vendredi 4 janvier 2019

À propos du dernier Houellebecq...



Moi : « Quand le sage montre la Lune et se fait l'interprète du nihilisme contemporain, faut-il regarder le doigt ou la Lune ? Ou encore, est-ce que c'est parce que l'auteur est un miroir d'un temps contemporain entièrement désenchanté et nihiliste, qu'il faut amalgamer une telle image ignoble et odieuse à son auteur et proscrire ce dernier ? Moi cela me fait penser un peu aux protagonistes du dernier film de Pasolini qui s'en trouvaient réduits à manger de la merde dans le film : est-ce que c'est Pasolini qui désirait leur faire manger ça parce qu'il était lui-même très méchant, ou bien n'était-ce qu'une métaphore, un reflet d'une époque ignoble ? Ce qui est ignoble c'est l'époque, pas l'auteur, non ? Autrement dit ce n'est pas le miroir qui est boueux, au contraire le miroir est très propre et très net et nous renvoie une image boueuse, l'image de notre temps décadent et nihiliste... »

Lui : « Blablabla... il tend le miroir qu'il veut bien tendre surtout. Et ses déclarations suffisent à comprendre que c'est un petit roublard qui compte sur l'auto-flagellation de ses contemporains pour se faire du blé. Quand je dis ses contemporains, je rigole, parce que ceux qui le lisent vont dire que le miroir est fidèle, mais avec les autres, jamais avec eux-mêmes. Erwan vous vous considérez comme un personnage de MH ? Vous êtes glauque et malsain et ignoble ?
Quant à Pasolini, foutez-lui la paix, c'est même ridicule de le rapprocher de Houellebecq... Dans Salo, Pasolini faisait autre chose que jouer au journaliste sociétal. »

Moi : « Oui je considère que je suis pas mal glauque, malsain et odieux, je sais que l'excuse typique est « c'est pas moi c'est les autres », ou alors « c'est pas moi c'est l'époque ». D'aussi loin que je me souvienne, mes deux parents m'ont toujours traité comme une « merde », sans que cela leur pose le moindre problème de conscience voir ici et ici. C'était des baby-boomers certes, mais un peu plus originaux que la moyenne, depuis j'ai pris l'habitude... Et je pense que personne n'y est strictement pour rien, dans la chaîne de causalité qui a participé à l'élaboration de sa personnalité, rien n'est maîtrisable... hélas ! Avec tous ces handicaps, quand même largement liés à notre époque et l'éducation progressiste qui en a découlé, je m'assume comme je peux, je ne suis ni pire ni meilleur qu'un autre ! »

Lui : « L'auto-flagellation fonctionne à pleins tubes. Cela dit, si vous le savez pourquoi lisez-vous MH ? Vous avez besoin qu'on vous le rappelle ? »

Moi : « On est pas tous interchangeables, chacun est unique, il y a des analogies et des différences. C'est « l’inquiétante étrangeté » de Freud aussi lorsque je me plonge dans une oeuvre miroir, familière et en même temps profondément étrange, comme celle de MH ou de Pasolini. Mais je laisse chacun libre de ses choix, je n'impose rien aux autres et en retour je voudrais que l'on ne m'imposât rien... »

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