lundi 29 février 2016

Le sexe est-il pervers ? Et son rapport avec le travail

Je réagis à quelque chose qu'Emmanuel Mousset m'avait dit il y a six mois.
"Erwan, ne sois pas si obsédé par le sexe : l'amour reste très présent dans notre société, ni plus ni moins qu'autrefois (peut-être même plus)." Quel rapport avec le travail : La normalité, puisque Freud disait qu'être normal c'est "aimer et travailler"

Oui, Eric Zemmour dit que sous l'action des femmes notamment, le sentiment amoureux a pris de l'importance dans le couple. Mais l'effet pervers est que les couples se quittent dès qu'ils ne s'aiment plus ; or comme on dit "l'amour dure trois ans", c'est biologique. Après il faut trouver autre chose que l'amour physique et la fusion passionnelle pour faire durer le couple. En général c'est l'intérêt des enfants qui prime, quand il n'y a pas de perversion.
Le sexe est dégoûtant en tant qu'il exprime la partie le plus primitive de l'esprit humain, son côté bestial. Une sexualité égalitaire ne peut pas exister, est n'est même pas à inventer, car la sexualité est affaire de pulsion, elle n'exprime que des logiques de domination. Les dominés n'ont pas de sexualité, donc pas de vie psychique, ils sont condamnés à vivre castrés, dans l'ombre (cf Houellebecq, Extension du domaine de la lutte). Toute la structure inégalitaire de notre société, n'est même pas consciente, elle n'est que le reflet de cette infrastructure subconsciente qui est le la pulsion sexuelle ; et que notre société survalorise, sous l'influence de la psychanalyse, qui prétend tout expliquer par la pulsion sexuelle, par un effet pervers la psychanalyse crée autant la maladie qu'elle ne la soigne. Cependant la psychologie commune et un peu vulgaire qui aujourd'hui domine tous les débats de vie privée, télévisuelles ou autres, est très superficielle et n'a plus qu'un lointain rapport avec la théorie du docteur Freud ; ce dernier d'ailleurs que Michel Onfray critique violemment, car il estime que la psychanalyse freudienne n'est qu'une projection à vocation scientifique et à portée universelle, d'un cas singulier... les propres névroses du docteur Freud qu'il projette sur tous ses patients, mais passons ! 
On constate aussi que la psychanalyse ne peut pas aider ceux qui sont exclus du système du désir, puisqu'ils n'ont même pas les moyens de s'en payer une. La psychanalyse ne peut constituer qu'un réconfort narcissique pour ceux qui partagent le système de domination tribal par le sexe. Toutes les sociétés des grands mammifères fonctionnent ainsi : la domination par le sexe des mâles et des femelles dominants, dans la société humaine qui fonctionne par pulsions tribales recouvertes d'un vernis de civilisation.
En principe tout ce qui doit suivre d'une domination tribale par le sexe suivra : argent, reconnaissance sociale ... Pour ce qui est des prolétaires de la pornographie, il s'agit d'un simulacre, d'une dégénérescence de la sexualité, ils ne sont pas inclus dans le système de domination. Leur sexualité n'est pas opérante, elle n'agit que pour stimuler les frustrés de la sexualité, c'est à dire les "pas beaux".
Ceux qui trouvent leur compte dans la sodomie ou l'amour vache, très vache dans le cas de Sade, sont des pervers (étymologie : "renversé"), ils jouissent de ce dont le commun des mortels ne jouit pas : comme "manger de la merde", au sens propre (si je puis m'exprimer ainsi). Par contre le pervers narcissique, qui est une spécificité moderne et adaptée de la perversion, utilise la loi (comme le dit le psychanalyste Melman ; "le pervers adore la loi") et une sexualité normale, mais de préférence en grande quantité pour asseoir sa domination sur le reste de la tribu, il est généralement ce qu'on appelle un mâle dominant.
La jouissance réelle vient du déchaînement des pulsions : pour la plupart des gens multiplication des conquêtes, logique de séduction qui arrive à son terme, pour moi comme pour la plupart des mammifères, cela constitue la plus belle gratification narcissique lorsque la compagne est désirable et désirée par l'ensemble du groupe, je suis un mammifère avec des pulsions de mammifère. En société de compétition comme la nôtre, il faut être performant, donc il vaut mieux être un pervers narcissique qui multiplie les conquêtes au détriment de l'équilibre de la société et des enfants.
Tout système crée ses propres déchets, en système de performance sexuelle et de perversion narcissique, la pornographie est ce déchet.
A force de s'être attaqué à l'idéalisme depuis pas mal d'années, pour le remplacer par un matérialisme pur et dur, on a tué ou presque tué cette idée qu'on appelait amour, pour la remplacer par la performance sexuelle, la domination par le sexe, ou encore ce qu'on appelle vulgairement aujourd'hui "le plan cul" : Ah l'immanence de la nature !

1 commentaire:

  1. Mon cher Erwan, celui qui veut se faire analyser parce que la souffrance le presse trouvera toujours les moyens financiers. C'est comme les types qui vont aux putes : ils ne se plaignent jamais du problème de l'argent. Que ce soit pour diminuer sa souffrance ou pour augmenter son plaisir, chacun est prêt à y mettre le prix.

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