Emmanuel : « Tout le monde est aujourd'hui
individualiste, y compris les "gilets jaunes", qui refusent toute
forme de collectif, de représentation, de délégation de pouvoir. Il est
impressionnant de constater que chacun d'entre eux, dans les médias, précise
haut et fort qu'il ne parle que pour lui-même, qu'il n'est surtout pas le
porte-parole de qui que ce soit. C'est un mouvement consumériste,
individualiste et, à sa façon, libéral, l'envers du macronisme, en quelque
sorte. Cet individualisme, que je ne partage pas personnellement, je peux le
comprendre : c'est une émancipation historique des systèmes communautaires,
holistes. Je ne crois pas qu'on reviendra en arrière. Bien ou mal, je ne sais
pas. »
Mais pourquoi dire « émancipation
» ? Une émancipation c'est une avancée seulement si l'on se définit comme un progressiste, or l'Homme est un animal social qui a besoin de transcendance, tout le
contraire de ce qu'il est devenu : un être isolé, donc aliéné, en lutte contre
ses semblables, sans aucun idéal commun qui puisse le dépasser. Nous vivons une
chute peut-être irrémédiable, cela nous cause le plus grand tort à tous pris
individuellement, c'est bien plutôt une régression. Les gens sont globalement plus malheureux que jamais et
plutôt aigris quoique ne semblant manquer de rien sur le plan des besoins
vitaux. Aujourd'hui j'ai l'impression que les « artistes » ne sont même plus
capables de créer, ils sont juste là pour vendre une image, et c'est un business lucratif, l'art est devenu
un business comme un autre.
Si jamais il y avait un jour un sursaut permettant de prendre de la hauteur, on
s'apercevrait de la médiocrité absolue de notre époque dans tous les domaines,
en comparaison de pratiquement toutes les autres. Donc bien ou mal ? Plutôt mal.
Je retiendrai la couleur jaune qui
est d'actualité, et que l'on ne s'habille pas pour se cacher mais pour être vu.
Et donc non pas par pudeur mais plutôt par exhibitionnisme.
Une société a tendance à être
supérieure à la somme de ses parties, mais aujourd'hui c'est la partie qui se
distingue et fait de l'ombre à l'ensemble plutôt que d'y apporter sa
contribution, alors l'ensemble ne fait plus société mais est au service des
individualités si remarquables soient-elles comme le « brillant » technocrate
Macron.
Les invisibles, les « déplorables
», les gilets jaunes, ont l'impression qu'on les sacrifie à la réussite de
quelques uns qui font l'objet de tous les regards, comme Macron, les
milliardaires et les people, et
non à la réussite de l'ensemble de la société, dont ils auraient pu jouir des
retombées positives pour eux-mêmes, et ce n'est pas faux.
Les gilets jaunes veulent juste
être regardés, qu'on les voit, puisqu'ils savent que de toute façon il ne
jouiront d'aucune récompense en vertu de leur sacrifice à ce qui ne constitue
plus une société, mais une juxtaposition d'individus atomisés que plus rien ne
relie.
Ne peut-on voir le mouvement des gilets jaunes sous cet angle comme un juste retour des choses ? Une sorte de revanche légitime des invisibles sur ceux qui sont l'objet de tous les regards ? Le désir le plus profond de l'homme n'est-il pas d'être regardé ? Et autrefois même les parties les plus misérables de l'ensemble avaient au moins la consolation de se dire que leur travail allait à la construction de l'édifice commun, pour leur plus grande gloire et celle de Dieu.
Ne peut-on voir le mouvement des gilets jaunes sous cet angle comme un juste retour des choses ? Une sorte de revanche légitime des invisibles sur ceux qui sont l'objet de tous les regards ? Le désir le plus profond de l'homme n'est-il pas d'être regardé ? Et autrefois même les parties les plus misérables de l'ensemble avaient au moins la consolation de se dire que leur travail allait à la construction de l'édifice commun, pour leur plus grande gloire et celle de Dieu.
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