samedi 12 mars 2022

Le souvenir qui hantait Einstein



"Non, je ne veux pas devenir président d'Israël : je devrais parfois dire aux Israéliens des choses inaudibles pour eux."

Einstein

Je ne crois pas au "camp du bien"

Comme le disait Einstein ou on a fait dire à Einstein, "tout est relatif", il n'y pas d'absolu même dans le crime. C'est sur cette notion d'absolu (dans le crime) que se fonde le "camp du bien" pour à son tour justifier d'autres crimes : regardez donc ce qui se passe en Israël, et sur ce point je rejoins donc Einstein dans sa citation sur l'État hébreu.

Sans doute un pacifiste convaincu, effaré par l'usage que l'on a pu faire de son invention. Bon si ce n'avait pas été lui, la bombe aurait été inventée quand même, et utilisée. Comme on dit on n'arrête pas le progrès !

"Il ne faut pas laisser l’exclusivité de l’arme nucléaire aux Nazis" ; Einstein est hanté par la question : jusqu’où les Etats-Unis laisseront-ils faire l’Allemagne d’Hitler ? C’est ainsi que le 2 août 1939, Einstein envoie une lettre au président des Etats-Unis, Roosevelt, afin de le persuader de mettre en œuvre un programme de développement d’une bombe nucléaire avant que les Allemands ne construisent la leur. Ce n’est que le 3 octobre que Roosevelt reçoit la lettre d’Einstein. Devant le peu de réaction, Einstein envoie une nouvelle lettre alarmante au président Roosevelt le 7 mars 1940. Ce n’est qu’en octobre 1941 – les Etats-Unis ne sont entrés dans la deuxième Guerre mondiale qu’en décembre 1941 – que Roosevelt donne son feu vert pour le lancement du programme nucléaire.

Einstein a été écarté du programme de développement des premières bombes nucléaires un peu parce qu’il était considéré par le FBI et les autorités militaires US comme un anti-fasciste prônant amitié et aide à l’URSS. Mais surtout parce que le FBI et les autorités militaires soupçonnaient, à juste titre, qu’Einstein ne voulait la Bombe US que pour une seule raison : ne pas permettre à Hitler de terroriser le monde entier avec sa Bombe à lui.

Bref Einstein n'aurait sans doute pas été d'accord pour qu'on expérimente "sa" bombe sur le Japon.

Mais il est vrai que vers la fin de sa vie Einstein a essayé de se dédouaner de ce souvenir qui le hantait :

"Vous êtes fier de vous ? Vous avez tué des millions de gens avec votre bombe atomique, et maintenant les Russes en ont une aussi, et je parie qu'ils vont bientôt faire sauter toute la planète... " La personne qui vient de se mettre ainsi en colère est une étudiante de l'université de Princeton. La personne qu'elle vient d'agresser est le professeur Einstein. Il a soixante et onze ans. Il est l'un des hommes les plus célèbres du monde. Et comme tous les hommes les plus célèbres, il l'est pour de mauvaises raisons. Parce qu'il a inventé la très complexe et lumineuse théorie de la relativité, on se contente de dire d'un air entendu : " Tout est relatif, comme dit Einstein ! " Parce que sa formule E = mc2 est à l'origine des recherches nucléaires, on le juge responsable de la destruction d'Hiroshima et de Nagasaki. Parce que la terreur nazie lui a fait abandonner son pacifisme forcené, on lui reproche d'avoir trahi l'humanité. Einstein ne se fâche pas. Il répond d'abord simplement à l'étudiante : " Ce n'est pas ma bombe, mademoiselle. "

Pour se justifier il commence à expliquer ses choix et à raconter sa vie, de la manière la plus honnête et exacte possible. La vie fantasque d'un génie. La vie difficile d'un savant juif apatride. La vie merveilleuse d'un éternel enfant en extase devant la beauté sublime de l'univers... Bref Einstein tente de se justifier en disant que selon lui, il incarne le bien.

C’est malheureusement un peu le conte de fée habituel du "camp du bien", suivant un processus que j’ai déjà expliqué et qui va expliquer la réélection de Macron, qui dans l'entre-deux-tours de sa première élection était allé au mémorial de la Shoah, pour influencer les électeurs et leur signaler qu'il était dans le "camp du bien" et son adversaire un "suppôt de satan". Maintenant on lui sert le "méchant" russe sur un plateau. Tout le boulot a été fait par Poutine. Macron est certainement tout comme Einstein, persuadé d'incarner le bien.

Pour vivre les gens ont besoin de "méchants" et de "gentils", et d’appartenir au camp des "gentils" : ils sont prêts à tuer pour ça, là est le paradoxe du "camp du bien"… Rien ne semble avoir changé depuis les guerres de religion !

Ce qui compte dans la vie c'est d'avoir bonne conscience, et alors on peut accomplir le bien, le mal, indifféremment... Cela n’enlève rien au fait qu’Einstein avait certainement un très haut degré éthique, à la différence de Macron, avant tout banquier et pur fruit du néolibéralisme occidental depuis 40 ans…


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