mercredi 10 juillet 2019

La croissance et le libre-échange sont des dogmes




L’ultralibéral : « L'économie (bien comprise) n'est pas plus un « dogme » que la physique ou la chimie. Elle décrit les conséquences de certaines de nos actions, qui se produisent quelles que soient nos intentions.
Si je saute du sixième étage avec l'intention de m'envoler, je m'écraserai quand même au sol. Si je mets en place des droits de douane pour protéger mon industrie, j'appauvrirai quand même le pays. Et aucune décision du gouvernement ne peut changer ça, pas plus qu'une loi pourrait me permettre de voler comme un petit oiseau (et pourtant, j'aimerais bien ...).
Et dans les deux cas il vaudrait mieux le savoir avant ! »

La croissance qui implique la baisse des dépense publiques et l'innovation est un dogme d'essence quasi religieuse, car aucun pouvoir politique qu'il soit de droite ou de gauche ne le remettra en question, ce qui implique aussi que la politique depuis pas mal de temps s'est rangée sous l'autorité de l'économie et de ses lois (les lois du libre-échange) qui découlent d'une conception ultralibérale des échanges commerciaux supposant sur le plan social une vision néodarwinienne des relations humaines (mais c'est un autre problème qui n'est pas purement économique, mais d'un dégât qui lui est collatéral). D'où l'impuissance des États par exemple à réguler l'enrichissement exponentiel des milliardaires et les écarts abyssaux de richesse entre les Hommes, car la théorie du ruissellement c'est du pipeau.

Donc la politique qui produit pourtant beaucoup de promesses et de beaux discours est devenue en réalité totalement impuissante à juguler d'une quelconque façon l'injustice sociale, le chômage de masse, ce qui explique la crise actuelle qui n'en finit pas depuis au moins 40 ans et qui s'amplifie, notamment avec la genèse d'une nouvelle catégorie de salarié destinée à minorer les chiffres du chômage à des fins électoralistes : le travailleur pauvre qui se généralise dans les pays occidentaux.
L'économie n'est pas non plus une science comme la physique ou la chimie, elle découle au départ de choix politiques, et dans le cas du paradigme économique où nous nous trouvons, elle découle d'une conception néolibérale des échanges commerciaux qui trouve ses racines idéologiques chez les premiers théoriciens du libéralisme, comme Adam Smith. On pourrait aussi bien imaginer un tout autre paradigme économique comme il y en eut dans des périodes passées. Il est à noter aussi que la science avance de paradigme en paradigme, mais qu'à la différence de la chimie ou de la physique, l'économie n'a rien d'une science exacte, elle est avant tout affaire de choix et d'idéologie. Quant aux lois des mathématiques elles sont immuables et intemporelles et n'ont rien à voir avec les lois de l'économie qui sont transitoires et fluctuantes, aujourd'hui mondialistes et ultralibérales, demain peut-être tout autre chose, pourquoi pas collectivistes et reposant sur la coopération plutôt que sur la guerre de tous contre tous ou darwinisme social.

Le progressisme de gauche qui assurait un certain partage des richesses et l'atténuation de la lutte des classes en faisant société jusqu'au milieu des années 80, s'est cassé les dents sur l'ultralibéralisme, avec des slogans politiques thatchériens comme « il n'y a pas de société », « il n'y a pas d'alternative » sous-entendu à l'ultralibéralisme, qui a eu pour effet d'atomiser la société et de produire des inégalités inacceptables, donc de réactiver le conflit social. Et effectivement je cite quelque chose que j'ai déjà dit : "C'est le populisme qui remplace cette idée de protection contenue dans la vision du progrès propre à l'après-guerre (CNR), aux Trente Glorieuses, par un meilleur partage des richesses. Droite libérale (Wauquiez) et gauche libertaire marxisante (Mélenchon) sont les deux versants guerriers d'idéologues que les gens rejettent massivement aujourd'hui. C'est Michéa lui-même qui affirme que si le terme de populisme est devenu péjoratif et quasiment synonyme de fascisme, il n'en a pas toujours été ainsi et que jadis il fut synonyme de peuple et de populaire dans des courants socialistes."

Le macroniste : « Le populisme est nullement pacifique ! Il excite les haines entre des populations. C'est même sa seule raison d'être ! Aucun programme, aucun plan, aucune réflexion, juste désigner les gouvernants du moment comme cible.
Ce qui compte n'est pas le mot, mais les caractéristiques qu'on y met derrière. En l'occurrence, cette tactique d'exciter "le peuple" en leur désignant des ennemis : leurs représentants au parlement, les dirigeants du moment. Et en excitant le peuple en jouant sur les pires ressorts de haine, peur, jalousie. Voilà pourquoi il faut combattre cette tendance, au-delà du mot populisme ! Car il est destructeur, peureux, haineux.
Vous baratinez en circuit fermé : Le populisme se construit essentiellement sur des prétentions de "trop de taxes" ... donc trop de dépenses sociales.Le populisme est totalement creux par lui-même, juste excitation bébête de sentiments de jalousie, revanche, oppression.
Par contre le dit populisme est un outil pour des partis incapables de séduire les électeurs par un programme politique.
Ainsi, on gagne par le rejet… sans le moindre plan ! Typique du Brexit ! »

À propos est-ce que vous savez que la richesse cumulée des 14 milliardaires français figurant dans le Top 500 mondial de Bloomberg s’est accrue de 34,8 % depuis le 31 décembre 2018. C'est beau la "science exacte" de l'économie, surtout quand elle permet à une infime minorité de milliardaires oligarques de s'enrichir exponentiellement sur le dos des travailleurs. Les élites économiques qui nous dirigent ne sont pas dignes, elles n'ont généralement aucune décence commune par conditionnement au mépris dans leur éducation. Faire partie de l'élite c'est se persuader depuis tout petit que le peuple est méprisable, qu'il faut en sa présence se boucher le nez ou bien faire une moue de dégoût avec la bouche. C'est aussi à ce mépris que réagit le populisme, mais il est à noter que les communicants de Macron ont dû lui faire la leçon car il n'y a plus de dérapages depuis un certain temps... mais chassez le naturel il revient au galop !

Enfin ne faites pas le naïf ! Vous savez très bien que plus on monte haut dans la hiérarchie sociale, moins on travaille, plus on s'amuse avec le sexe et l'argent qui vient du travail des autres. C'est vieux comme le monde, aujourd'hui cela s'appelle une aristocratie d'argent édifiée grâce à ce dogme que l'on nomme libre-échange et que certains comme vous voudraient nous faire passer pour une « science exacte ».

Le macroniste : « Vous vous racontez des histoires .... Ainsi par exemple le NHS est un outil qui entre dans la composition du PIB. Donc un facteur de croissance. La croissance, ce n'est pas seulement la croissance d'économie libérale.
La "baisse des dépenses publiques" est une lourde ânerie. C'est du bavardage électoraliste. ou alors une approche bêtement comptable.
En fait ce qui importe est
- l'équilibre dépenses-recettes.
- l'efficacité des services publics
- le dynamisme de l'économie libérale par le profit.
- la part des investissements / fonctionnement.
Ainsi au lieu de baratiner sur une notion générale, il faut examiner les services publics actuels et souhaités :
- Faut-il plus de policiers, personnel de justice, professeurs, infirmiers, médecins ? La réponse est oui, en général.
- Faut-il investir plus dans l'économie verte, les transports, les réseaux numériques ? Là aussi la réponse est oui ...
- Faut-il réduire les charges pesant sur les entreprises, les particuliers ? La réponse là aussi est oui.
Tout cela est évidemment incompatible si nous l'examinons dans un processus purement comptable ou à l'inverse politicard.
Il faut donc innover dans l'approche :
- Il est des économies possibles qui n'enlèvent aucun service : supprimer la bureaucratie, l'entropie de l'administration : supprimer les multiples caisses concurrentes, alléger le mille-feuilles administratif, supprimer les imbécilités de ticket modérateur et assurances complémentaires... économies sur la gestion. Les 500 000 fonctionnaires en moins de Fillon peuvent être gagnés là. Service public égal, moins cher.
- Il faut élargir pour réduire les frais fixes : un caisse fédérale maladie, retraite de base serait un progrès énorme et des économies considérables.
- Sortir les investissements productifs du déficit budgétaire et transférer les investissement majeurs au niveau européen. Ainsi la suppression des gardes-frontières internes a fait gagner des milliards à tous. Une police fédérale (mode FBI) et renseignements (style NSA), idem permettrait de rester à effectif constant au niveau national pour un meilleur service. idem pour la justice, la lutte incendie.
Voilà quelques exemples de solutions concrètes, qui se heurtent évidemment au monde des declinistes. »

Enfin ce n’est pas votre blabla purement techniciste d’inspiration macronienne qui y changera quelque chose, car il faut envisager les choses sous une tout autre perspective que l'aspect d'optimisation technocratique de l'économie dans un souci d'efficacité et de rentabilité afin de générer toujours plus de marge pour stimuler l'innovation et la croissance, tout en baissant la dépense publique ; mais plutôt comme une chaîne de causalité qui découle de la théorie des pères fondateurs du libéralisme comme Adam Smith. Faut-il rompre avec ce modèle ou le laisser continuer à déployer sa logique esclavagiste qui fait des ravages sur la planète ?


1 commentaire:

  1. « Il est possible que le Progrès soit le développement d’une erreur »
    Cocteau.

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