mardi 24 mai 2016

Le nouveau lumpenprolétariat

Il n' y a qu'à la télévision et tout particulièrement dans les messages publicitaires, qu'on nous parle sur le ton du sourire de la joie et du bonheur. Cette joie, ce bonheur, ce sourire du monde, ne sortent pas du néant, ils ont existé. Au jeune Max je répondrais sur le " progrès "qu'effectivement, cette joie, ce bonheur de vivre ont existé, mais n'existent plus dans la société réelle, dans ces conditions quel est le sens du progrès ? En réalité c'était toujours mieux avant, je le pense sincèrement, du temps des Grecs mieux que du temps des aristocrates, et du temps des aristocrates, mieux que du temps des bourgeois. Quel est le sens du progrès ? Vivre plus longtemps une morne et triste vie, où seule la consommation compte, et recèle la valeur d'un bonheur que le consommateur ne parviendra jamais à trouver dans son objet acheté, à peine le contentement d'une frustration créée elle-même par la modernité. Moi quand je vois le bombardement publicitaire, j'ai même un peu pitié de la bourgeoisie, les " pauvres " (en morale), où en sont-ils arrivés pour faire du profit ! N'ont-ils aucun respect, même pas d'eux-mêmes ?
Sinon, si l'on n'a pas réussi à faire "son trou" - " trou " que personnellement je pense avoir réussi à faire - on est plutôt soumis à la malveillance, la cruauté et la perversion des rapports sociaux. Dans ces rapports je ne nie pas que la classe opprimée (environ 95 % de la population, selon certains intellectuels que j'avais lu, peut-être Deleuze dans Critique et clinique), soit envieuse, frustrée, méprisante, féroce même parfois, dans une rivalité mimétique et un jeu de miroir avec l'oligarchie qui la gouverne : la classe moyenne n'est qu'à l'image, en plus petit , en plus mesquin - c'est pour cela qu'E.M la méprise - de l'oligarchie qui la gouverne et lui sert de modèle, comme autrefois et jusqu'à peu, l'aristocratie servait de modèle et de repoussoir à la bourgeoisie. Mais la véritable férocité est quand même du côté de l'oligarchie, qui nous trompe, nous enfume, nous divise, nous abrutit, bref nous manipule, et la bourgeoisie n'a pas ce style qu'avait l'aristocratie, elle n'a pas de classe. Elle ne pense effectivement qu'à forniquer, chez tous les hommes de pouvoir ou d'argent. Comme sans doute les aristocrates, mais ces derniers avaient un supplément d'âme par rapport aux bourgeois, les aristocrates ne se vendaient pas, ils avaient le sens de l'honneur, ce qui n'est pas le cas des bourgeois qui ont un esprit purement mercantile et seraient prêts à vendre leur âme, pourvu que cela rapporte. L'art n'est qu'une survivance d'un monde aristocratique où la notion de gratuité existait, l'art va-t-il disparaître ? Houellebecq dans son dernier roman prédit la disparition de la littérature, et il n'est pas le seul.
Je crains aussi que l'Islam ne soit instrumentalisé par l'oligarchie (ceux qui ont plus que le nécessaire pour vivre, c'est-à-dire ceux qui peuvent vivre dans le superflu), qu'elle a tout intérêt à ce que des musulmans radicaux sèment le trouble : à l'échelle mondiale, cela permet une déstabilisation du monde, donc que l'on se détourne du vrai ennemi (l'oligarchie mondialisée et cosmopolite). A l'échelle de la France, les musulmans servent de " lumpenprolétariat ", corvéable, utilisable, peu politisé, que l'on peut retourner contre les classes moyennes qui seraient susceptibles de se révolter, qui seraient susceptible de prendre conscience de leur aliénation ou même crime suprême pour la bourgeoisie : demander des augmentations de salaire, " non mais ça va pas ! ".


Max : " Ne croyez pas que je suis d'un optimisme béat.. Je n'ai jamais dit que notre société est le monde de la joie et de la bonne humeur, mais que ce serait pire avec vos idées. Il ne vous est jamais venu à l'esprit que certains "bourgeois" n'étaient pas nés dans cette classe sociale mais avaient réussi, grâce à leurs efforts et à leurs talents? Vous semblez leur nier tout mérite. Personnellement je crois qu'ils sont des modèles, et la preuve que notre système n'est pas tout à fait pourri.
Plus provocant: si les publicités sont notoirement connes, ne serait-ce pas parce que les classes populaires le sont?
Enfin, pour votre développement sur la perversion sexuelle des bourgeois, elle est généralisée. On retrouve cette obsession pour le sexe, alliée à un manque extraordinaire de pudeur, dans toute la société. C'est un effet de mai 68: la chute morale de notre civilisation, prélude à sa chute tout court. "

Moi : " Je ne nie pas Max la nécessité d'une fédération des peuples, unis sous un même bannière supra nationale, européenne ou mieux mondiale. Mais pour la fédération mondiale, une psychologue m'a répondu qu'on ne se construit qu'au regard d'une altérité extérieure. Il faudrait donc une invasion extra-terrestre providentielle, pour que l'humanité se fédère mondialement, ou peut-être la providence d'une catastrophe mondiale imminente, bizarrement. En attendant on peut essayer de construire une Europe fédératrices des différents peuples d'Europe, dans l'intérêt du plus grand nombre, et non d'une " élite "," oligarchie ", "système ", appelez-le comme vous voulez. Reste qu'on ne peut pas faire la guerre aux Américains pour se construire, d'abord parce qu'on se prendrait une sacrée dérouillée, ensuite parce que nous avons avec eux bien des points communs, puisqu'ils sont en grande partie les héritiers d'idées qui viennent d'Europe, et descendants de peuples européens et d'esclaves noirs. Les Amérindiens ayant été pratiquement tous exterminés, pour que les Américains construisent à partir de cette altérité qu'ils estimaient hostile, leur identité américaine, "melting pot" de tous les peuples d'Europe. Et d'autre part que l'on ne peut même pas se construire au regard de l'altérité que constituerait l'oligarchie, car ce serait une construction au détriment d'un bouc émissaire, qui rappellerait les pires heures du nazisme. C'était bien simple pour les révolutionnaires français de se construire une identité politique au regard de l'altérité que constituaient les aristocrates, puisque ce derniers se réclamaient descendants des Francs, quand ils méprisaient le reste du peuple en raison de ses soi-disant origines gauloises. C'est paradoxalement la dichotomie établie par les aristocrates eux-mêmes, et qui était plus fantasmée que réelle, qui a permis leur massacre par la guillotine. On se construit toujours "contre". Le renouveau d'un nationalisme français, se construit "contre" les musulmans. Bon je n'aime pas les riches, pour des raisons personnelles, qui tiennent certainement à ma psychologie, ma " problématique ", plus que sur des faits objectifs avérés, je le reconnais, alors que vous semblez leur attribuer un mérite, là réside toute notre différence. "

1 commentaire:

  1. D'accord avec les constats mais pas avec le c'était mieux avant, c'était mieux avant les mômes dans les mines ? C'était mieux avant pour le tiers état ? Certaines choses étaient peut être mieux avant mais on ne peut pas en tirer une généralité...

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