samedi 28 mai 2016

Paul Jorion nous met en garde

" Nous sommes devenus hypersensibles, la moindre brutalité nous révulse " : En 1947, on sortait tout juste de la deuxième guerre mondiale, le pays était exsangue, mal ravitaillé, beaucoup de villes détruites étaient à reconstruire, les médias quasi absents. Que pouvait faire 10 voire 100 morts voire 1000 de plus, de toute façon personne ne l'a su et ne le sait toujours pas, et cet événement est tombé dans les poubelles de l'Histoire. Aujourd'hui le moindre dérapage d'un côté comme de l'autre, fait immédiatement au moins le tour de l'hexagone, filmé par des dizaines de témoins grâce à leurs Smartphones. Et puis l'hypersensibilisation à la violence est le fait de notre éducation, dont tu participes très activement en tant que prof de philo : sensibilisation à la Shoah, aux autres génocides, à la traite des noirs, au génocides des Amérindiens etc. D'ailleurs mieux vaudrait que notre système éducatif forme des Gandhis, plutôt que de futurs Hitler ! Donc félicitons nous que la moindre brutalité nous révulse, plutôt que de le déplorer, comme cela semble être le cas du très brutal Mousset.
Cependant les massacres continuent de plus belle et exponentiellement dans énormément de pays pauvres déstabilisés par le jeu de l'oligarchie : mondialisation, manipulation, exploitation des ressources naturelles en échange de pas grand chose, corruption, chantages etc.
Cependant on peut faire l'analogie avec 1947, car il est vrai que le PS est très peu courageux face aux décisions de Bruxelles, et qu'il se montre tout à fait servile d'une manière générale et ne remet absolument pas en question l'oligarchie de quelques uns à l'échelle mondiale, qui fixent les règles du jeu. Dont notamment l'enrichissement personnel sans limite au détriment de toute morale et de toute redistribution. Pendant ce temps la planète se meurt, les pauvres n'en finissent pas de s'appauvrir, les innovations technologique ne créent plus d'emplois mais en détruisent toujours plus, car ils sont remplacés par des machines. Le système est à bout de souffle, peu ont le courage de le remettre en question, c'est pourtant une nécessité, un impératif catégorique, sous peine ni plus ni moins d'extinction de l'espèce humaine selon Paul Jorion.

11 commentaires:

  1. Emmanuel Mousset28 mai 2016 à 12:48

    Sur la perception de la brutalité, ce n'est qu'un constat, pas une préférence. Je me réjouis que la violence diminue considérablement, mais je déplore que sa perception soit devenue tellement sensible que beaucoup de gens ont le sentiment certain, et pourtant faux, que la violence augmente. A la météo, c'est ce qu'on appelle curieusement la différence entre les températures réelles et les températures ressenties. Ce que je crains, c'est que notre société soit de plus en plus dans le "ressenti" et de moins en moins dans le "réel".

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  2. Pour l'hypersensibilité je suis d'accord avec M. Mousset. Au moindre événement tout le monde dit "c'est horrible, c'est catastrophique..." Avec en plus un effet pervers sur notre langue: la perte de sens de plein de mots, utilisés à tort et à travers.

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  3. Ton argument tombe à l'eau, la violence ressentie est réelle dans le monde du travail. Mais comme le disent tant de commentaires sur ton blog, tu es effectivement un privilégié, fonctionnaire et prof de philo, protégé par ton statut de toute procédure de licenciement. La société réelle est perverse dans le monde du travail, perversion pas seulement ressentie, et la loi El Khomri ne ferait que rendre encore plus pervers ce monde là, en facilitant les procédures de licenciement. Lorsque la prochaine crise interviendra, les Français mieux protégés par le droit du travail souffriront moins que les Anglais et les Allemands, qui licencieront à tout va, en prétextant : " c'est pas notre faute, c'est la faute à la crise. " Si tu souhaites un monde de la précarité généralisée pour les salariés, les travailleurs, et de l'enrichissement immoral pour les actionnaires et dirigeants, ce n'est pas mon cas, et je m'oppose à cette " réalité ", car je ne suis pas un " collabo ".

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  4. Emmanuel Mousset28 mai 2016 à 17:12

    Erwan, es-tu capable de surmonter ta propre médiocrité, qui consiste à ramener toute opinion à la situation personnelle, professionnelle et sociale de ceux qui émettent une opinion ? Outre la vulgarité du procédé, c'est une disqualification des idées, un rabaissement de l'esprit. Ceci dit en toute amitié, et pour ton bien.

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  5. Que veux-tu je suis matérialiste comme Marx, et pense que nos conditions d'existence socio-économiques, donc notre profession en très grande partie, déterminent totalement notre conscience et non le contraire. Ceci dit je tombe par là même, en te faisant cette critique, dans le comportement grégaire de beaucoup de commentateurs de ton blog, si nombreux à te donner ce coup " sous la ceinture ", en cela oui, je dois le reconnaître, je fais preuve de vulgarité. Mais selon un pur matérialisme, les " idées " et " l'esprit " sont déterminés par nos conditions d'existence et non l'inverse, sans oublier la psychanalyse qui met l'accent sur la surdétermination de notre enfance dans la constitution de notre psyché, idée à laquelle je souscris totalement, surdétermination de l'enfance, puis détermination par notre profession. Ce que tu attribues à tort à ton mérite ou ton "esprit", est un effet en réalité une de tes multiples déterminations, dont fait partie la " fidélité " ; or " il n'y a que les sots qui ne changent pas d'avis ". Matérialisme contre idéalisme. On a vu ce qu'a donné l'idéalisme allemand au fond : le nazisme, et les Allemands sont devenus matérialistes depuis 1945, par critique de leur fanatisme idéaliste. Et Onfray ne dit-il pas que le sadisme (la mise en œuvre dans le réel des fantasmes de Sade), est le chaînon manquant entre Kant et le nazisme, discréditant par là même toute la pensée kantienne et son irréalisme, en ce qu'elle nie le matérialisme : les conditions d'existence toujours antérieures à la conscience.

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  6. Une opinion émane de l'être dans sa totalité :
    à sa situation personnelle, professionnelle et sociale
    Je suis , il en est, vous en êtes un exemple

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  7. Emmanuel Mousset28 mai 2016 à 17:22

    Je refuse de réduire l'être d'une personne à son rang social. Chez Erwan comme chez beaucoup d'autres, il n'y a pas "totalité", mais "restriction" de l'humanité, motivée probablement par le ressentiment.

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  8. Malheureusement je ne crois pas trop, moi non plus, au " grand soir ". Chacun cherche avant tout à sauver sa peau. C'est aussi pour cela que le capitalisme cherche à rendre toujours plus dures les conditions de travail, c'est aussi pour diviser les peuples occidentaux, les mettre en concurrence les uns avec les autres : "diviser pour mieux régner " dit-on. Quand on a atteint une position de confort bourgeois, comme prof de philo, profession valorisée par la bourgeoisie, même si cette dernière est de plus en plus inculte, on échappe à cette mise en concurrence. La bourgeoisie qui te nourrit et dont à l'origine tu ne fais pas partie, t'a en réalité apprivoisé. Tu attribues à tort ta reconnaissance et ta fidélité, à une preuve de la force de ton esprit. L'accueil des migrants fait partie de la même logique capitaliste de division, et de mise en concurrence (mise en concurrence des mémoires par exemple). Le danger pour le capital ce ne sont pas les réfugiés et les musulmans. Le danger pour le capital, les hors la loi, ce sont les salariés.

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  9. Emmanuel Mousset28 mai 2016 à 17:29

    Erwan, Olivier Chedin m'a dit un jour : "vous, Emmanuel, qui êtes un spiritualiste ..." Je n'ai pas répondu, parce que je me tais toujours devant un éminent professeur. Mais j'ai souri intérieurement, parce que je ne me voyais pas en "spiritualiste" à l'époque. 25 ans plus tard, je reconnais qu'il avait raison.

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  10. À Calais il y a 48H la violence était réelle et jamais vue en France entre groupes antagonistes de "migrants".
    Le relai/manip médiatique l'a occulté
    Mais bon ce n'est pas toute la société loin s'en faut !

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  11. Philippe comprenez-vous que l'accueil des migrants fait partie de la même logique capitaliste de division, et de mise en concurrence (mise en concurrence des mémoires par exemple). Le danger pour le capital ce ne sont pas les réfugiés et les musulmans, ni la " jungle " de Calais, dont il se fout comme d'une guigne. Le danger pour le capital, les hors-la-loi, ce sont les salariés. Il n'y a donc aucun intérêt à relayer l'information, car en outre cela ferait le jeu du front national, un autre parti souverainiste honni par le système capitaliste de fluidification des échanges, et du libre marché : comme le montre très bien Houellebecq (cf " Soumission "). De plus en plus le capital " pense " comme une machine qui a sa logique propre, il n'y a même pas d'individus derrière, il n'y a même pas de complot.

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