Il faut écouter avec attention
Zemmour sans peut-être adhérer béatement à toutes ses idées, n'oublions pas la
nécessité de la perpétuelle exégèse ou critique, notamment sur la question
sociale légitime de la redistribution des richesses alors que les GAFA
deviennent plus puissants que des États et mettent en péril l'idée même de
démocratie qui reposait sur l'existence de contre-pouvoirs virulents et
indépendants (mais Zemmour n'a pas occulté cet aspect-là en parlant de totalitarisme marchand). Quoi qu'il en soit, le populisme comme démagogie si on le déplore n’est
que la réponse et le miroir de l’élitisme comme vanité criminelle des élites. Dans cette vanité criminelle, la gauche culturelle sert de caution morale, et l'extrême-gauche d'idiote utile en assurant l'accueil et l'éducation des migrants avec enthousiasme et bienveillance.
« Autrefois, j’avais un test que
j’appelais le « test de la pouffiasse » : si je dînais avec une fille qui
hésitait pendant des plombes avant de décider ce qu’elle allait prendre,
c’était assez mal barré. Et si je lui disais : « Prenez donc de la morue aux
épinards » et qu’elle s’abîmait dans une contemplation encore plus sidérée de
la carte en me demandant d’une voix éteinte « Ouchais, j’voispas », ça devenait
carrément rédhibitoire. » BHL dans une interview de GQ en 2009.
Le mépris et la vulgarité de
l’industriel de la « philosophie » sont monnaie courante quand il parle des
femmes, même si, aujourd’hui où le sexisme crasse passe moins bien, il
surveille un peu plus son langage, par prudence. Il a déclaré par exemple que «
le discours philosophique » était « étranger » aux femmes, que l’argent leur
allait mal, qu’il s’amusait de l’émoi des « vilaines » quand il condescendait à
les draguer, a déploré que les femmes qui travaillent soient souvent coiffées
et maquillées un peu trop à la va-vite, etc. etc. Mais il a défendu Polanski,
DSK et Carlos Ghosn, malheureux hommes riches poursuivis pour de simples
histoires de viol ou d’abus de biens sociaux – si les élites ne peuvent plus
rien faire, alors ! Et il a diffamé gravement Ruffin. Et, à travers lui ou
directement, les Gilets jaunes.
La violence, la méchanceté,
l’obscénité verbale de ceux qu’on appelle élites, qui se prennent pour des
élites et qui prônent une politique de l’élitisme – celle des « premiers de
cordée » – dépassent en ignominie les violences verbales qui peuvent venir du
peuple parce qu’elles viennent de privilégiés qui n’ont aucune raison objective
de sombrer dans la haine de moins favorisés qu’eux. Et pourtant c’est dans la
haine qu’ils vivent : elle éclate au grand jour dès qu’ils se sentent menacés.
Luc Ferry appelant à tirer sur les manifestants, Macron multipliant les
insultes à l’égard des classes populaires (il y a quelques temps encore, il a
traité de « bête étrange » une Gilet jaune qui avait le tort d’intéresser
quelques journalistes plus que lui-même), et tant d’autres qui se répandent
dans les médias en anathèmes contre le peuple, les chômeurs, les femmes et les
hommes qui travaillent et n’arrivent pas à vivre correctement du fruit de leur
travail : voilà où est le vrai danger pour la démocratie et pour la république.
Ils accusent les populismes, mais ce sont eux qui les engendrent, par leur
élitisme. Le populisme comme flatterie du peuple n’est que le miroir de
l’élitisme comme vanité criminelle des élites.
Quelle conception ont de
l’humanité les pareils de BHL, qui lorsqu’il s’occupait encore de la société
fondée par son père, des années 80 jusqu’en 1997, pilla les forêts en logeant
ses ouvriers africains quasi esclavagisés « dans des niches mal aérées », selon
une ONG qui enquêta sur place (citée par Nicolas Beau et Olivier Toscer dans
Une imposture française) ? Qui rejoignit Sollers et Gluksmann à
l’Internationale de la résistance, une officine créée en 1983 et financée par
les services secrets américains, utilisée pour de sales besognes politiques en
Amérique Latine, soutenant notamment les contras, milices du dictateur
d’extrême droite Somoza ? Qui, en 2001, au moment du G8, traitait de « voyous
publics » les altermondialistes qui osaient dénoncer les nuisances de la
finance ? Qui continue aujourd’hui à se déclarer fier d’avoir poussé à semer la
guerre, le chaos et la mort en Libye où sont maintenant mis en esclavage les
migrants africains ? Qui… etc., etc., un article ne peut suffire à rappeler
tous les méfaits de cet homme, toutes ses manipulations, tous ses mensonges,
tous ses abus, commis par obsession de l’argent et de la gloire, comme c’est le
cas pour ses semblables qui se prennent pour des élites au-dessus des lois –
alors que les vraies élites sont ce qu’il y a de meilleur dans un ensemble
d’êtres.
Et qui dit "ensemble
d'êtres" suppose qu'ils soient rassemblés au sein d'un monde commun, et
non pas atomisés sous l'effet de l'idéologie libérale et de la guerre des identités et des genres qui en découle. Voilà pourquoi notre
époque sans racines et sans fondement populaire (dont Zemmour prône le retour
plus encore que la préservation) est stérile et ne produit plus que des élites
totalement déconnectées du peuple et de ses aspirations, du monde du showbiz
multiculturaliste militant jusqu'au gouvernants, en passant par les médias et
la magistrature (avec la surmédiatisation d'un guignol comme Dupond-Moretti au passage passionné de chasse et de corrida).
Zemmour dans un cadre polémique et avant lui Houellebecq
dans un cadre plus abstrait et littéraire, ont posé absolument toutes les bonnes
questions ; au peuple encore un peu vaguement enraciné de faire preuve de responsabilité,
d'imagination et d'inventivité pour y apporter les bonnes réponses avant qu'il
ne soit trop tard et perde définitvement de l'intérieur ses toutes dernières racines par
l'action du totalitarisme marchand et de l'extérieur ne soit submergé par les
flux de migrants majoritairement d'origine musulmane vecteurs d'un totalitarisme islamique.
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