mercredi 10 juin 2015

La fausse vertu

Deux attaques contre l'hypocrisie dans tes derniers billets. Alors que l'hypocrisie étant l'hommage du vice à la vertu est le contraire du cynisme. Je déteste l'hypocrisie plus encore que le cynisme ; mais j'ai appris que si j'ai raté  c'est que me croyant pur ou élu, j'étais en fait cynique et barbare comme mon père. Et que j'ai eu le choix entre cynisme ou barbarie et hypocrisie, et que j'ai fait le mauvais choix, le choix qui rend laid aux yeux des petit-bourgeois. Je ne vois pas d'autre choix qu'entre cynisme (qui part de la pureté pour culminer dans la barbarie) et hypocrisie. Il faut quand même beaucoup d'hypocrisie pour réussir en politique, et quand on se complaît dans le cynisme comme DSK, on chute lourdement. Il faut aussi beaucoup d'hypocrisie pour simplement vivre comme un petit-bourgeois et éviter les coups durs, alors que le cynique au départ plus généreux, plus vrai, plus franc, plus humain, sombre souvent dans l'alcoolisme ou autres tares sociales, et chute lourdement. Au fond le film de Ferrara sur DSK le montre comme un ange déchu, c'est la définition du cynisme.


Enfin il est vrai que le cynisme a des accointances avec la philosophie, puisque c'était même une école de philosophie antique, alors que l'hypocrisie en a aucune ; et que Nietzsche quelque part a fait l'éloge du cynisme, qui nous apprend beaucoup plus sur la nature humaine que la fausse vertu de l'hypocrite. Mais puisque les petit-bourgeois n'ont aucune qualité positive, ils ont fait de l'hypocrisie leur vertu.

2 commentaires:

  1. Emmanuel Mousset10 juin 2015 à 20:35

    Il faut distinguer le cynisme politique, qui est un calcul, une manipulation, et le cynisme philosophique, qui consiste à montrer la nature humaine telle qu'elle est. Pour moi, l'hypocrisie n'est pas tant liée à la politique qu'à la morale. C'est pourquoi je déteste celle-ci. Je me moque par exemple assez souvent de la fausse politesse de mes élèves, leur obsession à dire "bonjour", auquel je réponds par un silence ou un grognement démonstratif ! Ils sont au début surpris, mais j'ai à charge de les éduquer, même à rebours de ce qui se fait.

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  2. Je pense qu'il y a un lien entre le cynisme en politique et le cynisme philosophique. C'est vrai que c'est l'usage qui fait le sens des mots, mais... L'Humanité est régie par un ensemble de règles, le cynique dans les deux sens du terme (philosophique et politique), veut forcer la nature humaine, sans doute parce qu'au départ il s'en faisait une opinion trop haute : c'est un ange déchu. Le geste emblématique du cynisme politique, c'est Alexandre tranchant le nœud gordien, pour ne pas être mis face à son échec. De la même façon Staline mis face à l'échec de l'application du marxisme à la société humaine, est devenu un menteur et un manipulateur en plus de tout le reste. L'hypocrite petit-bourgeois qui reste dans l'ombre, a peut-être mieux compris la nature humaine que le cynique. La nature humaine est caractérisée par sa limitation et sa fragilité qui sont extrêmes. L'homme d'action comme Valls est fatalement un cynique, qui doit feindre la repentance : "si c'était à refaire je ne le referais plus" ; il doit faire preuve d'hypocrisie. Mais chassez le naturel, il revient au galop.

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