mercredi 8 août 2018

Est-ce que Marx peut réellement nous sauver ?



Je crois avoir trouvé la cause de tous nos problèmes, tout en étant incapable d'en trouver la solution ou autrement dit, est-ce que Marx peut réellement nous sauver ? Ou sommes-nous condamnés à faire éternellement les mêmes erreurs ?

C'est rien du tout mon cas particulier, ma maladie endogène est évidemment due à ma relation à papa/maman, pas au libéralisme ou alors très marginalement, et à une volonté consciente ou inconsciente et infanticide à mon égard. Mais bon il faut s'ouvrir des perspectives, sinon on est condamné à végéter, et l'on ne peut en outre se satisfaire du monde « tel qu'il est », car il est vraiment trop mal foutu.
Mais bon je respecte toutes les opinions de personnes dites « saines ». Si cela vous permet de vivre plus heureux et surtout avec BONNE CONSCIENCE, il n'y a que ça qui compte. Bon ! L'idée également que l'idéologie libérale sans alternative possible soit devenue une saloperie, c'est aussi selon moi, une réalité, pas seulement «  ma » réalité.

Mais c'est vrai aussi que l'on peut ouvrir des perspectives encore plus larges, en faisant remonter la chaîne de causalité au sein d'une tradition philosophique occidentale, qui commence sérieusement avec la métaphysique du sujet, telle qu'énoncée par Descartes.
Métaphysique du sujet, qui nous a finalement conduit à l'aporie où nous nous trouvons à la fois collectivement, mais aussi et c'est bien ce qui fait problème ; en même temps comme atomes isolés. 

Nous éprouvons désormais, en l'absence de monde commun (puisque c'était le vertu des religions, de relier les hommes entre eux), des difficultés de communication entre nous, pour précisément se faire part les uns les autres du grand danger que nous courons. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve », je ne souscris plus à cette formule du poète Hölderlin.

Et à force de creuser cette idée du grand danger que nous courons, j'en suis arrivé à rencontrer tout un tas de gens qui sont dans un état, mais alors infiniment pire que le mien, croyez-moi.
Alors qu'ils partaient avec toutes les billes pour avoir une belle vie. De grands propriétaires parfois, de grands bourgeois qui se sont retrouvés broyés par le système, qui ont chopé un cancer, d'autres qui se sont vus poussés au suicide pur et simple parce qu'on leur en demandait trop dans leur boulot etc.

Et j'en arrive ainsi à la conclusion que tous ces accidentés de notre société libérale, petits comme grands, qui en sont les victimes, n'ont même plus cette consolation d'avoir accès au tragique de leur condition par l'art, mais sont seulement renvoyés à son absurdité, brutalement et cyniquement.
Petits prédateurs ironiques et cyniques, ils ont été broyés par de plus gros prédateurs, mais ils ne valaient pas mieux « moralement » que leurs bourreaux, vous me suivez ?
Ou autrement dit, mon père avait sans doute raison quand il me disait quand j'étais petit garçon que, « tous les hommes sont des salauds. », cette vérité, cyniquement et brutalement exprimée, j'ai longtemps refusé de l'entendre. 

Car les victimes du système capitaliste ne disparaissent plus avec les « honneurs de la scène », grâce à des artistes qui étaient encore là pour raconter toutes leurs histoires particulières, singulièrement tragiques, mais juste dans une rubrique nécrologique, catégorie : « chiens écrasés ».

Houellebecq est précisément un poète de notre temps, car il décrit notre condition avec un langage cru rempli de lassitude, empreint d'une monotone mélancolie banale, et en souligne l'absurdité féroce plus que l'aspect tragique.

Il y a un tel vide de transcendance dans notre société, qu'il est probable que bientôt on n'enterrera même plus les morts, car tout le monde aura oublié la signification de ce rituel devenu soudain vide de sens.
Le monde désormais est vide de ce qui faisait le propre de l'homme, sa « part maudite » au sein du règne animal, ce qui est toujours en excès de ce qu'un animal est censé être : la capacité de l'homme à effectivement faire preuve de transcendance, et donc sa condition de créateur de religions en voie d'oubli.

6 commentaires:

  1. Bonne chance !
    A chaque tentative portée par un projet idéologique, ça a fini de la mauvaise manière, c'est à dire mal.
    Par ailleurs, Marx est un bon éthologue, fin observateur de l'animal humain, mais ignorant tout de l'Homme.
    Kierkegaard (il s'est dit auteur religieux) est un penseur pour le 21ème siècle, et d'une autre trempe que Marx.
    Et oui, le libéralisme n'est que le règne de l'instinct, et la voie de domination absolue des ultra-riches sur tous les autres.
    Le libéralisme n'est pas qu'une affaire de PIB, c'est aussi une idéologie, une vision du monde. Quelle est la contrepartie de ce libéralisme ? Que reste t-il de la vie humaine lorsque le monde n'est plus qu'une mécanique de concurrence régie par la force où chacun est renvoyé à un individualisme noyé dans la consommation ? Quelle autre perspective qu'être un corps gavé de nourriture industrielle assis dans une zone commerciale à la pause déjeuner ? Le libéralisme c'est la mega déconne pour 0,0001% de la population.
    On a en effet produit de la métaphysique avant l'avènement du libéralisme. Il semblerait même que l'essentiel de celle-ci ait justement été produit avant l'avènement du libéralisme et la chute de niveau sur le plan "civilisationnel". Les vases communicants ?

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  2. Docteur en philosophie, Marx reproche à celle-ci d'être théorie et indique qu'elle doit se faire pratique : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde ; il faut désormais le transformer » (11e thèse sur Feuerbach), car « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience ». Qu'est-ce que "la vie" : le substrat socio-économique, qu'est-ce que "la conscience" : la superstructure culturelle. Ainsi, Balzac est-il le "produit" de son temps et de sa classe. Gramsci a par la suite remis en cause ce rôle subsidiaire assigné à la "culture"... Bien entendu, le marxisme a un impensé : le fait religieux, spectre qui hante le communisme et rend tout marxiste incapable de considérer la religion autrement que comme un épiphénomène (une fois la société transformée, l'opium disparaît, devenu inutile). Que d'erreurs (Marx partage celle-ci avec les "libéraux", tel Gauchet aujourd'hui...) Par-dessus tout, Marx pense que l'histoire a un sens, conception directement héritée de la philosophie de l'histoire de Hegel.
    je ne suis pas un spécialiste de Marx ni du marxisme, qui me paraît, l'analyse du capitalisme exceptée, une philosophie largement obsolète... comme le capitalisme lui-même, système dont nous sommes vraisemblablement sortis (pas pour le meilleur, ceci dit) sans nous en apercevoir, en 2008. Je suis encore moins un expert de l'histoire soviétique, une histoire qui doit certainement beaucoup au marxisme mais qui, comme toute histoire, est multifactorielle. Je pense que, comme l'histoire du nazisme (que je connais un peu mieux), nous ne faisons que commencer à l'appréhender
    Je pense, comme Livingston ("Fuck work !") et quelques autres que nous sommes sortis du capitalisme car ce ne sont plus les capitalistes qui entreprennent quoi que ce soit : ils ont confié les rênes de l'entreprise à des managers salariés. Par ailleurs, le système a failli en 2008 : les banquiers l'ont conduit à cette faillite (ce pourquoi Livingston assimile désormais les banquiers, avec raison, à des gangsters). Comment définir ce dans quoi nous sommes entrés ? Difficile, car nous avons le nez dans le guidon, mais, faute de mieux, on parlera de "postcapitalisme", qui se dirige tout droit - avis personnel - vers un univers parfaitement décrit dans le film Mad Max 2 (raréfaction des ressources, accaparement de celles-ci par une minorité, qui ne vise rien d'autre que de s'offrir un délai supplémentaire en se retranchant dans une bulle étanche). Je pense également qu'un conflit de grande ampleur permettrait au système brinquebalant de s'offrir un délai...

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    1. Ah ah ah Arnaud, « on parlera de "postcapitalisme" qui se dirige tout droit - avis personnel - vers un univers parfaitement décrit dans le film Mad Max 2 », c'est tout à fait pratiquement mot pour mot la vision qu'en a Michéa dans un de ses bouquins, vision que je partage entièrement. Mais c'est quand même bien triste, et hormis des bons mots qui expriment un art du non sens et de la provocation, n'y a-t-il réellement aucun moyen d'infléchir la tendance, à notre modeste niveau ?

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    2. Espérons-le, envers et contre tout. C'est pourquoi, notamment, Rabhi et ses colibris, comme le film Demain, qu'il est de bon ton de vouer aux gémonies à présent (voir Mediapart et Le Monde diplomatique) ne me semblent pas si nuls : qu'ils soient marqués au coin de la pensée magique ne me dérange pas outre mesure. Après tout, l'agriculture chimico-industrielle, prétendument "rationnelle", n'a mené qu'à la catastrophe ambiante...

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    3. Dans votre commentaire antérieur, vous dites, je cite : « Je pense également qu'un conflit de grande ampleur permettrait au système brinquebalant de s'offrir un délai... », vous pensez à un conflit de grande ampleur avec le responsable (bouh le vilain !) de tous nos malheurs ? Poutine ?

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    4. On sent bien qu'il s'agit d'une piste sérieuse, en effet ! Il tient tête aux Etats-Unis - l'échec du coup d'Etat tenté par la coalition en Syrie, c'est lui -, il s'entend avec l'Iran, et... la Chine.

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