Moi : « Il est évident que le souvenir de
Shoah confère un sentiment d’impunité morale à certains. Je pense que Florence Foresti
a plutôt attaqué ce sentiment d’impunité chez certains hommes blancs que la
communauté juive en général. Pour ce qui est de Polanski je crois que ce qui
lui a fait commettre ses crimes mais aussi ses œuvres, est un rapport
traumatique à la réalité qui découle directement des persécutions que lui et sa
famille ont subi dans le ghetto de Cracovie, et non pas d’un sentiment d’impunité.
Ce sentiment d’impunité est d’ailleurs ultérieur aux années 70 et
s’est construit chez certains à partir du milieu des années 80. Il peut s’appliquer
à des personnalités comme DSK, Bruel ou Weinstein qui ont développé un genre de
mégalomanie qui reflète un sentiment de toute puissance de l’enfant, en rapport
à l’imprescriptibilité du crime de la Shoah, mais pas à Polanski (c’est seulement après qu'il s'est reconstruit
filmographiquement en mettant en avant son innocence ontologique).
Le crime de la Shoah qui implique ni oubli ni pardon renvoie au schéma suivant : puisque tous les autres hommes sans exception sont coupables, je ne peux qu’être innocent comme Dreyfus ; par conséquent tous les crimes dont je pourrais me rendre coupable sont excusables, prescriptibles, éphémères et relatifs, ils n'attentent pas à ma pureté car ils n’ont aucune commune mesure avec celui de la Shoah qui est impardonnable, imprescriptible, intemporel, éternel et absolu. Tout le monde sait ou sent intuitivement que l'appartenance à l'identité juive vous confère un statut de victime intouchable, que jalousent et avec lequel tentent de rivaliser toutes les minorités opprimées au fil des siècles par l'homme blanc, notamment aujourd'hui la communauté musulmane en France. C'est pour cela que je préfère dire que le souvenir de la Shoah n'appartient à personne, comme je l'ai expliqué dans un article précédent, car sinon il pourrait aboutir à de nouvelles formes de dogmatisme, d'intolérance et de mépris envers les autres Hommes.
Les femmes qui sont généralement plus sensibles à l'image que les hommes, surtout dans le domaine de la sexualité, pourraient jouer le rôle de juge arbitre dans le conflit que pourraient se livrer les différentes communautés antagonistes en France, chacune essayant de se mettre dans la posture victimaire pour essayer d'en retirer les fruits dans la conquête du pouvoir grâce aux femmes.
Le crime de la Shoah qui implique ni oubli ni pardon renvoie au schéma suivant : puisque tous les autres hommes sans exception sont coupables, je ne peux qu’être innocent comme Dreyfus ; par conséquent tous les crimes dont je pourrais me rendre coupable sont excusables, prescriptibles, éphémères et relatifs, ils n'attentent pas à ma pureté car ils n’ont aucune commune mesure avec celui de la Shoah qui est impardonnable, imprescriptible, intemporel, éternel et absolu. Tout le monde sait ou sent intuitivement que l'appartenance à l'identité juive vous confère un statut de victime intouchable, que jalousent et avec lequel tentent de rivaliser toutes les minorités opprimées au fil des siècles par l'homme blanc, notamment aujourd'hui la communauté musulmane en France. C'est pour cela que je préfère dire que le souvenir de la Shoah n'appartient à personne, comme je l'ai expliqué dans un article précédent, car sinon il pourrait aboutir à de nouvelles formes de dogmatisme, d'intolérance et de mépris envers les autres Hommes.
Les femmes qui sont généralement plus sensibles à l'image que les hommes, surtout dans le domaine de la sexualité, pourraient jouer le rôle de juge arbitre dans le conflit que pourraient se livrer les différentes communautés antagonistes en France, chacune essayant de se mettre dans la posture victimaire pour essayer d'en retirer les fruits dans la conquête du pouvoir grâce aux femmes.
L'art n'est peut-être pas à regarder avec les
lunettes de l'idéologie, quelle qu'elle soit. Les deux films J'accuse et Les misérables, ont tous deux des
qualités artistiques intéressantes par-delà les dérives excessives de leurs
deux auteurs respectifs, que l'on peut toujours renvoyer dos à dos sur le plan
de la morale (d'ailleurs Polanski ne serait pas seulement coupable d'un viol
sodomite sur une petite fille, mais d'une douzaine). Or précisément la morale
n'a rien à faire dans le domaine de la pulsion du désir, dont relève la
sexualité mais aussi l'art. Leurs pulsions relèvent sans doute du droit pénal,
mais ils se sont rachetés par leurs créations. En les récompensant tous les
deux à égalité de leur volonté de rédemption par l'art, l'Académie des Césars
n'a finalement pas si mal agi. Ce sont effectivement deux camps idéologiques et
antagonistes se foutant totalement de l'acte de création artistique qui s'affrontent
à travers leurs partisans, qui préfèrent maudire la récompense indue que l'on a
attribué à ce qu'ils exècrent plutôt que de se réjouir du sacre de leur
champion. »
Joseph : « On se fout du cinéma Erwan, vous
n’avez pas encore compris ça ? Remballez, ce n’est pas le sujet. »
G. : « Racheter du droit pénal par leurs créations…?
Ouh là là, Hitler s'est-il racheté par le spectacle grandiose de la seconde
guerre mondiale, Néron par celui de l'incendie de Rome ? Robespierre par la
pureté de ses intentions ? Staline par la noblesse de ses buts ? Il y a des
conneries qu'il vaut mieux éviter, quand même. Le droit pénal, construction
vénérable et patiente, prévoit la prescription, pour que l'on ne juge pas les
actes d'avant-hier avec la jurisprudence d'aujourd'hui. Tenons-nous en à cette
bouée de sauvetage… »
Moi : « C'est bien ce que je vous reproche
Joseph. Il y a bien plus à comprendre dans l'observation d'une œuvre d'art et
donc dans la contemplation, que dans le délire partisan. S'interdire de
contempler Les misérable ou J'accuse par dogmatisme idéologique constitue un
appauvrissement spirituel, source de conflit et d'intolérance. D’ailleurs je
crois que l’on peut comprendre le traumatisme qu’a subi Polanski et lui a fait
commettre ses crimes, à travers sa filmographie des années 70 et 80. »
Joseph : « Vous tombez mal avec moi Erwan,
parce que perso, je m'en bats les couilles de tout ça, du cinéma, des actrices
et des Césars, que ça me donnerait une idée de l'infini si je ne l'avais pas
déjà... »
Moi : « D'ailleurs toute cette histoire de
récompenses est totalement absurde. La reconnaissance pour un artiste c'est la
cerise sur le gâteau, mais en réalité une authentique œuvre d'art se suffit à
elle-même, elle n'a pas besoin de récompense. Ce sont les médiocres qui
recherchent les récompenses à tout prix, et qui sont prêts à se soumettre à une
autorité, celle des puissants, des décisionnaires, des prédateurs en réalité,
pour ça ! On peut d'ailleurs être un très bon artiste et avoir une âme de
médiocre qui recherche les honneurs, ce n'est pas incompatible. Mais avec le
temps, tout ce qu'il reste c'est l'œuvre. C'est dans cent ans que l'on pourra
réellement juger de l'intemporalité éventuelle de ces deux œuvres.
La politique n'a rien à voir avec l'art, un Homme
politique doit être machiavélique, ne rien dire de ses intentions réelles, donc
mentir constamment. Il n'y a rien à contempler dans la guerre partisane et
idéologique qu'ils se livrent, il y a juste matière à dérision (Coluche et
Charlie l'avaient bien compris). Il est de notoriété publique que Néron et
Hitler se prenaient pour de grands artistes alors qu'ils n'étaient que des
politiciens mégalomanes médiocres sur le plan artistique. Ils ont donc pu
commettre des crimes à grande échelle sans qu'aucune œuvre ne puisse évidemment
les justifier ou même les atténuer. Hitler aurait peut-être pu s'épanouir dans
l'art en sublimant ses pulsions criminelles, mais l'on dit que c'est un Juif (rumeur ou réalité ?) qui lui interdit l'accès à l'école des beaux-arts de Vienne (ironie tragique de
l'Histoire !), sans d'ailleurs que cela ait un véritable lien avec son
antisémitisme viscéral. Il aurait évidemment mieux valu qu'il devienne un
artiste-peintre sans doute médiocre, ne laissant aucune œuvre derrière lui
comme l'immense majorité des "artistes", plutôt qu'il se lance dans
la politique. »
G. : « Quant aux agissements anciens des
vieillards de 86 ans, il faut les juger selon les règles de tout temps, mais
pas selon les codes d'aujourd'hui. Si vous voulez juger selon les codes, plutôt
que selon les droits écrits (attitude que je conteste au fond, d'ailleurs), il
faut juger avec les codes d'hier, que nombre de jeunes péronnelles comme cette
Haenel ignorent totalement. In fine, juger selon les codes plutôt que les
droits écrits conduit tout droit à l'injustice et c'est exactement pour cela
que le droit écrit comporte la notion de prescription. Mais bon, les
péronnelles ne savent rien. Comment sauraient-elles cela ? »
M. : « Cela étant, le Code pénal des
Etats-Unis (même s'il ne s'appelle pas ainsi), ou de tel Etat américain,
faisait déjà du viol d'une mineure (ou pas) un crime, à l'époque
"antédiluvienne" des faits.
La prescription des crimes et délits n'a rien à
voir avec le motif que vous invoquez, et les faits reprochés à Polanski aux
Etats-Unis ne sont pas prescrits. »
Moi : « Est-ce que cela veut dire que dans les
codes d'hier, le viol et la sodomisation d’une fillette étaient tolérés ? Ce
qui expliquerait la notion de prescription pour un crime qui n'en était même
pas un à l'époque, tant la société dans les années 70 était permissive et
ressemblait à une joyeuse partouze généralisée ?
Aujourd'hui la société en réalité beaucoup plus
hypocrite, mais avec de l'argent les puissants peuvent toujours assouvir leurs
pulsions pédophiles en toute impunité dans des pays étrangers.
Même si c'est vrai que comme Gabriel Matzneff, le
tout-Paris des années 70 défendait le sexe entre adultes et enfants.
L’écrivain se vantait de son goût pour la pédophilie. Il était soutenu par de nombreux intellectuels, qui ne concevaient pas la souffrance des victimes.
Deux ans plus tard, Libération publie une lettre de soutien à un homme accusé de pédophilie pour avoir vécu avec des jeunes filles de 6 à 12 ans chez lui. 63 personnes ont signé ce texte, dans lequel on peut lire cet extrait au sujet des petites filles concernées: “[leur]air épanoui montre aux yeux de tous, y compris de leurs parents, le bonheur qu’elles trouvent avec lui”.
L’écrivain se vantait de son goût pour la pédophilie. Il était soutenu par de nombreux intellectuels, qui ne concevaient pas la souffrance des victimes.
Matzneff milite pour que la pédophilie soit
décriminalisée. En 1977, il rédige un texte que le Tout-Paris cosigne, mais il
n’est écrit nulle part dans la tribune qu’il en est l’auteur. Parmi les 69
signataires, on trouve Louis Aragon, le sémiologue Roland Barthes, Simone de
Beauvoir, Jean-Paul Sartre, le cinéaste Patrice Chéreau, le philosophe Gilles
Deleuze, André Glucksmann, l’écrivaine Catherine Millet.
On voit bien ici la logique de ces demandes qui
s’inscrit dans une libération sexuelle totale, faisant des enfants des êtres
qui devraient bénéficier des mêmes droits que les adultes, comme celui de faire
l’amour. À l’époque, l’idée de leur non-consentement éventuel est écartée. Dans
les années 1970, le droit définissait strictement la pédophilie, et les mœurs
post-68 voulaient qu’interdire le sexe avec les enfants soit une énième
interdiction à abattre.
Deux ans plus tard, Libération publie une lettre de soutien à un homme accusé de pédophilie pour avoir vécu avec des jeunes filles de 6 à 12 ans chez lui. 63 personnes ont signé ce texte, dans lequel on peut lire cet extrait au sujet des petites filles concernées: “[leur]air épanoui montre aux yeux de tous, y compris de leurs parents, le bonheur qu’elles trouvent avec lui”.
Seulement voilà, le droit est resté le droit, et il
a toujours défini la pédophilie, des années 70 à aujourd'hui, avec plus ou
moins la même constance. Heureusement qu'il soit resté ce garde-fou pour
s'opposer aux dérives fumeuses d'intellectuels sans doute imbibés de Haschich
ou d'autre chose, lorsqu'ils avaient leurs pulsions pédophiles. Et les mœurs
post-68 n'ont véritablement duré en France que de 1968 à 1983 environ, ce qu'on
appelle avec le recul nostalgique : "la parenthèse enchantée" (mais
pas pour tous !)
Cela dit, la question mérite d'être posée :
l'expérience méritait-elle d'être tentée jusqu'au bout ou faut-il mettre une
limite à l'instinct de destruction des adultes lorsqu'il s'exerce sur des
enfants ? Il y a des époques où la pédophilie était tolérée et je ne sais pas
vraiment si les enfants s'en sortaient bien ou mal ? Peut-être cela serait-il
possible dans une société beaucoup moins destructrice que la nôtre, comme la
Grèce antique ? Ou une communauté à l'abri du besoin et de la violence ? »
Vincent : « "Je me demande parfois si
l’on prend bien la mesure de ce dont nous sommes témoins. Ainsi, ce 28 février,
la présentatrice des Césars, Florence Foresti, dans le plus pur style polémique
et raciste de l’extrême droite – celui où le nom d’un individu se trouve réduit
à un sobriquet alors que sont mis en avant, pour la vindicte, ses
particularismes physiques – aura rebaptisé Roman Polanski, « Roro » et « Popol
». Que s’est-il passé pour qu’en 2020 un survivant du ghetto de Cracovie se
trouve désigné par « Atchoum », l’un des nains de Blanche neige devant une
salle hilare ? Comment une salle peut-elle rester souriante lorsque le nom d’un
individu - dont la mère a été gazée à Auschwitz, et le père déporté à
Mauthausen, là où les prisonniers spoliés de leur nom se trouvaient réduits à
un matricule tatoué sur le bras - n’a plus le droit d’être prononcé, juste
déformé et vilifié. Surtout, de quelles autres sauvageries augure cette pathétique
soirée des Césars ?" a dit Samuel Blumenfeld
Bon, là, est-ce que ça n'irait pas un tout petit
peu trop loin, quand même? Faire de Foresti et de Daroussin les nouveaux
chantres de l'extrême droite, voire des émules d'Himmler, y'a comme un couac,
non? »
G. : « Tu vois bien pourquoi Popol. Il s'en
est beaucoup servi auprès de très jeunes filles…
Mais que vient faire l'extrême droite là-dedans. La
gauche s'est toujours suffit à elle-même quant à l'antisémitisme. »
Vincent : « Je suis d'accord avec vous mais
c'est Blumenfeld qui se croit obligé de faire de Foresti ou de Daroussin des
clones de l'extrême droite, refusant sans doute de voir l'antisémitisme de
gauche.
Cela dit, je ne pense pas une seule seconde que
Daroussin ou Foresti soient antisémites d'où mon appréciation sur la caractère
quelque peu outré - et peut-être même pas très digne - de cette critique de
Blumenfeld. »
Moi : « Ce n'est pas parce que l'on a été la
victime d'un crime que l'on doit répéter ce crime sur des personnes plus
fragiles que soi, c'est-à-dire des fillettes… même si cela peut aider à
comprendre l’origine de la pulsion de Polanski. Sinon on se met au même niveau
que ses bourreaux. Il n'y a en réalité que l'art qui puisse un peu racheter la
conduite déviante de Polanski, à travers lequel on puisse un peu le pardonner.
Au contraire le motif de la Shoah le condamne en réalité une deuxième fois ;
d'avoir non seulement commis des viols sur des fillettes, mais ce qui est
encore plus blâmable : de s'être rabaissé au niveau de ses bourreaux. »
Vincent : « Selon moi, l'art ne rachète rien
pas plus qu'il n’absout. Je lis Matzneff et Céline, je regarde les toiles de
Gauguin ou du Caravage mais leurs œuvres ne rachètent en rien ce qu'ils ont
commis.
D'autre part, la comparaison entre le crime de
Polanski et celui des nazis me semble absolument manquer de la moindre mesure.
Cela n'absout rien non plus, mais je vous rappelle
quand même que sa victime lui a pardonné. »
R. : « Il y a eu d'autres accusations contre
lui pas seulement Samantha Geimer, la femme qui avait 13 ans à l'époque. »
Moi : « Il peut absoudre Vincent, dans la
mesure où l’art peut avoir des vertus thérapeutiques pour le spectateur, et peut
réparer des blessures d’enfance. Comme des abus sexuels. Il s'agit d'une
douzaine de fillettes violées et sodomisées qui auraient été victimes de
Polanski. Samantha Geimer a effectivement touché un très gros chèque pour acheter sa
mansuétude (plus de 500 000 $ quand même !), mais elle doit être bousillée de
l'intérieur. L'argent peut-il tout acheter même le pardon ? Les descendants des
Juifs victimes de la Shoah accepteraient-ils de toucher un très gros chèque de
la part de l'État allemand pour acheter leur mansuétude ? »
Vincent : « Non, pas que je sache. Les autres
plaignantes avaient toutes la majorité sexuelle, il me semble. Quant au chèque,
c'est une réparation civile qui n'oblige pas au pardon.
Le 14 mai 2010, l'actrice britannique Charlotte
Lewis l'accuse d'avoir abusé d'elle en la forçant à avoir une relation sexuelle
avec lui lorsqu'elle avait 16 ans, en 1983. Trois ans après les faits allégués,
Charlotte Lewis a tourné dans le film de Polanski Pirates. Me Georges Kiejman, l'un
des avocats de Polanski, menace alors de poursuivre Lewis en justice pour ses
accusations. La presse interroge la crédibilité de l'actrice, cette dernière
ayant reconnu dans un entretien publié en 1999 par le tabloïd britannique News
of the World
s'être adonnée à la prostitution dès l'âge de quatorze ans et déclaré avoir
voulu être la maîtresse de Polanski. Lewis démentira ensuite avoir tenu ces
propos en indiquant qu'elle en reste aux déclarations faites à la police.
Questionné par Paris Match, le réalisateur répond que l'accusation de Lewis
est un « mensonge odieux » et que l'actrice a donné plusieurs entretiens à la
presse après le tournage de Pirates ! dans lesquels elle lui rend hommage.
Le 15 août 2017, une femme identifiée sous le nom
de « Robin M. » l'accuse de l'avoir agressée sexuellement en 1973, alors
qu'elle avait 16 ans. L'avocat du cinéaste, Me Harland Braun, déclare avoir
rapporté les accusations à son client, qui lui a répondu qu’il ne savait pas «
de quoi il s’agissait », et dénonce « une tentative d’influencer le juge Gordon
», chargé du dossier de 1977 que Roman Polanski tente une nouvelle fois de
clore.
Le 3 octobre 2017, une ancienne actrice allemande,
Renate Langer, dépose une plainte en Suisse et affirme avoir été violée par le
réalisateur dans sa maison de Gstaad alors qu'elle avait 15 ans ; un mois plus
tard, il l'aurait appelée pour s'excuser, lui offrant également un rôle,
qu'elle accepte, dans son film Quoi ?. La police suisse annonce alors ouvrir une
enquête avant de déclarer prescrites les accusations.
Le 20 octobre 2017, Marianne Barnard, une artiste
américaine, affirme dans un entretien avec le tabloïd britannique The
Sun avoir
été abusée par Roman Polanski en 1975 alors qu'elle avait dix ans, lors d'une
séance photo. Les faits qu'elle mentionne se seraient produits sur une plage de
Malibu où elle avait été amenée par sa mère, qu'elle soupçonne d'avoir arrangé
la rencontre. Dans une série de messages postés sur son compte Twitter, Barnard décrit Polanski
comme étant un « disciple de Satan ». Polanski dénonce une accusation sans
fondement.
En novembre 2019, Valentine Monnier, une
photographe française, accuse le cinéaste de l'avoir violée et frappée en 1975,
alors qu'elle était âgée de 18 ans. Les faits se seraient déroulés dans le
chalet du cinéaste à Gstaad, en Suisse. Valentine Monnier, qui fut mannequin et
actrice dans quelques films, n’a pas déposé plainte. Elle explique que c'est en
raison de la sortie au cinéma du film J'accuse de Polanski, le 13
novembre 2019, qu'elle a pris la décision de parler et que le témoignage de
l’actrice Adèle Haenel, rendu public le 3 novembre, lui a donné « les dernières
forces nécessaires ». Polanski dénonce une « histoire aberrante » et dit
n'avoir « évidemment aucun souvenir de ce qu'elle raconte, puisque c'est faux
».
On est quand même très loin des crimes nazis et des
chambres à gaz, non ? »
R. : « On ne peut pas comparer les plaintes
contre lui à la solution finale c'est évident. Pour autant il n'apparaît pas
sous un jour bien sympathique. »
Moi : « Parmi les 12 victimes, 5 ont décidé de
rester anonymes. Deux d’entre elles avaient 9 ans lorsqu’elles ont été abusées,
tandis que les trois autres avaient 10, 12 et 16 ans. Mais la liste des
victimes continue : Marianne Barnard, 10 ans, Samantha, 13 ans, Renate Langer,
15 ans, Charlotte Lewis, 16 ans, Robin, 16 ans, Valentine, 18 ans et Mallory
Millett, 29 ans.
Pourtant, Polanski continue de nier les faits en
toute impunité : « Les activistes agitent le chiffre de 12 femmes que j’aurais
agressées il y a un demi-siècle ; ces fantasmes d’esprits malsains sont
désormais traités comme des faits avérés. Un mensonge répété 1000 fois devient
une vérité. »
Malheureusement, les victimes de violences
pédophiles se comptent par millions et par millions dans le monde. Face à cela,
les activistes féministes n'ont peut-être pas d’autre choix que de s'organiser
indépendamment de l’État et de ses institutions, qui légitiment et perpétuent
ces violences.
Je suis un homme qui a été victime lorsqu’il était
enfant de violences physiques, et notamment sexuelles dans les années 70, je ne
m'en remets toujours pas et j’ai honte, donc je cautionne les activistes
féministes lorsqu'elles s'attaquent au tabou de la pédophilie. Pour ce qui est
du harcèlement sexuel à l'égard des femmes en général c'est un autre problème,
car souvent elles instrumentalisent leur sexe dans des logiques de pouvoir et
de domination masculines, pour parvenir à leurs fins. Donc c'est plus
compliqué. Les enfants c'est l'innocence, on ne doit pas y toucher, les femmes
c'est différent car elles ne sont pas innocentes du tout, même si elles
demeurent moins coupables ontologiquement que les hommes. »
Jenny : « Les activistes féministes ne
dénoncent que Polanski, (elles se taisent sur les viols sur mineur de Londres,
n'ont pas défendu une jeune fille menacée de mort comme Mila...) Le fait est que la France
n'extrade pas les ressortissants français et accepte des réfugiés politiques qui
pour certains, pas tous, ont commis des crimes dans le pays d'origine. En
France Polanski n'a pas commis de crime, donc il est libre de travailler et si
ce qu'il produit est bon, alors il peut être récompensé, on peut trouver que
cela n'est pas juste. Je suis horrifiée par les crimes qu'il a commis mais
c'est la loi, ou alors il faut changer la loi et renvoyer tous les criminels
chez eux, et même l'idéologie de gauche se refuse à cela, c'est antagonique.
»
R. : « Que cette mouvance néo-féministe
radicalisée ait la dénonciation sélective en refusant de prendre en
considérations les femmes victimes de violence sexuelle émanant de minorités
ethniques c'est une réalité géante pour cette mouvance qui pratique le 2 poids,
2 mesure. Pour autant rappeler à l'occasion de la remise des Césars que
Polanski n'est pas un homme honorable c'était nécessaire. »
Jenny : « Comparé aux autres bouzes présentées
aux césars et connaissant quelque peu la filmographie de Polanski, je pense
qu'il doit sortir du lot, maintenant je pense que les juges ont voulu être
impartiaux et ne pas considérer l'homme mais l'œuvre, et franchement vu le
lynchage des féministes en meute, beaucoup aussi ont de la sympathie pour
Polanski malgré son crime, homme seul contre tous, elles produisent l'effet
inverse car il devient alors victime. »
Vincent : « Même en admettant la réalité des
témoignages et en écartant leur caractère plus ou moins crédible ou avéré,
convenez Erwan que nous sommes encore très loin des crimes des nazis… »
Moi : « C'est parce que vous ne pouvez pas
vous mettre dans la peau d'un enfant abusé sexuellement par un adulte que vous
pensez ça. Mais moi je peux m'y mettre car je l'ai vécu. J'ai plus de 50 ans,
et mon existence n'est pas rose tous les jours, j'en porte les stigmates à vie.
C'est en réalité une double peine : avoir été victime et devoir se taire en
subissant la réprobation de la société. C'est donc en même temps être victime,
subir la honte de s'être laissé faire par un adulte qui a abusé de sa puissance
quand on était un être innocent et cerise sur le gâteau, de devoir se taire !
Mais qu'y pouvais-je ? Mon père a porté plainte trois fois contre moi, car j'ai
osé rompre le silence, et la justice semble lui donner raison : car elle
prescrit ses crimes et que je suis jugé pour diffamation. Au final la justice
le considère comme la victime de mes propos qui ne font que dévoiler des faits
réels. Vous appelez ça la justice ? »
Patrick : « Cela pose effectivement problème. S'il
y a prescription et que la justice ne peut rien pour vous, elle pourrait au
moins ne pas se retourner contre vous alors que vous êtes victime.
Mais avec une justice à la "Mur des Cons",
on peut s'attendre à tout ! »
Vincent : « Non Erwan je ne peux pas me mettre
dans votre peau. Mais, malgré tout, je n'y vois rien de comparable avec les
crimes nazis qui ont fait partir en fumée des millions d'hommes, de femmes et
d'enfants. Tout ne se vaut pas. »
Moi : « Imaginez juste un prédateur cynique
dans le monde enchanté des années 70. Imaginez un prédateur cynique pour qui le
sexe est avant tout un moyen de domination et de destruction, un peu comme pour
Sade. Bien loin de la vision enchantée, insouciante, et si peu choquante de
Bertrand Blier dans Les valseuses. Je suis né en 1967 et le souvenir que je conserve
des années 70 est qu'elles furent une période d'insouciance et d'innocence
sexuelle. Par contre je suis persuadé que des pervers ont profité de cette
époque pour assouvir notamment leurs pulsions pédophiles, et dans cette
catégorie de pervers je place mon père (ce qui ne l'empêchait pas d'être
également une brute violente !), pas mal de gens que mon père
fréquentait... et Polanski !
Ce qui exonère un peu Polanski de sa faute, c'est
sa faculté de sublimation qui le sauve psychiquement lui-même et aux yeux de ses amis
comme Finkielkraut ; mais aucunement ses origines juives d’un point de vue
moral, car en se rabaissant au niveau de ses bourreaux il n'en est que plus
blâmable. Même si le passé très douloureux de Polanski peut aider à comprendre
l’origine de sa pulsion de domination et de destruction de créatures
innocentes.
Dans un contexte d'innocence sexuelle comme les
années 70, on pouvait effectivement envisager l'initiation sexuelle d'enfants
par des adultes, même si je la réprouve, et beaucoup l'ont fait dans la
mouvance de Cohn Bendit ou de Matzneff, voire de Deleuze. Quant à Polanski, il n'était pas question d'innocence mais
de violence selon le témoignage d'une de ses victimes présumées : "Il me
frappa, me roua de coups jusqu'à ma reddition puis me viola en me faisant subir
toutes les vicissitudes", raconte l'ancienne mannequin Valentine Monnier.
C'est effectivement le triomphe du néolibéralisme à
partir de 1983 qui aura signé l'arrêt de mort de cette période d'insouciance,
et l'innocence sexuelle a ensuite été bafouée par des logiques typiquement masculines de
pouvoir et de domination sur lesquelles de plus en plus de femmes revendiquant la stricte parité sexuelle ont tenté de se greffer par mimétisme, dans un contexte d'hyper-violence sociale
et sociétale pour satisfaire les appétits démesurés des plus prédateurs d'entre
nous : ce que nous appelons valeurs de la République et Liberté ; mais est en réalité libéralisme adam smithien. »
Polanski a violé une petite fille, et ce n'est pas parce qu'il est juif.
RépondreSupprimer"Polanski a violé une petite fille, et ce n'est pas parce qu'il est juif." Non pas explicitement mais implicitement : parce qu'il a vécu une réalité traumatisante dans son enfance, liée à ses origines juives. Je crois que sa filmographie qui peut constituer un élément d'explication, plaide pour lui et la réalité de son traumatisme, même si elle ne l'absout pas de ses crimes. Malheureusement aujourd'hui, il se cache derrière son identité juive à travers son dernier film, pour pratiquer le déni de ses crimes et se poser comme LA victime universelle et intemporelle.
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