Emmanuel (professeur de philosophie...) : « Il y a une force propre à l'extrême droite qui ne doit rien au capitalisme. Sinon, on justifie toutes les formes de violence. Cette force, identitaire, nationaliste, autoritaire, antirépublicaine, il faut la combattre en tant que telle. Macron a donné 10 milliards aux Gilets jaunes, ça ne leur suffit pas. Je ne suis pas étonné : ça ne leur suffira jamais. Ce qu'ils veulent, c'est casser le système, non pas capitaliste (ils auraient alors un penchant pour l'extrême gauche, ce qui n'est pas le cas), mais républicain. »
Bien sûr que l'extrême droite ne
veut pas casser le système capitaliste, ils sont aussi cupides que les
néolibéraux. Par contre ton truc antirépublicain propre à l'extrême droite, « ni droite, ni gauche, l'idéologie fasciste en France », non c'est un
mythe aujourd'hui, je n'y crois pas du tout, nous ne sommes plus dans l'entre
deux guerre avec Maurras, les croix de feu, l'action française etc. Tout ce
folklore largement antisémite est mort, de nouvelles formes formes de populisme
apparaissent qui ne sont pas antirépublicaines, qui ne luttent plus
culturellement contre un ennemi de l'intérieur qui pourrait être la figure du
Juif, mais nationalistes ou anti capitalistes. Par contre pour lutter contre
eux on peut par facilité les amalgamer à de l'antirépublicanisme, mais non
c'est un mouvement de réaction aux effets du néolibéralisme : immigration de
masse, destruction créatrice en matière de mœurs, paupérisation de la classe
moyenne, aucun des symptômes qui caractérisaient l'entre deux guerres, même si
sur certains points on peut faire des analogies, les deux époques ne sont pas
comparables. Il est vrai aussi que la volonté de puissance des minorités en
France est très forte, et cela peut faire peur à un « peuple » qui se
sent en voie de remplacement et dont on lui dénie même la légitimité à se
réclamer de souche (toujours selon moi, d'après le principe de la destruction
créatrice qui ne touche plus seulement l'économie, mais des peuples
entiers).
Le fond anthropologique dela
France a sans doute été irrémédiablement et mortellement
atteint, nous ne reviendrons plus en arrière, et c'est le néolibéralisme qui a
fait le job depuis que de Gaulle s'est retiré, puisqu'aucun de ses successeurs
n'a jugé bon de se préoccuper de l'intérêt de la France et des Français. Si
toutefois l'oeuvre de la
République est désormais de poursuivre la destruction de la France en faisant
pleinement siennes les valeurs du néolibéralisme, alors oui il faut dans ces
circonstances particulières, se poser la question de la légitimité de la République. Mais la République n'est pas
par essence l'idéologie libérale-libertaire, et c'est cette dernière qu'il faut
combattre, il ne faut pas tout confondre.
Le fond anthropologique de
C'est toute la problématique que
soulève Michéa dans son dernier ouvrage, à force de réclamer toujours plus de
droits on en arrive à une judiciarisation des rapports humains néfaste : Le loup dans la bergerie, et au final la
libéralisation sauvage des mœurs tant qu'elle « ne mange pas de pain », fait le
jeu du néolibéralisme économique.... C'est pas pour rien que Bezos est
libertarien : dérégulation totale des mœurs, jusqu'à l'éducation, les drogues et
la question de l'euthanasie, pourvu que le seul droit inaliénable défendu farouchement par
la police payée par l'ensemble des citoyens, soit uniquement la
propriété privée. Or le droit ne peut pas tout en matière de mœurs, il est
également important de conserver ce qu'Orwell appelle de la décence commune (common decency, George Orwell), ce que
nie évidemment quelqu'un comme Bezos (ou Roux de Bézieux, ils sont pratiquement tous interchangeable à partir d'un certain seuil d’enrichissement) qui veut tout détruire pourvu qu'il puisse
continuer à s'enrichir et que la police le protège lui et les siens (les grands
propriétaires, c'est-à-dire les milliardaires), avec l'argent du contribuable, bien entendu !! Dérégulation totale en matière de mœurs et règlement des problèmes au cas par cas, par le droit : je crois bien que tu es complice
de ce penchant et je trouve très inquiétant qu'un notable de province,
respecté et écouté, professeur de philosophie, souscrive à une telle tendance.