jeudi 28 mai 2020

Tout est désormais justifié sous l'impulsion funeste de Mandeville...

"Caïn ou Hitler en enfer", 1944, Georg Grosz (1893-1959).

Mince ! ça fait deux semaines que j'ai complètement déconnecté, je n'écris plus, ne lis plus, ne fais plus d'efforts, ras le bol ! Je suis moi-même partagé, je sais que tous les bobos sont globalement des pourris hypocrites, héritiers d'une idéologie libertaire qui visait la Libération dans les années 60/70 et qui a abouti à l'oppression des peuples.
Pourtant je sais que si je ne suis pas un bobo bourré de thunes et arrogant comme ma génitrice, ce n'est pas par choix mais incapacité intellectuelle comme elle me l'a toujours fait remarquer, en raison de mon histoire familiale pensais-je. Alors qu'il ne s'agissait pas de mon histoire familiale, bref qu'elle n'y était pour rien, mais que cela constituait selon elle le fruit de mon ressentiment et donc de ma jalousie criminelle en plus de ma limitation intellectuelle.

"Il n'y a que deux côtés de la barricade, et je ne crains pas de dire que j'ai choisi le camp du peuple contre le camp de ceux qui l'étranglent. » (Michel Onfray). Visiblement par leur combat antifasciste primaire et aveugle, beaucoup de ceux de ma génération et de plus jeunes ont choisi d'être les chiens de garde de leurs maïtres bobos qui roulent à trottinettes sur les pistes cyclables des grands centres urbains. Macron est ses sbires n'ont pas trop de soucis à se faire, les idiots utiles sont encore trop nombreux pour que le régime soit réellement inquiété !

Le contresens que fait selon moi Onfray c'est quand il oppose ce qu'il appelle des "souverainistes libertaires" à des "libéraux autoritaires". Je ne sais pas si les souverainistes sont libertaires, pas sûr du tout ! En tout cas les libéraux sont bien libertaires. Mais ce libertarisme est en réalité une façon subtile et perverse de monter les gens les uns contre les autres : droit des minorités contre toute vision universaliste.

Le droit des minorités fait en réalité le jeu du grand Capital : diviser pour mieux régner ! C'est cette compréhension qui a provoqué la mutation d'un capitalisme autoritaire et paternaliste de droite en un capitalisme libertaire de gauche et en même temps de droite, ou ni l'un ni l'autre, comme celui de Macron. Bien plus efficace et s'appuyant sur le conflit de toutes les minorités entre elles, bref favorisant constamment la guerre de tous contre tous et l'atomisation des familles. Si une telle stratégie peut se montrer efficace sur le court terme, ses conséquences pourraient s'avérer suicidaires sur le temps long...

Tout est désormais justifié sous l'impulsion funeste de Mandeville : le vol, le crime au sein des familles pourvu qu’il soit suffisamment discret, pourquoi pas même la pédophilie, la zoophilie (clin d’œil au dernier roman de Houellebecq), voire la nécrophilie ; et l'inconscience généralisée finalement encouragée pourvu que ça n'entrave pas et même que ça favorise la marche en avant de ce qui nous sert désormais de religion, le profit. 
Je n’appelle pas cette inconscience un sentiment naturel et noble, mais quelque chose de honteux et d’ignoble refoulé dans ce qu’il reste de conscience. Quelque chose d’ignoble comme la jalousie et la cupidité qui s’expriment constamment avec une extrême violence. Non en réalité c’est aujourd’hui plus la conscience qui est refoulée dans une explosion d’inconscience.

Ce que j'appelle le secteur public qui globalement est vertueux (écoles, hôpitaux, transports...), n'est pas le fruit de la « science » économique mais constitue une revendication populaire de bon sens et de décence, tout comme les congés payés, l'augmentation des salaires bas et moyens, et l'encadrement horaire du temps de travail. Mais les acteurs économiques voudraient bien sacrifier tous ces acquis sociaux sur l'autel de la compétitivité. 

Cependant le secteur public et le droit du travail n'ont cessé d'être humiliés et bafoués, avec une recrudescence depuis 40 ans de néolibéralisme (à partir des années 80), qui montre enfin sa vraie nature cynique (au sens ignoble du terme) voire sacrificielle pour les peuples. Surtout depuis que la chute du bloc soviétique ne l'oblige plus à offrir une vitrine de décence commune. Le système n’a été vertueux pour les peuples (et encore uniquement pour les peuples occidentaux !), que durant environ un peu plus de trente ans de 1945 au début des années 80.  
Il y a toujours une logique sacrificielle, mais qui exige le sang des peuples et des plus fragiles parmi eux, pour nourrir les appétits des riches.                              
                                                                                                 
Nietzsche a montré que le christianisme était un genre de complot du ressentiment contre l'aristocratie romaine ; de même l'idéologie libérale est un complot des riches, c’est-à-dire des pires d’entre nous, contre les peuples et la liberté de chacun. Comme le montre le confinement qui nous fait redécouvrir que nous sommes libres à condition de ne pas être inféodé au monde du travail et des loisirs tarifés.

Oui il y un véritable complot des riches contre le peuple, ayant des origines philosophiques donc métaphysiques, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. Tous les pays dont « on » a réussi à se débarrasser de la population d'origine comme l'Amérique du Nord ou l'Australie étant des extensions de l'idéologie libérale européenne. Aujourd’hui il s’agit de se débarrasser des populations indigènes de l’Europe qui réclament encore trop de droits sociaux, pour les remplacer par une main d’œuvre à meilleur marché, pourquoi pas d’origine musulmane après tout (autre clin d’œil à Houellebecq) !
Ils nous "remplacent", mais ce n'est pas leur religion qui est remplaciste, c'est notre système néolibéral reposant sur la destruction créatrice. Après je ne nie pas que la religion musulmane en soit une de conquête, comme le montre Georges Bataille dans La part maudite.
Beaucoup pensent que l'identité musulmane vas se diluer dans la mondialisation, et la société de droit ouverte, je n'en crois rien. Mais peu importe au fond, même si cette identité finissait par se diluer, il n'empêche qu'il y aurait quand même une mutation ethnique et religieuse du visage de la France. Je sais qu'au nom de l'antiracisme et de l'antifascisme on peut s'en réjouir. Mais il s'agit quand même d'un processus de destruction créatrice à l'œuvre.

Pour Régis Debray d’ailleurs l’islamisation de la France est un fantasme et n’aura pas lieu. Il décrit la radicalisation de certains musulmans ou le retour à l’islam de beaucoup qui n’avaient plus la foi comme un processus de résilience qui se diluera dans l’américanisation, la puritanisation et la conversion généralisée de l’ensemble de la société française, à des valeurs protestantes de type anglo-saxon.

En Chine ou au Japon ce complot doit être plus superficiel car ils n’ont pas pleinement intégré notre idéologie libérale, ou alors seulement pour en tirer parti par sentiment de revanche, car ils n'ont peut-être pas totalement oublié ce que l'Occident leur a fait subir comme de devoir renoncer en partie à leurs traditions ancestrales par la force. On se souvient que ce sont les États-Unis qui ont obligé le Japon à s’ouvrir au commerce, par la guerre qui a finalement abouti à l’ère Meiji.

Bref Caïn le jaloux (car il s’agit bien de jalousie pour ce qu’il reste de sentiments humains) semble avoir définitivement triomphé d’Abel, qui n’a plus qu’à se retourner dans sa tombe de rage pendant que son frère criminel pavoise dans le monde des vivants.

Mon père est un grand taquin (comme Macron d’ailleurs !), il m’a donné ce prénom, Erwan, non pas par amour de la Bretagne mais pour enfermer ma mère dans ses origines ploucs, elle qui voulait tant être une parisienne (ce qu’elle est d’ailleurs devenue à force de volonté !). Il ne s’agissait pas par mon intermédiaire d’une exaltation des origines celtes. Après leur divorce, il voulait d'ailleurs lui faire un procès pour lui enlever le nom qu’il lui avait donné et qu’elle retrouve celui de ses origines dont il sait qu’elle a honte, Le Pabic !

Effectivement mon père m'a avoué juste avant qu'il me renie définitivement à 19 ans, qu'il détestait viscéralement les Bretons, qu'il trouvait que c'était le peuple le plus laid de la Terre, avec la complicité d'un ami à lui qui a ajouté que j'avais bien une tête de Breton !

Voilà le genre de petite festivité à laquelle adorait se livrer mon papa, devant des témoins complices et consentants. Car au départ, c'est bien lui qui a choisi mon prénom !

Quand je vois le dernier film de Pasolini, ça me console, ça me dit que j’ai au moins un ami qui me comprend, car cela me fait penser à l’ambiance délétère dans laquelle j’ai grandi avec des blocages inévitables de développement. Avec un père se croyant irrésistiblement drôle, jouant un mauvais tour à son fils et à sa femme, qu’il avait programmé avant même ma naissance.
Pour lui c’était juste une farce qu'il s’est réjoui de contempler, pour ma mère une cage dont elle s’est affranchie en ne s’occupant pas de moi (je faisais partie de sa cage !), et pour moi une tragédie qui continue. Après mon père a fondé sa vraie famille, plus « sérieusement », avec une progéniture dont il puisse être fier et se glorifier, avec des prénoms bien français.

3 commentaires:

  1. Ton nombril est le trou noir autour duquel gravite tes obsessions. Tu as déjà écris ça 40 fois.

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  2. Beaucoup de grandes vérités (qu'il est toujours bon de rappeler) dans votre post.
    Juste un point : quand vous parlez de jalousie (ce qui implique une triangulation), je pense qu'il serait plus juste de parler d'envie.
    Cela éclaire la dimension perverse du système.
    Si cela vous intéresse, lisez (si ce n'est déjà fait) Envie et gratitude et autres essais de Mélanie Klein et Les perversions narcissiques de Paul-Claude Racamier (il cite Mélanie Klein).
    il y a aussi Joost Meerlo, Dany-Robert Dufour et bien d'autres.
    Ce qui s'applique aux individus peut s'appliquer à la société dans son ensemble.
    La perversion narcissique constitue sans aucun doute le plus grand danger qui soit dans les familles, les groupes, les institutions et les sociétés. Rompre les liens, c’est attaquer l’amour objectal et c’est attaquer l’intelligence même : la peste n’a pas fait pis.(Paul-Claude Racamier)
    Les hommes libres dans une société libre doivent apprendre non seulement à reconnaître cette attaque furtive contre l’intégrité mentale et à la combattre, mais doivent aussi apprendre ce qu’il y a dans l’esprit de l’homme qui le rend vulnérable à cette attaque, ce qui fait que, dans de nombreux cas, il aspire à sortir des responsabilités que la démocratie et la maturité républicaines lui imposent. (Joost Meerlo)

    P.S. Merci pour cet hommage à George Grosz

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  3. Sans (le) complot, le fils d'une entité n'aurait pas été crucifié (etc.) Fils de bobo, donc rejeté car ne l'étant qu'à moitié (ado, et bohème; y a longtemps) je me rachetais, du verbe expier, en achetant la semaine dernière à JP mon boucher, sa trottinette. Franchement ? j'en avais marre de pédaler.
    Bref, disait Carole ou Caroline, grâce aux esprits étriqués (oxymore?) et l'ennui qui les envahit, le chinois sera boulotté (cru n'est pas obligé) et vu que l'espoir fait vivre (c'est pas de moi) on peut espérer qu'il sera moins résistant que l'arabe.
    Moralité (que serait-on sans elle) : c'est pas gagné !
    ..un pronostic, Allemagne: 1, Brasil: 0 (ça se décline, n'est-ce pas)
    Option; je détiens personnellement la-solution, à-tout et en couleur, que j'envoie gracieusement (glop!) dès réception du mandat de 99 francs (roubles acceptés, pas les kopecks) sur le compte: jacob@caïman.com,
    Cordialement,

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