mardi 29 janvier 2019

Sade avait-il prévu l'agression politique commise sur Jérôme Rodrigues ?



Est-ce que le rôle de Léa Salamé est de faire « tenir la baraque », c'est-à-dire de protéger comme la plupart de ses collègues les institutions de la République contre les « séditieux » et les « factieux » ? 

Moi : « On voit en réalité à travers la répression policière implacable et couverte politiquement au sens où les policiers se savent pratiquement intouchables malgré leurs nombreuses bavures, comment la République traite en réalité ses « enfants » (ainsi que les appelle Macron) comme Jérôme Rodrigues, qui a fait l'objet d'un tir ciblé et intentionnel sauf à faire preuve de mauvaise foi en évoquant un « accident malencontreux », derrière la façade conviviale et bon enfant du grand débat et ses complices, comme Cyril Hanouna, Léa Salamé et la plupart des journalistes du PAF ou des intellectuels surmédiatisés, faussement copains au mieux voire ouvertement hostiles et malveillants pour la plupart comme BHL, Pascal Bruckner, Romain Goupil ou Cohn-Bendit : tiens comme par hasard essentiellement des figures historiques de Mai 68 ou des « nouveaux philosophes » issus de ce mouvement de contestation ! Comme si il y avait deux poids deux mesures entre les deux mouvements ; ou comme si ces figures donneuses de leçons avaient mal vieilli comme un vin aigri ; ou encore comme si elles avaient profité d'un mouvement de contestation pour tirer la couverture à elles par opportunisme, leur vraie nature, et n'entendaient rien céder à d'éventuels nouveaux venus qui réclameraient eux aussi leur part du gâteau, c'est-à-dire avant tout un espace de visibilité et de liberté d'expression... »

Lui : « Oui, il faut faire « tenir la baraque », car je vois bien ce qu'on veut détruire, mais moins bien ce par quoi on veut le remplacer. Et quand j'y songe un peu, j'ai beaucoup de crainte. Mais peut-être que je manque d'audace... »

Moi : « Rassure-toi ou plutôt affole-toi, quelles que soient tes craintes elles sont déjà exaucées, malheureusement, le siècle présent a plutôt choisi la position de Sade : « Souviens-toi, nous dit la nature au lieu de cela, oui, souviens-toi que tout ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait, se trouvant des lésions fortes au prochain, dont tu dois retirer du profit, est précisément ce qu'il faut que tu fasses pour être heureux ; car il est dans mes lois que vous vous détruisiez tous mutuellement ; et la vraie façon pour y parvenir est de léser ton prochain. »
Sade, ce représentant corrompu de l'Ancien Régime, mais qui en réalité annonce toutes les dérives du nouveau monde issu de la Révolution, comme si il avait pressenti quelque chose qui allait fatalement devoir se passer, bref comme si il était au fond le plus conséquent des philosophes des Lumières (puisqu'il est de la même époque), celui qui en avait le mieux prévu les conséquences inéluctables et délétères contrairement aux idéalistes comme Kant et au naïf Rousseau... »

Un intervenant : « Oui, en effet. Rousseau, demeuré un crypto calviniste genevois pensait que l'Homme était à tout le moins amendable, sauvable, qu'il existait un contrat social, etc. Sade voyait beaucoup plus loin et de manière plus pessimiste n'avait aucune illusion sur l'Homme. Dans l'Histoire de Juliette, la Nature dit à l'Homme (en gros) qu'il peut tout détruire à son gré, qu'elle n'en a rien à faire et triomphera malgré tout. Vous dites qu'il avait « pressenti quelque chose qui allait fatalement devoir se passer », et c'est exactement ce qui se produit lorsque quelqu'un sait penser. Ce n'est pas un don de prophétie mais seulement une grande intelligence. »

Moi : « Un peu comme Houellebecq en somme. »

Lui : « Certes, mais n'est-ce pas le lot de l'humanité depuis ses origines que les Hommes se détruisent mutuellement ? »

Moi : « Ce qui change ce n'est pas la nature de l'Homme, c'est le degré de la violence assez paroxystique aujourd'hui dans la société globalisée, sous l'action du néolibéralisme : « il n'y a pas de société et pas d'alternative » disait Thatcher. Aujourd'hui ce sont des Hommes en chair et en os comme Jérôme Rodrigues et les autres éborgnés et amputés, qui paient le prix d'une telle idéologie destructrice et sauvage sous des dehors civilisés.
Tu aurais dû tenir la baraque avant la Révolution française, maintenant c'est trop tard, il ne fallait pas rompre avec la belle histoire du catholicisme en France, la seule susceptible de préserver les habitants de ce pays grâce à des garde-fous moraux, qu'aujourd'hui la police aux ordres du pouvoir politique détruit au nom des droits de l'Homme et de la démocratie avec la complicité des « institutions de la République » comme la Justice (dont je pense avoir démontré qu'elles ne peuvent pas être totalement neutres du pouvoir politique), que tu représentes et défend avec un acharnement sincère, mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, juste un détail d'un tableau terrifiant... 
Il aurait mieux valu que tu fusses curé en 1789, il y avait encore quelque chose à défendre, là je ne vois pas très bien comment on peut encore faire pire que le monde tel qu'il est, hormis la guerre bien sûr les nettoyages ethniques et la Shoah, mais ce n'est pas en brandissant à tire-larigot un tel épouvantail à l'instar de Macron pour être élu contre Le Pen, que l'on fera indéfiniment tenir la baraque... »

Lui : « Au XVIème siècle, quand les catholiques et les protestants s'entre-égorgeaient, la baraque était déjà très mal tenue. L'humanité a survécu, elle survivra. »

Moi : « Oui d'ailleurs les premiers libéraux historiques comme Adam Smith, ont créé leur doctrine en réaction aux horreurs des guerres de religion. Par contre je ne serai pas aussi optimiste que toi « l'humanité a survécu, elle survivra »... pas si sûr puisqu'elle a désormais les moyens techniques de s'autodétruire qu'elle n'avait pas auparavant. Et sous-entendu, elle survivra parce que tu penses qu'il y aura toujours suffisamment de gens courageux comme toi qui feront obstacle au mal ? 
Mais le commun des mortels abruti qu'il est de propagande publicitaire pour le faire consommer comme une bête - la vie contemporaine de l'homo œconomicus, c'est d'abord, toujours et partout détruire pour consommer et... vivre de cette consommation, rien d'autre -, n'a même plus les notions du bien et du mal qu'il avait au moins du temps du catholicisme : là où maintenant en régime libéral-libertaire, la responsabilité d'Adam Smith et des libéraux est beaucoup plus décisive parce que politique, idéologique et économique, que celle purement esthétique de Nietzsche ou de Sade en réalité ! Si tu étais conséquent, tu ferais le lien entre la constitution d'une petite-bourgeoisie délétère construite exclusivement sur un projet de consommation et la vanité, susceptible de sombrer dans le national-poujadisme par peur du déclassement, et l'idéologie libérale. »

2 commentaires:

  1. Lire le bouquin de Guy Hocquenghem : "Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary"...

    RépondreSupprimer
  2. Hannibal-lecteur30 janvier 2019 à 10:26

    Vos considérations ciblées sur des circonstances particulières sont fausses à mon avis puisqu'elles s'opposent à la loi fondamentale de l'univers : que la vérité surgit des erreurs.
    L'accumulation des erreurs accouche toujours de la vérité : même si celle-ci devient erreur elle-même, possiblement.
    Notons cependant qu'il y a ...un mauvais moment à passer avant chaque accouchement, mais ça aussi c'est une loi de la nature !

    RépondreSupprimer