vendredi 8 novembre 2019

Macron et le déracinement judaïque


Au terme de son allocution lors de l’inauguration du Centre européen du judaïsme, une allocution présentant le judaïsme européen comme l’âme de l’Europe, le président a fait part à l’assistance - presque sur le ton de la confidence - de ce qui lierait, selon lui, la République au judaïsme, en tout cas opèrerait leur convergence, hier comme aujourd’hui…

Le lieu de l'Homme n'est pas la terre mais le verbe. Un retour originaire serait un retour à la terre, alors qu'un retour à l'originel est un retour à la création de toute chose et donc au verbe, comme il est dit dans la bible : "Au commencement était le verbe."
Ce qui fait dire à certains juifs ultras que la création de l'État d'Israël serait une trahison du message biblique, car le "retour" ne saurait être en aucun cas un retour à la terre d'origine : c'est beaucoup trop prosaïque pour l'esprit.

C'est là que l'on peut distinguer entre présence au monde et enracinement. Nul besoin d'enracinement pour faire preuve de présence au monde. Contrairement à ce que pensait Simone Weil, l'enracinement n'est pas une nécessité. Cela dit le problème qu'elle pose d'un déracinement généralisé sur le modèle originel des Juifs reste entier. L'humanité peut-elle s'offrir le luxe d'un déracinement généralisé ? Je ne le pense pas, cela aurait dû demeurer une exception ne valant que pour un peuple peu nombreux, relié aux autres peuples par le livre originel.

Je crois que le déracinement est une malédiction comme le pense Simone Weil. Il est rarement choisi et souvent subi. Il se trouve que par les circonstances le livre originel de la chrétienté et même de l'islam est l'Ancien Testament rédigé sur plusieurs siècles par des juifs. C'est donc à eux que je fais référence quand je parle de peuple peu nombreux. L'humanité pouvait s'offrir le luxe d'un peuple déraciné compensant sa faiblesse en nombre par une présence au monde accrue, mais la généralisation d'un tel phénomène à l'humanité entière par le biais de la mondialisation est selon moi préjudiciable.

C'est mon interprétation d'enraciné, déraciné malgré lui par la force des choses, le libéralisme, la mondialisation etc... Et que ressent chacun peu ou prou. La version d'un déraciné par essence comme S. Trigano sera sans doute totalement différente et il vantera même je le pense les vertus du déracinement. Aucun modèle n'est complètement universalisable. Et contre l'universalisme, ses ennemis antiracistes et racialistes (l’extrême-gauche) font valoir aujourd'hui, faisant ainsi courir un danger sur la cohésion nationale (en France), qu'il est très majoritairement et presque exclusivement le fait de mâles blancs qui avaient prétention jusqu'à il y a peu et les tentatives déconstructivistes (Derrida, Bourdieu, Deleuze, Foucault...), de régenter le genre humain.

Mon hypothèse est que le peuple juif fut un peuple originellement du désert et non pas du Proche-Orient, qui fut réduit en esclavage par les Égyptiens, et s'est converti au culte du dieu unique Aton en se sentant des affinités avec les Égyptiens de par ses origines identiques (du désert). Sans doute par l'intermédiaire de prêtres déchus qui voulaient faire vivre leur nouveau culte monothéiste au travers de ce peuple, puisque les Égyptiens l'avaient rejeté. Et parmi ces prêtres figurait certainement Moïse, dont la tradition biblique a fait un juif, alors qu'il s'agissait d'un Égyptien probablement de souche aristocratique.

Les juifs de l'antiquité vivaient dans la nature, mais dans un désert. La "terre" d'origine des juifs originels est donc un désert. Il y a quelque chose d'unique dans un paysage désertique c'est un océan de sable, unique au sens de "Un", et cela renvoie aussi à l'idée d'infini. Je pense que c'est de là, de ce rapport au monde particulier, que le monothéisme trouve sa source. Ainsi que le rapport d'exclusivité que les Juifs ont au verbe et le terme d'élection. Les juifs se sont vécus différents des autres peuples qui étaient encore polythéistes, paganistes, mais en raison de circonstances particulières liées à leur milieu d'origine naturel : le désert.
Autre explication complémentaire de la genèse du monothéisme : jusqu'au 7ème siècle av. J.-C., les juifs vénéraient les idoles ; les archéologues ont trouvé une statue de Jéhovah et de sa femme. Comme dans l'Antiquité, tout peuple vaincu voyait ses idoles détruites par le vainqueur afin qu'il perde son identité, les théologiens exilés à Babylone par Nabuchodonosor ont eu l'idée de substituer aux bouts de bois un Dieu Unique, invisible mais présent partout, donc indestructible. C'est ainsi que se renforça le monothéisme.

Cependant je suis sans doute un affreux mécréant, mais je ne pense pas que ce soit le dieu unique des juifs, des chrétiens et des musulmans (puisqu'il s'agit du même au fond ! Dont chacun se croit l'élu d'où les conflits), qui ait directement chuchoté à l'oreille de Moïse les tables de la Loi, aussi je mets plutôt mon jugement en suspens car je suis agnostique. Dans la genèse du monothéisme juif, je crois même que le culte d'Aton par le pharaon Akhenaton joua un rôle primordial.
C'est ce qui pourrait finalement mettre tout le monde d'accord, car si les élus d'origine étaient les Égyptiens de l'Antiquité du culte d'Aton, comme ils sont tous morts, il n'y aurait plus à se battre pour revendiquer l'exclusivité du dieu unique, mais honorer éventuellement si l'on tient tant que ça à la religion monothéiste, cette obscure et très ancienne dynastie de pharaon qui n'aura duré que le temps d'un règne et est à l’origine des trois monothéismes.

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