Je pense que la crise est bien plus grave que je ne le
pensais, crise morale de l'ensemble de la société. Je crois que la classe
moyenne est très fragile narcissiquement et a besoin du travail pour renforcer
l'estime de soi. Effectivement hormis le travail les gens n'ont plus de valeurs
à quoi se raccrocher, comme l'amour, la bonté, la tolérance, tout ça c'est
fini. Ne reste que la perversion. Sans le travail les gens sentent qu'ils
n'existent plus. ils n'existent qu'au travers du travail, aussi se forment de
nouveaux phénomènes de groupes très soudés, qui rejettent très violemment ceux
qu'ils estiment être les "autres". Donc ils mobilisent tout ce qu'il
y a en eux d'énergie dans le travail, on pourrait parler de travail nihiliste,
car sans aucun projet de vie, ni projet de société, les gens sont perdus en
dehors du travail, et surtout ils rejettent ceux qui osent remettre en question
l'aspect "sacré" de leur cohésion de groupe dans le travail. Le burn
out apparaît chez ceux qui sont mis à l'écart, au placard comme on dit, pour
une raison x ou y, qui font un travail absurde dénué de toute finalité et
impropre à renforcer l'estime de soi. En même temps la culture est
déconsidérée, le langage est déconsidéré. On attaque ceux qui croient qu'il y a
encore des valeurs en dehors du travail, car en l'absence d'idéologie ou de
religion, la cohésion du groupe se fait par le travail, donc ce dernier est
sacralisé. Ceux qui n'adhèrent pas à cette vision sont les nouveaux
parias.
Je pense aussi qu'au travail, on peut faire preuve de
générosité et de bienveillance, surtout quand on est enseignant. Le travail
n'est pas incompatible avec notamment la tolérance, la générosité et la
bienveillance. Sinon alors effectivement "Arbeit macht frei" ou
"le travail rend libre", et nous nous retrouvons dans un vaste camp
d’Auschwitz à l'échelle mondiale et planétaire, c'est un peu ce qui est en
train de se constituer avec ce que certains appelle "l'horreur
économique", c'est aussi ce que mon intuition subodore dans l'air du temps.
Quand j'ai été dans des groupes, intégré dans une
communauté, justement ça m'est arrivé, je ne supportais pas la cruauté que l'on
faisait subir aux gens en dehors du groupe, je trouvais que c'était injuste et
un comportement tribal, c'est pour cela que j'ai fait le choix d'ouvrir un
blog et de me situer en dehors. C'est un choix éthique et peu pragmatique, j'en
ai conscience. Mais je ne méprise personne, je n'ai d'arrogance envers personne
et je ne suis pas un donneur de leçon. Libre à chacun de faire ce qu'il veut en
son âme et conscience. Pour ce qui est de mon histoire personnelle, qui
pourrait expliquer mon comportement actuel, ce n'est pas de ma faute, c'est le
destin ou plutôt mon caractère : Oui j'ai connu l'exclusion petit, mes parents
m'ont mis dans une école absurde, post-soixante huitarde, où il n'y avait
aucune autorité, où l'on traitait les enfants en sujets libres et autonomes, en
réalité c'était la loi de la jungle, il n'y avait aucun adulte référent. Comment
faire alors, existentiellement, avec un père pervers narcissique, une mère
abandonnante, et une école défaillante quand j'étais petit ?
J'ai un ami qui est différent, mais il a la force qui lui
permet d'assumer cette différence, en connaissant en plus à peu près tout sur
tout, et sans aucune faille d'un point de vue comportemental, qui fait qu'il
est insensible à la perversion qui s'insinue dans les failles. Comme il le dit
lui-même, il ne "comprend pas le mal", donc il met la barre du mal
très haute, c'est-à-dire à Auschwitz, ou au goulag, et nulle part ailleurs,
dans la vie quotidienne par exemple, donc il ne fait preuve d'aucun
catastrophisme. Je vais pas pleurer sur mon sort, mais malheureusement une
personnalité plus fragile n'a souvent pas les capacités d'un état de fait :
"être différent".
Je n'avais pas trop aimé ce livre et son titre : "L'horreur économique". Au siècle précédent, s'il y avait une "horreur", elle était totalitaire, pas "économique".
RépondreSupprimerSur la page « la main » du site du Musée du Compagnonnage de Tours.
RépondreSupprimer« Gloire au Travail, Mépris à la Paresse, Le Travail et l'Honneur, voilà notre richesse". Telle était la sentence inscrite sur les diplômes des compagnons charpentiers au XIXe siècle. Elle a conservé sa valeur aujourd'hui, car les compagnons savent que l'exercice de leur métier, le savoir, l'effort, le travail, la main et l'outil servent autant à édifier des monuments et des
chefs-d’œuvre qu'à construire des hommes. »
… construire des hommes
Le libéralisme économique … construit des consommateurs et ne cherche pas à construire des humains il s’emploie à rendre acceptable l'idée que certains ne travaillant jamais seront à vie réduit à vivre d'un revenu de subsistance tant que ce dernier ne mette pas en péril les gains des actionnaires des multinationales et les parachutes dorés des dégraisseurs d'entreprise.