samedi 14 août 2021

Misère de la femme afghane

 

Beaucoup de nos contemporains sont comme Monsieur Jourdain, ils font du Nietzsche sans le savoir, sans même l'avoir lu. Tout le discours publicitaire me semble imprégné de nietzschéisme de façon paroxystique. On y incite toutes les catégories sociales, les particularismes ethniques et religieux, les sexes dans ce qu'ils ont de singulier, à la volonté de puissance.

Jamais l'Europe n'aura été aussi douce et pacifiée qu'au XVIIIème siècle, sous l'action du long travail du christianisme et de la monarchie, d'ailleurs en voie de se réformer à son rythme lorsqu'on lui a coupé la tête, pas si autoritaire, patriarcale et autocratique que la propagande bourgeoise veut bien le laisser entendre. Cette douceur de vivre a permis d'élaborer des idées en très grand nombre sur la façon de rendre le monde encore meilleur, que nous sommes bien incapables de reproduire, aveuglés que nous sommes par une volonté de puissance nietzschéenne qui nous divise, et nous fait être en guerre, tous contre tous, au nom de nos particularismes.

La laïcité c'est quelque chose d'assez jeune, qui a des racines bien plus vieilles et bien plus profondes, des racines religieuses. La laïcité est la sécularisation de l'idée de religion dont l'étymologie est relier (du latin religare : relier les hommes entre eux et à dieu). La difficulté de la laïcité c'est d'arriver à relier des gens entre eux, afin de faire citoyenneté, malgré tous leurs particularismes ethniques, religieux, de sexe...

Et les particularismes entendent faire entendre leur voix. Donc la laïcité est vécue par beaucoup comme étouffante, comme une contrainte. Pour adhérer à la laïcité il faut mettre de côté ses différences, ce que de plus en plus de gens n’acceptent pas. Ils refusent d’adhérer à des règles du jeu communes, et se font procéduriers, ils portent plainte contre l’institution, le professeur, pour un oui, pour un non. Cela d’ailleurs dépasse le simple cadre de leur appartenance ethnique, religieuse ou de genre. N’importe qui désormais entend porter plainte contre l’institution, pour faire valoir ses droits : c’est l’idéologie des droits de l’homme, l’individualisme, qui se retourne contre le désintéressement de la laïcité.

On assiste surtout à une judiciarisation des rapports humains, car les rapports ne vont plus de soi, jusqu'au sein du couple et de la famille. Les gens sont devenus tous très procéduriers, ils portent plainte contre leur conjoint(e), leurs parents, leurs enfants, pour un oui, pour un non.

Notre société va faire la fortune des avocats et des tribunaux.

Nous assistons effectivement au règne des fils de... j'entends par là que la transmission se fait désormais au sein des familles qui ont la chance de s'entendre encore, exclusivement, puisqu'elle ne peut plus se faire dans un cadre public et apaisé (crise de l’école).

La volonté de puissance ? Voilà le nihilisme pour Heidegger, alors que pour Nietzsche elle était dans la volonté des philosophes à vouloir changer le monde tel qu'il est.        

Nietzsche n'est pas net du tout dans cette affaire de nazisme. Qu'un Deleuze, un Foucault ou un Derrida lui aient voué un véritable culte en dit assez long sur l'impensé de la French Theory, cette idéologie racialiste et identitariste qui nous revient des Etats-Unis - où l'avait importée l'ignoble Paul de Man - en pleine figure ces derniers temps.

Effet pervers de la French Theory : elle ne nous rend pas plus ouvert à l'Autre et à ses différences, elle fait que l'Autre se retranche dans sa différence, elle favorise plutôt l'intolérance anti-universaliste arcboutée sur soi.

La grande guerre est moins entre les banlieues et le reste de la société, entre l'islam et le reste de la société, entre les grands centres urbains et la France périphérique, qu'entre les hommes et les femmes ; plus grave encore entre les mères et les fils qu'elles castrent à défaut de pouvoir en faire des Amazones comme elles (j'en sais quelque chose).

Et les Talibans, et les femmes afghanes, qui va parler des femmes afghanes ? Que fait BHL ? Que fait Caroline Fourest ? La pensée religieuse : le bien/le mal ?

Cependant la notion d'ambivalence est plus exacte que ce manichéisme simplet propre à "nos" médias et la plupart de "nos" intellectuels, inféodés au camp du bien.

Dans ce combat manichéen entre le bien et le mal, il faut faire bonne figure désormais en conspuant Heidegger. Certains lisent effectivement Heidegger comme un penseur nazi stricto sensu, ayant été enchanté par la mécanisation de l'homme qui n'était pas digne de faire partie de l'élite.

Moi je lis plutôt Heidegger comme une dénonciation de la mécanisation de l'humain, comme la dénonciation de l'arraisonnement du monde qui se fait sur le mode de la provocation aboutissant à la mécanisation de l'humain. Descartes parlaient des animaux-machines alors qu'en fait il annonçait l'advenue des hommes-machines. 

Les "élites" à lire Heidegger, seraient plutôt ceux qui ont su garder des modes de vie ancestraux, artisanaux, artistiques, où le rapport à la nature se fait sur le mode du dévoilement et non de la provocation. Les "élites" pour lui ce sont ceux qui sont encore capables de célébrer la nature, de lui rendre hommage, en refusant de rentrer dans le jeu de son exploitation totale donc totalisante ; l'arraisonnement de la nature est en réalité une forme de totalitarisme écocidaire qui nous retombera sur la tête à un moment ou à un autre. Je crois aussi que c’est l'exploitation totale de la nature, qui permet l’expression dans tout son paroxysme nihiliste de la volonté de puissance chez nos contemporain, par le biais de la consommation, aspect qu’Heidegger voyait d’un mauvais œil. Vu sous cet angle, on pourrait considérer les derniers Indiens d'Amazonie, voire si je voulais être provocateur les Talibans, comme des "élites" heideggériennes, des Êtres (capable d’esprit ou de grâce) rescapés au sein des étants (les hommes mécanisés).

Certes toutes les civilisations à un moment ou à un autre ont fait appel à la technique, elles se mécanisent, sauf qu'à la différence des civilisations antiques qui se sont mécanisées, et même de la civilisation du Moyen Âge et de la Renaissance, cet arraisonnement, cette exploitation totale du monde, a été planifiée ; tout comme l'a été le génocide des Juifs. Ce qui le distingue des autres génocides, celui des Amérindiens par exemple. Dans le cas de la mécanisation des civilisations antérieures, elle n’obéissait à aucun plan, elle n’était l’objet d’aucune métaphysique fondée sur la subjectivité prédatrice du cogito ergo sum.

On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas, lorsque la planète se retrouvera exsangue, ruinée, soumise aux dérèglements climatiques les plus violents, homicides et écocides. La "solution finale" si je puis dire, concernant la nature, a été élaborée et mise noire sur blanc sur le papier, et l’on peut dire que c’est Descartes qui l’a inaugurée.

Si je voulais être très, très, provocateur je dirais que les Talibans sont des Êtres, et que nous sommes nous Occidentaux, des étants...

Les Occidentaux se donnent pour caution morale la dignité humaine, les valeurs de l'humain et ses droits, et se choisissent des hérauts personnifiant le bien (intellectuels, journalistes, politiques...) ; tout le reste est rejeté dans le camp du mal, toute voix discordante dans ce bel unanimisme est assimilée à du fascisme rouge-brun. Les femmes occidentales sont selon moi les plus sensibles à ce genre de discours manichéen dénuée de toute ambivalence, et considèrent avec horreur les exactions de l’islam concernant les femmes, qu’elles soient réelles ou exagérées par un genre de propagande dont nous avons le secret.

Les libertaires radicaux, les partisans de l'émancipation féminine, veulent tout casser, tous les équilibres "naturels", ancestraux, traditionnels, ils ne jurent que par le progressisme, l'émancipation de l’« odieux patriarcat » ; ils sont semblables en cela aux anarcho-capitalistes de la Silicon Valley, tel Jeff Bezos, pour ne citer que le plus emblématique d'entre eux. Libertaires radicaux, black blocs vs anarcho-capitalistes de la Silicon Valley = même combat. La seule différence notable entre les deux c'est l'épaisseur du porte-monnaie. Cela fait bien longtemps que le capitalisme a changé son fusil d’épaule, qu’il n’est plus patriarcal, et que les libertaires d'extrême-gauche figurent parmi leurs idiots utiles.

Nietzsche disait que la femme était le repos du guerrier ; mais comme les femmes sont devenues des guerrières, qui sera le repos du guerrier ? Il ne reste possible que des associations de malfaiteurs.

En Afghanistan la femme est encore le repos du guerrier, voire même plutôt le butin du guerrier. En Occident, l'homme est devenu subrepticement le repas de la guerrière (Lacan profondément touché par le film d'Oshima ; L'empire des sens). Vous avez encore l'illusion que dans la société en passe de devenir avec brutalité (celle de la police et des magistrats aux ordres de Schiappa) matriarcale, que constitue l'Occident, vous pourrez faire mieux que les hommes ? Qui vivra verra.

Nous sommes en plein dans cette lutte, dans la guerre de tous contre tous, et surtout la lutte entre les sexes ; au départ pour les capitalistes mettre la femme sur le marché du travail était une façon de réduire le coût de la main d’œuvre par salarié, d’augmenter la valeur ajoutée, et donc les bénéfices de ceux qui possèdent l’appareil de production. Puis cela s’est transformé en combat sociétal au sein de chaque famille. Je ne suis pas sûr que les femmes soient plus pacifiques que les hommes, c'est un préjugé. Ma mère en tout cas ne m'a pas fait de cadeaux, j'ai été sa victime, son petit bouc-émissaire de poche sur qui planter les aiguille de la perfidie. Dans le fond du discours féministe il ne s'agit pas d'égalité, les femmes souhaitent en réalité l'hégémonie, et c'est véritablement une lutte à mort avec les hommes qui s'insinue jusque dans le couple, jusque dans le rapport aux enfants.

C'est bien parce qu'il s'agit de féminicide, d'un crime qui s'apparente à un génocide du genre féminin, que Darmanin et Schiappa ont décidé de faire des violences faites aux femmes la priorité des priorités de tous les flics et magistrats de France, devant toutes les autres formes de délinquance, voire le terrorisme. C'est vrai que ces violences sont abjectes, mais là il s'agit d'une forme de propagande d'État dont des maris innocents peuvent faire selon moi les frais (j'en sais quelque chose). 

C'est une propagande idéologique, dans le cadre d'une "guerre des sexes" qui a existé de tout temps - dont Nietzsche dit d'ailleurs qu'elle fait tourner le monde, à la condition qu'elle s'accompagne d'un minimum d'élégance... ce qui n'est plus le cas. Voudrait-on faire absolument gagner les femmes et accéder à un genre de matriarcat pour détrôner l'odieux patriarcat, que l'on ne s'y prendrait pas autrement. On a déjà coupé la tête au roi en 1789, coupons maintenant la b... aux hommes, car ce mouvement s'inscrit dans la même mouvance que celui qui fait la chasse aux hommes qui harcèlent les femmes et/ou les violent (Weinstein, Depardieu, Poivre d'Arvor, Bruel, Besson etc.).

Je ne pense pas que les maris ou les conjoints tuent leurs femmes parce qu'elles sont des femmes. On ne peut pas assimiler ça au fait de tuer un Juif parce qu'il est juif. Ce terme est idéologique et politique : c'est vouloir faire d'un crime passionnel qui est déjà abject, quelque chose de bien plus abject encore. Comme si dans l'âme de tout homme rôdait un nazi en puissance à l'égard de sa femme, selon une logique binaire : bien/mal(mâle). Le pire est que les gens gobent : plus c'est gros plus ça passe. En fait le crime conjugal ne touche qu'une femme sur 350 000 en France, soit 0,0000028% de la population féminine, c'est déjà sans doute beaucoup trop, mais comme on fait un zoom énorme sur ce phénomène qui a existé de tout temps, il nous paraît absolument monumental et inédit.

« La bonne vieille expression « crime passionnel » est déjà une façon d’atténuer la responsabilité de l’auteur. Le pauvre, la passion l’a poussé au crime... ». Je sais, cela fait partie de la doxa féministe selon laquelle : « il faudrait plutôt parler de féminicide, au même titre que l'on parle de génocide pour la Shoah. Tous les hommes sont potentiellement des nazis qui s'ignorent. Ce n’est donc pas par passion, mais par véritable nazisme viscéral et intrinsèque, que des hommes tuent leurs femmes (90 en 2020, pour 16 hommes tués par leurs conjointes, mais eux l'avaient sans doute bien cherché). Ce sont des monstres qui n’ont plus rien d’humain, rien ne permet d'expliquer, de comprendre et encore moins d'excuser, le motif de leurs gestes, comme pour les nazis nous sommes dans le domaine de l'indicible. »

Dans la doxa binaire de nos contemporains, l’homme est forcément un salaud, il représente le mal (mâle) et toutes les casseroles qui vont avec (croisades, esclavagisme, colonialisme, racisme, antisémitisme, misogynie, homophobie…), et la femme est éternellement pure et fraîche comme la rosée du matin. Si l’on a le malheur de nuancer, c’est comme commettre un matricide.

Dans chaque combat, chaque lutte à mort, le vainqueur qu'il soit femme ou homme en retire des forces, il augmente sa volonté de puissance. Aujourd'hui l'Occident globalement a mis la femme dans le camp du bien et l'homme dans le camp du mal, on le voit en France à la façon dont sont traités les hommes par Marlène Schiappa.

L’égalité mâles-femelles n'existe nulle part dans la nature (la mante-religieuse dévore le mâle après, voire pendant l'accouplement), et je crois que ce sera toujours la même chose dans la société humaine. Au terme de ce combat pour l'émancipation des femmes qui est en réalité une lutte à mort, un seul sexe sortira vainqueur et renforcera sa volonté de puissance pour asservir l'autre sexe. Les compagnons des féministes sont déjà des hommes castrés.

D’un point de vue sociétal nous en sommes au stade d’un totalitarisme dit soft. Avec un camp du bien clairement défini ayant des frontières qui sont celle du monde occidental, et un camp du mal à sa périphérie ; et dans chaque famille un "mauvais" père et une "bonne" mère. Or la façon qu'a chacun d'aborder le problème de la vérité est unique. En cette matière il ne devrait pas exister de police de la pensée dispensant de bons conseils (pour le bien de tous évidemment), et la tolérance devrait être absolue, y compris pour les fous, les déficitaires, les victimes, les hommes, a fortiori pour les musulmans.

D’autant plus que le mal est la chose du monde la mieux partagée, que l’on soit de gauche ou bien de droite, que l'on soit femme ou homme, même les nazis pouvaient être de bons pères de famille, là où un démocrate peut-être encore de nos jours, un véritable bourreau pour ses enfants.

Le mal qu'on le fasse volontairement ou "involontairement" (acte manqué) reste toujours le mal. L'inconscience est une excuse trop facile qui vient toujours après coup, comme après un génocide : "on ne savait pas". En réalité on n'a pas voulu savoir.

L’inconscience aujourd’hui c’est celle de nos démocraties qui ne veulent pas voir sur quel moteur ignoble elles fonctionnent : l’exploitation des "ressources humaines" jusqu'au burn-out et la mise en demeure de la planète de nous livrer toutes ses ressources.





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