mercredi 1 novembre 2017

L'esprit du protestantisme en France


Régicide aussi fut mai 68, et pas seulement 1789, car il s'agit alors de décapiter symboliquement le père de la nation qu'était de Gaulle, et de porter atteinte à sa Constitution du 4 octobre 1958, qui avait rétabli un peu d'esprit monarchique dans la République. La province aujourd'hui n'a pas beaucoup plus d'âme, voire pas du tout plus que Paris, par contre de Gaulle en avait une, alors que Wauquiez a raison de dire que Macron n'en a pas, derrière cette marionnette plane l'emprise des baby-boomers et en premier lieu celle de sa femme, Brigitte.
Les parisiens sont plus atteints par l'idéologie antiraciste et en sont souvent les hérauts les plus virulents, cependant les provinciaux le sont aussi, mais de façon moins ostensible et plus passive. Il y a une différence de degré entre les deux, mais pas de nature comme voudrait nous le faire croire Wauquiez. De plus la contre-offensive "réactionnaire" pour l'opposer au discours des progressistes, vient aussi de Paris. Idéologie "néocon" disent certains, portée notamment par un intellectuel comme Alain Finkielkraut ou bien un journal comme Causeur, dirigé par Elisabeth Lévy. Idéologie "réactionnaire" (qualifiée ainsi par ses adversaires progressistes), qui elle pour le coup comporte une différence de nature avec l'idéologie antiraciste et multiculturaliste, en voulant rétablir l'héritage de 1500 ans de culture occidentale chrétienne mâtinée de judaïsme, dans l'éducation des enfants. Alors que les progressistes se battent pour faire table rase de tout notre passé "honteux", se tournant uniquement vers l'avenir, et jettent ainsi le bébé art et culture avec l'eau du bain raciste, esclavagiste et colonialiste.
Wauquiez voudrait se situer dans l'héritage du gaullisme, mais en réalité la droite n'a plus rien à voir depuis la mort de de Gaulle avec de Gaulle, ce dernier semble être un cas unique et un peu troublant dans l'histoire de France, un genre d'énigme incompréhensible avec son idéal de souveraineté hérité aussi bien de l'aristocratie que du catholicisme, devenu inaudible pour nos contemporains. Si Wauquiez était propulsé au pouvoir, il ferait peu ou prou la même politique d'inspiration libérale que celle proposée par Macron, la même que font tout nos dirigeants depuis les années 80 et le triomphe du néolibéralisme. Il s'agit toujours pour la France de ne pas prendre trop de retard sur les pays anglo-saxons ou protestants comme l'Allemagne, qui eux ont l'idéologie du libéralisme dans le sang, puisqu'elle provient in fine d'une spiritualité protestante à l'origine. Les différences entre la gauche et la droite ne sont plus de nature mais de degré et de nuances, notamment concernant les questions sociétales, alors que ces deux "antagonismes" politiques (gauche et droite) sont parfaitement d'accord sur le plan économique surtout, le nerf de la guerre finalement. Au point qu'il est devenu difficile de ne pas mettre antagonisme entre guillemets, quand toutes deux font systématiquement des politiques d'inspiration libérale économiquement.
Le libéralisme théorisé à l'origine par Adam Smith, est donc conforme au mode de pensée des descendants de protestants, qui certes sont aussi présents en France, comme Lionel Jospin notamment et Pascal Bruckner pour ce qui est de la vie culturelle. Ce dernier faisant d'ailleurs régulièrement l'éloge de l'argent tout comme Jacques Attali, comme si il y avait une plus grande proximité spirituelle, puis d'idées, entre protestants et juifs, qu'entre juifs et catholiques, ou même qu'entre catholiques et protestants. Mais cela est à peu près connu de tous, à savoir la formidable harmonie qui règne entre protestants et Juifs des Etats-Unis. Alors que les Juifs en France se sentent déchirés et de plus en plus menacés par l'islamisme, car la France n'est plus conforme à sa vocation d'intégration, c'est-à-dire à sa vraie nature, tandis que les pays anglo-saxons sont fidèles à eux-mêmes et à leur idéologie libérale et multiculturaliste. Les Français ont perdu la confiance dans leur modèle d'intégration républicain, c'est pour cela que les Juifs en France sont déchirés entre l'adhésion au modèle libéral et multiculturaliste venu d'outre-Atlantique (un Attali ou un Minc par exemple) et la fidélité au modèle républicain d'intégration conforme au génie français ou à son âme éternelle (un Finkielkraut ou un Zemmour).
Je parle beaucoup des Juifs, car eux seuls en France sont encore porteurs d'une spiritualité et sont fidèles à eux-mêmes, tandis que les descendants des bourgeois canal historique, c'est-à-dire de ceux qui participèrent à la Révolution française, et volèrent subsidiairement les richesses de la noblesse et du clergé, ne sont fidèles à rien du tout si ce n'est au culte de l'enrichissement, quelle que soit l'idéologie utile pour parvenir à cet enrichissement et même si elle nous vient principalement d'outre-Atlantique. Les bourgeois comme les petits-bourgeois, leurs clones en plus petits, sont en France prosaïquement matérialistes et coupés de toute spiritualité, contrairement à la plupart des Juifs, fidèles à leurs racines spirituelles et spirituellement déracinés concernant l'attachement à un terroir, et pour qui le territoire n'a que la signification de la persévération dans l'être.
Pour les bourgeois la fin (l'enrichissement) justifie toujours les moyens, à savoir la conversion toute récente depuis le début des années 80 sous l'impulsion de Mitterrand s'alignant sur Thatcher et Reagan, à l'idéologie d'Adam Smith, et la rupture avec le colbertisme économique qui avait pignon sur rue jusque dans les années 70, et notamment la France de Pompidou. Sans se douter que cette conversion sur le plan économique allait forcément entraîner une mutation culturelle et sociétale, à savoir la conversion du modèle républicain d'intégration en modèle multiculturaliste à l'anglo-saxonne. Cet antagonisme est désormais celui qui oppose les progressistes aux "réactionnaires" (qui ne se reconnaissent pas dans cette dénomination que leur affublent leurs adversaires progressistes). Pour ma part je parlerais de fidélité ou d'infidélité à ce qui caractérise l'âme de la France éternelle, les infidèles étant les progressistes libéraux et libertaires plus conformes à l'esprit venu d'outre-Atlantique.
De Gaulle fut le dernier des souverains en France, quasiment un roi, alors que Macron est un petit fonctionnaire sans âme (mais pas moins d'âme que Wauquiez), faisant la course à l’échalote derrière les pays protestants et libéraux d'origine.
La bourgeoisie triomphante issue de 1789 et ses héritiers bourgeois modernes n'est pas patriarcale et ne se revendique pas de l'esprit du catholicisme comme Wauquiez, elle ne met pas non plus l'accent sur la notion d'âme qui ne veut plus dire grand chose pour nos contemporains ; elle est libérale-libertaire, profondément athée et dans l'esprit elle est régicide, on dirait soixante-huitarde aujourd'hui, c'est-à-dire anti-autorité et anti-patriarcale. D'autre part elle est déicide, c'est-à-dire sans racines religieuses et s'en revendiquant, se réclamant de l'esprit des lumières, celui de Voltaire, Rousseau et Diderot, on dirait aujourd'hui progressiste, antiraciste, multiculturaliste et cosmopolite (tournée vers l'avenir en faisant table rase du passé), par opposition à "réactionnaire" se tournant vers le passé (savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va), et aux racines historiques qui façonnent l'âme et l'identité, cette dernière étant aussi une digue permettant de ne pas sombrer dans un genre de folie collective.
Une folie collective ou songe collectif fait d'optimisme et d'une part d'inconscience comme le macronisme en France et pouvant nous mener à l'abîme, comme l'ensemble des pays soumis à la mondialisation et l'esprit du protestantisme, gage de progrès et d'innovation certes, mais également destructeur de ce qui faisait l'âme humaine lorsque sa condition était ce qui la reliait à un certain nombre de traditions liées à une religion, une culture et des arts vivant. Et aussi destructeur tout simplement de l'environnement qui est la condition encore plus flagrante de notre survie collective sur cette planète.
Le protestantisme est la religion la plus moderne en ce qu'elle porte en elle les germes de son propre dépassement du spirituel au plus pur matérialisme, condition de la modernité négatrice de la notion d'âme, c'est-à-dire aussi du déracinement radical au profit du progrès et de l'innovation, sachant que ces deux dernières notions reposent sur un couple schumpétérien destruction/création (la destruction créatrice ou comme la nomme Luc Ferry, l'innovation destructrice), en  perpétuelle dialectique. Ce couple destruction/création structure une société qui désormais s'appuie sur un art qui n'a plus rien d'intemporel et que l'on peut qualifier à juste titre de contemporain, tandis que sa culture qui génère des mœurs et coutumes est d'essence multiculturaliste et cosmopolite, donc in fine antiraciste, qu'on le déplore ou que l'on s'en réjouisse. Bien que le contraire de l'antiracisme ne soit pas le racisme comme voudraient nous le faire croire certains gauchistes virulents d'inspiration mélenchoniste ou autre (ce qui est la part d'ombre selon moi du mélenchonisme, qui par ailleurs comporte bien des points positifs sur le plan économique, notamment anti-libéraux), mais la fidélité à ses racines spirituelles pour chaque habitant de la planète, ou encore en France, à son âme éternelle. Un tel couple schumpétérien rendant caduque la possibilité d'une âme, Houellebecq dirait peut-être la possibilité d'une île, car il nie la permanence qui la rend possible.
Autrefois la vie d'un Homme allait légèrement plus vite que celle de l'époque, aujourd'hui celle de l'époque va bien plus vite que celle d'un Homme, et il y a même plusieurs époques dans une seule vie. Nous sommes condamnés à nous accrocher à la queue de la comète qu'est devenue le temps qui passe, sous le signe de l'innovation perpétuelle qui fait passer le temps sans que nous puissions encore en saisir le sens. Notre époque donne donc raison aux êtres superficiels qui suivent les modes, plutôt qu'à ceux qui vainement voudraient en trouver le sens. Car il n'y a plus une époque au sein d'une seule vie mais plusieurs époques, et même peut-être plusieurs époques concomitantes entre elles au sein d'une même société d'individus que plus rien ne relie, même pas une époque en commun. Mais Héraclite disait déjà que le temps n'était pas saisissable et que l'on ne se baignait jamais deux fois dans le même fleuve, cependant aujourd'hui la situation a objectivement empiré de ce point de vue. C'est pour cela que d'un point de vue contemporain, la notion d'âme est totalement surannée, car elle demande de la permanence, ce que ne rend plus possible la société actuelle, sous le signe de l'innovation perpétuelle, donc du changement perpétuel. Et seul l'art qui n'est pas contemporain a le pouvoir d'arrêter le temps puisqu'il est intemporel en saisissant l'esprit du temps, malheureusement dans le cadre d'une société sans âme, il n'y a plus que très peu d'art. On ne peut donc soigner les maux de l'esprit, que l'on ne peut plus appeler les maux de l'âme, par la spiritualité et la religion, mais que par une doctrine qui ne considère l'individu que sous un angle matériel : la psychologie. Macron a une psychologie, mais il n'a pas d'âme, comme l'essentiel de nos contemporains. 



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