mardi 7 juin 2011

DSK est-il un barbare?

DSK est-il un barbare ?

La notion de barbarie possède un vieux fond de paganisme. La barbarie correspond en réalité à un trop plein de vitalité. Au départ le christianisme s’est avérée une religion utile pour « civiliser » les polythéismes.

Or aujourd’hui la barbarie n’est plus à chercher dans les vieilles coutumes païennes, ces dernière sont à l’agonie, la campagne est un désert. Alors le monothéisme a-t-il vaincu la barbarie? Est-on content que la culture païenne disparaisse dans les campagnes ? Enfin le christianisme a accompli son projet initial grâce à l’école républicaine : faire disparaître les anciens dieux barbares.
Et voici que ressurgit un nouveau type de barbarie, celle à l’œuvre dans la volonté propre que dégage la technique et qui permet aux plus fauves d’entre nous d’assouvir les pulsions les plus barbares, les instincts les plus forts que l’on trouvait jadis à épancher dans les coutumes barbares.

A l’échelle d’une civilisation moderne, la barbarie utilise la technique. Hiroshima et Nagasaki ainsi que le bombardement des villes allemandes par les alliés durant la seconde guerre mondiale sont des exemples de barbarie. Les camps de concentration et plus encore ceux d’extermination mis en œuvre par les Allemands sont le symbole de la barbarie. Où la technologie la plus pointue se met au service du meurtre de masse.
Ici la fin justifiait les moyens puisqu’il s’agissait d’un combat du bien contre le mal, de la démocratie contre les barbaries allemandes italiennes et japonaises. L’usage de la barbarie (meurtres de masse : Hiroshima, Nagasaki, bombardement systématique des populations civiles en Allemagne) était nécessaire pour combattre une barbarie plus grande encore, celle des régimes totalitaires nazis et fascistes de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon.

Comment pourrions-nous aujourd’hui définir la barbarie dans notre quotidien, y a-t-il des cas de crimes où la fin justifie les moyens ? Je pense évidemment un peu aux cas de Polanski et de DSK, où l’on essaie de nier l’évidence du crime ou tout au moins de les minimiser en considération de l’œuvre de l’accusé. Evidemment Polanski et DSK ont des œuvres considérables et admirables, est ce pour autant que l’on doit les exonérer des leur(s) crime(s)?

Pour ma part je pense que malgré toute son œuvre, DSK est un barbare si il a commis un crime barbare à savoir si il a violé une femme de chambre; et il n’en est pas un si la femme de chambre a librement consenti à un rapport sexuel. Peut-on dire qu’un tel crime barbare commis ou non par DSK est un moyen justifiée par une fin : la victoire de la démocratie ? Le destin de la France ? Même si personne ne le dit, je crois que ces arrières pensées trottent dans la tête de certains, et qu’ils voudraient bien voir DSK disculpé au nom de cette cause supérieure qu’est le destin de la France. Mais ils prennent leurs désirs pour des réalités. La noblesse des causes que DSK défend ne l’innocente en rien du crime barbare qu’il a commis, s’il l’a commis.

Peut-être plaide-t- il non coupable au sens où il pense inconsciemment qu’une cause supérieure comme la victoire de la démocratie ou le destin de la France, l’immuniserait contre tout crime, « le droit de cuissage sur une soubrette » dont parlait Jean-François Kahn ?

Maintenant saura-t-on jamais s’il est coupable ou innocent ? Les adeptes de la vérité cachée et de la théorie du complot (« on nous cache tout on nous dit rien »), vont pencher pour une manipulation : soit orchestrée contre DSK par ses ennemis politiques ; soit en faveur de DSK où finalement il sera innocenté non parce qu’il est innocent mais parce qu’il est riche et qu’il peut se payer les meilleurs avocats. D’autres pensent que de tout jugement jailli la vérité. Pour ma part je suis plus sceptique (mon scepticisme sur la justice en général m’a toujours fait éclater de rire sur une formule comme « laissons la justice faire son travail ») : la justice américaine a l’air de ressembler à une partie d’échec ou l’attaque et la défense se livrent une lutte serrée, et où finalement la culpabilité réelle ou non de l’accusé semble compter assez peu.
Je pense qu’on ne lèvera jamais complètement le voile sur cette affaire. Seuls DSK et la femme de chambre sauront réellement en leur âme et conscience si DSK est un barbare ou non ?

1 commentaire:

  1. belle démonstration ! très bien écrit ! cela laisse à méditer !

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