mardi 9 juillet 2019

Pourquoi droite libérale et gauche libertaire se rejoignent ?


Un doigt d'honneur de la main droite (libérale) et en même temps de la main gauche (libertaire marxisante) …

Pour moi il n'y a pas grande différence entre libéralisme et ultralibéralisme, il n'y a qu'un seul libéralisme, une racine commune et une chaîne de causalité qui aboutit là où l'on en est aujourd'hui. Le libéralisme implique une vision particulière de l’homme. Ce dernier n’est plus un « animal social » comme chez Aristote, il est « un loup pour l’homme ». Sauf que contrairement à ce que pense Hobbes, l’humain serait parfaitement rationnel et guidé uniquement par ses intérêts personnels.

C’est l’homo œconomicus si cher aux néoclassiques, religieusement enseigné dans toutes les facs d’économie de la planète. Finalement, le libéralisme culturel et politique porté plutôt par la gauche libertaire rapproche l’homme de ce modèle par son individualisme. De l’autre côté, défendre le libéralisme économique porté plutôt par la droite libérale revient à favoriser l’individualisme et l’atomisation de la société. Les deux libéralismes n'avancent pas simultanément ensemble, mais à terme, ils se rejoignent. Il faut attendre l’après-Mai 68 et l’apparition du « libéral libertaire », dont Dany le bourge est le plus beau symbole, pour que le libéralisme chimiquement pur apparaisse, aujourd'hui porté par Macron qui fait la synthèse des deux libéralismes, c'est-à-dire de la gauche libertaire et de la droite libérale. La gauche libertaire marxisante c'est avant tout le droit des femmes et des minorités exploitées au fil des âges, et bien d'autres droits qui ont pour effet en France de dynamiter la logique d'assimilation pour la remplacer par une logique communautariste, bref de diviser plutôt que de réunir. Chez Macron c'est plutôt la droite libérale, c'est-à-dire de l'argent et de la banque, qui a récupéré les valeurs de la gauche libertaire (très présentes dans la publicité et le cinéma à travers le droit des minorités) : il y a une volonté d'instrumentalisation, de récupération et de manipulation machiavélique à des fins purement électoralistes et de profit, et rien de sincère.

En détrônant la lutte des classes au moment même où les inégalités sociales sont à une apogée jamais égalée, le populisme est une voie pacifique à une atténuation des effets catastrophiques de désocialisation que la droite libérale a amené en Occident. Il n'est pas étonnant que les idéologues d'extrême-gauche soient terrorisés par le populisme qui semble assurer un resserrement solidaire entre les classes sociales. Le progressisme de gauche s'est échoué sur le modèle ultralibéral : il assurait hier la réconciliation entre les classes (jusqu'à Pompidou) mais il ne profite plus à tous bien au contraire. C'est le populisme qui remplace cette idée de protection contenue dans la vision du progrès propre à l'après-guerre (CNR), aux Trente Glorieuses, par un meilleur partage des richesses. Droite libérale (Wauquiez) et gauche libertaire marxisante (Mélenchon) sont les deux versants guerriers d'idéologues que les gens rejettent massivement aujourd'hui. C'est Michéa lui-même qui affirme que si le terme de populisme est devenu péjoratif et quasiment synonyme de fascisme, il n'en a pas toujours été ainsi et que jadis il fut synonyme de peuple et de populaire dans des courants socialistes.

Le libéralisme me semble être une doctrine assez paradoxale qui part de cette vision que l'« Homme est un loup pour l'Homme », qui se propose d'y remédier par le « doux commerce » comme principe de relation entre les Hommes afin de dépasser les conflits religieux, et qui aboutit parce que ses fondations sont trop pessimistes et erronées sur la nature humaine (en ne lui faisant pas confiance en réalité !), à ce que l'Homme redevienne un loup pour l'Homme par manque d'interventionnisme de l'État possible pour modérer l'appétit des multinationales devenant plus puissantes que les États eux-mêmes, aux mains d'une poignée de milliardaires oligarques, dont la richesse continue à croître exponentiellement alors que je vous parle, sans aucune décence commune !

La « main invisible » est une fiction en réalité impuissante à réguler les excès du capitalisme qui pourraient nous mener à la catastrophe, d'autant plus que l'idée d'une croissance infinie dans un monde fini est une contradiction dans les termes ou oxymore, que l’on ne peut malheureusement pas remettre en cause car il s’agit d’un dogme et qui j’en suis convaincu produit déjà des dérèglements climatiques. Il n’y a en réalité qu'un seul populisme dont le mouvement des gilets jaunes semble l'émanation la plus spontanée, et qui recèle en son sein avant tout la question de la dignité du travailleur ou du chômeur, c'est-à-dire celle de la common decency.

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