vendredi 12 mars 2021

Un État de droit

 


Une chose est sûre, il n'y a plus aucune morale dans notre société. Ce qu'a oublié Freud c'est que la morale est un fondement civilisationnel qui repose sur le sacrifice, ce que ne pourra jamais être la psychanalyse qui est par nature amorale : le malheur des uns fait le bonheur des autres. La morale a comme fondement un sacrifice, qui permet la réconciliation de la communauté : longtemps ce sacrifice fut celui du fort, du héros qui succombe pour sa communauté comme Hector. Les nazis ont aussi recyclé ce culte du héros typiquement jüngérien (Orages d'Acier), et les Japonais celui du Kamikaze, pas du tout les Américains qui préféraient bombarder plutôt que de sacrifier la vie de leurs soldats ; c'est plus tard Hollywood qui a développé une mythologie plus héroïque du soldat américain. Bon j'avoue c'est complètement improvisé, écrit au débotté. Et puis je parle de la morale des Grecs et des Romains, pas de celle des chrétiens que Nietzsche abhorrait ; mais il oublie que le catholicisme était une forme de syncrétisme religieux qui avait recyclé sans totalement les rejeter, de vieilles formes de paganisme. Or je crois savoir que Nietzsche admirait le paganisme, notamment celui des Grecs et des Romains. Chez les Bretons catholiques il y avait aussi conservés jusqu’à il y a peu, des formes de paganisme celte : présence de magiciens (Merlin), de fées, de sorcières... et de l'Ankou ; et le culte de l'homme fort très vivace dans cette région qui s'exprimait encore sur les routes, quand les grands champions cyclistes jusqu'en 1985 étaient souvent d'origine bretonne.

Évidemment Nietzsche s'il pouvait voir ce qu'est devenue notre société totalement décérébrée par le divertissement et la pornographie (qui n'est que l'expression de la misère sexuelle contemporaine), regretterait celle qu'il jugeait anémiée par la morale chrétienne de la fin du XIXème siècle ; aujourd'hui plus personne ne veut se sacrifier pour sa communauté par l'imitation du Christ (procédé souvent artistique d'ailleurs dénoncé par Nietzsche, mais revendiqué aujourd'hui par un écrivain comme Houellebecq ou même un acteur américain comme Mel Gibson), et il y a même un impératif de sécurité inouï qui se caractérise par un dispositif de protection sociale très élaboré et absolument anti sacrificiel (notion de sacrifice à l'instar de celui pratiqué par les Aztèques par exemple, perçue par la société moderne comme un élément de barbarie absolument absurde, intolérable et insoutenable).

Nietzsche voulait renouer avec un modèle d'héroïsme, c'est-à-dire de morale reposant sur le sacrifice du fort, totalement paganiste et en rupture avec le modèle de l'imitation du Christ propre aux chrétiens ; morale du fort en opposition à celle du faible des chrétiens selon lui, qui voulait renouer avec la grandeur de Rome, mais qui a été largement discréditée par l'usage qu'en ont fait les nazis allemands et les fascistes italiens. On pense aussi à Clint Eastwood, héros crépusculaire, homme fort mais désabusé sur la nature humaine, qui prend sur ses épaules tous les péchés du monde avec une bonne dose de masochisme. Dans ses films Clint Eastwood est souvent un justicier solitaire qui n’hésite pas à mettre en péril sa vie pour que vive une communauté généralement emplie d'êtres veules, lâches, minables, méprisables, et les femmes n’y sont pas mieux que les hommes, qui n'en valent pas la peine au fond ! Pourtant il le fait, d'où ce que l'on pourrait qualifier de masochisme très prononcé chez ce héros qui n'a pas besoin de la psychanalyse pour se soigner ! (Ou alors s'il l'avait fait il ne serait plus héroïque !) Qu'est-ce qui vaut le mieux être « guéri » et stérile artistiquement, inintéressant, ou « malade » et créatif, intéressant, même si cela implique une bonne dose de masochisme ?

Il est certain que la morale chrétienne repose sur le sacrifice du Christ.

Le sacrifice est le fondement civilisationnel de toute société et il en découle une morale, parfois les notions de bien et de mal ; sauf notre société qui est essentiellement une société victimaire, où chacun réclame des droits en fonctions du préjudice estimé dans sa communauté, dans son sexe ou dans sa « race » (moi, ma communauté, mon sexe, ma « race », je suis le bien, les autres c'est le mal, et la morale c'est pour les autres !). C'est un modèle qui se voulait doux et plus humain, dépourvu de sacré, dépourvu de sacrifice, de bouc-émissaire, dépourvu de barbarie archaïque, et qui aboutit aujourd'hui à une explosion de la violence et de la rivalité mimétique chez des jeunes totalement déculturés et amoraux (je veux non pas ce qu'a l'autre, mais je désire le désir de l'autre en me l'incorporant : mécanisme de la perversion narcissique qui nécessite la réification du rival qui devient ainsi un déchet, une victime). En réalité, la République a sacrifié la civilisation pour les droits de l'homme et cela crée en plus un appel d'air pour toute la misère du monde.

8 commentaires:

  1. Depuis 1789 nos dirigeants ont été les ennemis de la civilisation française !!!

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  2. José Fontaine (docteur en philosophie)14 mars 2021 à 01:43

    A mes yeux Nietzsche n'est pas démonétisé par l'usage qu'en ont fait les nazis qui est un usage totalement erroné (du point de vue de Nietzsche), quand on voit les liturgies nazies. Je pense que l'on peut même trouver sur le net les images de la fête de la culture allemande à Munich à l'été 1939, film rare car en couleurs de l'époque, film d'un amateur médecin réputé de la ville pas nécessairement nazi et d'ailleurs on le voit car le spectacle offert est lamentable de ridicule, Hitler compris ! Nietzsche détestait le Christ mais aimait le Jésus du "Ne vous préoccupez pas du lendemain, demain se souciera bien de lui-même", ce qui me semble correspondre à sa philosophie qui exalte l'enfant, le vrai surhomme qui "est une roule qui roule sur elle-même, un commencement nouveau, un oui sacré". Et les droits de l'homme c'est tout de même au fondement même de la République. Je ne crois pas non plus que la concurrence victimaire fasse autant de ravages. Il est même possible que l'accusation d'islamo-gauchisme soit un ressentiment contre le fait que tant de personnes d'origine arabe ou sub-saharienne aient conquis notamment dans l'université les instruments de la pensée et du savoir de l'Occident et de la France.

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  3. le cliché selon lequel la psychanalyse stérilise est un fantasme d'artiste raté

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    1. La question de la stérilité ou non de l'artiste raté ou non (le type même de l'« artiste raté », l'impuissant Hitler, comme paradigme de compréhension de la Shoah) dans le contexte de la psychanalyse ou non est totalement dépassée par le contexte historique dans lequel nous vivons ; être ou ne pas être un artiste raté ou non est désormais une question totalement insignifiante. Nous ne sommes pas quitte de ce qui s’est passé à Auschwitz, et les conséquences de cela vont jusqu’à la question de la possibilité ou non d’écrire des poèmes après. Tel était le sens de la prise de position de Theodor W. Adorno, lui qui aspirait à effacer ses origines juives en réduisant son patronyme Wiesengrund à l’initiale W qui précède le nom corse de sa mère catholique. À son retour de l’exil américain en 1949, il écrivit ceci, qui fit couler beaucoup d’encre (Prismes, Critique de la culture et société, p. 26) : « Écrire un poème après Auschwitz est barbare, et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes. »

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  4. Pour savoir et donc comprendre les relations entre Hitler et ses sbires, et les juifs (très divisés entre le monde germanique et le monde anglo-saxon) il est impératif de lire le livre de Pierre Hillard "Sionisme et Mondialisme" aux éditions Culture et Racines.

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  5. Intéressant ce que tu as écrit mais la morale a toujours été à géométrie variable, aujourd'hui avec les réseaux sociaux elle est algorithmique, ce que je veux dire c'est que les réseaux sociaux divisent plus qu'ils ne ressemblent.
    Tu parles de sacrifice, alors que c'est de meurtre qu'il faut parler, Freud parle de la horde primitive et du meurtre du père d'où découle une culpabilité qui engendre les lois du vivre ensemble. La morale est l'apanage des clans et des tribus. Nous vivons dans un état de droits où seule la constitution et les lois compte, je crois et suis sûr que c'est la base d'une civilisation.

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    1. Tout ce que je dis c'est que la psychanalyse est une doctrine amorale qui ne peut servir de fondement civilisationnel, les gens se leurrent : c'est une doctrine qui se place au niveau de l'individu et non de la civilisation, où le bonheur des uns fait le malheur des autres. D'autre part les droits de l'homme sont une doctrine très généreuse, sans doute trop généreuse (je pense à Diderot), aucune civilisation ne peut s'en offrir le luxe si elle veut survivre selon moi ; cela les Israéliens l'ont bien compris qui pratiquent des droits de l'homme à géométrie variable selon que l'on est juif ou non (https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/07/19/israel-etat-nation-juif-les-dessous-d-une-loi-controversee_5333745_3218.html). Quant au sacrifice il s'agit d'une répétition rituelle et symbolique du meurtre du mâle dominant (père) qui a eu lieu dans la horde primitive ; une civilisation qui perd la mémoire de ses origines (le meurtre fondateur), aussi barbares et insoutenables soient-elles, court un grave péril car elle se trouve dans le déni.

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  6. La psychanalyse est une imposture inventée par le peuple à la nuque raide, les tamudo-kabbalistes, pour asservir leur domination mondiale. L'idéologie mondialiste et la dictature qui va en résulter si on ne la dénonce pas, est un projet messianiste talmudo-kabbaliste pour imposer leur messie. On peut dire, selon l'expression de Pierre Hillard, que la Covid est l'"allume gaz" !!! Pour arrêter ce train fou, il y faudra la guerre ... A suivre ...

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