Un doigt d'honneur de la main droite (libérale) et en
même temps de la main gauche (libertaire marxisante) …
Pour moi il n'y a pas grande différence entre libéralisme et ultralibéralisme, il n'y a qu'un seul libéralisme, une racine commune et une chaîne de causalité qui aboutit là où l'on en est aujourd'hui. Le libéralisme implique une vision particulière de l’homme. Ce dernier n’est plus un « animal social » comme chez Aristote, il est « un loup pour l’homme ». Sauf que contrairement à ce que pense Hobbes, l’humain serait parfaitement rationnel et guidé uniquement par ses intérêts personnels.
C’est l’homo œconomicus si
cher aux néoclassiques, religieusement enseigné dans toutes les facs d’économie
de la planète. Finalement, le libéralisme culturel et politique porté plutôt
par la gauche libertaire rapproche l’homme de ce modèle par son individualisme.
De l’autre côté, défendre le libéralisme économique porté plutôt par la droite
libérale revient à favoriser l’individualisme et l’atomisation de la société.
Les deux libéralismes n'avancent pas simultanément ensemble, mais à terme, ils
se rejoignent. Il faut attendre l’après-Mai 68 et l’apparition du « libéral
libertaire », dont Dany le bourge est le plus beau symbole, pour que le
libéralisme chimiquement pur apparaisse, aujourd'hui porté par Macron qui fait
la synthèse des deux libéralismes, c'est-à-dire de la gauche libertaire et de
la droite libérale. La gauche libertaire marxisante c'est avant tout le droit des femmes
et des minorités exploitées au fil des âges, et bien d'autres droits qui ont
pour effet en France de dynamiter la logique d'assimilation pour la remplacer
par une logique communautariste, bref de diviser plutôt que de réunir. Chez Macron c'est plutôt la droite libérale, c'est-à-dire de l'argent et de la banque, qui a récupéré les valeurs de la gauche libertaire (très présentes dans la publicité et le cinéma à travers le droit des minorités) : il y a une volonté d'instrumentalisation,
de récupération et de manipulation machiavélique à des fins purement
électoralistes et de profit, et rien de sincère.
En détrônant la lutte
des classes au moment même où les inégalités sociales sont à une apogée jamais
égalée, le populisme est une voie pacifique à une atténuation des effets
catastrophiques de désocialisation que la droite libérale a amené en Occident.
Il n'est pas étonnant que les idéologues d'extrême-gauche soient terrorisés par
le populisme qui semble assurer un resserrement solidaire entre les classes
sociales. Le progressisme de gauche s'est échoué sur le modèle ultralibéral :
il assurait hier la réconciliation entre les classes (jusqu'à Pompidou) mais il
ne profite plus à tous bien au contraire. C'est le populisme qui remplace cette
idée de protection contenue dans la vision du progrès propre à l'après-guerre
(CNR), aux Trente Glorieuses, par un meilleur partage des richesses. Droite
libérale (Wauquiez) et gauche libertaire marxisante (Mélenchon) sont les deux versants guerriers d'idéologues que
les gens rejettent massivement aujourd'hui. C'est Michéa lui-même qui affirme
que si le terme de populisme est devenu péjoratif et quasiment synonyme de
fascisme, il n'en a pas toujours été ainsi et que jadis il fut synonyme de
peuple et de populaire dans des courants socialistes.
Le libéralisme me
semble être une doctrine assez paradoxale qui part de cette vision que l'«
Homme est un loup pour l'Homme », qui se propose d'y remédier par le « doux
commerce » comme principe de relation entre les Hommes afin de dépasser les
conflits religieux, et qui aboutit parce que ses fondations sont trop
pessimistes et erronées sur la nature humaine (en ne lui faisant pas confiance
en réalité !), à ce que l'Homme redevienne un loup pour l'Homme par manque
d'interventionnisme de l'État possible pour modérer l'appétit des
multinationales devenant plus puissantes que les États eux-mêmes, aux mains d'une poignée
de milliardaires oligarques, dont la richesse continue à croître
exponentiellement alors que je vous parle, sans aucune décence commune !
La « main invisible » est une fiction en
réalité impuissante à réguler les excès du capitalisme qui pourraient nous mener
à la catastrophe, d'autant plus que l'idée d'une croissance infinie dans un
monde fini est une contradiction dans les termes ou oxymore, que l’on ne peut malheureusement pas remettre en cause car il s’agit d’un dogme et qui j’en suis
convaincu produit déjà des dérèglements climatiques. Il n’y a en
réalité qu'un seul populisme dont le mouvement des gilets jaunes semble
l'émanation la plus spontanée, et qui recèle en son sein avant tout la question
de la dignité du travailleur ou du chômeur, c'est-à-dire celle de la common
decency.
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