mardi 10 août 2021

Lou Reed contre Macron


 

« A 45 ans, Lou Reed se fait volontiers dénonciateur, renvoyant dos à dos les bigots de toutes les couleurs, qu'il s'agisse de Reagan ou de Farrakhan, "qui parlent religion et fraternité" tout en prêchant la haine. La "violence vidéo" ne lui plaît pas non plus : "Le matin, buvant son café/ Il allume la télé et tombe sur un slasher/ Des femmes en sueur attachées, sorties d'un dessin animé/ Haletant et hurlant/ Merci et bonne journée".

Dans une interview de 1982, Lou Reed déclarait : "Je me suis toujours dit que je devrais adapter de grands discours en musique. Pourquoi s'arrêter à des choses simples ? On peut faire penser ses personnages comme on veut, on peut les rendre schizophrènes, contents, malheureux, on peut leur faire faire ce qu'on ne peut pas faire dans la vie réelle."

En 2003, avec "The Raven", concept-album en forme d'oratorio, avec l'aide d'intervenants talentueux, tels Bowie ou Buscemi, l'artiste met en scène la vie et les œuvres de l'un des plus grands écrivains américains, Edgar Allan Poe.

Le résultat est inégal, contrasté, mais a le mérite, comme avec Metal Machine Music, de secouer nos certitudes. A 61 ans, Reed reste irrécupérable. » Arnaud de la Croix.

N'est-ce pas aujourd'hui Macron qui prêche la haine, et fracture la société comme jamais avec ses "idées" de "nouveau monde", de start up nation, et a fortiori de pass sanitaire ?

Lou Reed est à l'évidence un génie intemporel (tout comme Bowie, les Rolling Stones, les Pink Floyd etc.). Je me suis trompé sur lui, sur eux, mea culpa, ainsi que sur toute la musique rock, qui s'est épanouie selon moi avec le plus d'intensité et de virtuosité au cours des années 60/70, ayant quelque chose de géniale ; les années 80 constituant un virage dangereux et plutôt déclinant (pardon de le dire) de ce type de musique contestataire à l'origine, mais peu à peu récupéré selon moi par l'idéologie du capitalisme. Comme on a vu faire les Rolling Stones un concert à Cuba (vraiment innocemment ?), ou Keith Richards jouer dans un film Disney.                         

Mais cela n'enlève rien à la valeur de mon opinion selon laquelle les circonstances pour développer des forces créatrices sont devenues très défavorables depuis le début des années 80. S'il y a encore des créateurs, ce dont je ne doute pas, je pense qu'ils seront de plus en plus obligés de créer dans un état de clandestinité, bref de se cacher pour développer leurs talents à l’abri de la toxicité. Car les forces destructrices et toxiques à l'œuvre dans le néolibéralisme, puisqu'il s'agit de leur principe et de leur moteur (les forces à l’œuvre dans la destruction créatrices), sont bien plus fortes que les forces créatrices et même les étouffent souvent dans l'œuf. Et l'on assiste à l'apparition d'un nouveau type d'homme pour qui c'est détruire qui est le bien, je pense notamment à tous nos archi-milliardaires dont la façon de concevoir les rapports humains ruisselle sur les masses à défaut du moindre denier.

J’espère de tout cœur que vous ne trouverez pas mon commentaire stupide.

Le scientisme, le positivisme, sont une croyance, pas la science. Kant et Schopenhauer n'ont pas dit que les causes premières n'existaient pas, mais qu'on ne pouvait pas les connaître.

J'entends souvent autour de moi cette expression qui m'interpelle : "j'ai foi en la science" ; c'est une forme de croyance assez répandue. Or je pense que la science est incapable de sauver quelqu'un spirituellement, du point de vue du salut de l'âme j'entends. Cela, seules les religions en sont capables. C'est pour cela que Kant disait qu'à partir d'une certaine limite qui est celle de la critique, la raison devait laisser place à la croyance. Ce que nos contemporains matérialistes et totalement déspiritualisés ont totalement oublié pour leur plus grand malheur.

Le terme d'"âme" est une invention de la religion, qui a été repris par de nombreux métaphysiciens, qui est finalement tombé en désuétude avec le déclin de la métaphysique sous l'impulsion de Kant. Aujourd'hui ce terme d'"âme" ne veut plus rien dire pour la très grande majorité de nos contemporains, effectivement.

Le terme de conscience quant à lui garde encore une certaine valeur aujourd'hui, et l'on dit notamment que les Juifs dans le monde en sont la conscience ; on dit aussi que "science sans conscience n'est que ruine de l'âme", ce qui nous ramène assez ironiquement au terme d'âme qui finalement n'a pas totalement déserté la sagesse populaire sous la forme de ses dictons qui ont encore lieu d’être.

Si ce terme est tombé en désuétude, il n'a pas tout à fait déserté la sagesse populaire comme je vous l’ai dit. Personnellement je pense que ce terme n'est pas sans rapport avec la notion de grâce. Et je crois qu'entre la raison et la grâce, la grâce est plus proche de la "vérité" ; mais elle est malheureusement rendue beaucoup plus fragile par ce que Heidegger nomme "idéologie de la raison", c’est pour cela que ce philosophe préconisait un retour aux présocratiques et qu’il affirmait que seul un dieu pouvait nous sauver.

La raison ? Il s'agit effectivement d'une idéologie et rien d'autre, puisqu'en dernier ressort la raison ne nous permettra jamais d'accéder aux causes premières, donc de donner du sens à nos vie alors que la grâce le peut.

C'est toute la critique que Nietzsche fait déjà du statut de la vérité dans le platonisme, et qui est la conception de la vérité que la science a. Même ceux qui "sortent" de la caverne remplacent une illusion par une autre illusion selon lui, une illusion plus ectoplasmique nous dit Nietzsche, donc finalement plus spiritualiste (une sorte de chasse aux fantômes par un genre de magie occulte que constitue la technique), fruit d’un idéal ascétique. La vérité n'appartient pas au monde des idées parce-que le monde des idées n'existe pas nous dit Nietzsche, il s’agit d’un idéalisme, le scientisme est un idéalisme tout comme le positivisme. C’est seulement en termes d’efficience que l’on peut dire que le monde de la science est davantage valide que le monde de la religion ou non, mais en soi il n’a pas plus de valeur. Et sur le plan de l’efficience, il est en réalité bien plus destructeur : c’est l’objet de toute la critique de la technique moderne et son rapport avec la nature constituant une provocation sur le mode de l’arraisonnement qui est faite par Heidegger.

Moi ce que je vous dis c'est que le monde de la science est bien plus diaphane, bien plus "spiritualiste" au sens d'ectoplasmique et de fantomatique, que le monde de la religion ou encore avant celui des mythes et légendes, qui eux étaient bien plus "réels" pour leurs acteurs. Notre monde actuel offre une impression d'irréalité pour ses acteurs, qui leur font croire notamment, à tort ou à raison, à toutes les thèses complotistes, et qui explique l'apparition de bien des maladies mentales. Le "salut" aujourd'hui pour la plupart de nos contemporains, c'est déjà de ne pas être un malade mental ; et pour beaucoup le chemin est long et difficile, parsemé d'embûches et d'épines, alors que l'adhésion allait de soi au temps des polythéismes puis des monothéismes.

L'adhésion allait davantage de soi et le sentiment de rejet et d'exclusion ne causait pas alors tant de maladies mentales comme aujourd'hui, certes il y avait des bannis, des exilés, on a même condamné Socrate à mort, car les Grecs dans leur grande sagesse avaient senti le caractère subversif de ses propos sur la jeunesse, voire même leur caractère fatal pour la postérité (Socrate tout comme Nietzsche était un inactuel, un intempestif). 

Le monde était habité, il ne l'est plus, il est désormais stérile et vide bien que rempli de biens et de marchandises, il a perdu son âme. Les hommes y perdent très rapidement la leur, ils se perdent dans la jouissance qu'on leur impose, voire davantage pour les plus radicaux dans la drogue et dans l'alcool. Le monde étant devenu un vaste parc d'attraction où toutes les ressources sont exploitées, rapportant un maximum de richesses, on pourrait croire que les hommes sont revenus au jardin d'Eden, or il n'en est rien ; au sens religieux ils sont plus damnés que sauvés de leur vivant même. Je ne pense pas que Heidegger commette une erreur de raisonnement lorsqu'il affirme que l'arraisonnement du monde, sur le mode de la provocation et non plus du dévoilement, en est la cause, et cela s'origine au Socrate tel que rapporté par Platon. C'est bien pour cela qu'il voulait inciter à revenir à une sagesse présocratique et qu'il affirmait que seul un ou des dieu(x) pourrai(en)t nous sauver.

"Un brin de tyrannie, capitaliser sur les morts."

Rien que dans l'entre-deux-tours de l'élection, Macron a pris en otage la communauté juive en se rendant au mémorial de la Shoah, il s'agissait de jouer sur l'implicite en amalgamant MLP aux "heures les plus sombres de notre Histoire" et à la "Bête immonde au ventre toujours fécond", et ça a plutôt bien marché. Depuis les amalgames ne cessent de pleuvoir sur ses opposants, 76 ans se sont écoulés depuis 1945, et c'est toujours pour la meute macroniste comme si nous étions toujours en 1933 lorsque rien n'a été fait pour empêcher Hitler d'accéder au pouvoir. Je pense qu'il s'agit aujourd’hui de la mauvaise foi la plus totale et même d'une instrumentalisation crapuleuse, alors qu'en fait ils versent des larmes de crocodile sans ressentir la moindre émotion pour les victimes. Or le contexte a totalement changé, radicalement changé, nous ne sommes plus dans les années 30, les macronistes sont totalement anachroniques, mais leur propagande fonctionne sur les esprits faibles et formatés.

Le danger aujourd'hui c’est le néolibéralisme sans décence commune et dans toute sa démesure (hybris), ainsi que la mondialisation. Avec le « nouveau monde » et la France start up nation, Macron porte pleinement ce nouveau projet ; c'est donc lui le type dangereux qu'il faut combattre. C'est lui le "fasciste" d'un type nouveau. Si rien n’est fait pour l’arrêter à temps, nos enfants en paieront le prix, et nous nous en mordrons les doigts lorsqu’ils nous lanceront ce reproche : « pourquoi n’avez-vous rien fait quand il en était encore temps ? »

Macron est un orgueilleux, or l’homme à la différence des autres animaux n'est pas souverain dans la nature, c'est un néotène, un animal inachevé. Dans son grand orgueil il s'est cru souverain avec la déclaration des droits de l'homme qu'il a jeté comme ça à la face du monde avec un souverain mépris en pensant qu'il s'agissait d'un fabuleux progrès, je crois qu'une telle manifestation d'orgueil est assez inédite dans l'Histoire des sociétés humaines. J'ai bien peur que cette manifestation ne nous retombe dessus, non par châtiment divin car je ne suis nullement superstitueux, mais parce qu'elle n'est pas conforme à notre nature d'être hétéronomique, donc créateur de dieux et de civilisations, à la différence des animaux qui eux sont autonomes. La grande erreur d'interprétation remonte certainement à Kant, avec son idée d'autonomie morale, comme si chaque homme pouvait faire comme s’il était le législateur des propres lois qui le gouvernent ; alors qu'en réalité il a besoin d'un père pour le guider, au moins durant son enfance. 

Cet orgueil a des conséquences : il conduit en réalité aujourd'hui les pères à ne plus s'occuper de leurs enfants ; l'idée d'autonomie va même jusqu'à toucher le monde de l'enfance dans la conception moderne que nous avons de la pédagogie.

Bref pour le dire plus brièvement, de Gaulle était le père de la nation et tout tournait bien, les soixante-huitards l'ont "tué". Ils ont tué le père, c'est très œdipien, et aujourd'hui notre chef d'État a épousé sa mère.

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