mercredi 9 octobre 2019

BHL partage une bouteille de vin avec un clochard



Il faut écouter avec attention Zemmour sans peut-être adhérer béatement à toutes ses idées, n'oublions pas la nécessité de la perpétuelle exégèse ou critique, notamment sur la question sociale légitime de la redistribution des richesses alors que les GAFA deviennent plus puissants que des États et mettent en péril l'idée même de démocratie qui reposait sur l'existence de contre-pouvoirs virulents et indépendants (mais Zemmour n'a pas occulté cet aspect-là en parlant de totalitarisme marchand). Quoi qu'il en soit, le populisme comme démagogie si on le déplore n’est que la réponse et le miroir de l’élitisme comme vanité criminelle des élites. Dans cette vanité criminelle, la gauche culturelle sert de caution morale, et l'extrême-gauche d'idiote utile en assurant l'accueil et l'éducation des migrants avec enthousiasme et bienveillance.

« Autrefois, j’avais un test que j’appelais le « test de la pouffiasse » : si je dînais avec une fille qui hésitait pendant des plombes avant de décider ce qu’elle allait prendre, c’était assez mal barré. Et si je lui disais : « Prenez donc de la morue aux épinards » et qu’elle s’abîmait dans une contemplation encore plus sidérée de la carte en me demandant d’une voix éteinte « Ouchais, j’voispas », ça devenait carrément rédhibitoire. » BHL dans une interview de GQ en 2009.

Le mépris et la vulgarité de l’industriel de la « philosophie » sont monnaie courante quand il parle des femmes, même si, aujourd’hui où le sexisme crasse passe moins bien, il surveille un peu plus son langage, par prudence. Il a déclaré par exemple que « le discours philosophique » était « étranger » aux femmes, que l’argent leur allait mal, qu’il s’amusait de l’émoi des « vilaines » quand il condescendait à les draguer, a déploré que les femmes qui travaillent soient souvent coiffées et maquillées un peu trop à la va-vite, etc. etc. Mais il a défendu Polanski, DSK et Carlos Ghosn, malheureux hommes riches poursuivis pour de simples histoires de viol ou d’abus de biens sociaux – si les élites ne peuvent plus rien faire, alors ! Et il a diffamé gravement Ruffin. Et, à travers lui ou directement, les Gilets jaunes.

La violence, la méchanceté, l’obscénité verbale de ceux qu’on appelle élites, qui se prennent pour des élites et qui prônent une politique de l’élitisme – celle des « premiers de cordée » – dépassent en ignominie les violences verbales qui peuvent venir du peuple parce qu’elles viennent de privilégiés qui n’ont aucune raison objective de sombrer dans la haine de moins favorisés qu’eux. Et pourtant c’est dans la haine qu’ils vivent : elle éclate au grand jour dès qu’ils se sentent menacés. Luc Ferry appelant à tirer sur les manifestants, Macron multipliant les insultes à l’égard des classes populaires (il y a quelques temps encore, il a traité de « bête étrange » une Gilet jaune qui avait le tort d’intéresser quelques journalistes plus que lui-même), et tant d’autres qui se répandent dans les médias en anathèmes contre le peuple, les chômeurs, les femmes et les hommes qui travaillent et n’arrivent pas à vivre correctement du fruit de leur travail : voilà où est le vrai danger pour la démocratie et pour la république. Ils accusent les populismes, mais ce sont eux qui les engendrent, par leur élitisme. Le populisme comme flatterie du peuple n’est que le miroir de l’élitisme comme vanité criminelle des élites.

Quelle conception ont de l’humanité les pareils de BHL, qui lorsqu’il s’occupait encore de la société fondée par son père, des années 80 jusqu’en 1997, pilla les forêts en logeant ses ouvriers africains quasi esclavagisés « dans des niches mal aérées », selon une ONG qui enquêta sur place (citée par Nicolas Beau et Olivier Toscer dans Une imposture française) ? Qui rejoignit Sollers et Gluksmann à l’Internationale de la résistance, une officine créée en 1983 et financée par les services secrets américains, utilisée pour de sales besognes politiques en Amérique Latine, soutenant notamment les contras, milices du dictateur d’extrême droite Somoza ? Qui, en 2001, au moment du G8, traitait de « voyous publics » les altermondialistes qui osaient dénoncer les nuisances de la finance ? Qui continue aujourd’hui à se déclarer fier d’avoir poussé à semer la guerre, le chaos et la mort en Libye où sont maintenant mis en esclavage les migrants africains ? Qui… etc., etc., un article ne peut suffire à rappeler tous les méfaits de cet homme, toutes ses manipulations, tous ses mensonges, tous ses abus, commis par obsession de l’argent et de la gloire, comme c’est le cas pour ses semblables qui se prennent pour des élites au-dessus des lois – alors que les vraies élites sont ce qu’il y a de meilleur dans un ensemble d’êtres.

Et qui dit "ensemble d'êtres" suppose qu'ils soient rassemblés au sein d'un monde commun, et non pas atomisés sous l'effet de l'idéologie libérale et de la guerre des identités et des genres qui en découle. Voilà pourquoi notre époque sans racines et sans fondement populaire (dont Zemmour prône le retour plus encore que la préservation) est stérile et ne produit plus que des élites totalement déconnectées du peuple et de ses aspirations, du monde du showbiz multiculturaliste militant jusqu'au gouvernants, en passant par les médias et la magistrature (avec la surmédiatisation d'un guignol comme Dupond-Moretti au passage passionné de chasse et de corrida).

Zemmour dans un cadre polémique et avant lui Houellebecq dans un cadre plus abstrait et littéraire, ont posé absolument toutes les bonnes questions ; au peuple encore un peu vaguement enraciné de faire preuve de responsabilité, d'imagination et d'inventivité pour y apporter les bonnes réponses avant qu'il ne soit trop tard et perde définitvement de l'intérieur ses toutes dernières racines par l'action du totalitarisme marchand et de l'extérieur ne soit submergé par les flux de migrants majoritairement d'origine musulmane vecteurs d'un totalitarisme islamique.

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