Milton Friedman affirme : « Faire
des profits est l’essence même de la démocratie »...
A vrai dire, les deux choses sont
tellement contraires qu’il n’y a même pas de commentaire possible selon Chomsky...
La finalité de la démocratie,
c’est que les gens puissent décider de leur propre vie et des choix politiques
qui les concernent. La réalisation de profits est une pathologie de nos
sociétés, adossée à des structures particulières. Dans une société décente,
éthique, ce souci du profit serait marginal. Chomsky explique que dans son
département universitaire quelques scientifiques travaillent dur pour gagner
beaucoup d’argent, mais qu'on les considère un peu comme des marginaux, des
gens perturbés, presque des cas pathologiques.
L’esprit qui anime la communauté
académique explique Chomsky, c’est plutôt d’essayer de faire des découvertes, à
la fois par intérêt intellectuel et pour le bien de tous.
D'un autre côté le libéralisme
part bien de la notion de liberté, mais qu'il développe d'une telle façon que
cela a pour conséquence de la nier : aujourd'hui dans l'enrichissement
outrancier d'une infime minorité de la population qui exerce une forme de tyrannie
par l'argent sur le reste de la population. Mais aussi au niveau intime : la
nature humaine est amputée par la logique économique libérale, où les rapports
humains ne sont plus souverains mais conditionnés par des logiques marchandes jusque
dans l'intimité familiale (et je suis particulièrement bien placé pour le
savoir...).
Ce qui était la racine du
libéralisme, à savoir la liberté, dans les développements modernes du
libéralisme aboutit à sa négation. Telle est bien la plus grande critique que
l'on puisse faire de cette doctrine, contradictoire dans le long terme sur le
plan des conséquences avec ses principes : aliénation et désocialisation des
travailleurs. Mais il est vrai que le libéralisme ne se soucie pas du sort des
travailleurs et du peuple, c'est une doctrine élitiste conçue pour servir les
intérêts de la bourgeoisie uniquement, c'est-à-dire des possédants.
De plus par sa propagande, le
système libéral nous conditionne à acquiescer à consentir à son système de
domination, ce que Chomsky appelle « la fabrique du consentement ». Le
libéralisme ne veut pas de citoyens solidaires, mais des citoyens faussement
autonomes, car soumis à une propagande intense et constante, destinée à
susciter du désir pour des biens de consommation dont l'obsolescence est
programmée, et de la mauvaise conscience vis-à-vis de toute contestation
potentielle du système à moins de se couper de tous les réseaux de
communication : c'est ce qu'un documentaire diffusé sur Arte a appelé « La
fabrique du consentement », tiré du titre éponyme d'un livre de Noam Chomsky.
La « fabrique du consentement »
est une expression de l’essayiste américain Walter Lippmann, qui, à partir des
années 1920, mettant en doute la capacité de l’homme ordinaire à se déterminer
avec sagesse, a proposé que les élites savantes (entendez au service des
possédants) « assainissent » l’information avant qu’elle n’atteigne la masse.
Cela entraîne sur chacun sa
propre autocensure, "Big Brother" ne nous surveille pas seulement de
l'extérieur, il est aussi en chacun de nous. La vraie liberté n'est pas dans le
libéralisme qui dans les faits est au fond un système de surveillance et d'autocensure au
profit d'une oligarchie de possédants, mais dans la capacité en chacun de nous
à ne pas s'autocensurer. On appellera force la souveraineté de chacun par
rapport à ce système de domination, on appellera faiblesse, inconscience ou
esprit de collaboration, la soumission au système. Cependant les gens
souverains se situent plutôt du côté des possédants, que des travailleurs et
des exclus du système (chômeurs, malades mentaux...), ils sont souverains et
utilisent leur souveraineté pour asservir le peuple, comme au temps de la
féodalité finalement, rien n'a réellement changé je pense. Il est évident que
le système qui aujourd'hui en France est libéral-libertaire et même pas
conservateur, ni même néo-conservateur, encourage la guerre de tous contre tous
et les luttes intestines, plutôt qu'une union des opprimés afin de renverser le
système. Chassez un système féodal, un autre système féodal se mettra en place,
en utilisant le plus souvent la naïveté insondable et intemporelle du peuple.
Le politiquement correct sert le
plus souvent d'alibi de mauvaise foi pour censurer des gens souverains qui
avaient quelque chose à dire ; et avoir quelque chose à dire qui n'entre pas
dans le consensus ambiant, est susceptible de mettre en danger le pouvoir.
Les dirigeants sont au service
des possédants dans le monde qui est désormais soumis aux règles du libéralisme
par la mondialisation, cela entraîne partout la destruction des équilibres
environnementaux et anthropologiques. La flore, la faune, les tribus primitives,
les peuples colonisés ou génocidés et maintenant l'ensemble des travailleurs
que l'on prive peu à peu à grand renfort de réformes, de leurs droits sociaux,
sont impitoyablement abîmés dans leur intégrité, voire radicalement détruits. Les possédants ou personnes
souveraines au sein de l'oligarchie contemporaine, qui a remplacé un système
féodal par un autre système féodal a trouvé la solution à la question d'une
éventuelle insurrection. Il suffit que les gens ne soient plus reliés entre eux
par aucune religion ou idéologie. Il suffit de faire constamment la promotion
de la liberté et du bien-être pour en réalité aboutir à l'effet parfaitement
contraire : la privation de liberté et le mal-être généralisé au sein de la
société, mais soigné par des psychiatres et des médicaments. Une classe de
nanti est au service des possédants, ce sont les dirigeants politiques, et les
cadres dirigeants de la médecine, de la justice, de la police, de l'ingénierie et même
de l'école de plus en plus... Cette classe de nantis est au service des
possédants, comme les barons étaient au service de leur suzerain, les barons
sont bien plus souverains que le reste de la population besogneuse, ils ont
pris l'habitude de ne pas mordre la main qui les nourrit.
Les possédants semblent avoir
choisi l'option depuis 1983 en France, du libéralisme décomplexé, en en prenant
toujours plus, et en en donnant toujours moins aux travailleurs, par le biais de
réformes sans fins qui abîment les droits sociaux de ces derniers (dont fait
partie le système de retraite). De toute façon le système de contrôle des
populations est tellement bien rôdé que les possédant et leur classe de nantis
(que l'on pourrait aussi appeler leurs chiens de garde) savent bien qu'aucune
révolution n'est possible... de petites émeutes ça et là, oui, mais
contrôlable. Une insurrection généralisée non, car les atomes composant les
populations du monde occidental (populations en voie de mondialisation
générale, c'est-à-dire de nivellement et d'homogénéisation généralisées) ont été
trop longtemps conditionnés à se dresser les uns contre les autres : conflit permanent de tous contre tous bien plus
efficace finalement que les religions pour faire taire le "peuple"
(je préfère parler à la place de peuple, d'atomes composant les populations).
Le "peuple" (cette notion surannée est plus conforme à un ordre historiquement
féodal, où l'on pouvait parler d'âmes pour les éléments composant une
population, il serait plus juste aujourd'hui de remplacer le terme d'âme par
celui d'atome déspiritualisé) a été atomisé par le libéralisme, alors que les
religions étaient dangereuses car elles donnaient au peuple de jadis l'instinct de s'unir
contre le danger, y compris le danger que pouvait représenter le pouvoir : on l'a
vu lorsque des paysans se révoltèrent contre l'aristocratie, puis ensuite
contre l'ordre bourgeois, sous l'influence de prêtres rebelles, peut-être
réellement indignés par l'injustice et pas seulement au service du maintien de
leurs privilèges, qui peut savoir désormais ? Toujours est-il que le pouvoir
actuel a trouvé un moyen bien plus efficace que les religions pour maintenir
l'ordre : c'est la censure et même l'autocensure que chacun exerce au sein de
sa conscience par le biais de la « fabrique du consentement », et dans
cette fabrique les médias jouent un rôle déterminant de contrôle. Tout semble calculé, toute information semble soigneusement
calibrée, et tout fait historique peut être instrumentalisé pour orienter les
atomes composants les populations dans leurs choix (voir l'utilisation qui a
été faite de la Shoah
dans l'entre deux tours de l'élection de Macron). Nous avons bien peu de
libertés et de marge de manœuvre, et les naïfs se laissent tromper par les
principes de liberté à la base de nos Constitutions démocratiques. En réalité
nous nous payons de mots, quand la réalité nous donne constamment la preuve du
contraire : l'aliénation, la désocialisation, l'atomisation,
l'appauvrissement...
Or aujourd'hui le pouvoir met non
seulement en danger l'humanité entière et ses équilibres anthropologiques, mais
aussi le milieu où évolue cette humanité : sa planète avec sa faune et sa flore,
et il y a bien peu de réels contre pouvoirs, c'est-à-dire de contre pouvoirs
réellement souverains, et non pas finalement au service des possédants. Les
journalistes jouent pratiquement le même rôle que jouaient les prêtres pour le
maintien de l'ordre féodal, mais de façon bien plus efficace. La société de
contrôle s'est considérablement modernisée, avec les moyens techniques mis à sa
disposition.
On pourrait aujourd'hui dire que
la finalité de nos démocraties, à l'aide de leurs baronnies, est de contrôler les
atomes qui composent les populations. La société de contrôle a bien
intérêt à attiser toutes les divisions, y compris et surtout la guerre des
sexes entre hommes et femmes, afin d'atomiser les couples, pour qu'ils ne
soient plus souverains mais assujettis à leur tour à la société de contrôle mise en place par les possédants, à l'aide de leurs chiens de garde ou barons,
les nantis, qui sont les dirigeants politiques ou grands cadres dirigeants.
Mine de rien le sexisme au masculin à bon dos.
RépondreSupprimerTout est prétexte à abolir le masculin.
Et ces féministes savent s'en servir... cela curieusement, prend l'allure d'un despotisme pas si bien caché que ça.
Les femmes politiques de droite, elles aussi sont contre toutes "agressions (ne fusse que verbales)" à leur encontre.
Quoi de plus légitime.
Mais, ces femmes politiques de droite, ne prônent l'égalité des sexes que pour leur propre caste sociale, celle de la bonne société... pas pour les autre femmes d'un rang " inférieur " qui font partie de l'immense majorité à laquelle nous appartenons hommes et femmes confondus.
Car ces femmes politiques de droite, adhèrent à ce libéralisme tant décrié par celles qui justement y sont assujetties.
N'y aurait-il pas un leurre quelque part !?
La question en régime libéral est bien celle de la souveraineté ou de l’assujettissement, je ne sais même pas si parler encore en termes de droite ou de gauche a encore un sens, Macron l'a bien compris, il est de gauche et "en même temps" de droite. En France, c'est bien un gouvernement de gauche, qui en 1983 a accompli le tournant libéral sous l'impulsion de Thatcher et Reagan.
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec vous, sauf juste ceci, Macron et avant lui le tournant libéral en 1983... comme si bien dit, c'est du libéralisme.
RépondreSupprimerHommes et femmes politiques faussement de gauche.
Curieusement on continue d'appeler gauche quelque chose qui ne lui ressemble absolument pas.
Trahison politique et médiatique de continuer à parler de socialisme alors que celui-ci ne l'est plus depuis bien trop longtemps.
Je crois que c'est le socialisme qui est à distinguer de la gauche. La gauche est un beau mot qu'il serait dommage de perdre, mais historiquement la gauche républicaine à distinguer de la gauche socialiste, a toujours été du côté des possédants par progressisme. Dans les rangs de la gauche républicaine on a toujours eu des bourgeois progressistes et non pas des bourgeois conservateurs ou réactionnaires comme ceux de droite.Le PS français n'a pratiquement jamais rien eu de socialiste mais il était de gauche républicaine, et depuis 1983 la gauche républicaine s'est convertie au libéralisme par progressisme. De plus la gauche moderne est libérale et libertaire, alors que la droite moderne est libérale mais conservatrice (plus conservatrice que la gauche). Ce que la gauche en France a conservé de mai 68, c'est un aspect libertaire de façade, mais noyé au sein d'un libéralisme profondément enraciné, alors que la droite voudrait rejeter l'héritage de mai 68 : pour moi c'est un faux problème, et le vrai problème comme pour les socialistes authentiques serait de se débarrasser de l'idéologie libérale qui avantage une poignée de possédants. Historiquement c'est un gouvernement de gauche républicaine qui a écrasé l’insurrection de la Commune menée par des insurgés anarcho-socialistes.
RépondreSupprimerOn ne peut mieux dire
RépondreSupprimerPour comprendre le problème il faut peut-être faire la distinction entre dirigeants et possédants, les dirigeants ne sont que des marionnettes aux mains des possédants, ces derniers avancent par tâtonnements et calculs avant tout pour contrôler les populations. Installer un gouvernement de gauche ou de droite, eurosceptique, proeuropéen ou europhobe n'a que peu d'importance en face de l'enjeu crucial : éviter une insurrection généralisée. En mai 68, les possédants avaient sans doute senti le vent du boulet, ils sont prêts à tout pour que cela ne se répète jamais, ils y ont réussi au delà de leurs espérances : le mouvement de mai 68 et ceux similaires dans tout le monde occidental au tournant des années 60/70 a totalement été récupéré par le libéralisme orthodoxe, à travers l'information et la propagande publicitaire. La France et surtout l'Allemagne sont les bons élèves de l'Europe des possédants.
RépondreSupprimerJe partage entièrement votre opinion.
RépondreSupprimerles dirigeants qui sont au service des possédants veulent opposer tout le monde au sein de la société de contrôle, les générations entre elles, mises en concurrence, les hommes et les femmes, les populations anciennement installées avec les nouvellement installées, les salariés du public et ceux du privé... De plus la société de contrôle encourage constamment le nomadisme et l'absence de racines, elle vise à détruire toutes les traditions ancestrales, et donc ce qui constitue pour chacun son intimité : un lieu pour prendre racine et s'épanouir. Le capitalisme ne veut pas des citoyens instruits et épanouis, elle veut des gladiateurs constamment sur la brèche, dont l'ennemi est leur propre voisin, ou leurs collègues de travail avec lesquels ils sont constamment mis en concurrence. Cette compétition ne vise pas l'excellence, mais tout le contraire : l'affaiblissement des travailleurs pour qu'ils ne songent plus à l'idée de s'insurger, mais uniquement à sauver leur peau et celle de leur famille, au jour le jour, sans aucun sentiment de plénitude
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