vendredi 18 décembre 2020

L'inquisition d'État


« Dernier épisode en date, la comparution d’Éric Zemmour le mercredi 9 décembre devant le tribunal correctionnel. Son délit ? Avoir soutenu lors d’un débat télévisé que le maréchal Pétain aurait joué un rôle dans le (relatif) sauvetage des juifs de nationalité française. Ce faisant, il se serait rendu coupable de contestation de crime contre l’humanité. Le parquet a requis 10 000 euros d’amende. »

Tous les propos sont critiquables, mais ne devraient pas tomber sous le coup de la loi systématiquement.

C'est la judiciarisation des propos et des comportements qui pose un problème ! On dirait un nouveau genre d'inquisition ! La plupart des lois sont désormais faites pour inciter à l'absence de la moindre remise en question par la réflexion et donc pour endormir, et même pour effrayer la critique par l'exemplarité de la sanction dans le pays des droits de l'Homme (ou de l'homme et de la femme en écriture inclusive) : c'est cela que l’on appelle la judiciarisation de la pensée et des comportements. Les GJ notamment ont fait très peur à l'État qui réagit par l'inquisition.                                                  

Un monde "normal et digne" est une vue de l'esprit, un instrument de propagande pour le petit peuple qui a encore des valeurs et les naïfs, dans un monde régi par des pervers (des gens qui nuisent à autrui par des voies détournées, sur le modèle du "Prince" de Machiavel) et qui s'assume comme tel par son idéologie fondatrice : lisez Mandeville, Smith et tous leurs héritiers.                       

Et le trafic de drogue et la délinquance ? Vous croyez que ça ne rapporte pas une quantité phénoménale d'argent à l'État (assurances, serruriers, magistrature, police...) : comment fonctionnerait tout ce petit monde sans cette manne providentielle ?

C'est le principe du fonctionnement de la société décrite dans La fable des abeilles par Mandeville. Une cité perverse dirigée par des pervers (on pense irrésistiblement à Macron, ce modèle de perversion narcissique), rapporte beaucoup plus d'argent qu'une société vertueuse... C'est le principe fondateur de la théorie du libéralisme dont Macron est le digne héritier !                                                                 

Certes la vertu pour Machiavel ce n'est pas la morale, c'est la virilité et la violence du prince, le droit du plus fort ! Une violence d'État que le prince doit cependant s'efforcer de dissimuler aux yeux du peuple, par prudence.                                                                    

Le "droit chemin" ne l'est que pour ceux qui sont assez naïfs pour obéir aux lois que les dirigeants politiques et économiques ne s'appliquent pas à eux-mêmes. La différence avec Machiavel est que les dirigeants ne sont plus les seuls acteurs politiques, mais également économiques (au point que les acteurs économiques, les fameux GAFAM, ont désormais une bonne longueur d'avance sur le politique), et ils veulent plus que jamais cacher cette violence inhérente au pouvoir ; ainsi ils s'y prennent par des voies détournées et c'est le génie du libéralisme, mais toujours destinées à nuire à autrui. C'est ce qu'on appelle la perversion : pourquoi simplement prendre autrui par devant quand vous pouvez l'enculer ? Le terme pervertir est issu de deux termes latins (per qui signifie par et vertere que l'on peut traduire par tourner). Autrement dit "prendre à l'envers ou par derrière". L'enculage est la meilleure illustration du terme pervertir. C'était juste une illustration de l'étymologie du mot par son image la plus simple. Une métaphore en quelque sorte, et je trouve je ne sais trop pourquoi qu'elle s'applique si bien à Macron, en raison de sa sexualité si particulière (son homosexualité qu'il cache) et quand on imagine tout ce que les élites font subir au peuple.

Peut-être que ce qui anime tous ces acteurs, c'est avant tout de nuire à autrui, c'est avant tout la perversion pour le plaisir de la perversion que donne le pouvoir. Quoi de plus ennuyeux, rébarbatif et plat que ces commandements qui nous incitent à ne pas empiéter sur la liberté d'autrui, ou à l'aimer comme soi-même, c'est totalement contraire à la nature humaine ! Bref c'est comme un serpent qui se mord la queue : la plupart des gens admettent désormais avec la meilleure foi du monde que les principes qui conditionnent l'action humaine ne sont pas moraux mais sont purement égoïstes et vénaux, c'est ce que nous a révélé le libéralisme qui postule un égoïsme rationnel et la liberté totale du marché pour y pourvoir. Et en même temps une société qui postulent ouvertement de tels principes amoraux, voire immoraux, augmente sa capacité de nuisance pour l'ensemble de l'environnement et in fine de la communauté humaine, même si une infime minorité de richissimes arrive à sortir du lot !

Je préfère encore le modèle chinois honni que notre système occidental, effectivement on pourrait dire en Occident grand pourvoyeur de leçons à donner au reste de l'humanité obscurantiste que le libéralisme a popularisé la perversion, qui avant la génération des boomers était réservée aux puissants à qui s'adressait Machiavel. Les boomers sont les enfants gâtés de la providence qui ont rejeté toute notion d'ancestralité et de dette, c'est juste en cela qu'ils sont critiquables et seulement quand ils n'en ont pas conscience. Les générations qui viennent après sont bien plus abîmées, bien moins créatrices encore, moins solidaires même. Un formidable gâchis ! L'époque et le progressisme suivront certainement l'ontogenèse des boomers jusqu'à leur dernier souffle, derrière il n'y aura plus qu'une ruine climatique et économique ! À moins que le monde trouve la force, en Asie pourquoi pas ? de se trouver de nouvelles fondations ou encore plus simplement de suivre la tradition des ancêtres ! Ceux qui paient le prix des fautes ne sont pas ceux qui les ont commises mais leurs enfants, aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain… 

Il aura fallu environ 250 ans pour que le libéralisme arrive à son acmé avec les générations qui ont le mieux profité des trente glorieuses. Il est évident que ces générations n'avaient aucune moralité, contrairement peut-être aux asiatiques qui respectent mieux la filiation, la transmission ainsi que leurs traditions et ancêtres. Voir le film Tanguy, le retour, qui explique de façon ludique cette différence de mentalités.

La surveillance généralisée et le permis à points de bonne conduite ça fait très peur, mais à ma connaissance il s'agit surtout d'une propagande occidentale, difficile à vérifier à moins d'aller en Chine. J'ai juste fait deux ou trois voyages en Asie, et je trouve leurs populations globalement plus apaisées et sereines, même si je ne suis jamais allé en Chine, je me suis senti moi-même apaisé au contact de cette culture du détachement d'origine bouddhiste et de nature bien plus spirituelle que le reliquat de religion qu'il nous reste en Occident. Quant aux valeurs de la République, cela ne relève ni du spirituel, ni même de la croyance, mais de la méthode Coué. Enfin ça me fait un peu marrer quand Enthoven, un sophiste brillant mais un sophiste, dit que le libre marché est la condition de possibilité, nécessaire mais pas suffisante, de la liberté d'expression, et que le contraire n'est pas vrai comme le prouve le modèle chinois à honnir selon lui. Il explique que vous pouvez avoir le libre marché sans la liberté d'expression (comme en Chine), mais que vous ne pouvez avoir de liberté d'expression sans libre marché ; bref ce philosophe fait plus confiance au marché qu’à toute forme d’humanisme, c'est pour cela que je dis que c'est un sophiste.

Le film de Chatiliez, Tanguy, le retour, montre aussi que ce réalisateur qui a l'air de bien connaître la culture chinoise peut convaincre du contraire, c'est-à-dire que cette culture qui a su garder ses traditions de filiation et son héritage ancestral, aurait peut-être bien des leçons à nous donner. Je mets bien sûr à part la personnalité de leur dirigeant, élu à vie !

Bref… trêve de chinoiseries ! Nous avons fait fausse route depuis 500 ans et l'héritage de Machiavel, aussi sympathique et talentueux que puisse être cet auteur n'oublions que selon la rumeur Le Prince serait le livre de chevet de Macron ; il faut rétablir de la morale dans la vie des gens et jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir étatique et économique, pour tout simplement rétablir un équilibre spirituel. Et je ne pense pas que cela puisse venir du haut avec Marion Maréchal ou un(e) autre... mais du bas, du peuple lui-même qui doit se livrer bataille à soi-même pour retrouver des valeurs de transmission et de filiation, bref comme le disait Orwell repris par Michéa (qui ne dénigre pas le terme de populisme et même le réhabilite), de décence commune. Rompre avec l'ontogenèse des boomers et de leur descendance ainsi que de leur représentant Macron (le gendre idéal !), et leur totale adhésion au consumérisme après leur (trop) courte acmé révolutionnaire adolescente qu'ils n'ont jamais eu le courage, dans leur immense majorité, de poursuivre jusqu'au bout. Pour moi il s'agirait de renouer avec les valeurs et l'héritage spirituel de mes grands-parents, surtout ceux du côté de ma mère ; les bretonnants, que me géniteurs et leurs congénères, forts de leur nombre, de leur puissance et leur aura idéologique, ont réussi à totalement occulter et à tourner en dérision finalement au nom du profit.  C'est aux "petits" de faire la leçon de morale aux "grands", comme avaient essayé de la faire les gilets jaunes, très durement réprimés, éborgnés et amputés pour leur outrecuidance !

3 commentaires:

  1. Je crois que vous vous méprenez sur la pensée de Machiavel qui est de ne pas confondre la morale sociale qui est en gros notre moral testamentaire avec un moral en politique. Ce n'est pas un humaniste. Il s'oppose point par point à l'humanisme d'Érasme, son exact contemporain:

    1. Il répudie la morale en politique alors que les évangélismes politiques se définissent à partir du bien et du mal. Joseph Staline était un bien vilain monsieur mais c'est lui qui a saigné les armées d'Adolf Hitler;
    2. Il s'oppose à un pessimisme foncier à la foi humaniste dans la régénération du monde par le message de l'Écriture ou de notre temps par celui des religions aussi bien régulier que séculières;
    3. Le moteur du progrès humain est pour Érasme la divine Providence. La cause des révolutions permanentes pour Machiavel est une "Fortune" gréco-latine, aveugle et sans même la notion de pitié, proche de ce qui deviendra l'idée de l'Évolution.
    4. À l'universalisme des humanistes, il substitue l'empirique et le particulier et c'est peut-être pour nous aujourd'hui le coté le plus original de sa pensée.

    Machiavel est par excellence l'anti-humaniste. Il y a deux façons de voir le monde: tel qu'il est ou comme on voudrait qu'il soit.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce qui dévaste l'Occident ce n'est pas l'absence de richesses matérielles, elles débordent de partout ; c'est le sentiment de solitude que les gens ressentent au sein d'une gesticulation vaine et plutôt malveillante. Oui c’est cela l’antihumanisme.

      La logique antihumaniste de Machiavel sera reprise par Mandeville pour fonder la théorie du libéralisme qui postule non pas comme Sade que le mal est préférable au bien, mais que le mal peut se transformer en bien, c’était au départ un genre de thérapie, un Pharmakon. Quant à Smith, il habillera cette théorie d’un habit de décence et d’un humanisme de façade. C'est seulement avec les trente glorieuses que le libéralisme sera généralisé jusque dans les classes populaires, y introduisant un genre de perversion en remplacement des valeurs traditionnelles que constitue la doctrine affirmant que le vice privé de chacun fait en réalité la vertu publique.

      Dans ces conditions la morale issue de la religion qui jusque-là soudait le peuple n'est plus d'aucune utilité, l'antihumanisme peut triompher jusque dans les classes populaires qui avant cela étaient corrompues par la misère. Le problème de la misère a été en partie résolu dans les pays riches depuis 1945, bien qu'elle fasse son retour depuis 40 ans de spéculation sur les prix immobiliers et sur la consommation, mais celui de la corruption du peuple, désormais par des valeurs consuméristes et purement matérielles reste entier.

      Supprimer
  2. Brillant. Mais quelle communauté autre que musulmane en France adhère à des principes et des valeurs fortes ?

    RépondreSupprimer