Mon pays ne pardonnera pas mes péchés. Puisque nous vivons
non seulement un monde sans pitié, pour reprendre le titre d'un beau film
d'Eric Rochant, mais encore davantage on pourrait dire un monde sans pardon, où
la dérision semble régner en maître ; ce qui ne laisse aucune chance aux
largués qui s'engouffrent dans la brèche de la dérision, alors qu'en réalité le
pays n'a jamais été aussi intolérant pour les marginaux ou les déviants. Ces
derniers auraient eu une chance de s'en sortir, si enfants on avait eu le droit
de les élever à l'aide de principes et de valeurs rigides voire réactionnaires,
pourquoi pas catholiques. Car l'enfant a besoin d'obéir. Or notre société fait
tout le contraire, elle laisse les enfants faire n'importe quoi, avoir tous les
droits, et ne laisse aucune liberté aux adultes. Effectivement ceux qui en
auraient le plus besoin ne maîtrisent pas le code qui, adultes, leur permettrait
de se rebeller. Alors enfants ce sont des rebelles, et adultes ils deviennent
des moutons. C'est le crime parfait à l'échelle d'une société : aucune
contestation possible, quelques émeutes oui ; mais aucune idéologie pour
conduire une révolution. Une révolution pourtant nécessaire contre le système
de l'économie de marché, le libéralisme économique, qui distribue si
injustement le bonheur entre les hommes : voire reproduit à l'échelle de la
société les principes de la nature la plus sauvage : jungle comme on dit,
adaptation du plus fort et autres saloperies du même acabit. Et dont le rock,
et la violence qu'il génère est un instrument de cette sélection absurde. Ce
n'est pas que le rock soit mauvais en soi, il y a beaucoup de morceaux d'une
grande beauté, c'est encore ce qu'on en fait qui est souvent mauvais ; plus un
instrument de sélection entre "forts" et "faibles" ( au
sens de Darwin, pas de Nietzsche), qu'un instrument de rébellion contre la
société. Je connais pas mal de passionnés de rock, peu sont aussi intolérants
et conformistes qu'eux, dans leur comportement.
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