mercredi 2 décembre 2015

Salauds de pauvres

En société libérale on nous a appris depuis notre plus jeune âge que nous étions tous en concurrence les uns avec autres. Les victimes en langage libéral et en langage jeune, on les appelle des "losers", et en plus en général comme leur statut de victime entraîne des désordres psychologiques, on les affuble de pathologies ; dans les conversation privées on les traite de malades, et que tout ce qu'il leur arrive est de leur responsabilité, cela peut aller jusqu'à du ricanement ou de la moquerie, mais aucune compassion en société libérale, cela ne fait plus partie de notre éducation : Ecce homo et vive la république !
Nous vivons moins en république (des vœux pieux), qu'en société de compétition ultra libérale et de la guerre de tous contre tous, "l'ouverture à l'autre", pour parler de l'immigration ça me fait bien rigoler : alors qu'il s'agit d'une logique libérale d'exploitation de main d'œuvre à bon marché pour la droite. Pour la gauche je concède qu'il doit bien y avoir un fond idéologique "droit de l'hommiste", mais le résultat revient au même ; mettre en concurrence les plus modestes des Français de souche, avec une population d'origine immigrée peu qualifiée, qui accepte des emplois sous-payés.
Certains de mes amis me disent très sérieusement que "les Chinois on un grand plan d'augmentation du QI de leur population par génie génétique. L'augmentation de l'intelligence sera la seule porte de survie dans le monde pré singulariste" et "qu'il  faudrait un permis de procréer avec un test de QI", je ne porterai pas de jugement sur ce type de propos, mais je n'en pense pas moins. La logique en est que les gens qui votent FN sont moins intelligents que la moyenne, ce que prouvent toutes les enquêtes sociologiques, donc qu'il faudrait éliminer la bêtise par la génétique ; mais là on se trouve pris dans un piège eugéniste, dont les présupposés sont fascistes. Le remède est pire que le mal. Il suffit en outre de lire Cyrulnik pour prendre conscience que l'intelligence est moins question de génétique que d'affection, que l'intelligence est plus affaire de cœur, que de qualité du cerveau, mais passons !
En poussant la logique moqueuse et un rien cynique, on pourrait dire après tout que voter FN pour se venger de ce type de société est tout simplement criminel, et que l'indigence de ce type d'individu votant FN n'est pas notre problème ; que les victimes peuvent mourir dans leur coin et en silence, et ne viennent pas troubler le confort moral des vainqueurs, en votant FN. Salauds de pauvres !
Personnellement que l'homme soit naturellement porté à l'empathie et à la compassion pour son prochain, je n'y crois pas du tout. L'homme éprouve bien plus de plaisir à voir souffrir son prochain, qu'à le voir heureux, car alors il ressent une souffrance qui a nom jalousie. Surtout lorsque par éducation il a appris à être en concurrence avec les autres ; quelqu'un qui souffre c'est un concurrent en moins dans l'idéologie libérale de la compétition de tous contre tous, même entre professeurs on ne mutualise pas, c'est ce que me montre mon expérience personnelle. Autrefois la guerre, c'était au nom du nationalisme, aujourd'hui c'est au nom du libéralisme, il n'y a même plus cette solidarité nationale que prône le FN, et qui est peut-être un serpent de mer. "L'ouverture à l'autre" est un vœu pieux, allons plus loin, une hypocrisie. Peu de gens sont ouverts à l'autre, ou si ils le sont c'est pour des raisons historiques, on a globalement et généralement de la compassion et de l'empathie pour ses enfants lorsqu'on est à peu près sain, pour ses parents si ces derniers nous ont respecté et fait du bien, et pour ses amis si on est capable d'en avoir, l'empathie ne va guère plus loin. Rousseau condamnait ces intellectuels qui disent avoir de l'empathie pour de pauvres victimes qui se trouvent à des milliers de lieues, comme aujourd'hui les Syriens par exemple, et qui n'éprouvent rien pour le SDF qui se trouve en bas de leur immeuble, en traduisant Rousseau en langage moderne. Je travaille pour l'Etat, pour l'école, ça me va très bien ; mais je suis sceptique sur la bonté naturelle de l'homme, en cela je n'adhère pas à l'adage de Rousseau un rien éculé, quand il dit que "l'homme est bon par nature". C'est aussi que l'Histoire est passée par là avec toutes ses atrocités, au nom notamment des principes les plus généreux comme le communisme.

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