Un fondamentaliste du capitalisme financier et du libre échange que je cite : « Deux grands dirigeants qui ont
redressé leur pays Reagan et Thatcher, quand Mitterrand l'enfonçait. Ils sont
les deux principales figures de la révolution conservatrice des années 80. Période
où l'on se rend compte en Occident, que les communismes soviétique et maoïste
ont échoué et que le keynésianisme ne mène qu'à la stagflation. C'est une
période de réaction idéologique et de prospérité économique pour l'Occident,
qui va creuser l'écart avec ses challengers : la Russie s'effondre et la Chine se réforme dans la
douleur.
la France
prend avec Mitterrand, le chemin inverse : elle laisse filer la monnaie et
laisse travailler les autres. Chirac tente de suivre les Anglo-Saxons en 1986,
mais échoue à se faire réélire (toujours le dieu des élections qui commande...
). Il se gardera bien de ne plus rien tenter en 1995 et Sarkozy échouera
pareillement en 2007 à réformer l'hexagone... »
Je ne vois pas comment on peut
taxer de conservatrice une révolution néolibérale qui est revenue aux
fondamentaux adam smithien (croissance, baisse des dépenses publiques,
innovation), et surtout shumpeteriens de destruction créatrice ? Ce qui détruit
de l'ancien pour construire du neuf à un rythme effréné pour faire du profit en
privilégiant l'obsolescence programmée des objets de consommation, ne peut être
qualifié de conservateur, c'est un contresens.
Certes ils ne furent pas tous les deux Reagan et Thatcher, libertaires, mais puritains au niveau sociétal, ils menèrent une révolution libérale-puritaine, quand Macron semblerait vouloir selon moi mener une révolution libérale et plutôt libertaire sur le plan sociétal. C'est une question de culture, ce qui distingue encorela France des pays
anglo-saxons (plus pour longtemps selon Régis Debray). Macron, les médias et la
publicité ont récupéré tous les poncifs issus de mai 68, pour les recycler dans
une propagande destinée à faire vendre et donc à faire du profit. L'icône
libertaire de ce mouvement de société qui remonte à cinquante ans en arrière,
Dany Cohn-Bendit, est peu ou prou partie prenante de ce processus beaucoup plus
néolibéral que libertaire. Libertaire c'est la vitrine cool et fashion pour
vendre le produit marketing « mai 68 » aux jeunes générations.
Certes ils ne furent pas tous les deux Reagan et Thatcher, libertaires, mais puritains au niveau sociétal, ils menèrent une révolution libérale-puritaine, quand Macron semblerait vouloir selon moi mener une révolution libérale et plutôt libertaire sur le plan sociétal. C'est une question de culture, ce qui distingue encore
Reagan et Thatcher, on pourrait
dire que cela a marché sur le court terme, comme une forme de piqûre de dopage.
Ils ont dopé leurs économies, cela a donné l'illusion d'un redressement, mais
sur des bases profondément malsaines, celles du libéralisme issu d'Adam Smith
et de Schumpeter. Leur révolution fut néolibérale et puritaine propre à des
pays anglo-saxons, ils ont réactualisé de façon moderniste et surtout cynique
(il n'y a qu'à voir un programme comme Dallas,
série culte de ce mouvement de société !), un vieux programme de plus de 240
ans d'âge !
Le fondamentaliste : « Et
d'ailleurs on en voit aujourd'hui les conséquences, les USA sont devenus l'un
des pays les plus pauvres de la planète, c'est ça, j'ai bon ? »
Oui culturellement c'est pas
faux, une culture de masse formatée et d'une pauvreté effarante qui a envahi le
monde entier. On a produit tout un tas de « richesses », en détruisant aux
passages des équilibres humains et naturels ancestraux, et au fond elles ne
sont en réalité destinées à personne, car plus rien n'est transmis sous la
forme du don.
On demande aux gens de s'adapter, on ne sait trop à quoi, pour avoir le droit d'en profiter : pur nihilisme en réalité ! Je ne suis pas un fanatique de l'enrichissement matériel, de l'accumulation et du culte de l'image ; pas dans ces conditions en tout cas, les règles du jeu sont profondément malsaines.
On demande aux gens de s'adapter, on ne sait trop à quoi, pour avoir le droit d'en profiter : pur nihilisme en réalité ! Je ne suis pas un fanatique de l'enrichissement matériel, de l'accumulation et du culte de l'image ; pas dans ces conditions en tout cas, les règles du jeu sont profondément malsaines.
« Les équilibres ancestraux
étaient pour la plupart remarquablement merdiques... »
C'est vous qui le dites, et
qu'est-ce que vous en savez ? Vous répétez un peu aveuglément et sans savoir,
la doxa libérale.
Moi je ne parle pas sans savoir
en répétant comme un perroquet ce que les enseignants de la République ou mes
parents, plus hypocrites et vénaux que réellement progressistes, ont voulu me faire ingurgiter.
Je vais vous racontez un truc, pour
ma part quand j'étais petit j'allais en vacances chez mes grands-parents qui
parlaient encore le bas-breton, dans un petit village reculé du Morbihan à la
limite du Finistère. Mes grands-parents et l'ensemble de ce village semblaient
figés dans le temps, un temps ancestral effectivement. Ma grand-mère allait au
lavoir, mes grands-parents et l'ensemble du petit peuple rural breton en pays
bretonnant, respectaient des rites ancestraux : des fêtes religieuses ou
pardons dans des petites chapelles pendant l'été, chaque jour de la semaine
avait son rythme propre et renvoyait certainement à une forme de paganisme des jours de la semaine et des saisons, ayant rapport à des esprits de la nature, mâtiné de catholicisme. Tout cela était extrêmement structuré et
structurant ainsi que rassurant pour l'enfant que j'étais, terrorisé par des
parents déstructurés, violents et jouisseurs soixante-huitards qui
partouzaient, se trompaient à tout-va ! Je sais bien qu'ils cherchaient tous les deux à se libérer de quelque chose, mais cela ne justifie pas la violence gratuite envers un enfant innocent.
Mes grands-parents n'étaient pas
touchés dans leur mode de vie par le progrès, certes ils avaient la télé, une
cuisinière, l’électricité, du chauffage au fioul, l'eau courante, pourtant
jeunes ils s'en étaient très bien passé, ce qui les structurait c'était leurs rituels de
vie calqués sur le rythme des saisons et les esprits païens du bocage.
Le fou du village était en
liberté, et il ne poignardait pas les passants dans la rue, je l'aimais tout particulièrement pour son innocence et sa bonté de cœur.
Jamais je n'ai vu des gens aussi heureux que ce petit peuple, quand il parlait sa langue maternelle ; le bas-breton, que l'École dela République n'avait jamais réussi à totalement
éradiquer. Mais le néolibéralisme démultiplié des années 80, générateur
d'individualisme, d’égoïsme et de darwinisme social aura eu finalement raison
de la langue bretonne, par le biais de ma génération, globalement totalement
déstructurée, inculte et déculturée pour tout dire, par les moyens modernes de
communication, avant tout par l'image et non plus par l'écrit, alors que ma
mère le comprenait encore.
Jamais je n'ai vu des gens aussi heureux que ce petit peuple, quand il parlait sa langue maternelle ; le bas-breton, que l'École de
Alors j'ai fait la comparaison
dans mes souvenirs d'enfants, entre ce village et Paris, où j'accomplissais ma
scolarité dans des conditions extrêmement éprouvantes encadré par deux monstres
jouisseurs et déstructurés, deux sortes de démons dans leur genre original, pourvu qu'ils aient quelque intelligence dont parle Kant ! Incontestablement pour moi à cette époque, les
années 70, les dernières années qui rattachaient encore ce village à un passé
ancestral désormais totalement révolu - et c'est une énorme perte pas seulement
pour moi mais pour l'humanité entière -, le vrai centre du monde au sens de
l'humanisme, où l'homme y est la mesure de toute chose, n'était pas Paris mais
ce village. Il était en réalité bien plus humain et en même temps rempli encore de mystères et de
superstitions certes, précisément non humanistes au sens classique du terme,
mais cependant plus humaniste au sens de mesuré que le mode de vie parisien, déjà soumis à cette
époque à un genre d'hybris qui n'a
fait que s'aggraver par la suite.
Et ne venez pas me dire que mes
souvenirs d'enfants ont mythifié un passé révolu ! Car je n'ai jamais mythifié
Paris par exemple, qui n'était pas aimable tout simplement. Paris l'est hélas
de moins en moins, sans même évoquer le problème que constitue sa périphérie
urbaine, constituée de cités dortoirs remplies de salariés esclaves globalement au
services de bobos (votre pseudo au passage !), bien contents de faire d'un
pierre deux coups : soulager leur conscience antiraciste c'est-à-dire se donner
bonne conscience à peu de frais, tout en tirant le meilleur partie d'un main d'œuvre
à bon marché facilement exploitable.
Et ne me dites pas que c'est faux
et fantasmatique ! Car ma mère et son cercle d'amis hypocrites et vénaux entrent dans ce
schéma là ! Je connais très bien ce mode de fonctionnement de l'intelligentsia
bobo parisienne, j'y ai été élevé, si l'on peut appeler ça élever ! Une
caricature d'éducation, un gros foutage de gueule déconstructionniste
globalement, ça oui ! Une société de porcs qui se dévorent les uns les autres
dès qu'ils remarquent un signe de faiblesse chez autrui, sans vouloir offenser cet animal sympathique mais en pensant au film Porcherie de Pasolini. Vivre et penser comme des porcs de Gilles Châtelet, vous connaissez
? Très bon petit bouquin, je vous le conseille vivement pour comprendre
l'évolution de la société bobo depuis les années 80 jusqu'aux années 2000.
Désolé de déranger vos certitudes et préjugés de progressiste certainement néolibéral ou plus modérément, juste libéral avant tout culturellement, ou tout au moins avant de l'être économiquement, et pas fanatiquement ou dogmatiquement : ce que je vous souhaite sincèrement en tout cas de tout cœur !
Avez-vous lu les "Mémoires d'un paysan Bas-Breton" ? C'est à peu près tout ce que je connais de la Bretagne des temps révolus. Un bouquin passionnant mais qui ne m'a jamais donné envie de vivre dans cette Bretagne-là... Mais si vous ne l'avez pas lu vous devez absolument le lire.
RépondreSupprimerQuant à mes préjugés et certitudes, vous n'avez pas l'ombre d'une idée de ce en quoi ils peuvent bien consister.
Désolé pour votre enfance difficile, mais je n'en suis pas responsable.
NB : J'ai vaguement l'impression que c'est mon pseudo qui a déclenché votre vindicte... Sachez que je l'ai choisi par dérision.
Mon « enfance difficile » comme vous dites est anecdotique. Mais les libéraux classiques des Lumières ont généralement eu de très gros préjugés sur les modes de vie traditionnelles, qu'ils ont assimilé un peu rapidement, par méconnaissance et enthousiasme pour leurs idées nouvelles, à des formes d'ignorance et de superstitions populaires causes de tous les maux. Les anthropologues du XXème siècle ont d'ailleurs plutôt corrigé le tir, en réhabilitant les cultures archaïques, voire primitives.
SupprimerJe pense que si Diderot et Rousseau se réincarnaient à notre époque devant sa monstruosité techno-scientifique destructrice notamment de l'environnement (il n'y a qu'à ouvrir les yeux sur le phénomène de la défiguration profonde des paysages français notamment et plus généralement dans le monde entier par les réalisations humaines : usines, centrales nucléaires, autoroutes, lignes de chemin de fer, éoliennes, etc.), ils auraient des remords et regretteraient presque leur époque de superstitions et de « ténèbres ».
Les ténèbres modernes aujourd'hui elles sont dans le dogme, le fanatisme, les superstitions même que génère le néolibéralisme. Moi à chaque fois que je prends ma voiture, que je prends l'avion ou le train dans une moindre mesure, ou encore quand je rentre dans une grande surface déshumanisée, j'éprouve une sorte de malaise, mais que s'est-il passé pour que l'on en arrive à cette monstruosité ?
Ma vindicte ne vous est pas destinée, ça n'a rien de personnel avec vous, c'est le moteur qui m'anime. Elle est effectivement dirigée vers des personnes en particulier de mon entourage. Ne le prenez surtout pas pour vous et ne le prenez pas mal.