Autre symptôme du nihilisme
contemporain, le cynisme brutal des élites et la civilisation des loisirs, où
la vie culturelle et artistique n'a plus pour pôle directeur la recherche du
beau, mais la recherche du loisir et de la jouissance, quand ce n'est pas tout
simplement de recouvrir toute forme beauté du masque hideux de l'idéologie,
qu'il s'agisse aujourd'hui d'antiracisme ou de féminisme.
C'est probablement Jean-Claude
Michéa qui parle le mieux des conséquences de l'idéologie libérale théorisée
par Adam Smith (mais qui avait des fondement religieux protestants et plus
précisément calvinistes) sur l'économie mondiale, et plus spécialement depuis
les années 80 et le tournant néolibéral initié par Thatcher et Reagan, que
Mitterrand a aveuglément suivi en 1983 malgré son étiquette
"socialiste".
Michéa a l'avantage de ne pas proposer des solutions pires que le mal, tel que c'est le cas de Badiou. "Solutions" dont on a vu les effets délétères sur le type anthropologique lorsque le communisme se proposa de créer un "Homme nouveau" partout où il fut au pouvoir, ayant recours pour cela à toutes formes de rééducation, donc de déracinement forcé, incompatibles au fond avec la nature humaine, qui comme une plante ou un arbre a besoin de racines et d'une certaine forme de stabilité et de permanence pour s'épanouir un peu durablement. Tenir compte de la nature humaine par delà toutes les idéologies ou religions, afin de ne pas seulement constituer une sorte d'épave errante à la surface des flots, soumise à tous les vents et tempêtes que sont toutes les modes, innovations et nouveautés que notre société en perpétuelle mutation, propose à ses "acteurs"... malheureusement passifs en réalité ! Passivité encouragée par le mode de culture de notre société, non plus basée sur la recherche de la beauté, mais sur la recherche du loisir et de la jouissance.
Michéa a l'avantage de ne pas proposer des solutions pires que le mal, tel que c'est le cas de Badiou. "Solutions" dont on a vu les effets délétères sur le type anthropologique lorsque le communisme se proposa de créer un "Homme nouveau" partout où il fut au pouvoir, ayant recours pour cela à toutes formes de rééducation, donc de déracinement forcé, incompatibles au fond avec la nature humaine, qui comme une plante ou un arbre a besoin de racines et d'une certaine forme de stabilité et de permanence pour s'épanouir un peu durablement. Tenir compte de la nature humaine par delà toutes les idéologies ou religions, afin de ne pas seulement constituer une sorte d'épave errante à la surface des flots, soumise à tous les vents et tempêtes que sont toutes les modes, innovations et nouveautés que notre société en perpétuelle mutation, propose à ses "acteurs"... malheureusement passifs en réalité ! Passivité encouragée par le mode de culture de notre société, non plus basée sur la recherche de la beauté, mais sur la recherche du loisir et de la jouissance.
Le néolibéralisme tout comme les
tentatives d'instauration du communisme sur des populations, est déjà une
tentative de rééducation de l'humanité par l'innovation et le progrès, dont on
ne mesure pas encore tous les effets délétères, dans le sens du déracinement
vis-à-vis de traditions et de religions qui structuraient la société, mais
aussi dans le sens de l'égoïsme et du vice privé qui favoriseraient
la vertu publique. Comme si sous l'action d'une main invisible, nos
plus mauvais penchants juxtaposés pouvaient avoir la vertu d'aboutir à un genre
d'harmonie collective. Or non, tout individu un peu lucide se rend bien compte
que nous allons à l'abîme, non seulement parce que les richesses sont très mal
réparties et exacerbent le sentiment d'injustice, mais aussi parce que le
postulat capitaliste et néolibéral d'une croissance illimitée dans un monde
fini, constitue une absurdité aporétique donc sans issue.
Michéa ne se contente pas de
pourfendre l'idéologie libérale, mais il tente aussi d'apporter de vraies
solutions qui ont pour base des idéaux socialistes, en rupture totale avec une
gauche de gouvernement qui pour l'instant s'est toujours appuyée politiquement
et économiquement sur des principes libéraux hérités certes de l'idéologie des
Lumières, mais aussi importés aujourd'hui évidemment directement
d'outre-Atlantique et clefs en main, souvent sans mode d'emploi. Sachant aussi
que le Socialisme de Michéa inspiré de celui de George Orwell est compatible
avec le catholicisme, et toute autre forme traditionnelle de cohésion sociale,
susceptible de raffermir la notion de moralité et de monde commun dans l'esprit
de tout un chacun afin de favoriser l'émergence d'une forme de conscience.
Importation du modèle américain,
comme c'est aussi le cas pour l'ensemble des pays du monde plus ou moins
développés, dans le cadre de la mondialisation économique, qui globalement se
fait au sein d'une politique libérale-libertaire dans les pays les plus
développés d'entre eux, c'est-à-dire occidentaux. Et alors que les pays
asiatiques aux facultés d'adaptation extraordinaires sont en voie de dépasser
le modèle américain sur le plan économique, sans forcément s’embarrasser politiquement
des scrupules humanistes de l'idéologie libérale héritée des Lumières. Mais
tandis qu'en réalité l'Occident s’embarrasse de moins en moins de ces scrupules
dans les faits, même si elle le proclame dans l'idéal, comme on le voit dans la
répartition de plus en plus injuste des richesses, qui est bien un
symptôme au fond du cynisme du modèle occidental. Cynisme brutal
essentiellement des élites se comportant comme des prédateurs méprisants, qui a
des répercussions directes sur l'état d'esprit des habitants de la planète,
dans le sens d'une perte de conscience et d'humanité généralisée, par
valorisation implicite des plus mauvais penchants encouragés et récompensés,
comme l'égoïsme intrinsèque de la nature humaine, qui mériterait d'être
combattu plutôt que favorisé et reconnu.
Nous sommes en réalité en guerre,
et la logique dans le monde du travail en est une de guerre, d'où toute
insouciance est bannie, et où règne la peur et la délation, ce qui explique un
phénomène contemporain mis en exergue par l'actualité, comme le burn out.
C'est ce qu'on appelle communément la Guerre économique, un peu moins violente
physiquement qu'une guerre sur un champ de bataille, mais avec un grand nombre
de victimes aussi, dont la sanction morale pour manque de rentabilité et de
performances, est d'être réduites au chômage et à la misère ou d'être acculées
au suicide. La moralité en société libérale-libertaire est l'extrême contraire
de ce qu'elle était dans des sociétés traditionnelles régies par des principes
spirituels, le vice et l'égoïsme y sont favorisés, tandis que la vertu et
l'altruisme y sont sanctionnés implicitement
Donc non ! Le
libéral-libertarisme dans les pays occidentaux, et les extraordinaires facultés
d'adaptation économiques des pays asiatiques ne sont pas portées par une forme
d'élan spirituel qui serait l'héritier de l'esprit des Lumières, mais par un
pur matérialisme qui consiste en un appât du gain dépourvu de toute forme de
conscience. Car dans l'esprit des philosophes des Lumières, même le matérialisme
en rupture avec le dogme religieux, ne pouvait pas être privé de toute
spiritualité, comme il en est réduit à l'être aujourd'hui dans les faits, et
dans ce qui constitue pour tout un chacun la vie de tous les jours, le monde du
travail, ainsi même que celui des loisirs.
Pour toutes ces raisons la
mondialisation n'a pas d'âme, et tous les observateurs un peu lucides
s'accordent à penser qu'elle aboutira forcément à une forme de désastre
apocalyptique, qui pour les plus optimistes s'appuyant sur l'étymologie même du
mot Apocalypse ("action de découvrir"), pourrait déboucher
sur une forme de Renaissance. Car c'est lorsque l'on touche le fond
de la piscine que l'on peut remonter à la surface... On se console comme on
peut, et surtout pour survivre dans un monde forcément hostile depuis les
origines de la vie sur Terre, l'homme comme l'animal ont besoin du rêve et de
s'illusionner.
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