mardi 30 octobre 2018

Les Ken et Barbie de BFM



C'est vrai que si l'on regarde un peu trop la télé, on prend l'habitude de croire que l'humanité est composée de Ken et de Barbie, propres sur eux comme des présentateurs de BFMTV ! 
Mais quelle puanteur morale souvent, derrière cette façade typiquement protestante de prétendue propreté ! Et quelle pureté morale parfois derrière une apparence négligée voire repoussante.

Mais en régime libéral-libertaire plus que dans tout autre régime, tout n'est qu'apparence, tout jugement moral ne se fait que sur ce seul critère. Houellebecq ne fait que pervertir la morale de l'époque, car il aurait évidemment parfaitement les moyens de s'offrir une apparence bien plus présentable. Il fait de la provocation, c'est aussi son fonds de commerce !

Oui comme le souligne Zemmour, l'autre affreux réactionnaire de notre paysage culturel français, caricaturé par Cabu avec Houellebecq juste avant de mourir sous les balles des islamistes, les Français ont troqué leurs origines et leurs fondations catholiques, en faveur d'un prêt à penser néolibéral d'origine WASP, sous l'action principalement de la génération des baby boomers qui a fait massivement Mai 68, et qui a « tout compris » à la modernisation du monde inéluctable, par réalisme,  autrement dit par adaptation ou darwinisme social ! Et dont Macron pourrait constituer l'ultime avatar, avant espérons-le de révéler aux yeux des Français enfin réveillés de leur sommeil dogmatique, l'essence d'un tel projet néolibéral : renforcer toujours plus l'enrichissement des riches sans autre considération, à l'anglo-saxonne sur un modèle calviniste, et même si cela doit entraîner la paupérisation des classes populaires et moyennes.

Évidemment le grand danger encouru est celui de l'émergence d'un national-populisme à la brésilienne, en France comme partout dans le reste du monde, mais en même temps constituant un retour de bâton prévisible face à l'indécence d'un tel système néolibéral.

Le terme de populisme me semble aujourd'hui utilisé péjorativement par les « élites » pour stigmatiser ceux qui leur semblent plus bas qu'eux et qu'ils ne veulent plus faire l'effort de comprendre, il n'y a plus de mixité sociale entre nantis et défavorisé, de mélange entre les classes sociales, il y a éventuellement un peu de discrimination positive pour les minorités visibles. Plus on monte dans la hiérarchie sociale plus on pratique l'entre soi, au point que cela en devient caricatural dans certains quartiers parisiens, où tout le monde se connaît, se tutoie, dans une convivialité bobo entre riches de gauche progressiste et pas coincée. La spéculation sur le prix de l'immobilier depuis la fin des années 90 a permis d'accomplir cette fragmentation territoriale de la société en fonction des revenus.

Les populistes ce sont tous ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter là où il faut pour pouvoir fréquenter les meilleures écoles, accéder à l'« excellence », aux meilleures places, éventuellement à une visibilité médiatique pour représenter les intérêts de ceux avec qui l'on vit : c'est la fameuse « majorité silencieuse ». Mais aujourd'hui cette expression prend tout son sens, car les gens ne se mélangent plus... à des inégalités de traitement qui augmentent vient se greffer une fracture spatiale. Les phénomènes de totale incompréhension et donc de mépris augmentent à mesure que des peuplements de différents types se fréquentent de moins en moins du fait de cette fracture territoriale entre populations socio-culturellement hétérogènes, décrite notamment dans la France périphérique de Guilluy. Le terme de populisme me semble être l'une des expressions de ce mépris, car étymologiquement il signifie « peuple ». C'est donc dans la bouche des « élites », assimiler implicitement le terme de peuple à celui de fascisme

Cependant à en croire Michéa le terme de populisme n'a pas toujours été péjoratif, il ne l'était pas pour les socialistes français du XIXème notamment, à ne pas confondre avec la gauche progressiste de gouvernement qui a usurpé ce titre (de socialiste) avec Mitterrand. Le sens du mot populisme dépend peut-être d'où l'on se situe : dans la bouche réduite au silence de ceux que ce mot est sensé englober, qui n'ont pas la chance de vivre où il faut avec ceux qu'il faut, ce terme n'est certainement pas péjoratif, ni synonyme de fascisme ; mais vu à travers les yeux de ceux qui ne les fréquentent plus du tout puisqu'ils s'en sont affranchis territorialement en plus de financièrement, et le prisme de la propagande politico-médiatique au service de cette vision du monde (progressiste et des droits de l'Homme), il l'est...

Un des derniers dessins de Cabu, juste avant de périr sous les balles des islamistes...


1 commentaire:

  1. Lavacheàlaitquirit31 octobre 2018 à 12:43

    vous faites bien de souligner le rôle hypocrite et destructeur des élites protestantes dans la destruction de l'Europe, du moins d'une certaine Europe, dite populiste, par opposition à celle des castes dirigeantes?
    Avez vous remarqué, dans les prédications idéologiques de nos journalistes vedettes, dans le bourrage de crâne permanent, les pays qui sont cités comme un exemple qu'il faut absolument suivre, sous peine d'être disqualifié? La Norvège, la Suède, le Dannemark, les Pays Bas, l'Allemagne. Une élite opposée à la crasse et à l'inculture des autres pays d'Europe. Tout est dit.

    Votre analyse est extrêmement fine, trop fine peut-être pour le lecteur moyen. Vous plongez au cœur de cette néo-culture qui est, elle, en réalité, profondément raciste et suprématiste. Vos personnages de Barbie et Ken, on les croise à tous les coins du boboland

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