Driss Ghali fervent musulman et
diplômé de sciences-po soutient Zemmour. Il affirme dans un brillant article qu’«
Éric Zemmour a raison de déclarer incompatibles l’islam et les valeurs
françaises. Enfermée dans le déni, la meute de ses censeurs ne lui pardonne pas
son courage, son érudition et sa lucidité. Mais ce brillant esprit s’égare
lorsqu’il nie l’existence de musulmans français prêts au sacrifice suprême pour
leur nouvelle patrie. Un patriote français peut s’appeler Mamadou, Zyed ou
Rachida. »
Il continue en nous faisant part
de son déchirement entre sa loyauté à la France et son cœur qui l’attache avec
une grande force à ses racines musulmanes.
Puis soudain en plein milieu de
sa démonstration, le fil de sa pensée lui arrache ce cri du cœur : « Mais
qui suis-je moi, simple mortel, pour m’opposer à un dessein qui relève du divin
? » : il parle de la religion musulmane si je ne me trompe ? Driss est plein de
bonne volonté, il aime sincèrement la France à n’en pas douter pour tout ce
qu'elle lui a certainement donné : les honneurs, l'argent, les femmes, la
reconnaissance sociale.
Mais ça c'est l’intérêt, la
concupiscence pourquoi pas, son cœur reste irrémédiablement attaché à sa
religion d’origine, qui pour lui révèle du divin puisqu’il l’affirme dans un cri déchirant : ce qui implique que les autres croyances sont sans doute des
impostures à ses yeux ?
C’est dire puisqu’il semble avoir
réellement la foi qui rend aveugle, tout le travail qu’il reste à
faire pour que vraiment un jour l’islam soit une religion de tolérance. La
tolérance est un travail de la raison et non du cœur, donc de l’âge mûr : mais
l’islam est encore une religion assez jeune, trop jeune sans doute pour avoir pu faire ce
travail sur elle-même. De plus il n’y a aucune tradition de l'exégèse ou de la critique du
dogme dans la religion musulmane, contrairement à l'héritage laïque de la
France ou à la tradition juive (pratique d’exégèse et d’interprétation).
La tolérance donc, est la
capacité à envisager qu’aucune religion ne vaut mieux qu’une autre, y compris si l'on en a soi-même une de cœur. Les Européens ont commencé à faire ce travail au
XVIème siècle avec Montaigne, il aura fallu attendre plus de 1500 ans ! Les
musulmans n’en sont pas encore là, ils n’ont que 1400 ans d’histoire, peut-être
faut-il leur laisser le temps mais en attendant leur démographie est
exponentielle, et les flux de migrants augmentent avec la bénédiction des élites
hors-sol sécessionnistes.
C’est un cœur déchiré qui
s’exprime et qui veut nous faire sentir son affliction, mais on s’en fiche un
peu de ses états d’âme.
Je m’inquiète juste du « dessein
» sous-jacent dont il parle, car on sait tous ici que la part maudite de
l’islam, ce qui est en excès de ce qu’elle est censée être, c’est la conquête
et la soumission des infidèles. Et le désir de conquête des musulmans n’en est
aujourd’hui que plus aiguisé, car il a été longtemps frustré ou refoulé.
Même avec la complicité des
procureurs médiatiques qui ne veulent surtout pas contrarier leur
susceptibilité et leur fierté à fleur de peau, les plus radicalisés se montrent
impatients et commettent déjà de nombreux attentats. Mais pas d’amalgame ! Ce n’est même pas contre-productif pour eux, tant les générations nées à partir des
années 70 ont appris à fermer les yeux et à trouver des circonstances
atténuantes aux musulmans pris dans leur ensemble : des croisades à la
colonisation…
Les Français de souche, ce « tas
de feuilles mortes » moutonnier raillé par Enthoven du haut de son magistère élitiste et sécessionniste, n'ont plus les moyens de se défendre du fait de leur
éducation, tant ils sont viscéralement attachés à la bien-pensance ; alors
que l'islam est une civilisation plus jeune avec peu de tolérance, ni
aucun fair play, mais remplie de
fanatisme, de vitalité et de préjugés sur les « infidèles » pour les plus radicalisés ; ce qui leur permet d'avancer leurs pièces sur
l'échiquier qui les oppose à l'Occident, encore et toujours, du plus anodin détail comme une sortie scolaire
avec le voile jusqu'au plus sanglant des attentats.
Je pense que dans le projet
libéral il y a une volonté de rompre avec la tradition religieuse, en la
remplaçant par le "doux commerce" comme principe de relation entre
les Hommes : ce qui a abouti au darwinisme social, à ce qu'on appelle
aujourd'hui la guerre de tous contre tous (et qui permet à l'islam de si bien
profiter de notre atomisation collective). Donc pensez-vous que cette idéologie
du "doux commerce" ait mis fin à l'anti-judaïsme ?
Dans cette idéologie libérale du
"doux commerce" est contenue implicitement l'idée que si chacun
s'occupait de ses affaires privées, de son propre égoïsme, il n'y aurait plus
aucun motif à des conflits entre traditions religieuses antagonistes, et donc
in fine que cela mettrait fin aux guerres de religion, et en même temps
permettrait d'assurer la prospérité de l'ensemble de la société par l'action de
la "main invisible". Le vice privé de chacun assurant la vertu
publique avec le moins d'interventionnisme de l'État possible, puisque l'absolutisme
politique de l'époque fut un des motifs principaux de désaccord avec le pouvoir, des premiers
penseurs libéraux.
Avec aujourd'hui la fragilisation
de la société française même plus capable d'assurer la sécurité de ses
ressortissants juifs notamment mais pas seulement, ne voyez-vous pas la limite du
raisonnement de nombreux juifs libéraux (ce qui n'est pas le cas de Zemmour),
qui accablent quasi-exclusivement la tradition chrétienne de l'anti-judaïsme ;
alors que c'est une société plus soudée autour de valeurs communes (je parle de
vraies valeurs de solidarité, alors que la compétition dès l'école atomise les enfants en fonction du QI), communauté que la religion avait vocation à
réaliser, qui pourrait assurer plus efficacement la sécurité de ses
ressortissants, juifs y compris.
Autrement dit la désagrégation
contemporaine de la société française, qui profite si bien à l'épanouissement
d'une religion de conquête, anti-judaïque dans ses fondements dogmatiques,
n'est-elle pas au fond le fruit de l'idéologie libérale, qui s'exprime aujourd'hui
dans le néolibéralisme ?
Il va sans dire, que sans avoir
besoin de sonder les desseins divins on sait à qui Cioran donnerait la victoire
finale : « Tous ces peuples étaient grands, parce qu'ils avaient de
grands préjugés. Ils n'en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus
des foules désagrégées. »
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