mardi 27 juillet 2021

Faut-il sauver le soldat Heidegger ?



L'Âge d'Or pour Martin Heidegger c'était l'époque des présocratiques, très vite il a sans doute compris que le IIIème Reich se fourvoyait et a admis plus tard (évidemment bien trop tard aux yeux de ses contempteurs) que son adhésion au parti avait été la plus grosse bêtise de sa vie. Quel rapport entre l'idéologie du IIIème Reich étant du nietzschéisme pour grands débutants et les présocratiques ? Quel rapport entre les présocratiques et la caricature de dialectique hégélienne du maître et de l'esclave opérée par les nazis ? Quel rapport enfin entre l'inhumanité de l'impératif catégorique kantien et les présocratiques ? C'est toute la philosophie allemande qui a été mal interprétée par les nazis, et ils trouvaient Heidegger tellement obscur qu'ils se méfiaient de lui.

Ou alors si l'on estime que toute la pensée allemande est intrinsèquement antisémite, de facto nazie avant l'heure, qu'il ne s'agit pas d'une erreur d'interprétation mais que l'indicible en est la conséquence logique, il faut lui tourner le dos avec un radical mépris comme Jankélévitch, et non pas jeter l'opprobre sur un seul homme, agissant comme le bouc-émissaire pour tous les autres. On peut aussi considérer que les Allemands sont des mangeurs de choucroute, étranges, absolument rétifs à la raison et à la tolérance, c'est pour cela que leur philosophie est si contraignante et compliquée ; afin de discipliner ce peuple par nature le plus irrationnel et indiscipliné d'Europe. Les "brutes blondes germaniques" comme les appelait Nietzsche, et aussi le peuple le plus grossier et le moins raffiné, directement issu des tribus germaniques à l’origine de la chute de l’empire romain.

Les nazis étaient sur le mode de la provocation (par opposition au dévoilement), non seulement avec la nature, mais aussi avec tous les étants qui les entouraient présentant une altérité. Et ils avaient construit des usines destinées à produire des cadavres, à la chaîne pourrait-on dire. Toute la pensée de Heidegger condamne formellement ça. Heidegger a en réalité adhéré au nazisme pour sa dimension sociale, par humanisme, et il l'a très vite regretté ; sinon comment Hannah Arendt aurait-elle pu s'enticher d'un nazi antisémite, elle qui était juive et dans toute son œuvre a traqué toutes les formes de totalitarisme ? La pensée de Heidegger a fécondé celle d'une juive, pour combattre le totalitarisme sous toutes ses formes, c'est ce que retiendra l'Histoire par-delà toutes les polémiques actuelles destinées à mettre en avant des personnages médiocres qui trouvent leur subsistance en détruisant des réputations.

J'espère que vous savez que c'est le « diable » qui est à l'origine du capitalisme, l'homme diable, the man devil (Mandeville) ; la part du diable en Mandeville. Quant à Heidegger et Marx, si le consensus commun nous invite à les honnir afin de se faire une place au sein de la société cultivée qui fonctionne par grandes modes (je sais il faut se tenir au courant des grandes tendances, en lisant ; je crois que c'est en ce sens que l'on me reproche de ne pas lire assez) ; par intérêt, peur, prudence ou esprit moutonnier devons-nous suivre le consensus sans esprit critique ? La dernière vérité circulant au sein des milieux intellectuels éclairés n'est pas forcément la bonne vérité, c'est-à-dire celle se rapprochant le plus de ce qui s'est réellement passé. Oh mais je sais, la recherche de la vérité n'est qu'une lubie de philosophes qui pour cette raison même sont taxés d'impuissance par les esprits forts.

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