vendredi 17 juin 2016

La République devrait reprendre ses droits sur la finance

La République est devenu un squelette sans âme et sans chair qui ne génère plus de valeurs, mais provoque les injustice de la reproduction dénoncée par Bourdieu, de façon d'autant plus criante que l'ascenseur social est en panne. Les valeurs de la république ont vocation à être enseignées, au moment où un individu est le plus perméable, c'est-à-dire au moment de l'enfance. Mais qui peut croire aujourd'hui aux valeurs de la République, quand dans la réalité chacun constate que ce sont les valeurs marchandes qui dominent complètement tout l'espace visible ? Y compris dans un endoctrinement au consumérisme dès le plus jeune âge. Le "doux commerce", censé éviter les guerres, vanté par les premiers doctrinaires libéraux majoritairement anglo-saxons, est devenu un conditionnement totalitaire, à moins de couper l'enfant dès son plus jeune âge de la société et des valeurs qu'elle véhicule, par la télé, internet, et autres moyens de communication. A la naissance il y a ce qui est déjà là : la hiérarchie sociale, les meilleures places et les autres. C'est notre désir qui découle d'un vouloir sourd et aveugle selon Schopenhauer et que Freud a rationalisé, qui va déterminer notre place dans la hiérarchie sociale, en France il s'agit d'une hiérarchie républicaine. Or cette hiérarchie manque de plus en plus de légitimité, car elle ne repose plus sur l'école républicaine en voie de disparition selon Finkielkraut. Elle repose sur les combines, sur le piston, sur l'entre soi dans les beaux quartiers qui bénéficient encore d'une école valable, à peu près républicaine, partout ailleurs c'est de la garderie. Quand à la République, on peut parler de morale républicaine, car le bien et le mal sont la condition de possibilité de développement d'une intelligence. Le problème est qu'aujourd'hui cette morale ne profite qu'à une élite "intelligente", une oligarchie "intelligente", totalement coupé du "peuple" et même des classes moyennes abruties.
La morale en France contemporaine, va servir souvent à justifier tel comportement républicain et à disqualifier tel comportement anti républicain. La morale vient dans le temps de l'après-coup, après les actes de l'Histoire les plus ignobles, comme par exemple les génocides, et aujourd'hui les attentats " ignobles " des islamistes français, nés en France et éduqués en France, ou l'attaque de l'hôpital Necker à Paris par les "casseurs" nés et éduqués également en France. La morale vient après la pulsion sinon aucun acte ignoble ne serait commis ce qui prouve que nous ne somme pas des êtres moraux, mais des êtres avant tout pulsionnels. On peut s'amuser comme Freud, à essayer de rationaliser le pulsionnel, mais rien n'y fait : la pulsion a toujours un temps d'avance sur la raison. Moins l'éducation aux valeurs républicaines sera forte, plus il y aura des débordements et du pulsionnel. La balle est dans le camp des gouvernants, qui doivent eux se réformer d'urgence, plutôt que de chercher à réformer le monde du travail déjà complètement phagocyté, aliéné et exploité par le capital et les actionnaires. L'abrutissement généralisé qui est largement diffusé par le consumérisme imposé et totalitaire de l'ultralibéralisme, n'empêche pas les plus victimes d'entre nous, de retourner leur ressentiment contre les valeurs de la République, qu'elles tiennent pour responsables de leurs maux.
Une des solutions serait une séparation de l'ultralibéralisme et de l'Etat, sur le modèle de la séparation de l'église et de l'Etat de 1905. Il faut étatiser une bonne partie de l'économie, et que l'Etat républicain reprenne ses droits et légifère sur la trop grand puissance de l'argent, ce que Hollande avait promis, en se déclarant l'adversaire de la finance : promesse non tenue ! D'où la colère actuelle contre la loi El Khomri, car de plus il n'y a aucune alternative politique républicaine qui se propose de lutter contre l'ultralibéralisme. Ce sont les conséquences néfastes de l'ultralibéralisme sur les individus, qui provoquent leur colère et leur passion contre la République, incapable de les protéger des abus de la finance.

4 commentaires:

  1. Emmanuel Mousset18 juin 2016 à 12:17

    Erwan, évite de faire comme le premier neuneu venu, qui cite malhonnêtement une formule de campagne et ne dit rien du programme de François Hollande, profondément social-démocrate et se donnant surtout pour objectif de lutter contre les déficits budgétaires. Tu as le droit d'être antisocialiste, mais respecte la vérité. Hollande a rigoureusement tenu ses promesses, beaucoup plus que Mitterrand en son temps. Alors, oppose-toi à lui, mais ne fais pas ton curé ou ton donneur de leçons de morale.

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  2. Tu focalises tellement sur l'aspect purement politique de chaque problème que tu n'as absolument aucune vision globale. Prends du recul, et tu te rendras compte que l'espèce humaine est en danger. Mais j'ai remarqué que les gens qui ont la moindre parcelle de pouvoir, s'accroche à celle ci comme une moule à un rocher, comme si cela constituait l'ensemble de toute la réalité enviable, le principe de réalité absolu, qu'aucun cataclysme ne saurait entamer. C'est comme ça, c'est la politique, qui n'a rien à voir avec la réflexion. Qu'est-ce qu'on en a à foutre des déficits budgétaires, pour s'aligner sur les critères de Bruxelles ? Tout ce qu'on demande aux socialistes, c'est d'étatiser une bonne part de la production française, de plafonner les salaires indécents de grands patrons et actionnaires, de redistribuer la richesse de façon plus égalitaire à tous les salariés français, pourquoi pas de réguler le matraquage publicitaire à la télévision et sur internet, de moraliser la vie publique et le sport, bref une contre révolution anti libérale, et qui s'imposera d'une façon ou d'une autre à tout le reste de l'Europe. Même les Américains vont en revenir du libéralisme, ils sont à bout de nerf, comme tout l'Occident. Enfin Emmanuel soyons raisonnable, la société va totalement se désagréger si nous continuer tête baissée dans cette voie libérale, nous n'allons pas faire avec la gauche, ce que la droite n'a jamais osé faire : une révolution libérale à la Thatcher ou à la Reagan. Soyez raisonnables retirez cette loi absurde et tendez la main aux salariés qui vous ont élu pour faire une politique sociale !

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  3. Emmanuel Mousset18 juin 2016 à 12:38

    Erwan, tu me demandes d'adhérer au programme de Mélenchon. C'est bien gentil, mais je ne suis pas mélenchoniste ! Est-ce que je te demande, moi, de devenir social-démocrate ? Non ! Alors, vote Mélenchon, assume, si tu le peux, ce choix politique, défends-le comme moi, de mon côté, je défends la social-démocratie et laisse-moi tranquille avec mes idées !

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  4. Arrêtez de vous disputer tous les deux LOL !

    Le vote, s'il a lieu. Car au point où nous en sommes rendus du délabrement de l'autorité politique qui ne s'intéresse plus qu'à elle-même le vote de 2017 est tout sauf certain.. Ce n'est pas nouveau, mais à ce point c'est inédit et présage le CHAOS généralisé dans le pays et certainement dans d'autres aussi.
    Il va finir par y avoir du sang un peu partout lors des primaires chez le LR et chez les P(S) ... Cela ne m'inquiète pas : qu'ils s'étripent et dégagent mais comme je viens de le dire ce qui m'inquiète le plus c'est l'état moral du pays qui est proche d'un effondrement de tout sens commun (de civilisation).

    De plus avec tout ce qui risque de nous tomber sur la tête, le Président Hollande pourrait être tenté de déclarer l'article 16 que de Gaulle avait institué au moment des attentats de l'OAS et il en avait profité pendant des mois, bien au-delà de ce qui était nécessaire. Mais enfin c'était le Général de Gaulle ! Cet article 16 donne TOUS les pouvoirs au SEUL Président en cas de crise très grave dans le pays. Bien sûr il doit consulter les parlementaires et les partis politiques et d'autres, mais c'est à titre purement consultatif. Il est seul chef des armées et fait ce qu'il veut !!! Je ne dis pas que c'est ce qui va arriver, je dis que c'est une hypothèse que je ne vois nulle part (je l'ai écrit à Jacques Sapir) mentionnée. Etonnant.

    Pour les réductions de déficits, Sarkozy a augmenté la dette de plus de 500 milliards en 5 ans, du jamais vu depuis 1789 et les assignats, chômage +++, etc ... Je ne vais pas faire l'inventaire de Sarkozy ministre 3 ans de l'Intérieur puis 5 ans comme Président, mais c'est catastrophique à tout point de vue !!!

    Pour ce qui est d'Hollande et de la réduction des déficits c'est évidemment une grosse blague car depuis quelques semaines il distribue à tout va en vue de sa candidature aux ... primaires LOL !
    Un Président sortant qui en est rendu à devoir passer par des primaires franchement ... Il n'est ni social démocrate ni rien d'autre, ce qui l'intéresse c'est le pouvoir. Il aura gouverné le pays comme il aura gouverné le P(S), c'est-à-dire sans idée aucune mais essayant de faire la synthèse de ce qu'il a entendu. C'est certainement un bon tacticien, malgré son taux record d'impopularité, mais ce n'est pas ce qu'on demande à un Président et aux gens qui nous gouvernent d'où qu'ils viennent.

    Si l'élection a bien lieu je voterai pour la seule aujourd'hui capable de rassembler 30% et plus, c'est-à-dire un vrai mouvement populaire (et pas populiste qui ne veut rien dire en sociologie). Les LR seront à 40% et les gauches à 15 + 15 ...
    Qui serait le mieux à même de déclencher un mouvement de renaissance dans le pays ?
    C'est la seule question que je me pose.
    Bonne continuation à tous. Marc.

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