mardi 13 mai 2014

L'idéal européen : une eschatologie sociale

"Ce qui est la fin aujourd'hui c'est l'objet manufacturé, et l'homme n'est qu'un moyen au service de cette fin. C'est aussi ce que les sociologues des années 70 ont appelé la société de consommation ; mais aujourd'hui ce n'est plus société de consommation, un moindre mal (politique de la demande), mais société de compétition, une calamité (politique de l'offre). C'est un cercle sans fin où pour survivre il faut toujours être plus compétitif. Il n'y aura donc pas de fin à la crise, car au nom du "toujours plus", on demandera toujours à la société d'être plus compétitive : c'est-à-dire que les riches (le capital) soient toujours plus riches pour pouvoir investir, et que les classes moyennes, braves petits soldats du profit, soient toujours plus en compétition, les uns avec les autres, pour des salaires bloqués ou en baisse. Quant aux classes populaires elles continueront toujours à être assistées : gage de la paix sociale, pour éviter la guerre civile." : Est-ce pour un tel type de société dont on ne voit pas l'issue que l'on doit faire l'Europe? L'Europe politique permettra-t-elle de sortir de ce système, ou bien au nom de la sacro-sainte compétitivité nous y enfoncera-t-elle toujours plus? Mais où vois-tu l'humanisme dans un tel système? Il n'y a aucun projet commun, l'homme n'y est pas une fin mais un moyen. Ceux qui s'en sortent sont soit ceux qui détiennent le capital, soit des petits malins. Je suis pour un catholicisme social de type gaullien, et suis lucide sur l'hypocrisie d'une certaine frange du catholicisme qui s'est enrichi sur le dos des pauvres, et qui a fait de la misère des pauvres son fonds de commerce. Cela a abouti à la Renaissance à la corruption de l'église catholique, et par réaction à la naissance du protestantisme. Mais le protestantisme a abouti à la marchandisation du monde, ce qui est encore pire. Tu prévois l'Europe sociale au bout du tunnel, comme un salut : finalement tu as une vision eschatologique de la construction européenne, c'est-à-dire une vision religieuse de type catholique. Mais auparavant tu prévois qu'il faudra avaler la pilule au goût amère. Pour arriver au salut, tu justifies le sacrifice : pas d'Europe sociale avant l'Europe politique, et pas d'Europe politique sans renforcement économique ; qui passe par une plus grande compétitivité, par une politique de l'offre renforcée, par une stagnation, voire une baisse des salaires. Souffrez ici-bas, les lendemains seront meilleurs : on nous a toujours dit ça, sur les champs de bataille hier, dans les entreprises aujourd'hui.

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