Anonyme
: "Quand on ne croit pas en Dieu, on ne parle pas du catholicisme"
drôle de raisonnement! Justement les catholiques ne sont pas forcément les
mieux placés pour parler de Dieu qui est le bien de tous les croyants, même des
musulmans."
Le philosophe : "Ne faites pas l'idiot : les croyants,
chrétiens ou musulmans, nous parlent mieux de Dieu que les athées qui ne
croient pas en son existence."
Moi : "On peut être athée et
reconnaître la nécessité du mécanisme psychique, pour ma part du catholicisme,
qui repose sur la bouc-émissarisation symbolique d'un tiers, pour que cette
bouc-émissarisation ne soit pas réelle : sur ce point Sarkozy a raison quand il
admet la prééminence spirituelle du curé sur l'instituteur. Pourtant je suis
instituteur et justement je vois les failles du système : qui repose sur
l'exclusion d'un ou plusieurs tiers, toujours (et même si ce sont les
communicants de Sarko qui lui ont sans doute insufflé l'idée pour des raisons électoralistes)."
Le philosophe : "Il faut
comparer ce qui est comparable : l'ordre spirituel n'est pas l'ordre séculier,
le curé n'est pas à opposer à l'instituteur, il n'y a pas à les hiérarchiser.
C'est cela la laïcité, l'indépendance respective de la sphère religieuse et de
la sphère profane. Sarkozy avait tort."
Moi : "L'ordre séculier est
mauvais, Nietzsche avait tort : "Dieu est mort" et on ne voit pas
fleurir toutes sortes de créations artistiques ou aristocratiques, on voit au
contraire fleurir toutes sorte de génocides et de crimes inédits. Le monde
séculier et laïque (fierté de la république d'inspiration kantienne) est très
laid, ne nous voilons pas la face."
Le philosophe : "Certes, la beauté est dans le sacré.
Mais une salle de classe, à la différence d'une église, n'a pas besoin d'être
belle : il lui suffit d'être fonctionnelle et utile. Quant aux génocides, ils sont
de tout temps et la Bible en est remplie.
Moi : "En gros le monde
"n'a pas besoin d'être beau", on lui demande juste d'être fonctionnel
et utile : c'est bien ce que je lui reproche et que lui reprocherait Nietzsche.
CQFD, Nietzsche s'est complètement planté, lui qui se voulait le pourfendeur de
la laideur et l'apôtre du beau. Par contre cet imbuvable Kant doit être très
satisfait."
Le philosophe : "Le sacré n'est pas de ce monde, qui
est laid et utilitaire, depuis que le monde est monde. Ce n'est d'ailleurs pas
si grave : l'utilité est aussi une vertu."
Moi : "Il y a un film de Pasolini, Médée, qui parle précisément de cette perte du sens du sacré, à un
moment donné, où un centaure se transforme finalement en humain normal aux yeux
de Jason : moment donné qui n'est certainement pas un âge de l'humanité, mais
plus un âge de l'humain."
Le philosophe : "En classe de terminale, nous étions
allés voir ce film avec notre prof de philo. Je n'avais pas compris grand
chose. Il faut dire que j'étais moins intelligent qu'aujourd'hui."
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