Il n' y a qu'à la télévision et
tout particulièrement dans les messages publicitaires, qu'on nous parle sur le
ton du sourire de la joie et du bonheur. Cette joie, ce bonheur, ce sourire du
monde, ne sortent pas du néant, ils ont existé. Au jeune Max je répondrais sur
le " progrès "qu'effectivement, cette joie, ce bonheur de vivre ont
existé, mais n'existent plus dans la société réelle, dans ces conditions quel
est le sens du progrès ? En réalité c'était toujours mieux avant, je le pense
sincèrement, du temps des Grecs mieux que du temps des aristocrates, et du
temps des aristocrates, mieux que du temps des bourgeois. Quel est le sens du
progrès ? Vivre plus longtemps une morne et triste vie, où seule la
consommation compte, et recèle la valeur d'un bonheur que le consommateur ne
parviendra jamais à trouver dans son objet acheté, à peine le contentement
d'une frustration créée elle-même par la modernité. Moi quand je vois le
bombardement publicitaire, j'ai même un peu pitié de la bourgeoisie, les "
pauvres " (en morale), où en sont-ils arrivés pour faire du profit ! N'ont-ils
aucun respect, même pas d'eux-mêmes ?
Sinon, si l'on n'a pas réussi à
faire "son trou" - " trou " que personnellement je pense
avoir réussi à faire - on est plutôt soumis à la malveillance, la cruauté et la
perversion des rapports sociaux. Dans ces rapports je ne nie pas que la classe
opprimée (environ 95 % de la population, selon certains intellectuels que
j'avais lu, peut-être Deleuze dans Critique et clinique), soit
envieuse, frustrée, méprisante, féroce même parfois, dans une rivalité
mimétique et un jeu de miroir avec l'oligarchie qui la gouverne : la classe
moyenne n'est qu'à l'image, en plus petit , en plus mesquin - c'est pour cela
qu'E.M la méprise - de l'oligarchie qui la gouverne et lui sert de modèle,
comme autrefois et jusqu'à peu, l'aristocratie servait de modèle et de
repoussoir à la bourgeoisie. Mais la véritable férocité est quand même du côté
de l'oligarchie, qui nous trompe, nous enfume, nous divise, nous abrutit, bref
nous manipule, et la bourgeoisie n'a pas ce style qu'avait l'aristocratie, elle
n'a pas de classe. Elle ne pense effectivement qu'à forniquer, chez tous les
hommes de pouvoir ou d'argent. Comme sans doute les aristocrates, mais ces
derniers avaient un supplément d'âme par rapport aux bourgeois, les
aristocrates ne se vendaient pas, ils avaient le sens de l'honneur, ce qui
n'est pas le cas des bourgeois qui ont un esprit purement mercantile et
seraient prêts à vendre leur âme, pourvu que cela rapporte. L'art n'est qu'une
survivance d'un monde aristocratique où la notion de gratuité existait, l'art
va-t-il disparaître ? Houellebecq dans son dernier roman prédit la disparition
de la littérature, et il n'est pas le seul.
Je crains aussi que l'Islam ne
soit instrumentalisé par l'oligarchie (ceux qui ont plus que le nécessaire
pour vivre, c'est-à-dire ceux qui peuvent vivre dans le superflu), qu'elle a
tout intérêt à ce que des musulmans radicaux sèment le trouble : à l'échelle
mondiale, cela permet une déstabilisation du monde, donc que l'on se détourne
du vrai ennemi (l'oligarchie mondialisée et cosmopolite). A l'échelle de la
France, les musulmans servent de " lumpenprolétariat ", corvéable,
utilisable, peu politisé, que l'on peut retourner contre les classes moyennes
qui seraient susceptibles de se révolter, qui seraient susceptible de prendre
conscience de leur aliénation ou même crime suprême pour la bourgeoisie :
demander des augmentations de salaire, " non mais ça va pas ! ".
Max : " Ne croyez pas que je suis d'un optimisme béat.. Je n'ai
jamais dit que notre société est le monde de la joie et de la bonne humeur,
mais que ce serait pire avec vos idées. Il ne vous est jamais venu à l'esprit
que certains "bourgeois" n'étaient pas nés dans cette classe sociale
mais avaient réussi, grâce à leurs efforts et à leurs talents? Vous semblez
leur nier tout mérite. Personnellement je crois qu'ils sont des modèles, et la
preuve que notre système n'est pas tout à fait pourri.
Plus provocant: si les publicités sont notoirement connes, ne serait-ce pas
parce que les classes populaires le sont?
Enfin, pour votre développement sur la perversion sexuelle des bourgeois, elle
est généralisée. On retrouve cette obsession pour le sexe, alliée à un manque
extraordinaire de pudeur, dans toute la société. C'est un effet de mai 68: la
chute morale de notre civilisation, prélude à sa chute tout court. "
Moi : " Je ne nie pas Max la nécessité
d'une fédération des peuples, unis sous un même bannière supra nationale,
européenne ou mieux mondiale. Mais pour la fédération mondiale, une psychologue
m'a répondu qu'on ne se construit qu'au regard d'une altérité extérieure. Il faudrait
donc une invasion extra-terrestre providentielle, pour que l'humanité se fédère
mondialement, ou peut-être la providence d'une catastrophe mondiale imminente, bizarrement.
En attendant on peut essayer de construire une Europe fédératrices des
différents peuples d'Europe, dans l'intérêt du plus grand nombre, et non d'une
" élite "," oligarchie ", "système ", appelez-le
comme vous voulez. Reste qu'on ne peut pas faire la guerre aux Américains pour
se construire, d'abord parce qu'on se prendrait une sacrée dérouillée, ensuite
parce que nous avons avec eux bien des points communs, puisqu'ils sont en
grande partie les héritiers d'idées qui viennent d'Europe, et descendants de
peuples européens et d'esclaves noirs. Les Amérindiens ayant été pratiquement
tous exterminés, pour que les Américains construisent à partir de cette
altérité qu'ils estimaient hostile, leur identité américaine, "melting
pot" de tous les peuples d'Europe. Et d'autre part que l'on ne peut même
pas se construire au regard de l'altérité que constituerait l'oligarchie, car
ce serait une construction au détriment d'un bouc émissaire, qui rappellerait
les pires heures du nazisme. C'était bien simple pour les révolutionnaires
français de se construire une identité politique au regard de l'altérité que
constituaient les aristocrates, puisque ce derniers se réclamaient descendants
des Francs, quand ils méprisaient le reste du peuple en raison de ses soi-disant
origines gauloises. C'est paradoxalement la dichotomie établie par les
aristocrates eux-mêmes, et qui était plus fantasmée que réelle, qui a permis
leur massacre par la guillotine. On se construit toujours "contre".
Le renouveau d'un nationalisme français, se construit "contre" les musulmans.
Bon je n'aime pas les riches, pour des raisons personnelles, qui tiennent
certainement à ma psychologie, ma " problématique ", plus que sur des
faits objectifs avérés, je le reconnais, alors que vous semblez leur attribuer
un mérite, là réside toute notre différence. "
D'accord avec les constats mais pas avec le c'était mieux avant, c'était mieux avant les mômes dans les mines ? C'était mieux avant pour le tiers état ? Certaines choses étaient peut être mieux avant mais on ne peut pas en tirer une généralité...
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