En dehors des calculs et stratégies politiques, il faut voir
si le FN gagne dans les consciences. On le voit la société est encore
majoritairement intransigeante face au FN, le discours autoritaire fait peur.
Il y a un réflexe républicain très fort dans les consciences. Reste à savoir si
ce verrou sautera un jour ou non ? Cependant la limite qui sépare le FN des 50
% fatidiques, tend à s'estomper de plus en plus. Et on peut s'attendre à un
travail des élus FN sur le terrain, pour travailler les consciences, et peu à
peu faire sauter le tabou et le verrou. En matière d'idéologie gauche et droite
on épuisé toutes leurs réserves, elle ne proposent en dernier recours non un
vote d'adhésion, pas un vote POUR, mais un vote CONTRE l’extrémisme. Cela
commence à devenir épuisant pour les électeurs, qui ne votent plus par désir
d'adhésion, mais par devoir de rejet. Alors qu'en matière d'idéologie le FN a
un boulevard devant lui ; mais choisira-t-il la voie du patriotisme gaulliste,
par delà les clivages partisans droite et gauche, ou la voie de l'extrême-droite
raciste et antisémite ? Si il choisit la première voie, il est clair que je
pourrais adhérer à son discours, si c'est la seconde, j'entrerai en résistance.
Il aurait effectivement été intéressant que le FN gagne au moins une région,
afin de le voir à l'œuvre, et de juger en conséquence, mais les stratèges de la
rue de Solferino en ont décidé dogmatiquement autrement. Or plus la pression va
monter dans la cocotte, colère et frustration s'accumulant, plus l'explosion
risque d'être dévastatrice, quelquefois il faut utiliser ce qu'on appelle une
soupape de sureté, afin de faire redescendre la pression. Ni droite, ni gauche,
c'était le discours de l'extrême droite française, mais par delà le clivage
gauche-droite, c'était le discours rassembleur de De Gaulle ; on ne sait pas
encore, puisqu'on ne l'a pas vu à l'œuvre, l'option du FN, et sa capacité
éventuelle à dépasser et transcender le clivage gauche-droite, dans un parti
social et patriote (je n'ai pas dit national-socialiste). Les gardiens de la
morale républicaine, singulièrement les socialistes se comportent vis-à-vis du
FN, comme les psychanalystes vis-à-vis du symptôme de leurs patients, nous
savons mieux disent-ils ce qu'il y a dans la tête d'un électeur ou élu du FN,
qu'eux-mêmes ne le savent ; comme si il s'agissait presque d'un inconscient
fasciste, dont les malades n'auraient pas conscience. Donc les socialistes se
comportent, et particulièrement les militants socialistes, comme toi Emmanuel,
comme une police et hygiène de la pensée. C'est d'ailleurs l'attitude des
médias en général, où j'ai suivi la soirée électorale sur France Télévision, et
où pas un seul représentant du FN ne fut invité sur le plateau pour débattre,
malgré son très haut score, et où l'on en parlait comme d'un symptôme, symptôme
de colère, de malaise, maladie en somme, mais pas projet ; infantilisant ainsi
des millions d'électeurs, un peu par un conformisme et un réflexe, imposé par
plusieurs décennies de mitterrandisme et de militantisme "sos racismant"
et vitupérant, qui est plus responsable par son intolérance, son sectarisme et
sa stratégie politique de rejet dans "le camp du mal" de tout
adversaire, de l'émergence de sa propre créature que constitue le FN, qu'autre
chose. Le FN est effectivement le bouc émissaire dont les socialistes ont
besoin pour donner une bonne conscience à leurs électeurs ; et à défaut de leur
proposer un projet, un vote d'adhésion, ils leur proposent un vote CONTRE. Face
à un parti sectaire représenté par le PS, face au parti de l'argent et du
patronat représenté par la droite traditionnelle, les Français rêvent d'une
troisième voie sociale et patriote pour adhérer enfin. Tant qu'il n'y aura pas
de démocratie directe, tant que les Français ne se sentiront pas représentés
par une caste d'élus qui va contre leurs désirs et aspirations, tant que les
acteurs de la société civile ne seront pas davantage écoutés, tant que les
Français ne seront pas consultés pour les grandes décisions, tant qu'ils se
sentiront bafoués, floués, trahis, la crise perdurera.
Le FN est un parti de frustrés ptites bites et comme il y aura toujours de la frustration...
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