jeudi 10 mars 2022

Comment les réseaux sociaux sont devenus une arme contre Poutine


 

Les réseaux sociaux viennent combler un manque, car la nature a horreur du vide. Ce manque se nomme solitude et il est un avant-goût de fin du monde typiquement moderne, causé par la dissolution du lien traditionnel. Les réseaux sociaux donnent l'illusion de combler ce vide, mais la relation y est fondamentalement inauthentique car pauvre en monde. Ce qui donne sens à la relation, c'est d'abord un visage en face de soi, des attitudes, des intonations de voix, quelquefois même plus que ça : de la jouissance à condition qu'elle soit réciproque, sinon c'est de la perversion. Les réseaux sociaux peuvent constituer un complément à condition de ne pas être addictifs, et ne sauraient en aucune manière constituer une fin en soi, sauf à courir le risque de s'y perdre.

« C'est terrible, vous me rappelez tellement tous ces types qui ont fait la philo comme moi, devenus profs ou fonctionnaires ou politiciens ou heureusement décédés (je ne citerai pas de noms mais je n'en pense pas moins)... Dieu - s'il existe - nous garde des donneurs de leçons. »

Je pense effectivement à la différence des optimistes et des progressistes de tous poils que le meilleur n'est pas devant nous. Mais être pessimiste quant au progrès, et plus généralement sur la nature humaine, peut faire de vous un misanthrope mais certainement pas un donneur de leçons. Si j'étais un donneur de leçons je serais engagé pour la « démocratie », le camp du Bien, et contre Poutine. Or moi je ne suis engagé que contre la perversion - la non réciprocité de la jouissance - qui fonde nos sociétés d'abondance depuis la théorisation du libéralisme, puis du néolibéralisme - le précurseur en la matière étant Mandeville ; et où globalement dans toute relation il y a désormais un gagnant et un perdant, alors que traditionnellement elle était réciproque donc authentique. S'il y a bien une chose que je voudrais transgresser, c'est la transgression induite par le libéralisme elle-même.

C'est même ce déséquilibre dans la relation, cette non réciprocité entre riches et pauvres et où le pauvre est globalement chosifié par le riche, induit par le libéralisme, donc par notre folle quête de liberté en rupture avec la tradition, qui explique tous les déséquilibres de plus en plus paroxystiques dans les relations internationales, et notamment en Ukraine.

Les États-Unis de par leur position de force, leur immense richesse, sont selon moi le grand manipulateur dans la tragédie qui se joue en Ukraine, car au fond la Russie en comparaison est un État plutôt pauvre dont le PIB n'est même pas le dixième de celui de leur grand rival sur le plan nucléaire. La doxa contemporaine, et ils ont tous les donneurs de leçon avec elle, c'est plutôt que les pauvres sont coupables et qu'il faut les punir ; mais on ne le dit pas comme ça, on accuse les pauvres d'être des tyrans, des dictateurs, des salauds, des pauvres types, d'être mal dans leur peau, d'être des mauvais coucheurs, qui ne partagent pas l'exaltation collective pour le système CAPITALISTE, alors qu'on a tout fait pour qu'ils n'y parviennent pas. Ce que n'ont cessé de faire les États-Unis pour la Russie, plutôt que de l'aider à régler pacifiquement son développement et ses rapports avec ses voisins.

Encore une fois l'Amérique est perverse au sens où elle chosifie ses partenaire - et Macron s'en accommode très bien car c'est un soumis au fond (à la différence de De Gaulle) -, car il n'y a aucune réciprocité avec les Européens, et où elle cherche même à réduire à néant ses adversaires ou potentiels adversaires en instrumentalisant des petits comme l'Ukraine ou Taïwan contre eux, en les maintenant dans l'illusion qu'ils deviendront aussi prospères que l'Amérique. Or non, c'est l'Amérique qui entend continuer à tirer les ficelles le plus longtemps possible, selon elle pour toujours, grâce au pouvoir de l'argent pour chosifier ses partenaires et donc de la corruption pour les affaiblir.

« Le Plan Marshall a été refusé par l'URSS. »

Parce qu'ils ont leur fierté. Si l'Europe s'était tournée vers la Russie, lui avait tendu la main pour faire une grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, voire jusqu'à Vladivostok, pour concurrencer l'impérialisme américain, nous n'en serions pas où nous en sommes aujourd'hui, et nous serions plus puissants que les États-Unis. 30 ans de gabegie, d'erreurs diplomatiques et stratégiques, de vassalité vis-à-vis de l'oncle Sam, depuis la chute du mur ! Et Macron est dans ce droit fil là de gabegie !

1 commentaire:

  1. Gabegie oui, pour nous les pacifistes, certainement pas pour l'Ordre socialo mondial qui a sciemment refusé la main tendue par Vlad en 2000. Ce sont eux qui ont pourri l'Ukraine à partir de 2014 de plus en plus: corruption et manipulation depuis l'étranger par des personnages aussi peu ragoutants que la #BidenCrimeFamily. On apprend aujourd'hui le bombardement régulier subi par les populations de l'Est et les projets d'attaque vers l'Est de l'armée ukrainienne. Sans parler des humiliations répétées perpétrées par les régiments ukronazi à Kharkov ou Marioupol.

    Vlad n'avait plus le choix. Tout le monde souffre dans la suite de l'histoire sauf les coupables, maqueron &cie. J'ignore l'issue politique envisagée par Vlad. Vu de ma fenêtre une bonne option serait de céder à la Pologne et à l'ue la partie au Nord-ouest de l'Ukraine soviétique actuelle. Une grande Pologne catholique américaine puissante, voilà, me semble t il, l'intérêt de la France. Une concurrence sérieuse pour les boches.

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