vendredi 19 février 2016

Politique de l'offre ou politique de la demande ? Et réponse à un social-démocrate convaincu, nommé Emmanuel Mousset

Politique de l'offre, mais offrir à qui ? Aux 10% de la population qui possèdent 86 % des richesses mondiales ? Afin qu'ils en possèdent 87 % puis 90 % voire plus, enfin à la disparition de la classe moyenne, afin qu'il n'y ait plus que 10%, puis 9%d'une hyper classe qui possède tout face à 90% de pauvres qui ne possèdent rien. Crois-tu que les riches souffrent ? Ton dolorisme, ton culte de la souffrance est une vision étriquée et pauvre du monde. Les riches ne souffrent pas, ils jouissent du monde, ils jouissent de deux choses : leur richesse bien sûr, mais surtout du spectacle de la souffrance qu'ils infligent à leurs millions d'esclaves, de travailleurs pauvres. Ce sont ce que Sartre appelait conceptuellement des "salauds". Es-tu le complice de cette classe en voie de constitution et donc par là même un salaud toi-même ? En réalité je ne dirai pas que Laurent Joffrin, Minc, Attali, BHL sont des salauds qui sont complices de l'hyper classe, ni même que Onfray, Zemmour, de Fontenay, Finkielkraut, Houellebecq, Gilles Châtelet sont des gens biens. Non je ne le dirai pas, car cela est relatif, relatif à ma petite histoire, à ma petite personne. Je resterai donc mesuré, tempéré,  fidèle aux valeurs de ma classe... moyenne ! La vie, le monde tout cela n'a aucune importance, nous ne sommes qu'ombre et poussière... ceux qui à l'instar de Badiou, Sartre, moi-même veulent faire l'ange, font la bête... par une sorte de dialectique infernale, les dénonciateurs de salauds deviennent plus salauds, que les salauds eux-mêmes et commettent des crimes odieux (cf les communistes, les nazis), pour les nazis, les salauds étaient ceux qui leur avaient imposé le traité de Versailles. Par une sorte de dialectique infernale, la violence contre les violents égoïstes et libéraux, engendre une violence pire encore. Aussi l'hyper classe ne se fera pas, espérons-le, car il y aura des résistances modérées, des mécanismes de régulation. Tout ça pour dire que je suis plus favorable à une politique de la demande, que de l'offre, à une redistribution des richesses, qui les fait vivre, plutôt qu'à leur enfermement au profit d'une minorité. Je suis favorable à un new deal, une nouvelle donne de type keynésienne. Même si cela doit aboutir à "l'enrichissement des médiocres". Je ne crois pas plus en la médiocrité qu'en l'excellence. Il n'y a pas de nature médiocre ou excellente, il n'y a que les circonstances qui font que l'on devient médiocre ou excellent ; matérialisme historique, toujours et encore. Les seigneurs paraissaient plus excellents que les serfs, comme les apparences sont trompeuses !
Mais sur internet E. (qui n'est pas Emmanuel Mousset), me dit : "Pour pouvoir vendre, il faut davantage compter sur les masses populaires que sur l'étriquée quantité de riches.
Encore faut-il que les "pauvres" aient quand même un certain pouvoir d'achat, ce qui fait plutôt défaut par chez nous ces temps ci...
Mais ce n'est pas tout : pour que le pays en profite, il faut que ce soit lui qui produise les biens qui peuvent être acquis.
Et là, ça va mal !
Qu'est ce qu'on produit encore dans notre pays ?
L'art de gouverner, quand on est élu, c'est donc relativement simple : favoriser au maximum la production dans le pays et permettre aux pauvres d'acheter cette production."
Ce que dit E. est plein de bon sens et était ce qui se faisait durant les 30 glorieuses, et la constitution d'une classe moyenne forte. Mais cela déplaît à l'auteur de ce blog, parce que... c'est moyen. Il préfère comme son mentor Macron la constitution d'une hyper classe de supers riches et d'une nombreuse et proliférante classe de travailleurs pauvres soumise aux caprice des riches et à la deshumanisation à l'oeuvre dans le calcul égoïste de la technique. Calcul qui se fait derrière le dos des hommes "en chair et en os", pour reprendre un terme d'Annah Arendt, émule de Heidegger et cependant juive, comme quoi les deux ne sont pas incompatibles.
Mais reprenons dans le cas de la France, c'est un peu plus compliqué que ce que dit E., qui dit quand même quelque chose plein de bon sens et qui mérite d'être examiné. Il y a aujourd'hui la concurrence des pays dits émergents et qui produisent à très bas coût, cette concurrence à très bas coût rend notre économie non compétitive face à ces pays. Aussi les Allemands s'en sont ils sortis, provisoirement, en mettant en place une politique de l'offre. Le gouvernement Macron essaie de faire ça en France, mais il se heurte aux résistances des corporations, qui ne veulent pas renoncer à leurs privilèges, comme le repos le dimanche, le salaire minimum, la difficulté de licencier... Mais en réalité même la politique de l'offre est une vision à court terme, si les pays émergents n'acceptent pas dans leurs pays une main d'œuvre à plus haut coût avec des droits sociaux et de plus haut salaires. Afin de tirer l'économie mondiale de la crise, non par le bas mais par le haut, avec l'avènement d'une ère mondiale de prospérité, une sorte de trente glorieuses planétaire.
Mais l'auteur de ce blog (pas le mien, le sien) et le gouvernement qu'il soutient n'acceptent pas ça. Emmanuel Mousset parce qu'il est doloriste; il préfère la souffrance au plaisir, comme beaucoup de profs de philo ; deuxième raison, en bon nietzschéen, il déteste ce qui est moyen... il préfère donc la constitution d'une élite de supers riches, au partage des richesses... Pourquoi une telle absurdité ? Parce que lui-même en a bavé pour arriver où il est, et se sent faire partie d'une élite, pour rien au monde il n'accepterait que l'on donne du "tout cuit" à n'importe qui. Par contre si il méprise les moyens, il a beaucoup de compassion pour les damnés de la terre modernes, ceux qui n'ont rien, les migrants ou réfugiés par exemple. Or comme beaucoup d'intellectuels le disent,  les migrants mettent en péril notre modèle de civilisation, c'est un fait. Deuxièmement les migrants constituent une main d'œuvre à bon marché qui peut mener à assez court terme, si on continue de vouloir les accueillir à bras ouverts, la destruction du droit du travail en France, et la destruction la classe moyenne. Là il invite les moyens à se sacrifier pour ceux qui n'ont rien ; par contre il invite l'élite a toujours plus écraser les moyens, parce que "ça a d'la gueule !"
Je ne suis pas d'accord avec Emmanuel, parce que j'ai une vision plus globale que lui, non comme lui dans le réel qu'il pense, alors qu'il s'agit en réalité d'une vision à court terme. Pour faire court, le social réformisme ou tout autre terme que l'on voudra, à la Macron, permettra peut-être à court terme de réduire le chômage en France en réduisant le coût du travail. Mais à long terme si les pays émergents continuent de produire à très bas coût, nous ne parviendrons jamais à rivaliser avec eux. Donc mécaniquement nous continuerons à essayer de réduire le coût du travail en France, avec la constitution d'une nouvelle classe de travailleurs pauvres, la disparition de la classe moyenne, les délocalisations dans les pays où la main d'œuvre est moins chère, et aussi la désindustrialisation du pays, tout cela est déjà bien entamé. De plus logiquement et mécaniquement, c'est l'Allemagne qui a tout misé depuis longtemps sur une politique de l'offre, a réussi à négocier des sacrifices pour la classe des travailleurs allemands, qui acceptent souvent de travailler plus pour gagner moins, préservant ainsi son secteur industriel ; les Allemands ont ainsi réduit leur coût du travail grâce à la négociation, là où les syndicats français mettent des blocages, ceci étant dû certainement à leur héritage lointain et communiste, à leur idéal égalitaire et social, qui se réduit en peau de chagrin. Logiquement et mécaniquement donc, nous ne sommes plus compétitifs avec les Allemands et ne pourront rattraper notre retard, qu'au prix de sacrifices exorbitants pour les travailleurs français, car nous n'avons pas su ou pu réformer à temps comme eux.
Je me situe dans une vision plus globale, en disant qu'il faut tout miser sur l'aide au développement des pays émergents, afin qu'ils augmentent leur coût du travail, par l'augmentation des salaires et l'établissement de droits sociaux, afin de sortir de la crise par le haut et non par le bas. En incitant tous les pays du monde à une politique de la demande, qui pourra aboutir à l'enrichissement de la population mondiale plutôt qu'à son appauvrissement mondial. Car pour l'instant ce sont les pays riches qui s'alignent sur les pays pauvres, avec la destruction du droit du travail, alors que cela devrait être le contraire ; les pays pauvres qui s'alignent sur les pays riches avec la constitution d'un droit du travail. Tout cela est absurde et constitue une régression sociale que dénonce Mélenchon par exemple. On se laisse entraîner vers le bas, alors que l'on pourrait s'en sortir par le haut. C'est comme si un noyé cherchait son salut au fond de la piscine, au lieu de le chercher à la surface de l'eau. Ce que le gouvernement social réformiste français propose, c'est de plonger un peu plus la tête des travailleurs français sous l'eau. Il faudrait une sorte de plan Marshall à l'échelle de la planète, et dénué de ses sous-entendus impérialistes, comme c'était le cas pour le plan Marshall. Disant cela je suis finalement plus réaliste qu'Emmanuel, qui pense à trop court terme, et de façon non globale, à l'échelle de la France et non planétaire.
En fait je pense que cette "gauche" (qui trahit quand même ses idéaux depuis 1983), cherche réellement des solutions, honnêtement, de façon pragmatique, à l'anglo-saxonne, en vertu du principe de réalité, alors qu'il faudrait réintroduire un peu d'idéal, d'utopie. Mais ce gouvernement n' a d'autre choix que de penser à très court terme, en "adulte" et avons nous encore les moyens d'imposer notre vision au monde, alors que le libéralisme d'origine anglaise s'est imposé partout de façon mondialisée ?

Le réformisme à la Macron constitue l'acceptation de notre capitulation face à notre ennemi de toujours, l'Anglais au sens du type que Nietzsche décrit fréquemment pour le critiquer, et non raciste ni stigmatisant, et avec ce terme tout ce que cela constitue d'idéologie libérale conforme à l'éthique du protestantisme, qui a donne l'éthique du capitalisme ; le salut de nos âmes par l'enrichissement matériel personnel et non partagé, "ça a d'la gueule !" comme dirait l'auteur de ce blog, Emmanuel Mousset. De plus l'auteur de ce blog ne reconnaîtra jamais sa défaite dialectique face à moi, car le monde vieux, triste et sans espoir donne raison à des gens comme lui, et il s'accroche comme une moule à son rocher à la petite position de pouvoir que le réel lui a donné ; un prof de philo qui a été à un moment de sa vie, un élu pour le compte des socialistes français.

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