Je réponds à Emmanuel Mousset qui me dit que les socialistes
français actuels favorisent en réalité le talent. Quel talent ? Le talent
d'être un prédateur individualiste, narcissique et prédateur. Depuis 1983 la
gauche socialiste ne cesse de trahir au nom du principe de réalité, elle
accompagne la logique de dichotomie entre misère et richesse, les socialistes
tendance "Tony Blair". Ton talent, Cédric Klapish l'a montré de façon
pertinente et talentueuse lui, dans un film intitulé " ma part du gâteau",
diffusé hier soir, et que les lecteurs de ton blog j'espère ont regardé ; ton
talent individualiste donc, en rupture avec les corporations, consiste dans ce
film à être un trader individualiste et narcissique, qui comme le fait dire
Klapish par la bouche d'un requin de la finance, doit être "bad, very
bad" pour réussir. Quant à toi accorde ta conduite avec tes dires, et
quitte cette corporation médiocre et privilégiée que constitue l'éducation
nationale. Rends service à la France, dixit Macron , monte ta "start
up" et devient milliardaire, homme de talent ! Ou alors n'es-tu qu'un
donneur de leçon du type "faites ce que je dis, pas ce que je fais".
Oh mais tout le monde le sait, ta problématique est de prendre ta revanche sur
la classe moyenne, quitte à dire pour ça que les 10% de riches qui détiennent
86% des richesses ont du talent, et à t'allier avec eux, pourvu qu'ils cassent la
classe moyenne honnie. Mais cela ne se passera pas comme ça Emmanuel !
Ou alors va donc vivre en Angleterre ou aux Etats-Unis,
berceau de l'idéologie économique libérale qui triomphe aujourd'hui et qui a
totalement corrompu le monde entier y compris la France. Si tu as choisi d'être
dans le camp des salauds (pour reprendre une formule de Sartre), sans
résistance. Rejoins tes idoles Attali, Minc, BHL, et même Glucksman qui ont
toujours été des chantres du capitalisme apatride, mais allez donc en
Angleterre, à la City messieurs et cessez de nous polluer en France avec votre
idéologie mortifère. En France où il y a encore des gens qui résistent avec
Onfray, Zemmour, Finkielkraut, Houellebecq, Gilles Châtelet et tant d'autres...
Emmanuel Mousset me répond : "Erwan, je n'aime pas la
classe moyenne tout simplement parce qu'elle est moyenne, et je n'aime pas ce
qui est moyen. Moi-même, quand il m'arrive de me trouver moyen, je ne m'aime
pas. Et je ne comprends pas qu'on puisse aimer ce qui est moyen. C'est ma version
personnelle et triviale de la maxime hugolienne : "être Chateaubriand ou
rien", mais ne surtout pas être moyen."
Le libéralisme économique est le plus grand crime contre l'humanité qui
n'a jamais eu lieu, devant le nazisme et le communisme. C'est un crime contre
l'humanité et aussi contre la nature et l'écologie, si très rapidement on en
prend pas conscience, cela signifiera la destruction irréversible de la
planète. C'est un crime contre l'humanité où comme le dit Badiou 10% des la
population possède 86% des richesses mondiale, ce ne sont pas des excellents,
ce sont ni plus ni moins des salauds qui exploitent les 40% de la classe
moyenne qui possèdent 14% de la richesse mondiale, et surtout les 50% qui ne
possèdent rien. Badiou passe sous silence les crimes du communisme, il n'est
donc pas crédible, mais les chiffres qu'il cite sont éloquents. Marx est un
grand, un très grand penseur pour penser les crimes du capitalisme. C'est pour
cela que je suis marxiste et réactionnaire, un marxisme sans communisme, sans
messianisme, sans "grand soir", un marxisme modéré, tempéré et
gaulliste où la classe moyenne et son sens de la mesure servirait de modèle à
ceux qui ne possèdent rien dans un partage équilibré des richesses à l'échelle
mondiale, non plus dans la prédation, mais sur un modèle mesuré. Cessons de
dire la classe moyenne, mais la classe mesurée. Quant à tes deux modèles Chateaubriand
et Hugo, je ne peux que te féliciter, car tous deux bretons, eh oui c'est une
chose peu connue que la mère de Hugo était une pure bretonne de Nantes.
Le village breton de ma grand-mère où les gens
étaient pratiquement tous égaux, modéré, joyeux et fidèles à leurs traditions
et à leur superbe langue bretonne, sert de paradigme à ma pensée sociale ( et a
servi de paradigme à la création d'une BD comme Astérix), de plus pour un
breton l'ennemi a toujours été l'Anglais, ça tombe bien c'est le berceau du
libéralisme économique et de la prédation mondialisée. "L'Anglais"
comme type conceptuel au sens nietzschéen et non raciste, et non comme
personne. J'aime bien les Anglais par ailleurs, et j'ai eu la chance de
beaucoup voyager en Angleterre dans mon adolescence, je passerai sous silence
que les Anglaise m'ont " déniaisé", car cela n' intéresse personne.
Donc je dois beaucoup aux Anglais " nos meilleurs ennemis" etc...
Emmanuel
Mousset me répond : "Joli lapsus final sur le "déniaisement" :
ça n'intéresse personne, tu le passes sous silence, donc ... tu en parles.
Quant au "marxisme gaulliste" et à la "classe mesurée", ce
sont des concepts trop audacieux pour moi. Mais c'est la belle histoire des
Trente Glorieuses, racontée par l'oncle Erwan."
Chaque pour cent de la population mondiale doit posséder 1%
de la richesse mondiale. C'est pourtant pas difficile à comprendre. Je ne crois
pas à l'excellence. Un agrégé de philosophie ne vaut pas mieux et n'est pas
plus utile qu'un garde champêtre. Egalité universelle des salaires. Je dirais
même salaire universel. Après que chacun fasse ce qu'il veut si ça lui chante,
et selon sa conscience, non selon son instinct de prédation. Peu à peu en
réduisant la misère à néant, des hommes de bonne volonté arriveront à éduquer
l'espèce humaine vers moins de cruauté envers leurs semblables humains ou
animaux. Ah oui j'oubliais, comme il n'y a aucune différence de nature entre
humains et animaux nous n'avons aucun droit sur eux. C'est dur à entendre le
discours de la mesure, pour des gens pour qui l'individualisme, la compétition,
le narcissisme, la prédation, l'égoïsme, le libéralisme, sont l'alpha et
l'oméga de toute chose ; ce n'est pas de l'excellence, c'est une vision à très
court terme destinée à nous précipiter collectivement dans l'abîme, et nous
l'auront bien mérité. Les militants de la "deep ecology"à laquelle je
ne souscris que dans mes moments de désespoir et qui prônent la disparition de
l'espèce humaine avant que cette dernière ne transforme au sens propre la
planète en caillou sans vie, auront gain de cause, si nous ne changeons pas
radicalement de paradigme. Egalité totale, partage totale des richesses, et
peut être je dis bien peut être, car c'est une condition nécessaire mais pas
suffisante, nous auront un avenir.
Emmanuel Mousset me répond : "Blesbois ou le communisme
tendance garde champêtre. Après tout, pourquoi pas. C'est bucolique."
Malin renard, tes réponses me rappellent la réponse de
Mitterrand à Chirac, qui lui demandait de ne plus l'appeler "Monsieur le
premier ministre"(sous-entendu par Chirac qu'ils étaient à égalité, deux
candidats à l'élection présidentielle), et Mitterrand de lui répondre,
"mais bien sûr monsieur... le premier ministre." De la même façon,
alors que je te dis que je ne suis pas communiste mais que je souscris à la
vision marxiste du matérialisme historique, et de l'idéal égalitaire, tu me
réponds "mais bien sûr monsieur le communiste" (sous entendu que je
suis discrédité par les millions de morts du communisme, au nom de l'idéal
égalitaire). Moi je te parle d'un crime contre l'humanité et la nature, en
cours, bien sûr aujourd'hui tu me ris au nez. Si un jour le bilan doit être
fait des millions de morts et surtout d'esclaves du libéralisme économique, tu
seras le premier à rejoindre le camp des victimes qui demandent des comptes, et
tu diras "on ne savait pas." Sacré Manu !
La perte de la joie de vivre en Occident depuis deux
générations, remplacée par l'inquiétude, le stress, "la vie en état
d'urgence" comme tu l'appelles, c'est un phénomène que finement tu
constates. C'est un phénomène comme beaucoup d'autres, qui annonce
effectivement une mutation de la société, personnellement je dis que c'est la
perception inconsciente de quelque chose qui se trame derrière le dos des
hommes "en chair et en os" ; le triomphe du calcul égoïste à l'échelle
mondiale à l'oeuvre dans la technique (cf Heidegger, pensée colossale et
pratiquement abandonnée, car discréditée par le nazisme), et qui est devant le
nazisme, le plus grand crime contre la vie, la planète et accessoirement
l'humanité, mais cette dernière mérite-t-elle encore qu'on compatisse à son
sort ? Les illuminés de la "deep ecology" ont tranché (cf
"l'armée des douze singes").
Emmanuel Mousset me répond : "Le problème, c'est que
l'homme contemporain est devenu fragile, recherche illusoirement le bonheur et
se détache de plus en plus du réel. Un exemple frappant : le stupide
"burn-out", qui aurait fait rire nos grands-parents ou arrière-grands-parents,
qui savaient que tout vrai travail est "épuisant",
"stressant", pour reprendre la terminologie en vogue. Le problème,
c'est que nous ne voulons plus, nous ne savons plus souffrir. Nous avons
assigné au travail des finalités d'épanouissement personnel, de valorisation
morale, de reconnaissance sociale qui sont des leurres. Le retour au réel fait
forcément mal."
Non je ne suis pas poli, et alors ça vous dérange ? Ce
comportement typique chez moi a toujours été un obstacle à ma réussite. Il n'y
a rien de personnel entre moi et Emmanuel Mousset, au contraire, je lui suis
très reconnaissant de publier les "horreurs" que je peux parfois
produire. Je suis à l'instar de mes élèves qui pètent et qui rotent, et je suis
ému de cet hommage qu'ils me font. Je sais que la société ne leur permettra pas
d'être heureux, alors que le bonheur est le plus grand bien, que la société humaine
devrait donner à tous ses enfants. Ah vous riez devant tant de naïveté !
Revoyez donc le discours final que fait Chaplin dans "Le dictateur".
Même si l'auteur de ce blog ne croit pas au bonheur, moi j'y crois, messieurs
dames ayez du cœur dans votre conduite avant d'avoir de l'intelligence.
L'intelligence c'est le calcul, donc une part reptilienne, le cœur c'est ce qui
fait de nous des mammifères, soyons fidèles à notre condition de mammifère,
avant que le calcul égoïste à l'œuvre dans la technique n'ait ravagé notre
civilisation.
Mais bon sang personne ne parle plus du calcul égoïste à l'œuvre
dans la technique, qui déshumanise et qui est la cause du burnout. L'idéologie
du progrès c'est fini, et Heidegger l'a déconstruite, pourquoi a t il fallu que
ce philosophe important et fondamental se soit discrédité dans le nazisme, ce
qui rend sa voix désormais inaudible ?
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