jeudi 2 juin 2016

Ne suis-je qu'un ectoplasme protéiforme ?

Qui me dit que j'adhère à ce que je dis ? Je ne suis peut être qu'un ectoplasme protéiforme... ou un hologramme sensible. Je préfère ectoplasme protéiforme, hologramme sensible ça fait trop nouvelles technologies et science fiction. C'est pourtant beaucoup plus crédible. Et envisagé par des physiciens très sérieux. Des physiciens émettent l'hypothèse (je crois me souvenir qu'une expérience de physique qui doit durer plusieurs dizaines d'années est en cours) que notre univers est une simulation. Et nous des petites IA apeurées.
On peut absolument tout imaginer puisque nous n'avons aucune certitude d'un principe qui donnerait sens à notre existence
La seule chose que l'on peut affirmer c'est que la réalité absurde à laquelle nous avons accès obéit a des lois purement matérielles, que la pensée, les idées, peuvent renvoyer par hypothèse à un monde idéal, mais que dans la réalité même elles sont le résultat d'un processus matériel, celui de notre confrontation d'une conscience a un milieu, milieu qui est matériel. Ce milieu dans le cas de l'homme moyen est presque exclusivement le monde du travail et dans une moindre mesure le monde des loisirs et de la famille, il faudrait ajouter que le monde des loisirs est aliénant, abrutissant de bêtise, et souvent surexposé à la publicité, qui est un surgissement dans l'intimité du monde capitaliste qui vient vous réclamer des sous, comme si ils n'en avaient pas assez comme ça !
Si tout le monde acceptait l'idée que la formation des idées est un processus matériel, si nous étions cohérents avec nous même et nous réclamions d'un modèle de justice et d'équité, nous vivrions plus sous un modèle socialiste que libéral. Qui a intérêt à ce que le processus matériel de formation des idées soit reconnus, plutôt que de l'envelopper dans une brume idéaliste, spiritualiste comme le fait Emmanuel Mousset, ou pire encore religieuse, comme le fait BHL ?
Le système libéral aboutit à la constitution d'une réalité, ou précisément l'homme moyen se vit comme aliéné, coupé de la réalité, et où il imagine des scénarios à la Matrix .
Car seule une micro élite a accès à la réalité, à une conscience qui embrasse l'ensemble du monde. Pour la majorité la réalité apparaît comme fragmentaire, aliénante. L'homme moyen a seulement l'intuition de son aliénation mais il n'ose se la formuler, ou n'en a pas les moyens. Il n'en demeure pas moins que l'on peut tout imaginer comme hypothèse de principe du monde purement matériel et absurde dans lequel nous vivons
Le film Matrix est basé sur cette intuition de son aliénation par l'homme moyen, sans qu'il puisse aucunement en embrasser les causes. Or les causes c'est la structure capitaliste des rapports de production. Rapport de production où la majorité des travailleurs accomplissent des tâches absurdes liés à la valeur d'échange et non à la valeur d'usage. Mes grands parents étaient beaucoup moins aliénés que moi, car ils accomplissaient un travail basé sur la valeur d'usage, dans un paradigme catholique, donc rassurant.
Il y a aussi l'excellent film de Woody Allen, Match point, qui montre le fossé abyssal en terme d'être au monde, entre l'oligarchie et un homme moyen, qui finalement ne peut rejoindre l'oligarchie que par le crime et ce crime est aveugle, et cyniquement l'homme moyen y arrive dans le film. Le film de Woody Allen est pratiquement communiste dans sa dénonciation du caractère pervers du capitalisme, car il montre que le régime oligarchique, et ses conditions de maintien au pouvoir, reposent sur le crime, ou encore que l'amour des forts - l'amour au sein de l'oligarchie, que je ne nie pas - repose sur le crime des faibles - les faibles sont aliénés et manquent d'amour donc ils tuent aveuglément dans le cadre de la rivalité mimétique. Il montre aussi que finalement les seuls qui ne soient pas pervers mais sains finalement, ce sont les oligarques eux-mêmes, car leur pensée n'est pas aliénée, mais elle embrasse l'ensemble de la réalité du monde de façon globale. Bien sûr il doit y avoir quelques oligarques qui sont pervers, pour qui compte dominer pour dominer, exploiter pour exploiter.
La perversion est causée par une pensée tordue. Zuckerberg n'est pas pervers apparemment, cela se voit à son visage ouvert. Si Zuckerberg est valorisé c'est que désormais chaque pensée est individualisée, dans un cadre kantien, et on se fie à l'apparence des choses, à l'intention : peut-être que les intentions de Zuckerberg sont pures, mais est-ce là le problème ? Cadre kantien donc, plutôt que de chercher l'origine ou le fondement dans une perspective métaphysique plus gréco-latine ou encore heideggérienne - pensée totalement discréditée par le nazisme -, pensée conçue comme " alètheia ", dévoilement,  et non comme construction individuelle dans le cadre d'un idéalisme kantien qui suppose l'idée de liberté. Oui mais voila la liberté n'existe pas ou peu ou pas lorsque les rapports de production entre les hommes le fruit de leur travail ne leur revient pas ; encore une fois "le kantisme a les mains pures, mais il n'a pas de mains ". L'homme moyen a une conscience de lui, chosifiée, réifiée, par les rapports de production pervers, donc les idées et la pensée qui en résultent sont pervers. Dans des rapports de production qui reposent sur le dualisme, création/destruction, où les travailleurs sont constamment menacés d'être " détruits", car leurs emplois sont menacés par l'innovation inhérente au capitalisme, et où les salariés sont pensés en terme de coût, donc se retrouvent les ennemis du capital, au lieu d'être pensés en termes de bénéfices pour le capital : où donc l'oligarchie envisage les salariés comme des hors-la-loi, c'est-à-dire comme ennemis des bénéfices, des ennemis pour qui ils n'ont aucune pitié, car l'oligarchie est mue par l'égoïsme, la cupidité. Émotions qui par rivalité mimétique se transmettent aux salariés qui se font la guerre sur leur lieu de travail. Comme pour être compétitif il faut réduire les coûts, il est évident que l'on est pris dans une spirale, où il faudra toujours réduire les salaires, si on ne change pas de paradigme.
L'approche réformiste socialiste est une approche de fluidification du système capitaliste, de dégrippage de la machine, dans la perspective de réduire le chômage mais pas du tout dans une perspective de changer le système pourtant cause de tant de misère et d'aliénation, l'approche réformiste est exclusivement libérale, elle n'a plus rien de socialiste.
En système capitaliste il y a une petite élite qui a conscience de soi, tout le reste de la population pratiquement - sauf quelques profs reconnus, chercheurs et scientifiques, artistes ou écrivains - est aliéné et en réalité, effectivement, réduit en esclavage. Les cadres et les DRH sont un peu les kapos d'un tel système finalement concentrationnaire, dans son système de répartition des tâches. C'est pour cela que je dis toujours que c'était mieux avant mieux du temps des aristocrates, et encore mieux du temps des Grecs, le système n'était pas concentrationnaire, il y avait pour parler comme Deleuze toujours des " lignes de fuite ", or aujourd'hui nous sommes enfermés par la mondialisation, il n'y a plus de " lignes de fuite ", car il n'y a plus de différence, d'altérité.
On est victime de la propagande scolaire. Les gens ont fait l'Histoire jusqu'à maintenant, or nous sommes tellement aliénés que l'homme moyen sort de l'Histoire. Je dis que les hommes autrefois faisaient l'Histoire, qu'aujourd'hui ils sont trop nombreux pour avoir la moindre valeur autre qu'une valeur d'échange et non une valeur d'usage. Valeur d'usage voulant dire que l'homme s'accomplit dans son travail alors que dans le cadre de la valeur d'échange il est aliéné : il ne s'accomplit plus dans son travail car il n'en connait plus ni les finalités ni les causes. Le travailleur est pris dans un système ou il ne peut même plus s'accomplir dans son travail, où il est constamment surveillé, harcelé, instrumentalisé, réifié et chosifié, comme le montre l'excellent film La loi du marché. Comme il ne s'accomplit plus, sa conscience est aliénée. Conscience de soi dont de toute façon l'obsolescence est programmée, tout comme l'obsolescence des biens de consommation qu'il fabrique est programmée : absurdité du système créé de toute pièce par un sujet moral kantien, libre ; absurdité des construction humaine lorsqu'elles ne se définissent plus par rapport à un cosmos et une commune mesure, elles débouchent sur l'ubris à l'oeuvre dans notre système capitaliste.
Il valait mieux être esclave dans l'antiquité que salarié aujourd'hui, malgré la propagande officielle.
Des esclaves grecs furent de grands philosophes qui ont traversé l'histoire comme Epictète, beaucoup aujourd'hui sont juste sensibles à la propagande officielle, pense qu'autrefois il y avait de l'esclavage et plus maintenant ; en réalité c'est de pire en pire.
La propagande du capitalisme, de l'oligarchie libérale, propagande dont je subodore l'existence dans la réalité, la publicité par exemple est le surgissement du capitalisme dans l'intimité des gens pour leur réclamer encore plus de sous, comme si les capitalistes n'avaient pas assez d'argent comme ça ! 

1 commentaire:

  1. Erwan je ne te suis pas dans ton approche purement matérialiste et tu le sais LOL !

    Par contre il y a une phrase qui a plus que les autres retenue mon attention c'est la société de loisirs, des jeux, des jeux, des jeux. C'est l'astuce qu'avait trouvé Zbigniew Brzezinski, éminence grise pendant longtemps du parti démocrate, comme Kissinger l'était pour le parti républicain, dans son livre écrit écrit en 1997 "Le Grand Echiquier". A noter qu'il est membre de la Trilatérale.
    Il tente de répondre à la question de ces millions de gens qui n'auront plus rien à faire et qu'il faudra occuper pour qu'ils n'aient pas de mauvaises idées : des jeux encore et encore !!!

    Bon WE j'espère pas sous les eaux comme ici en RP !
    Marc.

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