samedi 15 septembre 2018

Le ver est dans le fruit...



Suite à l'idée de décence commune d'origine populaire soulevée par George Orwell que j'évoquais, on me répondait que l'évangile en parlait déjà, il y a de cela presque 2000 ans avant Orwell. Je répondais donc : « Est-ce que vous pensez que le modèle contemporain de relations humaines fondé sur la quête du profit, et qui justifie la perfidie et la tromperie permanentes, est préférable ? »

François : « Le système de profit capitaliste nous a permis de franchir des bons anthropologiques ahurissants depuis deux siècles (en 200 ans plus qu'en un million d'années d’humanité). Sans ce système critiquable, nous ne serions pas là en train de parler via internet. Notre santé, la salubrité des villes, la nourriture à foison, le chauffage, les vêtements, les transports, etc. Tout est issu du système capitaliste, de ses inventions industrielles, de ses génies créatifs, de ses ingénieurs. Je joue souvent à ce jeu pour amuser mes enfants : enlevez de la maison tout ce qui n'a pas été produit ou créé par l’État.... On cherche, les enfants trouvent tout seuls la solution : seules resteraient les feuilles d'impôts.
Je vous cite : "J'ai compris que vous mettez le Réel bien au dessus de toutes les connaissances humaines." C'est la seule manière de faire preuve d'humilité dans un temps où l'arrogance humaine se prend pour Icare. Afin d'être en harmonie avec tout ce qui nous entoure et préexistait avant l'humanité. Je suis quelque part animiste dans la modernité. Débarrassé des religions et des fantasmes, des croyances et des dogmes, mais respectueux des dons de la nature. Sans pour autant être disciple d'un nouvel être supérieur tout droit sorti des neurones des mouvements sectaires écologistes, Gaïa, invention moderne des invalides des guerres religieuses en manque de religions tyranniques.
Je vis pleinement dans la modernité, ne trouvant aucun intérêt au retour à la grotte et aux bougies. Je suis persuadé que la modernité est moins polluante (l’espérance de vie à la naissance a été multipliée par 2,5 depuis 1790), et que l'empreinte de l'humanité sur la nature se réduira par la technologie. L'homme fait des erreurs, mais il les corrige bon an mal an avec ses inventions. Il n'y a plus de smog à Londres comme au XIXe siècle. Les mineurs de cette époque ne meurent plus en masse de maladie pulmonaires. Le nucléaire actuel est une transition d'un siècle vers la fusion version Cardarache, qui résoudra quasiment tous les problèmes d'énergie. Exit le pétrole, exit le charbon. D'autres pollutions naîtront, bien entendu, comme toujours. Le plastic au milieu des océans va être récolté intégralement sous 25 ans. Le bateau expérimental pour ce faire navigue déjà.
En un mot : j'ai une confiance aveugle dans l'homme.
Je voudrais enfin que l'humanité se débarrasse des oripeaux qui lui servent de béquilles intellectuelles : les religions.
Mais chacun est libre... »

Je ne pense pas être totalement fermé comme une huître, je ne suis pas complètement sourd aux messages d'espérance et insensible aux mains tendues, et je sais que toute une partie du message libéral est émancipateur.
C'est quand il devient dogmatique, comme aujourd'hui tout son aspect économique, que je nomme peut-être maladroitement et souvent de façon obsessionnelle, néolibéralisme, comme pour souligner qu'il s'agit d'un super ou ultra libéralisme, d'un libéralisme au carré parce qu'il ne comporte plus d'alternatives qui pourraient servir de contre-modèles pour le modérer, qu'il s'est régénéré (d'où le terme néo) avec la contre-offensive reagano-thatchérienne et la chute de l'empire soviétique, et qu'il se répercute aussi sur les comportements humains, et c'est ce qui est le plus grave, entraînant notamment de la désespérance dans le monde du travail
Disons que le petit avion qui me sert d'habitacle existentiel, a été touché de plein fouet par mon histoire familiale sur les détails de laquelle je ne reviendrai pas, alors que je semblais plutôt destiné à un avenir prometteur lorsque j'avais 16/17 ans. Vous savez que même un père peut devenir jaloux de son fils et entrer en rivalité mimétique destructrice (René Girard) avec lui ? C'est la tragédie de ma vie, si je puis m'exprimer ainsi si pompeusement ! Pompeusement car nous ne sommes plus à l'âge de la tragédie shakespearienne ou de Corneille, Racine, depuis pas mal de temps, nous sommes à l'âge des faits divers et de l'absurde, de la petite histoire et non de la grande...
Le (mauvais) sort en a décidé autrement sur mon avenir prometteur ! Je sais que mon obsession antilibérale peut ressembler à de la ratiocination, mais c'est parce que l'idéal de départ émancipateur des philosophes des Lumière, idéal auquel vous semblez souscrire voire presque croire, a été me semble-t-il dévoyé par la modernité, et que le libéralisme a replongé dans ses vieux démons de quête obsessionnelle du profit contenu dans ses prémisses calvinistes. Le libéralisme made in USA d'origine anglo-saxonne théorisé par Adam Smith et notoirement cupide, n'est pas le même que le libéralisme made in France et continental dont les fers de lance sont Diderot et les encyclopédistes, indéniablement plus généreux, et c'est malheureusement aujourd'hui la version purement matérialiste et cupide, sans aucune attache spirituelle et généreuse, qui semble l'avoir emporté.
Au départ je pense sincèrement que cette version cupide du libéralisme, au delà de son aspect religieux protestant et plus précisément calviniste, a aussi été pensée par les Britanniques au XVIIIème siècle, comme une machine de guerre contre la France et son hégémonie européenne qui les rendait jaloux ! On en revient toujours à cette fameuse rivalité mimétique qui en plus de constituer l'origine de conflits familiaux, peut être à l'origine des conflits entre les nations, et que seule une transcendance d'origine religieuse me semble être tout simplement capable de modérer dans les excès barbares.
L'homme est un créateur de religions, ce qui le distingue de façon radicale de l'animal. La question de l'habiter et de la clairière (Heidegger) se pose pour l'homme. En gros l'homme adapte l'environnement à lui-même en construisant sa maison, alors que pour l'animal se pose effectivement la question de l'adaptation à son milieu. Le darwinisme social constitue un magnifique contresens sur la nature humaine et donc l'homme, dont on a voulu faire un animal comme les autres, alors qu'il n'en est rien.
En outre seules les religions pour l'instant sont capables de relier les hommes entre eux autour d'une croyance commune, on n'a malheureusement jamais trouvé autre chose d'efficace en remplacement, c'est aussi le grand impensé des philosophes des Lumières français et du marxisme par ailleurs ! C'est de plus ce qui pourrait constituer un motif d'explication de l'effondrement très rapide de l'Europe, submergée par des vagues migratoire musulmanes, mais pour l'instant cela demeure une hypothèse (houellebecquienne) qui devient cependant de plus en plus plausible. Et toute notre belle technologie et notre science considérablement avancées, n'y pourront strictement rien ! Nous risquons de périr dévorés de l'intérieur, comme une pomme pourrie par les vers ! Si je voulais faire preuve de provocation, je dirais que le ver est dans le fruit depuis... 1789 !

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