dimanche 24 juin 2018

Mon « prêche du dimanche »



Le libéral : « Vous êtes en avance sur le prêche du dimanche. Le libéralisme c'est aussi le libre examen, la liberté de la presse, de réunion, de circuler, de s'exprimer, d'exercer son culte et même de critiquer le libéralisme. Passer de la condition de serf à celle de citoyen libre est un progrès, sans la révolution libérale il y aurait encore des maîtres et des serfs en Europe. Parce que pour libérer l'être humain des servitudes féodales c'est pas sur la religion qu'il a fallu compter, elle préférait vendre les indulgences à prix d'or en faisant la critique de l'égoïsme. Votre caricature du libéralisme est à la mesure de vos espérances dans la foi comme projet de société, sans la liberté l'amour n'attirera que les esclaves. Si vous avez le droit aujourd'hui de déclamer contre l'usage de la liberté et du bien-être c'est grâce au libéralisme, la religion n'y est pour rien dans ce progrès. »


« Au temps du communisme, le monde « libre » avait une vitrine de décence commune à exposer, pour faire sa publicité, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Sans nier qu'à l'origine les fondateurs de la doctrine libérale furent sans doute de bonne foi dans leur lutte légitime contre les guerres de religion et les horreurs qu'elles suscitèrent, se proposant de remplacer la croyance et le dogmatisme, par la poursuite de son intérêt propre dans le cadre de relations purement commerciales entre les hommes, ce qu'ils appelaient le « doux commerce ».
Le libéralisme n'est pas le réel, c'est une construction idéologique qui se confond aujourd'hui avec le réel. Quant au réel, c'est-à-dire la perception de la réalité, il y en a autant qu'il y a d'êtres vivants sur Terre, car après tout même une huître a une perception du milieu qui l'entoure. Alors vous me direz, qu'est-ce que le réel ? Le réel n'est rien en dehors de la perception que l'on en a, c'est la définition théorique du réel, son emballage, mais le contenu d'une telle définition aujourd'hui recouvre tous les problèmes posés par la construction idéologique que constitue le libéralisme. C'est pour cela qu'une critique du libéralisme, me paraît plus que jamais nécessaire et pour cela on peut se référer à d'autres paradigmes que le nôtre, comme la religion, qui était aussi une construction idéologique, une vue de l'esprit, qui a entraîné bien des ravages je vous l'accorde... Mais c'est comme pour tout c'est l'abus d'alcool, l'abus de religion, l'abus de communisme, l'abus de libéralisme qui entraîne des dégâts, et aujourd'hui en l'absence d'alternative idéologique, il y a abus de libéralisme, les musulmans réagissent par un abus d'islam, qu'on appelle islamisme.
La perception du réel chez les humains est conditionnée aujourd'hui par l'idéologie libérale, pour vous cela constitue sans doute un progrès porteur d'espoir, chez moi une immense régression anthropologique désespérante, mais comme tout le monde j'essaie de m'adapter plutôt que de périr. Il faut faire avec comme on dit, cela fait désormais partie de notre paysage visible et intérieur. Mais attention ce n'est pas plus votre patrimoine que le mien, c'est notre patrimoine commun, au sein d'une chaîne de causalité bien antérieure à notre naissance à tous les deux. La seule différence est que vous acquiescez peut-être même triomphez (alors que vous n'y êtes pour rien dans ce triomphe actuel de l'idéologie libérale), que vous voyez le verre à moitié plein, alors que j'ai tendance à voir le verre à moitié vide, ce sont nos différences de caractère qui expliquent une appréhension différente du problème posé par le réel...
Objectivement qui a alors raison de nous deux ? Vous parce que cela vous rend plus heureux et plein d'espoir dans l'instant, ou alors moi parce que le futur alors que je ne serai plus là pour le voir, me donnera raison lorsque l'idéologie libérale aura certainement détruit la planète ? Eh bien du point de vue de la santé mentale c'est certainement vous qui avez raison (car l'espoir est bien plus facile à porter que le désespoir), et qui sait si cerise sur le gâteau, notre technologie ne nous sauvera pas par dessus le marché ? Mais un tel espoir constitue à son tour une forme de croyance, qui parfois peut devenir dogmatique.
Maintenant pourquoi certains migrants d'origine musulmane arrivent-ils à trouver leur salut et leur souveraineté dans la doctrine libérale, et d'autres non, et se retournent avec dogmatisme et violence sur leurs propres racines religieuses, là est tout le problème ? Et les réponses apportées par la société libérale ne me paraissent pas satisfaisantes, pour répondre aux attentes de la population musulmane en France.
Personnellement je ne me retourne pas vers les religions ou même le communisme, avec fanatisme, dogmatisme et violence, mais avec une certaine nostalgie, ça oui je le reconnais.
Aujourd'hui il y a abus de libéralisme, c'est en fabriquant un néologisme le « libéralicisme », et certains exposent leurs idées libertariennes comme Jeff Bezos avec ses 140 milliards de dollars de capital, sans aucun décence, ni retenue, ni tabous.
Et ça vous embête parce que toute critique du libéralisme vous embête, en cela le libéralisme en Europe est en passe de devenir un nouveau dogmatisme, sans alternatives crédibles, à cause de gens comme vous « fanatisés » au « bien-être » et à la « liberté », et qui consentez à votre propre asservissement, à moins que vous ne soyez un possédant ou bien un dirigeant et que vous ayez quelque intérêt dans la défense du système. Il arrive un moment où même ces deux derniers mots, liberté et bien-être, n'ont plus de sens quand ils ne sont pas constamment réinterrogés, questionnés, et lorsqu'on les accepte comme une croyance, sans aucune remise en question.
Un des problèmes épineux de la société actuelle, et qui recoupe la question que vous évoquez de la religion, est que beaucoup de musulmans ne veulent pas entendre parler d'une culpabilité liée à la Shoah, à la différence des chrétiens d'origine, même si cette origine commune chez la plupart des Occidentaux s'est diluée dans les sables de l'athéisme et de la laïcité.
On garde toujours une trace d'une héritage qui peut remonter en arrière à plusieurs générations, et que l'on croit entièrement révolu, et cette trace chez la plupart des Européens d'origine chrétienne, c'est la culpabilité. Ce caractère de culpabilité profondément enraciné nous fait par exemple vouloir accueillir toute la misère du monde sans y mettre aucune limite, sans même se poser la question de la responsabilité des guerres et de la famine qui font venir ces réfugiés et migrants en masse, alors qu'il faudrait réfléchir aux moyens d'y mettre fin afin qu'ils souhaitent rester dans leurs pays d'origine.

Encore une fois l'économie libérale et les politiques géostratégiques qui en sont la conséquence, portent un poids énorme dans la responsabilité des flux migratoires incontrôlés. »


3 commentaires:

  1. Vous critiquez le capitalisme de connivence qui dirige nos sociétés aujourd'hui, que tous les penseurs libéraux critiquent également, et vous mettez l'étiquette "libérale" dessus. C'est juste n'importe quoi. C'est tout.
    Tant que vous ne serez pas arrivé à comprendre ce que "libéral" ou "libéralisme" veulent dire, ce n'est pas la peine de continuer.
    Par ailleurs, je suis d'accord que les excès ne sont pas bons (en religion, en communisme, etc). Seulement, en ce qui concerne le communisme, il n'a pas pu fonctionner autrement que par l'excès, c'est un fait. Vouloir relativiser des réalités historiques n'est pas acceptable.

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    1. Le libéralisme s'est plutôt construit au départ en réaction aux guerres de religions fratricides entre catholiques et protestants. Les Lumières revêtent bien des aspects complexes, variés, divers, multiples parfois en contradiction les uns avec les autres, ce n'est pas un mouvement monolithique se proposant de promouvoir seulement la liberté et le bien-être : des polémiques mais de la tolérance aussi et un goût pour l'égalité ainsi que la critique de la propriété privée. Aspects pluralistes qui se sont caricaturalement simplifiés dans ce qui constitue aujourd'hui la construction idéologique libérale, et qui au bout de la caricature contemporaine qu'elle a fini par constituer elle-même, se trouve le libertarianisme, une doctrine qui promeut comme seul droit fondamental, le droit inaliénable à la propriété privée et l'Etat régalien voire policier qui va avec pour défendre cet unique « droit fondamental », tout le reste pouvant être soumis aux dérégulations les plus sauvages.
      Le droit à la Liberté et à l'égalité, ainsi qu'à la fraternité viennent des Lumières. La caricature contemporaine libérale qui s'axe exclusivement sur le droit à la propriété privée, et que j'appelle moi "libéralisme" (alors que le vrai libéralisme est bien plus complexe à l'origine je vous l'accorde), n'est au départ qu'un courant de pensée parmi d'autres plus divers et plus riches, ce courant de pensée assez pauvre trouve un de ses fondateurs en la personne d'Adam Smith.
      Je ne relativise rien puisque selon moi, l'explication rationnelle des choses qu'elle soit exacte ou falsifiée dans le cas sans doute des idées poutiniennes, ne saurait constituer une justification morale à ce qui est injustifiable, inexcusable. À un moment devant l'horreur, comme celle de la Shoah ou d'autres moins médiatisées, il faut rompre avec l'explication logique et laisser place au devoir moral, l'exlication logique est toujours un relativisme et le devoir moral un absolu.. Or le devoir moral nous enjoint en toute liberté de conscience (c'est-à-dire sans influence extérieure, c'est-à-dire sans propagande), de faire un choix entre le bien et le mal.

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    2. (suite du commentaire précédent)
      Ce n'est plus une question logique d'avoir raison ou d'avoir tort, c'est une question morale de choix entre le bien et le mal. Mais quid de la morale en société libérale, la seule que je connaisse au fond, et qui utilise constamment l'instrument de la propagande la plus outrancière ?
      Je "milite" même pour la réintroduction d'une certaine forme de sacré, ce qui a réussi en France en tout cas pour la Shoah qui constitue une forme de tabou auquel on ne doit pas toucher et c'est très bien ainsi, et malgré cependant l'obstination d'une partie de la population musulmane, et de l'extrême-droite vraiment radicale et incurable (puisque même Marine Le Pen n'a aucune volonté de négationnisme à ce sujet), à nier l'évidence de ce fait historique.
      Pour autant, même sans alternative finalement crédible, je ne souscrit pas à l'idéologie libérale, je m'y adapte c'est tout. Je fais mon devoir de citoyen sans adhérer ni souscrire à cette doctrine délétère, et j'estime même qu'avant de faire constamment des leçons à Poutine et autres "dictateurs" que l'on compare sans modération à Hitler, on devrait regarder la poutre dans notre œil.
      Je déteste me laisser enfermer dans un dogme, ce qu'est pourtant devenu le libéralisme de nos jours, et je dis bien "de nos jours", car au départ ce fut un mouvement d'émancipation vis-à-vis de la religion. C'est bien joli de toujours critiquer et démonter le régime de Poutine ou autres petits "dictateurs" que l'on compare à Hitler. La Russie présentée en Occident comme un genre d'Empire du mal, mais pour cela il faudrait établir selon moi son propre examen de conscience. Or nos régimes occidentaux aussi reposent sur une forme de propagande, ne permettant pas cet examen de conscience, on pourrait dire qu'ils constituent un "Empire du moindre mal", mais ce n'est pas satisfaisant pour ma conscience : l'accepter c'est précisemment faire preuve de relativisme, c'est pire ailleurs donc nous c'est bien en guise de justification morale.

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