là une victoire des classes populaires. Je suis beau joueur avec Emmanuel Mousset, et je reconnais sa victoire dans cette manche et pour cinq ans, dans la défense des intérêts de la classe qui l'a porté là où il est, au terme d'une partie où la gauche libérale-libertaire a magistralement joué de ruse auprès des naïfs (des "veaux" français), pour porter au pouvoir son poulain.
Le système hérité de mai 68 et d'essence libérale-libertaire au fond, dont Cohn Bendit l’égérie de 68, constitue parmi tant d'autres une figure de proue, a violemment rejeté Fillon le conservateur. On constate qu'une campagne très organisée de "dézinguage" de ce personnage a eu lieu, et tout être sensé doit se demander quels sont les bénéficiaires et les objectifs de cette campagne. Je vous rappelle que tout ce qui fut reproché à M. Fillon était connu tant des journalistes que du monde politique depuis des lustres. L'urgence n'est pas de défendre qui que ce soit, mais de ne pas rester dupe de ce qui se fait et des buts qui sont recherchés. Si le but était la défense de la morale et de l'honnêteté, alors la bataille est venu bien tardivement et elle a ignoré bien des secteurs où elle aurait pu utilement se livrer. Mais nous ne sommes pas naïfs, on sait bien que dans cette histoire, la morale et l'honnêteté sont le cadet des soucis de ceux qui ont lancé cette démolition du candidat Fillon.
Belle question, quel est donc ce "système" ? Une source fantasmagorique pour adepte de complot ? Non, je vous rassure. La réponse est dans les faits mais elle ne vous a pas troublé : le système c'est le pouvoir. Quel pouvoir ? le vrai ! donc celui de l'argent. 1% de la population a entre ses mains 99% de la richesse planétaire et dans ces 1% une fraction infime possède la quasi totalité des richesses. Vous croyez sincèrement que ces possédants veulent être dépossédés du pouvoir que procure ces richesses et être commandés par les "pauvres" ? La réponse est non. Le système est donc ce réseau de pouvoir organisé au sein d'un microcosme qui détient les leviers d'action et le principal levier d'action : le fric. C'est triste mais c'est ainsi et pas besoin de faire référence à des complotistes et autres. La réalité des chiffres est implacable : 8 personnes au monde possèdent même en patrimoine ce que possède la moitié de la population planétaire la plus pauvre cela donne le vertige et permet de comprendre que nos démocraties sont aujourd’hui des simulacres.
Depuis 1989 et la chute du mur de Berlin, les oligarques occidentaux ne sont plus tenus de redistribuer les richesses, pour donner le change, et mettre en avant l'attrait de la démocratie occidentale contre la dictature communiste. Comme il n'y a plus de rival à combattre et de populations à convaincre du bien-fondé de la démocratie, car il n'y a plus d'autres alternatives selon notamment tous les médias aux ordres de la puissance de l'argent, le projet libéral peut s'accomplir dans toute sa particularité totalisante. C'est pour cela qu'en forçant le trait, l'aspect libertaire et non pas du tout conservateur (ce dernier étant porteur de valeurs patriarcales) étant devenu le visage caractéristique du projet libéral, l'exacerbation de la notion des droits de l'Homme dans nos démocratie se fait sous la forme de chasses aux sorcières, dans le plus pur esprit d'intolérance, chasse aux sorcières dont l'essentiel des journalistes y compris artistiques (eux qui se veulent en dehors de la mêlée), sont les agents de police de la pensée. Pourquoi ne pas remettre en cause ce pouvoir des riches ? Car comme l'a dit Yann Moix avec des airs de vierge effarouchée en face de Nathalie Arthaud dans ONPC, "ce serait d'une extrême violence !"
Tout ce que compte de pouvoir (médiatique, politique, intellectuel, culturel...), dans nos démocraties occidentales semble effectivement coalisé contre le reste de la population : ce sont les crocodiles en petit nombre, contre les gnous en très grand nombre. 
Mais peut-être qu'il faut aller plus loin, ce n'est pas notre société qui est injuste, mais c'est bien la Nature qui s'exprime à travers elle, qui est fondamentalement absurde. Ce ne sont pas les prédateurs médiatiques, politiques, sociaux, culturels qui ont voulu être ce qu'ils sont, mais c'est la Nature qui s'exprime de façon sous-jacente à la base de l'organisation sociale, qui les a voulu ainsi. Pour parler comme Schopenhauer, c'est la vouloir-vivre absurde et aveugle de la nature humaine, absolument irrationnel et injuste quant à ses origines, qui s'exprime à travers l'élection de Macron. Le Droit dont s'enorgueillit tant notre monde occidental, est donc fondamentalement de nature absurde, car on n'a pas le droit en réalité de penser autrement : surtout il constitue un héritage dévoyé de la Révolution française, dont l'esprit se voulait celui de Rousseau et de Diderot, plutôt que le caractère individualiste et de rapacité de la bourgeoisie occidentale, au détriment de toute intersubjectivité. Et les ruses de la gauche libérale-libertaire parviennent toujours à désarmer le sens commun, ou la commune mesure, propre au peuple.
En conclusion, et pour modérer mon propos, toute Révolution violente et de rupture risquerait d'aboutir à l'instauration d'un nouveau règne d'injustice, puisque c'est le vouloir-vivre sauvage, ou l'esprit de Dionysos, qui s'exprimerait à nouveau derrière toute nouvelle forme d'organisation sociale d'apparence apollinienne, comme ce fut le cas pour toutes les tentatives d'instaurer des régimes communistes. Ce vouloir-vivre est d'essence absurde et injuste, car il vise le plus souvent la domination et la globalité, c'est-à-dire l'hégémonie idéologique ou l'intolérance. Le seul remède à l'intolérance, serait le pluralisme, la diversité des idées à condition qu'elles trouvent à s'exprimer, et le règne de l'intersubjectivité pour étouffer l'individualisme rapace du libéralisme ; mais en matière de vouloir-vivre absurde, l'intolérance est la norme et la tolérance l'exception : comme le montre la tonalité globalement malveillante des dialogues entre internautes sur la toile. Le chute du mur de Berlin fut quelque part un désastre, en supprimant l'alternative à ce qui constitue désormais le projet libéral globalisant à l'échelle planétaire, et qui divise les Hommes entre eux.
Pour ce qui est de la France, dont Nietzsche définissait le caractère comme étant celui d'une femme, tout le monde l'a toujours trahi d'une façon ou d'une autre, c'est même devenu un sport national, dès le plus jeune âge par l'éducation à la haine de soi et de son identité. Macron ne sera pas le premier ni le dernier à s'adonner à ce sport, la France est par excellence le pays de la guerre civile, des coups bas et de la trahison. Qui est français en France ? On s'y définit d'abord par ses origines : basques, bretonnes, juives, corses, musulmanes, italiennes, polonaises, espagnoles, portugaises, berrichonnes etc., avant de se définir comme français. Cela permet en outre de se dédouaner de toute la culpabilité liée au fait d'être français : croisades, esclavagisme, génocide vendéen, colonialisme, collaboration, idéologie française à la base de l'idéologie nazie etc. On est français quand tout va bien, mais dès qu'une grosse crise pointe le bout de son nez, chacun veut reprendre ses billes et ne veut plus faire preuve d'aucune solidarité, ni assumer un héritage souillé de tant de sang et de crimes. C'est pour cela que Macron préfère botter en touche et parler de "cultures en France", plutôt que de culture française : Macron ne veut pas assumer l'héritage collectif de la France et préfère jouer "perso", c'est un microbe comparé à de Gaulle, qu'on se le dise...

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