Quand on songe à la
mort de tous les animaux dont nous sommes responsables, par notre alimentation
carnivore, et à leurs conditions de vie atroces dans des élevages industriels ! Ce qui est affreux dans l'histoire, c'est que l'homme n'est pas plus mauvais
qu'une autre espèce animale, toute autre espèce animale dotée de la même
intelligence que l'homme, ferait certainement la même chose, c'est en réalité
la nature qui est mauvaise. Il n'y a que la compassion qui soit une attitude
supérieure, et qui constitue une sublimation de la nature humaine, chez les
saints, certains artistes, quelques moines bouddhistes, bref c'est l'exception,
pas la règle.
Dépasser la faiblesse humaine se
traduit le plus souvent par un comportement de cruauté, cruauté dont a fait
preuve Nietzsche à l'égard de lui-même et qui l'a détruit, cruauté dont ont
fait preuve certains régimes politiques se revendiquant à tort ou à raison du
même Nietzsche. Il faut au contraire savoir partager la faiblesse d'autrui, et
faire don de soi dans la compassion ou pitié, pour tel Bouddha ou Schopenhauer
s'en inspirant, trouver la voie du milieu qui mène à l'éveil et la libération
de la souffrance : ce dont personnellement je suis incapable bien évidemment.
Mais en tout cas l'ego est le pire obstacle, pour atteindre une telle
libération : dans nos sociétés occidentales égotistes, nous sommes
donc tous prisonniers, à quelques rares exceptions près. Houellebecq me semble
être une figure contemporaine du sage, qui s'est libéré en partie, il y en a
quelques autres certainement. Le blogue d'Emmanuel Mousset est intéressant car
il reste à la surface de la réalité politique sans chercher à approfondir inutilement,
ni faire la morale, mais il n'empêche que les hommes politiques sont très
majoritairement des personnes ayant un ego surdimensionné, nécessaire à
l'exercice de ce métier, donc ils sont tous sur la mauvaise voie, aucune espèce
de sagesse à attendre d'eux. Quant à la philosophie occidentale malgré son
étymologie trompeuse ("amour de la sagesse"), pour ceux qui
recherchent la sagesse, il y a en réalité peu à en attendre, car la philosophie
a dépensé l'essentiel de son énergie à la recherche de la vérité théorique et
des conditions de validation de la science, et ne se pose aucunement la
question de l'équilibre psychique et du rapport adéquat au cosmos, et ceci en
rupture avec les Grecs : car le bonheur ou l'équilibre n'ont qu'un rapport
lointain avec la vérité scientifique, même si ils constituent dans leur
effectuation, la preuve que l'on a atteint une forme de vérité. Enfin on peut
encore trouver un peu de tout dans la philosophie, toute les questions qui ont
un rapport au langage et au sens ; en rupture trop souvent avec la réalité des
émotions vivantes, ce qui en fait une science de neurasthénique.
Les cultures et les civilisations
ont vocation à s'épanouir dans un milieu donné, leur pluralité fait leur
richesse : c'est ce qu'on pourrait appeler la pluriculture. La philosophie
occidentale et sa recherche de la validation de la vérité scientifique, a
contribué à relativiser l'importance de la mémoire que revêt chaque culture, le
prix à payer de ce relativisme c'est l'uniformisation du monde par le
libéralisme économique, le "doux commerce", et la disparition
progressive de la mémoire contenue dans des cultures plurielles. Cette
uniformisation loin de se faire dans l'harmonie se fait dans un chaos et un
conflit qui tendent à se généraliser dans tous les coins du globe. Les gens
souffrent de perdre leurs cultures, leurs valeurs, de se retrouver mélangés
contre leur consentement, et leur seule consolation est d'ordre matériel pour
assez peu d'entre eux, grâce à l'argent : la valeur d'échange, dont la plus
grande partie de la population mondiale, privée de culture, de civilisation et
de mémoire, est désormais l'esclave démuni. Le prix à payer de ce mélange forcé
par l'économie - les guerres et les catastrophes écologiques, ces deux dernières
étant elles-mêmes désormais des conséquences du système économique libéral -,
c'est encore plus de chaos, de conflit, et de disharmonie généralisée : donc il
y aura un prix à payer des migrations actuelles en Europe et en France, ne
soyons pas des bisounours. La compassion elle-même est le fruit de la mémoire
d'une culture, si la mémoire disparaît, disparaît aussi la compassion, et
peut-être même l'instinct maternel. Je défends la pluriculture des milieux de
vie contre l'uniformisation du monde, la disparition du milieu de vie, et le
multiculturalisme qui est de la poudre aux yeux bobo : le multiculturalisme
aboutit partout au communautarisme et aux ghettos, nulle part il ne se réalise
dans le consentement, le mélange et l'harmonie. Le cosmopolitisme c'est encore
autre chose, c'est aujourd'hui surtout le fait d'une oligarchie
déterritorialisée, dont la seule valeur est l'argent, au détriment de toutes
les autres valeurs, dont les plus importantes : la compassion, la pitié. Le
multiculturalisme le plus souvent, n'est pas un mariage d'amour mais un mariage
forcé, les enfants d'une société multiculturelle, sont le plus souvent les
bouc-émissaires d'une logique de ghetto.
Erwan, il vaut mieux un ego surdimensionné que sous-dimensionné.
RépondreSupprimerOn peut se poser la question, quand l'ego surdimensionné s'accompagne le plus souvent d'une extrême cruauté, et fait fatalement des victimes comme 2+2=4. Quand la cruauté se fait par la bouc-émissarition du fruit d'une union, pour qui ne comptait que sexe, argent et estime de soi pour gravir quelques dérisoires marches dans la hiérarchie sociale. Trop de souffrance au final chez le fruit d'une telle union, pousse plutôt vers la recherche du salut par la pitié et la compassion, plutôt que par la cruauté méchante. : il ne s'agit pas non plus d'avoir un ego sous-dimensionné, ou de s'amoindrir le moins du monde, il s'agit d'être soi, il s'agit toujours du fameux principe d'identité.
RépondreSupprimerArrête la psychologie, fais de la philosophie, et pourquoi pas de la politique, qui t'apprendra, bon gré mal gré, à penser un peu moins à toi et un peu plus aux autres.
RépondreSupprimerJe n'aimerai jamais assez les autres, ou ne les déteste pas assez, pour faire de la politique autrement que devant un écran d'ordinateur, même si je recommande la compassion et la pitié en toute circonstance.
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